Ce film, c'était son préféré. Oui vraiment, son préféré. Depuis toujours, probablement. Oui, très certainement. Parce qu'aussi loin s'en souvenait-elle, Mado avait toujours aimé ce film. Il était techniquement (beaucoup) plus vieux qu'elle, mais elle s'était très jeune laissée tenter par le visionnage de ce classique du Cinéma des années 1960. De base, elle n'était pas particulièrement friande d'histoires de vampires, mais ce film-ci en traitait d'une façon si particulière, si plaisante aussi, que ça n'avait aucune importance en soi. Alors oui, Mado s'était mise en tête de revoir Le Bal des Vampires, partant naturellement du principe qu'un film comme celui-ci ne pourrait qu'être disponible en salle de projection. Et justement, ce fut le cas. Heureusement d'ailleurs, parce que voilà un moment qu'elle n'avait plus eu l'occasion de visionner ce chef d’œuvre, alors si on l'en avait empêché aujourd'hui, il eut été probable que ça ne lui aurait pas plu du tout. Mais le principal était ici que le film était là, qu'elle était là, et que rien ne semblait pouvoir l'empêcher de passer une formidable soirée en compagnie du brillant Roman Polanski. Mais pas que. En effet, voilà déjà un petit moment qu'elle avait cru voir roder Peyton dans le coin, un peu comme s'il ne savait pas tellement s'il pouvait entrer, ou comme s'il cherchait quelque chose. Naturellement, s'il avait déjà prévu de visionner un film, elle pourrait s'arranger avec lui, soit en revenant plus tard, soit en visionnant ce film-ci avec lui. Et justement, tandis qu'elle mettait tout en place, voilà que son camarade réapparut, furtivement, mais non sans lui laisser cette fois-ci le temps de s'élancer à ses trousses pour le rattraper, déposant simplement une main sur son épaule pour le freiner. « Reste avec moi, Peyton » lui intima-t-elle doucement, sans le forcer à quoi que ce soit, mais comme pour exprimer clairement qu'elle aimerait profiter de sa présence ce soir, quoi qu'il arrive. Il est vrai que c'était une compagnie de choix, puisqu'il était un candidat qu'elle appréciait beaucoup. « J'allais visionner Le Bal des Vampires, de Polanski. Je ne sais pas si tu l'as déjà vu, et si c'est le cas si tu as envie de le revoir, mais ... enfin, si ça te tente, on peut se le regarder tous les deux. » Peu de gens de leur génération devaient connaitre ce film, à vrai dire. Il n'était clairement pas tout jeune, et avait peut être un tout petit peu mal vieilli, quand même. Mais elle, elle était charmée chaque fois qu'elle le revoyait. C'était comme ça, et ça prouvait une fois de plus que ses goûts n'étaient pas ceux de tout le monde. « Ou alors tu avais prévu autre chose ... Je n'ai pas envie d'être chiante, donc c'est à toi de voir. Mais sache quand même, juste comme ça, que je tenais beaucoup à revoir ce film. Beaucoup, beaucoup. Après, je ne cherche absolument pas à t'influencer, ça va de soi. » Bah non, franchement, qui oserait prétendre que c'était le cas, hein ?

Définitivement, Peyton était l'un des candidats avec qui Mado aimait passer du temps et partager des choses. Alors oui, il était particulièrement tentant de visionner un film avec lui, en espérant qu'il n'ait rien contre les films des années 1960, contre les vampires et contre l'humour décalé. Il est vrai qu'elle craignait un tantinet que ce film ne puisse pas ravir tout le monde, mais au pire, ils aviseraient et opteraient pour autre chose, le but étant de base de passer une plaisante soirée tous les deux. Mais pour le moment, on n'était qu'au stade où Mado tâchait déjà de le faire rester. Parce qu'il ne semblait pas tellement savoir quoi faire de ces dix doigts, le pauvre Peyton. Ainsi, il fut naturel et spontané pour elle de lui faire savoir qu'elle aimerait qu'il reste avec elle, le lui suppliant presque d'ailleurs. Car oui, elle tenait à pouvoir profiter de sa compagnie ce soir. Maintenant qu'il était là, il pourrait bien lui faire le plaisir de rester, non ? Si, sans doute. Alors maintenant, chose plus délicate, il était question de lui annoncer le programme initial de la soirée. Un film un peu vieilli mais qui n'avait, aux yeux de la jeune femme, absolument rien perdu de son charme. Mais déjà, est-ce que Peyton connaissait ce classique ? Est-ce qu'il l'avait déjà vu ? Et si tel était le cas, est-ce qu'il aimerait le revoir ? Elle ne tarda pas à en savoir un peu plus lorsque son camarade prit la parole. Donc, il n'avait jamais vu Le Bal des Vampires. Cela n'avait rien d'étonnant puisque Mado avait bien conscience que ça n'était pas tellement un film connu de ceux de sa génération. Elle, elle l'avait connu un peu par hasard, c'est tout. Ne pas avoir vu ce film ne faisait pas de Peyton un inculte cinématographiquement parlant, heureusement. A noter que la fin des propos du jeune homme fut particulièrement agréable à entendre pour Mado, qui ne put que lui adresser un large sourire. « Alors ça, ça n'est clairement pas quelque chose que j'ai l'habitude d'entendre ! » s'amusa-t-elle, ne pouvant évidemment s'empêcher de faire un gros fuck mental à tous ceux qui s'étaient souvent plaint de sa compagnie. C'était un peu comme une revanche sur la vie, en fait. Ouais, c'est clair, au moins. « En tout cas, j'espère que ce film te plaira. C'est un peu particulier, mais si tu es ouvert d'esprit et que tu te libères de tous les aprioris que tu pourrais avoir sur les "vieux" films, je pense que ça pourrait te plaire. » Au pire, elle se ferait pardonner en lui faisant visionner un autre film, plus récent, histoire de rattraper le coup. Mais vraiment, Mado avait envie de croire que ce film-ci le contenterait. Imaginez un peu : son film préféré deviendrait un film apprécié de Peyton, ce qui ne serait pas rien. Et puis, honnêtement, elle se sentirait un peu moins seule, aussi. Plus sérieusement, ça pourrait devenir l'un de leurs points en commun. Oh, vraiment, ce serait top. En tous les cas, Peyton avait du comprendre que revoir ce film lui tenait à cœur, puisqu'il ne fit décidément aucune objection. Mieux encore, il lui proposa d'aller s'installer pendant qu'il irait éventuellement lui chercher à boire ou à manger. Bon sang. « T'es décidément bon à marier, toi » souffla-t-elle, de façon complice. Okay, peut être avait-ce un petit coté maladroit, connaissant sa situation, mais elle avait dit ça pour saluer sa galanterie, avant tout. « Mais tu sais, j'aurais vite fait de culpabiliser si tu t'embêtais à y aller alors que je resterais assise ... J'aurais vraiment l'impression d'abuser de ta gentillesse. » Non pas que ce ne soit pas agréable d'avoir à faire à quelqu'un d'aussi avenant - bien au contraire - mais tout de même, elle ne pouvait pas se reposer sur lui, ce serait facile. « Tu ne préfères pas qu'on aille se ravitailler ensemble, histoire que tout le monde participe ? » C'était une idée comme une autre. « Mais je ne veux pas te vexer, hein. » Parce qu'il suffirait qu'il tienne à le faire lui-même pour que ce soit le cas, et clairement, elle n'y tenait pas. Alors ils feraient ce que Peyton déciderait. Oui, voilà, excellente idée.

Finalement, c'était comme une petite fierté pour Mado de pouvoir dire qu'elle aimait Le Bal des Vampires. Ça faisait un peu la fille qui s'y connaissait, quoi. Bah ouais, c'était un classique, et tout le monde ne l'avait pas vu, clairement. Surtout pas la plupart des personnes de son âge. Donc ouais, dans un sens, elle avait vraiment tendance à être fière d'apprécier un tel film, parce que même si elle n'avait en soi rien d'une cinéphile, ça lui donnait un peu l'impression d'en être une, grâce à un seul film. Et puis bon, c'était véritablement devenu l'un de ses films préférés, si ce n'est vraiment celui qu'elle préférait parmi tous. Un jour, elle était tombée dessus, probablement sur une chaine câblée, et s'était laissée amuser par cette production qui certes datait un peu, mais avait tout pour plaire à ses yeux. Et depuis, elle avait du le voir plus de dix fois, ce film. Oh oui, au moins ! Ezra, lui, n'avait jamais tellement été fan. Mais Aaron, un peu plus. Okay, à quatre ans, on est rarement disposé à faire le difficile, mais vu que certains passages prêtaient à rire et étaient franchement cocasses, il est vrai que son gamin s'était montré emballé par le film la fois où ils l'avaient regardé tous ensemble. Mais le plus important ici, c'était de passer la soirée avec Peyton, histoire peut être de lui faire découvrir ce film. En attendant, il disait qu'il était plaisant pour lui de passer du temps avec Mado, et clairement, c'était une chose qui ne pouvait que lui faire très plaisir. C'était adorable, en fait. Et franchement, elle n'avait pas le moins du monde l'habitude d'entendre ce genre de choses. Donc oui, elle ravie et touchée. Un peu émue, en soi. Elle s'était même demandée si elle n'avait pas un peu rougi, ne serait-ce que sous le coup de la surprise. Sait-on jamais qu'un rien puisse la rendre toute chose. C'était si rare qu'elle n'en savait elle-même rien. « C'est réciproque, en tous les cas » souffla-t-elle, en un doux sourire. Parce que oui, définitivement, il faisait partie des candidats avec lesquels elle s'entendait véritablement le mieux ici. Avec lui, et à part lors de leur première rencontre, tout était simple, sans prise de tête, et c'était franchement agréable. Elle avait aussi l'impression de tout pouvoir lui dire, et chérissait même le fait qu'il se soit lui-même confié à elle l'autre jour. C'était comme une relation très privilégiée, et très chère à ses yeux. C'était d'ailleurs pour ça qu'elle était un peu protectrice à son égard, comme lorsqu'elle avait dit, la semaine passée, qu'elle nuirait à cela qui se moquerait de Peyton. Car c'était vrai. Parce que Peyton comptait pour elle désormais, et que personne n'avait le droit de s'en prendre à ceux qui comptaient pour Mado. Dieu sait d'ailleurs qu'ils étaient peu nombreux. C'était comme ça. Peyton se disait en tout cas prêt à découvrir le film, ce qui fit d'autant plus sourire la française. Vraiment, elle se réjouissait de pouvoir le visionner avec lui. La compagnie était franchement plaisante ce soir. Peyton proposa alors d'aller chercher de quoi se nourrir et se désaltérer, et en cela, il était effectivement bon à marier. Chose que Mado avait ressenti le besoin de lui dire, parce que voilà, c'est honnêtement ce qu'elle pensait. Il avait un coté gendre idéal franchement plaisant. Mais elle n'irait pas jusqu'à le dire, parce qu'il parait qu'elle voyait des hommes parfaits partout, sous prétexte qu'elle avait connu un monstre qui avait à jamais altéré sa vision des hommes. En soi, elle n'était peut être très objective. « Et je suppose qu'elle le sait mieux que quiconque » renchérit-elle alors douceur. Oui, la mère de Peyton devait bien connaitre son fils, et dans un sens, cela rendait Mado nostalgique. Sa mère à elle, et bien, elle n'avait jamais joué le rôle qu'elle aurait du jouer dans sa vie et au moment où elle avait eu le plus besoin d'elle. Clairement, elle l'avait abandonnée. Mais ça n'était pas le moment de se miner le moral avec ça. Ah ça non ! « D'accord, faisons cela. » Ils se rendirent alors jusqu'au coin confiseries, histoire de choisir de quoi tenir le temps du film. Film qui n'était en soi ni franchement court, ni franchement long. Pas la même durée que Titanic, ça c'est certain. Peyton lui proposa alors des popcorn, ce à quoi elle répondit par un vif signe de tête, très affirmatif en soi. Parce qu'elle adorait les popcorn, comme beaucoup de français. Une fois parés, ils revinrent en salle et s'assirent l'un à coté de l'autre. « Bon, le film dure un peu moins de deux heures, dans mes souvenirs. En cas de besoin, je te présente mon épaule gauche, qui sera ravie de ... t'épauler, c'est le cas de le dire, si tu t'endors. Elle est confortable et elle ne pose pas de questions, c'est ça qui est bien ! » Effectivement, son épaule n'était pas curieuse et ne s'amusait pas à questionner quiconque y déposait sa tête, hein. Bah non. En cela, elle était moins chiante que Mado elle-même, cette épaule gauche. « Et si le film ne te plait vraiment pas, tu auras le droit de porter plainte ou, au choix, de ne plus jamais m'adresser la parole. Perso, j'espère que tu porteras plainte. » Et elle se mit à sourire bêtement, avant de lancer le film. Du pop corn, du coca, un Peyton, un bon film ... okay, tout était réuni pour que la soirée soit plaisante. Et elle le sera, sans nul doute. A noter que la musique du générique du début annonçait la couleur : c'était un film très particulier.

Bien sûr que passer la soirée avec Peyton serait tout à fait agréable. Chaque fois que Mado passait un peu de temps avec le jeune homme, ça l'était après tout. Parce qu'ils s'entendaient bien, qu'ils avaient fini par se découvrir un certain nombre de points en commun et que malgré les tensions qu'ils avaient connu lors de leur toute première rencontre, les choses s'étaient rapidement révélées comme étant une évidence : ces deux-là étaient tout bonnement faits pour s'entendre. A première vue, ils semblaient en tout point différents, sans doute parce que le caractère de Mado semblait prendre beaucoup de place et qu'elle avait très tôt été dépeinte comme une jeune femme impulsive et n'ayant pas sa langue dans sa bouche. Mais Mado n'était pas que ça. Non, elle n'était pas que ce que la Production semblait vouloir exploiter depuis le début du jeu. Elle n'était pas que ce qu'elle aimait montrer au public pour s'amuser de la situation. Mado, c'était aussi un être beaucoup plus sensible, beaucoup plus vulnérable, qu'un rien pouvait atteindre et que la vie n'avait pas toujours épargnée. Bien sûr qu'elle avait en elle une force implacable et qu'elle n'aimait pas se laisser marcher sur les pieds, mais il ne fallait pas pour autant partir du principe qu'il n'y avait pas en elle une facette un peu plus douce, un peu plus fragile, contrastant très nettement avec ce qu'elle montrait généralement d'elle et que peu de personnes connaissaient finalement. Et justement, Peyton faisait partie de ces personnes qui avaient appris à la voir avec des yeux plus curieux, qui avaient creusé plus loin qu'en surface, et qui avaient fini par tomber sur un fond plus tendre, plus délicat. Au fond, Mado n'était pas foncièrement méchante. Si elle était dure, c'était le plus souvent pour aider. Quand elle secouait Mason, c'était pour lui. Quand elle tenait tête à Mickey, c'était pour lui. Quand elle faisait des reproches, à qui que ce soit, c'était généralement pour être constructive. Alors bien sûr, le plus souvent, la maladresse la faisait passer pour quelqu'un de foncièrement dur et d'assez impitoyable, et à cela elle n'y pouvait pas grand chose. Parfois, elle préférait même s'en amuser, histoire de passer pour quelqu'un qu'il valait ne pas emmerder. Cependant, lorsqu'elle s'ouvrait, Mado était une toute autre personne, vraiment. Avec Peyton par exemple, elle n'agissait pas comme elle agissait à l'égard de personnes comme Myles ou Mickey. Avec lui, elle se sentait si bien qu'elle en retirait son masque, qu'elle en enlevait sa carapace. Et dieu sait que c'était pour elle beaucoup plus agréable de pouvoir se laisser aller à un peu de sensibilité avec ce genre de personnes, en qui elle avait toute conscience. Donc oui, définitivement, la compagnie de Peyton lui était agréable. Il était l'un de ceux qu'elle appréciait le plus ici, et elle ne s'en cachait pas. Et étrangement, personne n'en avait rien dit. Comme quoi, l'on pouvait être proche d'un jeune homme sans que quiconque n'y voit quelque chose de douteux, n'est-ce pas Everleigh ... Avec Peyton, tout était si simple, si naturel, sans quoi que ce soit de superficiel ou d'artificiel ... C'était l'une de ses plus belles rencontres ici, peut être même la plus belle au fond. Oui, peut être. En tous les cas, s'il y avait bien une personne qui devait savoir que Peyton était du genre bon à marier, c'était assurément la mère de celui-ci. De ce qu'elle savait de cette femme, elle était relativement proche de son fils. Alors oui, elle supposait qu'elle en savait quelque chose, et qu'elle s'estimait fière d'avoir un fils tel que Peyton. Peyton qui, subitement, confia à Mado n'être plus du tout sûr de devoir/vouloir épouser la jeune femme que sa mère avait apriori "prévue" pour lui. Voilà qui était un peu embarrassant, étant donné que Mado ne savait pas du tout quoi lui dire à ce propos. Il disait ne pas vouloir blesser sa mère et vouloir attendre de rentrer pour lui confier ces choses, et elle comprenait. Aussi, Mado se sentait décidément incroyablement privilégiée d'avoir droit à ce genre de confessions. Cela prouvait qu'ils pouvaient tout se dire, au fond. Et c'était merveilleux, pour elle à qui l'on faisait rarement confiance, et qui faisait elle même rarement confiance aux gens. « Si elle veut ton bonheur, elle comprendra. Tu as tout le temps de te marier, je pense que ça ne presse pas, et je suppose que ta mère en conviendra elle aussi. Il serait dommage qu'elle insiste, si ça n'est pas ce que tu veux. Il faut que ça reste un choix, tout de même. » Enfin, c'est ce qu'elle supposait. Car c'était certes tout à leur honneur de procéder à ce genre de traditions, mais ça n'avait pas tellement d'intérêt si c'était plus subi qu'autre chose. Un mariage arrangé, oui. Un mariage forcé, quand même pas. Du moins, il serait fortement dommage d'en arriver, d'autant plus que Peyton était effectivement jeune et que se laisser un peu de temps ne devrait pas embêter sa maman. Espérons, du moins. Finalement, les deux jeunes gens allèrent se chercher à manger, puis revinrent s'assoir en attendant le début du film. Là, Mado fit savoir à son camarade que son épaule gauche serait ravie de rencontrer sa tête, si besoin est. D'ailleurs, il n'attendit même pas de s'endormir et l'y déposa directement ! Pourquoi pas, après tout. Elle ne s'en plaindrait pas, en tout cas. Suffisant, elle espérait que ce le serait oui. Il parlait maintenant de conventions, et elle s'en amusa légèrement. « A bas les conventions ! » Oui, rien à foutre, franchement. Bon okay, elle n'avait rien contre toutes ces choses, mais elle, elle avait envie de se rebeller un peu, vous voyez. Donc qu'importe qu'il soit un mec, si elle avait décidé que son épaule était toute à lui, et bien son épaule était toute à lui, un point c'est tout ! Bon, si ce film était nul, elle comptait en tout cas sur lui pour porter plainte, car s'il ne lui adressait véritablement plus la parole, ça ne le ferait pas du tout. Surtout que lui, il laissait justement entendre qu'il n'hésiterait pas à la torturer de la sorte, justement. Quel monstre, ce Peyton. « Tu oserais briser mon petit cœur ? Tu oserais me faire ça, vraiment ? » Bien sûr, pour l'avoir entendu rire, elle savait qu'il blaguait, et ça la rassurait. Il ne manquerait plus qu'il la boude pour un film, hein. Film dont le générique de début ne tarda pas à commencer. Ambiance assez décalée, déjà. Puis plan sur le traineau dans la neige, sur les principaux protagonistes, et cette voix off bien dégueulasse qui n'arrangeait rien ... Ouais, ce film était franchement particulier, mais c'est ce qui faisait son charme. Bon par contre, elle aurait peut être du le prévenir d'une chose : Mado aimait bien commenter les scènes. Elle l'avait expliqué à Fitz, la semaine passée, devant Titanic. Et en une seule semaine, nul doute que ça n'avait pas changé. « Eux, ce sont des chasseurs de vampires. Le vieux n'a plus toute sa tête, et le jeune est un peu trop téméraire ... Au début du film, on ne comprend pas grand chose, honnêtement, mis à part le fait qu'ils sont dans une auberge. Mais la suite est bien, franchement, il faut s'accrocher ! » Au pire, elle ferait comme la semaine dernière, elle sauterait les passages les plus chiants. Mais bon, voire un film, c'était le voir dans son intégralité, quand même, donc ce serait sans doute un peu dommage. « Oh et tu vas voir, dans quelques scènes, une magnifique rousse prendra son bain ... Pour la petite histoire, c'est la femme de Polanski, mais elle est morte deux ans après la sortie du film. Charles Manson l'a tuée alors qu'elle était enceinte de huit mois il me semble ... le truc horrible quoi. » Et qui n'avait pas le moindre rapport avec le film lui-même, oui, c'est vrai. Mais tout ça, ça avait franchement traumatisé Mado. Oui parce qu'il faut savoir qu'elle se documentait beaucoup, en curieuse qu'elle était. Pauvre Sharon Tate, qui était si belle et si jeune, en plus. « Et c'est sur cette note bien morbide que je t'invite à poursuivre le visionnage du film ... en faisant éventuellement comme si je n'avais rien dit. » Oui parce que, bon sang, ça n'était peut être pas quelque chose à révéler, comme ça, surtout vu que c'était de l'ordre du crime, et que ça ne touchait pas au film qu'ils visionnaient ici. « Désolée d'avoir pourri l'ambiance, vraiment ... » étouffa-t-elle, entre deux pop corn. Finalement, elle ferait mieux de la fermer, de temps en temps. Oui, vraiment.