Je suis une garce et je l’assume, voilà plusieurs semaines que cette petite notion de vengeance trottait dans ma tête, vous savez envers Mado, la petite brune qui, il y a quinze jours avait fait de moi un manant qui était obligé de fouiller dans les chiottes dans la merde pour retrouver une lentille de contact qui, en réalité sortait tout droit de l’imagination débordante de Mado qui n’avait pas trouvé une meilleure plaisanterie. Il n’y avait pas à dire, sur le moment je l’avais mal pris mais je m’étais ensuite rappelée de cette petite phrase, la vengeance est un plat qui se mangeait froid et Mado allait le manger congelé je peux vous l’assurer. Sans être aussi perverse dans ma manière de lui rendre la monnaie de sa pièce j’avais convenu d’une tactique qui, à coup sûr attirerait les foudres de la jeune femme sur ma pauvre carcasse, tant pis, j’étais prête à prendre le risque. Il n’était que huit heures, en somme un moment très matinal de la journée, pas pour moi qui, en dehors du chalet était une habituée des longues nuits blanches, je dormais plus la journée que la nuit étant très majoritairement de garde la nuit, le moment où les accidents étaient les plus violents en général, passons, arrivant dans la première chambre avec ma bouteille d’huile et mon oreiller craqué plein de plumes j’approchais à pas de loup, par chance son partenaire n’était plus au lit, je n’aurais qu’un seul coup, pas d’essai possible et si je n’agissais pas en vitesse ma tentative serait ratée, ouvrant le bouchon de cette bouteille je la versais dans son intégralité très rapidement sur Mado qui ne se réveillait pas tout de suite après avoir enlevé sa couverture. Sans perdre une minute de plus j’écartais mon oreiller déjà troué faisant tomber toutes les plumes sur elle, autant vous dire qu’avec l’huile elles restaient collées, amusée en voyant Mado qui se réveillait sans comprendre ce qui lui arrivait je décidais de remuer le couteau dans la plaie. « Oh… Un oiseau ! »

Il y avait une chose que Mado avait naturellement tendance à faire, à huit heures du matin. Dormir. Oui, si elle n'était pas ce que l'on pouvait appeler une lève-tard, elle n'en était pas pour autant du genre à se lever avant une certaine heure, tout de même. De toute manière, il n'y aurait pas grand chose à faire de bon matin, si ? Non, assurément pas. Ainsi donc, elle se trouvait présentement profondément endormie, bien loin de se douter qu'on était sur le point de lui faire une vilaine farce. Car voilà que tandis qu'elle dormait en toute inconscience, elle crut sentir qu'on la dépouillait de sa couverture. Elle eut naturellement froid mais en s'en réveilla pas pour longtemps, ayant parfois le sommeil incroyablement lourd. Et même lorsqu'elle sentit qu'on lui versa quelque chose sur le corps, elle n'eut pas instantanément le réflexe d'ouvrir les yeux, aussi désagréable cette sensation fut-elle sur l'instant. Elle se contenta alors de remuer légèrement, prenant tout doucement conscience. Mais là, quelque chose de plus improbable encore se poursuivit. Car voilà que subitement, elle sentit tout un tas de petites choses lui tomber dessus. Mais c'était quoi ce bordel ? Ni une, ni deux, Mado finit par ouvrir les yeux, ne tardant pas à apercevoir le visage d'Alecia. Que foutait-elle là, elle ? Est-ce ... Oh bon sang, elle n'avait tout de même pas osé ?! Eh si, si, elle avait osé. Car tandis que Mado se redressait légèrement et peinait à prendre pleinement contenance, voilà qu'elle eut l'occasion de constater qu'en plus d'être pleine d'un liquide fortement collant, elle était recouverte de plumes d'oreiller. Mais merde quoi, qu'est-ce qui lui était passé par la tête, à Alecia ? Oh sans doute avait-elle simplement voulu se venger de son coup de la dernière fois. Pff, elle l'avait naïvement cru au dessus de tout ça, mais visiblement, Alecia était tout à fait disposée à lui faire ce genre de coups foireux. Surtout que là, elle la traitait d'oiseau. Non mais ... elle était sérieuse, elle ? « Tu veux mourir maintenant, ou tout de suite ? » fit-elle alors, tâchant de garder un calme relatif, mais ne manquant naturellement pas de la fusiller du regard. Alors déjà, Mado était plus collante qu'un chewing-gum. Aussi, le lit était souillé par les conneries de sa camarade. Bravo, non mais vraiment, bravo. « Pourquoi tant de haine, Alecia ? » reprit-elle, en un soupire. Oui bon, le coup des toilettes, ce fut terrible. Mais elle pensait que c'était déjà oublié, cette sordide histoire. Visiblement pas. « Je suis allergique à la phosphatidylsérine. Autrement dit, il me reste cinq minutes à vivre. Toi, tu vivras avec ma mort sur la conscience ! Pourras-tu seulement te le pardonner ? J'en doute. » Oui bon, elle avait entendu cet improbable mot un jour, à la télé. Depuis, elle essayait de la placer quand elle pouvait, quoi. Et puis bon, la faire un peu culpabiliser, ce serait pas mal, aussi.

Je tenais ma vengeance et j’étais plutôt fière d’avoir été suffisamment imaginative pour mettre toute seule mon plan diabolique sans être repérée. Mado n’y avait vu que du feu et même si je faisais depuis l’histoire des toilettes comme si c’était oublié je gardais en tête que même en ayant pardonné il y avait un temps pour la vengeance, c’était aujourd’hui, au plus grand dam de Mado qui se retrouvait complètement enduite d’huile et de plumes qui coulaient bien à sa peau à cause du liquide visqueux. A cet instant il y avait de fortes probabilités pour que je sois assassinée, brulée sur le buché d’infortune construit à la main par la jeune femme qui aurait surement les nerfs, il faut dire qu’être réveillé dans de telles conditions n’avait rien de très agréable, moi-même je n’étais pas certaine d’avoir bien pris cette petite boutade étant très accrochée à mes heures de sommeil mais que voulez-vous, elle l’avait bien mérité et puis, avec un peu d’imagination il y avait peut-être des bienfaits à trouver dans l’huile, elle aurait certes la peau grasse, un matelas à remplacer avec celui d’un couple de candidats éliminés mais c’était le jeu ma pauvre Lucette, elle ne pouvait plus rien faire contre mon plan diabolique étant déjà dans la merde… Ah non, excusez-moi, ça s’était moi il y a deux semaines, Mado était plutôt dans l’huile actuellement. « Tu veux mourir maintenant, ou tout de suite ? » Je souriais amusée alors qu’elle me fusillait du regard, il n’y avait pas à dire, ma revanche sonnait incroyablement bien pour moi et je prenais même un certain plaisir sadique à me moquer d’elle gentiment. Certes elle devait bouillir de l’intérieur et plutôt deux fois plus en me voyant glousser, me moquer de la situation particulière et embêtante dans laquelle elle se trouvait, décidant d’y aller tête baissée je répondais, plus provocatrice que jamais. « J’hésite… Peut-être maintenant, ça pourrait être plus sympathique que tout de suite ! » Je la regardais de haut en bas, un vrai oiseau je vous le jure, des plumes qui collaient parfaitement à sa peau, prenant l’appareil photo que j’avais mis sur le côté pour pouvoir immortaliser le tout je prenais un ou deux petits clichés fière de ma connerie, elle allait réellement finir par m’achever dans d’horribles souffrances mais c’était de bonne guerre. « Pourquoi tant de haine, Alecia ? » Que répondre à cela ? Il n’était aucunement question de haine, juste d’une bonne petite vengeance qui n’avait rien de sérieux, au fond je ne voulais pas qu’elle le prenne mal au même titre que je n’avais pas été en colère lorsqu’elle m’avait elle aussi fait sa boutade dans les chiottes. « Je suis allergique à la phosphatidylsérine. Autrement dit, il me reste cinq minutes à vivre. Toi, tu vivras avec ma mort sur la conscience ! Pourras-tu seulement te le pardonner ? J'en doute. » Je la regardais ne pouvant retenir un petit gloussement tellement provoqué qu’il ne pouvait que trahir le fait qu’elle me faisait plus marrer qu’autre chose avec son motif bidon. « Je m’en voudrais toute ma vie voyons… Mais si je puis me permettre, j’ai été huit ans en fac de médecine… Je sais ce qu’est la Phosphatidylsérine contrairement à toi qui, dans le cas d’une réelle allergie serait vraiment dans la merde puisque ton corps le produit et plus particulièrement le cerveau si mes souvenirs sont exacts. » J’avais de bons restes de mes années de médecine, il ne fallait pas croire, j’étais une élève assidue.

Non mais n'importe quoi, hein. Depuis quand était-il permis de réveiller quelqu'un à huit heures du matin en lui versant de l'huile sur le corps et en renversant sur celui-ci maintes plumes d'oreiller, hm ? C'était odieux. Non, c'était même monstrueux. Alecia était tout simplement un monstre. Oh oui, un sacré monstre. Car non seulement elle tirait Mado d'un sommeil dont elle aurait bien besoin - 75% du temps, elle était insomniaque - mais en plus elle la plaçait dans une délicate situation en la rendant pour le moins collante, hm. C'est bien simple, la française n'arrivait même pas à se décoller du lit. C'était franchement petit d'en arriver là. Parce que bon, Alecia aurait quand même pu avoir recours à une toute autre vengeance, non ? Pourquoi avait-il fallu qu'elle tombe là dedans ? C'était franchement pire que tout ce que Mado avait pu imaginer. Si sa camarade l'avait assassinée, l'autre jour à la patinoire, c'aurait même était moins déplaisant, sans doute. Car la sensation d'être un pot de miel était incroyablement dérangeante, qu'on se le dise. Et clairement, sa camarade allait le lui payer. Quitte à la pousser par la suite à se venger une seconde fois, elle ne manquerait pas de lui faire comprendre qu'il ne faisait jamais bon s'attaquer à elle d'une telle manière. Vraiment, Alecia allait regretter d'avoir fait preuve d'autant de bassesse, hm. D'ailleurs, quand est-ce qu'elle préférait mourir ? A noter que Mado était adorable de lui laisser le choix entre tout de suite et maintenant, hein. Même si, bon, ça ne changerait finalement pas grand chose pour elle, d'autant plus que cette question semblait être plus rhétorique qu'autre chose. Autant dire qu'elle était plutôt mal barrée, la vilaine Alecia. Sauf que là, elle semblait rire de la situation. Grave erreur ! Elle en serait d'autant plus punie, c'est certain. « Oh crois-moi, rien de tout ce qui te sera réservé ne sera sympathique, au contraire ! » la prévint-elle, histoire qu'elle ne se croit pas en sécurité trop longtemps quand même. Même si bon, à cet instant, Mado ne pouvait effectivement pas lui faire grand chose, hm. Mais le pire, c'est qu'Alecia se permit de la prendre en photo. Décidément, quelle bougresse celle-là. « Non mais j'hallucine, tu veux vraiment payer le prix fort, toi » rouspéta-t-elle. Et bien oui, elle n'arrangeait assurément pas son cas là. D'où la question de Mado. Pourquoi tant de haine, oui ? Oh, Alecia faisait sans doute bien de ne pas répondre. Elle aurait été capable d'empirer davantage les choses, et elle n'avait pas besoin de ça, clairement. C'est alors que Mado sortit une improbable histoire de phosphatidylsérine, de laquelle elle était prétendument allergique. Haha, la blague. C'était juste histoire de voir si sa camarade était du genre à culpabiliser facilement, disons. Sauf qu'elle était tombée sur quelqu'un qui s'y connaissait un minimum. Eh merde. « Oh mais écoutez-la étaler sa science, en plus ! » s'insurgea-t-elle, décidément disposée à lui trouver tous les défauts du monde ce matin. « Ne fais pas ton Mickey, veux-tu. » Et à ses yeux, c'était quand même une sacrée insulte, qu'on se le dise. « T'as une idée du nombre de douches que je vais devoir prendre pour retrouver un aspect normal, hm ?! » Probablement un bon paquet. Encore heureux qu'elle ne paye pas les factures ici, hein.

En débarquant en début de matinée, ma bouteille d’huile à la main, mon oreiller à l’autre et mon appareil photo sous le coude je savais très bien qu’une fois au milieu de ma revanche j’aurais probablement droit à des insultes, peut-même que je prendrais une gifle dans les dents et j’étais à peu près certaine qu’après cela la jeune femme se ferait un plaisir de mettre au point sa propre vengeance bien plus sadique que la mienne, rappelons tout de même que c’était Mado qui avait commencé. Pas que je sois une gamine qui se cherchait des raisons puisque j’assumais complètement mes actes mais en me demandant d’aller chercher sa lentille de contact dans les toilettes alors qu’elle ne mettait pas de lentilles elle avait déclenché la guerre, vous savez comme lorsqu’un pays en attaquait un autre sans prévenir ? J’étais définitivement rentrée en guerre ce matin, ma fausse modestie à propos de l’épisode des toilettes n’avait jamais présagé quelque chose de bon et je pense que la petite brune s’en rendait compte maintenant, attention à ne pas cependant croire que je le faisais par méchanceté, je voulais juste en rire tout en conservant une certaine réputation voyez-vous, elle m’avait cherché, elle me trouvait mais il n’y avait pas de mauvaises intentions à percevoir là-dedans, tout comme Mado ne devait logiquement pas en avoir à mon propos lorsqu’elle m’avait précédemment fait faire des choses hideuses. Rien que d’y penser et je me souvenais de l’odeur des excréments de je ne sais pas lequel des candidats et que je ne voulais surtout pas savoir de toute manière, il me serait impossible de l’approcher après cette épreuve qui avait été plus que difficile à traverser à mes yeux. « Oh crois-moi, rien de tout ce qui te sera réservé ne sera sympathique, au contraire ! » Je souriais amusée, lui adressant un regard à la limite de la défiance. Moi, parée pour mon propre assassinat ? On pouvait le penser mais sans prises de risques la vie perdait de sa saveur à mes yeux. Je dégainais mon appareil photo capturant le moment que je diffuserais peut-être dans quelques heures sur son blog pour remettre un peu plus d’huile, c’est le cas de le dire, sur le feu. « Non mais j'hallucine, tu veux vraiment payer le prix fort, toi » J’hochais les épaules avec un air à la fois innocent mais surtout très ironique. « Je ne fais jamais les choses à moitié, ça me parait plus intéressant comme ça alors ! » Elle allait finir par m’égorger avec une feuille de papier carton, j’en étais certaine et j’étais parée à la contrer au cas où elle déciderait de me sauter à la gorge telle une cannibale pour m’arracher la carotide, tout comme ma camarade j’allais être sur mes gardes à présent. Etalant mes connaissances en matière de médecine je ne pouvais que constater son air agacé. « Oh mais écoutez-la étaler sa science, en plus ! » Je répondais du tac au tac. « J’essaye de t’instruire vois-tu. » Je creusais ma propre tombe en continuant d’être une garce avec elle mais j’adorais ça. « Ne fais pas ton Mickey, veux-tu. » Mickey, s’il était dans le coin aurait probablement apprécié la scène, il faudrait que je lui en parle à l’occasion d’ailleurs. « T'as une idée du nombre de douches que je vais devoir prendre pour retrouver un aspect normal, hm ?! » Je faisais mine de réfléchir renchérissant. « Je dirais quatre ou cinq, tu devrais commencer maintenant je pense m’enfin j’dis ça… Voilà voilà ! »

Okay, le coup des toilettes fut répugnant et méritait sans nul doute une petite punition. Mais ça, c'était franchement absurde. Non, Alecia n'avait pas le droit de tirer Mado du sommeil à huit heures du matin, simplement pour l'enduire d'huile et la recouvrir de plumes. Cela ne se faisait pas, voyons ! Et c'était franchement désagréable comme sensation. Du coup, elle risquait d'inciter la brune à se venger à son tour, si bien que ça ne prendrait probablement jamais fin. Est-ce que c'était ce qu'elle voulait, hein ? Est-ce qu'elle tenait à ce qu'elles s'affrontent de cette manière pendant encore longtemps ? Car si la vengeance de la blonde avait été plus tolérable, okay, Mado aurait gentiment accepté son sort et n'aurait pas eu en tête de faire bien pire ... Mais là, c'était franchement immonde tout de même. Son lit était dégueulasse, son corps tout autant et elle ne savait même pas si elle pourrait un jour se dépêtrer de tout ça. Donc oui, ça allait chier, et pas qu'un peu. Car en plus, jouer avec de la nourriture, c'est franchement mal, hein. Bon d'accord, il est vrai que c'était une chose dont Mado n'avait pas grand chose à foutre, mais tout de même, il suffirait qu'Israël passe par là pour leur faire la morale, alors que la française n'y serait pour rien. Ce serait franchement un comble. Et le pire dans tout ça, c'est que sa camarade, visiblement décidée à connaitre une fin douloureuse et imminente, poussa le vice jusqu'à s'être munie d'un appareil photo pour ainsi immortaliser la scène. Mais non n'importe quoi, hein ! Elle abusait, là, et ça devenait sérieusement dangereux pour elle, à force. N'avait-elle pas encore compris que Mado lui ferait la misère, et d'autant plus maintenant qu'elle l'avait prise en photo, hm ? « Je suis un monstre de rancune, Alecia. Tu comprendras bien vite qu'il ne fait jamais bon s'en prendre à quelqu'un comme moi. » Oui bon d'accord, dans cet état, elle n'était pas le moins du monde impressionnante, et probablement tout aussi peu terrifiante. Mais qu'importe, Mado croyait dur comme fer en son pouvoir d'intimidation ! Et puis au pire, Alecia ne la croirait pas, ne se méfierait pas et n'en souffrirait que davantage le jour où elle aurait décidé de lui faire payer son audace, haha. En attendant, sa camarade crut bon de lui donner un cours de biologie, ce dont elle se serait honnêtement fort bien placée, cela va de soi. L'instruire, disait-elle ? Alors là, franchement, elle allait loin. « Parce que j'en ai besoin peut être ? » Qu'elle ose dire oui et la guerre serait officiellement déclarée, c'est certain. « Et puis, très franchement, ça me fait une belle jambe de savoir tout ça ... » Non pas qu'elle ne soit pas ravie de savoir ce que produisait son cerveau mais disons qu'elle n'était pas franchement certaine que ça lui servirait un jour. C'était un peu comme savoir faire une division. Inutile, ouais. Donc oui, Alecia faisait son Mickey, et ça n'était pas appréciable. Quant au nombre de douches que Mado devrait prendre pour se débarrasser de tout ça, franchement, ça l'angoissait. « Quatre ou cinq ?! T'as vu dans quel état tu m'as mise ? Non, moi je pense qu'après vingt douches, ça commencera seulement à devenir un peu moins collant ... » Elle, du genre à tout exagérer ? Mais pas du tout, voyons, pas du tout. « Oui non mais c'est clair, je vais réserver les douches pour la semaine, hein. » Ou pour les jours restants, disons. Parce que oui, elle préférait éviter d'être vue comme ça par leurs camarades. Si Alecia l'humiliait via son blog - et elle espérait qu'elle n'oserait pas - ce serait suffisamment blasant comme ça. Mado se redressa alors davantage et constata qu'elle était décidément dans la merde, hm. « Tu crois que si je me lève, le matelas va me suivre ? » Ce serait amusant. Quoi que non, absolument pas en fait.

Je prenais probablement des risques en me vengeant ainsi, j’étais même bien plus sadique que Mado mais à ma manière, pas en lui faisant faire un truc de vraiment dégueulasse comme elle avait pu me le faire faire puisque de toute manière il y avait vraiment peu de choses de plus terrible que de la merde. Bien sûr j’aurais pu chercher une vache et lui faire croire que quelque chose de précieux était dissimulé dans une bouse de vache mais il n’y aurait aucune originalité et je ne me rabaissais pas à faire ce genre de choses. Au contraire j’avais opté pour quelque chose de plus ingénieux, peut-être même de plus terrible dans un domaine tout à fait différent et pas du tout comparable au registre qu’avait choisi Mado pour me taquiner précédemment. L’huile ajoutée aux plumes d’oreiller, il n’y avait rien de pire pour être collante et perdre toute sa beauté, bon au réveil je n’étais pas certaine que Mado soit canon mais je ne voulais pas juger sans en avoir vu davantage, qui était parfait au réveil ? Les adolescents peut-être et encore, certaines filles sans maquillage faisaient vraiment peur à voir. Maintenant que j’avais eu tout le loisir de faire ma garce avec Mado j’admirais mon travail, je m’en étais plutôt bien sortie tout de même et la petite photographie que je venais de prendre ne pourrait qu’attester de la vengeance que j’avais produite après l’affront qu’elle avait osé me faire quelques semaines en arrière. Elle s’était attirée mes foudres, voilà qui remettait les choses en ordre de la meilleure manière possible. « Je suis un monstre de rancune, Alecia. Tu comprendras bien vite qu'il ne fait jamais bon s'en prendre à quelqu'un comme moi. » Je souriais amusée, elle croyait vraiment que j’avais peur d’une personne comme elle ? Elle ne savait pas que je côtoyais très régulièrement des gangs lorsqu’ils décidaient de débuter les fusillades en guise de règlement de compte. Elle ne me faisait donc pas peur du tout. « Je dois avoir peur là ? Non parce que tu me fais plus rire qu’autre chose pour le moment. » Je cherchais la merde je le savais mais c’était avant tout à prendre au second degré même si je n’avais clairement pas peur d’elle. Je venais ensuite la remettre en place sur sa soi-disant allergie, désolée pour elle mais c’était impossible à ma connaissance d’être allergique à cette substance. « Parce que j'en ai besoin peut être ? » Besoin d’être instruite, elle avait l’air d’avoir la tête pleine, je dirais donc que non. Je hochais la tête de droite à gauche pour lui dire que non. « Et puis, très franchement, ça me fait une belle jambe de savoir tout ça ... » Je répondais du tac au tac. « Très honnêtement ? La prochaine fois que tu voudras faire pleurer dans les chaumières tu t’y prendras autrement ! » J’étais vraiment une connasse mais je l’assumais, toujours aussi fière d’avoir réussi ma vengeance je venais ajouter une dose supplémentaire d’ironie en lui conseillant de prendre au moins quatre voire cinq douches pour être certaine de venir à bout de toute l’huile et des centaines de plumes qui étaient sur son corps à présent. « Quatre ou cinq ?! T'as vu dans quel état tu m'as mise ? Non, moi je pense qu'après vingt douches, ça commencera seulement à devenir un peu moins collant ... » Je la regardais de haut en bas, l’exagération à son stade maximal. « Tout ça, et pourquoi pas quarante à la suite pour que ça commence à peine à enlever les plumes ? » Elle allait finir par me sauter à la gorge si je continuais à me moquer mais elle me tendait trop de perches pour que je puisse me retenir. « Tu crois que si je me lève, le matelas va me suivre ? » C’était une éventualité à envisager, en réalité je n’en savais rien. « Je crois que c’est possible, à moins que tu ne bouges ton cul avant que l'huile ne soit en train de sécher ! »

Oh, Mado se doutait bien que tout ça amusait grandement Alecia. Mais allez savoir pourquoi, ça n'était pas tellement la même chose pour elle. Définitivement, cette vengeance ne lui plaisait pas du tout. Elle aurait fortement préféré qu'Alecia foute un somnifère dans son thé ou éteigne la lumière de la salle de bain pendant qu'elle y prenait une douche. Parce que ça, très franchement, ça n'était absolument pas tolérable. Voyez dans quel état elle était, dans quel état était également son lit. Alecia venait de foutre un sacré bordel, en avait-elle seulement conscience ? Oh, très probablement. Et sans doute était-elle particulièrement fière de son coup, et plus encore de voir Mado dans une telle détresse. Et bien qu'elle en profite un maximum tant qu'elle le pouvait, car tout ça finirait par se payer très cher. Okay, peut être bien que Mado peinait à impressionner sa camarade à cet instant précis - autant parce qu'il était tôt et que ça n'était pas une heure pour se la jouer menaçante que parce que l'état dans lequel elle avait été mise la décrédibilisait - mais qu'importe, elle avait malgré tout envie de croire, et pas qu'un peu, qu'Alecia serait suffisamment maligne pour avoir peur. Sauf que non, ça n'était visiblement pas du tout le cas. Pire encore, la jolie blonde osa dire qu'elle avait surtout envie de rire. Oula, ça n'était pas une chose à dire, ça. Parce que Mado en aurait rapidement marre, que sa camarade fasse preuve d'un tel esprit de contradiction. Elle devait avoir peur, pas être amusée. Non mais oh, elle ne pouvait pas faire ce qu'elle voulait non plus, hein. « Oh mais, tu ... tu ... » Oui, mais encore ? Attendez, ça allait venir. « Tu riras moins d'ici peu, crois-moi ! » Oui, c'était une menace. Et oui, c'était toujours aussi impressionnant que si cette phrase avait été dite par Hamtaro. Autant dire que Mado désespérait de lui faire véritablement peur un jour, hein. Alecia n'était décidément pas quelqu'un d'impressionnable, pff. En tous les cas, excusez Mado d'estimer qu'elle n'avait pas franchement besoin de savoir quelle substance produisait son cerveau, hein. Non vraiment, elle s'en foutait remarquablement, estimant que tout au plus, elle se coucherait un peu moins bête ce soir. Oui, voilà. La réplique de sa camarade ne manqua en tout cas pas de la faire sourciller. Hm, pardon ? Est-ce qu'elle avait raté un épisode ? « Excuse-moi ?! Je n'ai jamais ... non, je n'ai jamais cherché à "faire pleurer dans les chaumières" ! Tu disjonctes complètement. Ouais, voilà, tu nous pètes un boulon là, hein. » Oui bon, elle l'avait tellement mauvaise qu'au lieu de faire simple et de lui faire comprendre qu'elle disait n'importe quoi, elle préférait y aller un peu fort dans la critique. Et bien oui, il ne fallait pas s'en prendre à elle comme ça, hein, c'était franchement une mauvaise idée. Quant au nombre de douches qu'elle devrait prendre pour retrouver un aspect dit "normal", il est vrai qu'elle avait un tout petit peu tendance à exagérer. Mais vraiment, rien qu'un peu. « Ah non, les plumes ne commenceront à foutre le camps qu'au bout de ... hm ... soixante douches ? Soixante-dix ? Ouais, disons au moins soixante-dix. Je peux te dire que je suis bien contente de ne pas avoir à payer les factures, hein, parce que ça ferait mal. » Et Cupidon n'oserait tout de même pas en extraire la somme directement de sa cagnotte, hein. Non, ce serait très méchant. Donc non, hein, merci. Par rapport au matelas, par contre, elle était prise d'un sérieux doute. Si elle essayait de se lever, est-ce qu'il voudrait venir avec elle ? Non parce que ça collait vachement toute cette huile, quand même. Aux propos d'Alecia, Mado prit un air pensif. Putain, elle n'avait pas tort, hein. Ainsi, la jeune femme s'empressa de se redresser et, ô miracle, parvint à se mettre debout sans qu'un quelconque matelas soit tenté de la suivre. C'était au moins ça de fait, hm. « C'est incroyablement inconfortable. Aussi inconfortable que si j'avais perdu les eaux. » Et très franchement, revivre ça, c'était hors de question. « Là, j'aimerais beaucoup te courir après pour te faire bouffer jusqu'à ta dernière mèche blonde, mais vois-tu, j'ai quand même un peu peur de ne pas faire trois mètres avant de glisser lamentablement. » Ce qui serait, à un peu de choses près, la honte du siècle. Oui, très probablement.