Cette chaleur insoutenable est vraiment très handicapante. Car si les journées sont longues et chaudes, les nuits le sont tout autant, ce qui ne rend absolument pas les choses plus faciles. Fitz supporte du mieux qu'il peut, en journée mais la nuit, c'est insupportable. La chaleur l'empêche de dormir, elle l'empêche de bouger tranquillement dans son lit, elle m'emmerde pour être plus clair. Du coup, et bien, l'écossais dort mal et est toujours réveillé aux aurores, avant tout le monde ou presque ce qui lui laisse le temps d'occuper la salle de bain tranquillement, certes mais aussi de se faire chier. Vraiment beaucoup. Alors ce matin là, Fitz a déjà fait pas mal de choses avant de se rendre dans la salle de vidéo-surveillance. Il a prit une douche, puis son petit déjeuner. Il a nettoyé la cuisine, prit l'air, un peu, fumé des clopes, beaucoup mais il s'emmerde. C'est pour ça qu'il pousse la porte de cette salle, sans grande conviction, relativement surpris d'y trouver Mickey. Il ne l'imaginait pas s'intéresser à ça mais peut-être qu'après tout, il se fait autant chier que lui et qu'il est venu se terrer ici, en quête de potins croustillants. Et il a peut-être trouvé de quoi se mettre sous la dent, ouais... La cuisine donc. Fitz jette un œil à l'écran et y découvre Everleigh et Mado. Ouais super. Honnêtement, il n'a pas tellement envie de voir ça, et bien évidemment qu'elles parlent de lui, le contraire serait étonnant. - Ouais... dit-il en guise de réponse à Mickey. C'est pas lui qui le fait chier, c'est ça, tout ça. Il voudrait juste que ça s'arrête, une bonne fois pour toutes. - Ça t'ennuie si je... dit-il en avançant devant l'écran, prêt à l'éteindre, espérant secrètement que Mickey ne s'intéresse pas réellement à tout ça.

Depuis le début de l'aventure, Fitz sera venu plusieurs fois dans la salle de vidéosurveillance mais pour autant, il n'y aura rien appris. Pas via les écrans en tout cas. Alors venir ici, c'est une idée un peu étrange, et Fitz lui-même ne sait pas vraiment ce qu'il vient chercher ici. Peut-être un peu d'intimité, peut-être pour se déconnecter, il n'a même pas envie de savoir mais il pousse la porte et se trouver assez surpris d'y trouver Mickey. L'écrivain, on imagine plus le trouver dans la bibliothèque ou dans le salon, avec une tasse de thé mais pas devant des écrans de télévision montrant tout et n'importe quoi. Il n'a même pas d'ordinateur et écrit sur une machine à écrire, c'est dire ! Mais même s'il est surpris, Fitz n'est pas mécontent. Mickey fait partie des candidats qu'il apprécie le plus ici alors forcément, converser avec lui reste une activité qui lui plaît beaucoup. Sauf s'il se met à parler de sujets que le tatoué essaie d'éviter. Et Fitz n'aurait jamais pensé que cette conversation, il l'aurait avec Mickey. A croire que toute cette mascarade est tellement présente dans le nid qu'elle a même infecté l'anglais. Cool. Donc oui, Fitz se doute, quand il voit Everleigh et Mado dans la cuisine, qu'elle parle de lui, entre autres. Oh ce n'est pas de la prétention mais bon, c'est assez flagrant, non ? Il lui demande alors s'il peut éteindre l'écran. D'une parce qu'il n'a pas envie de voir ça et deux parce que ce sont leurs affaires et si elles veulent se prendre la tête, c'est leur problème. Mickey accepte et l'écran noir apaise alors l'écossais. C'est stupide mais bon, c'est comme ça. L'écrivain se justifie, comme s'il avait l'impression de le devoir et cela fait sourire Fitz. - Tu fais ce que tu veux Mickey tu sais, vraiment. Et puis, il est grand, il fait ce qu'il veut. Pour autant, Fitz apprécie la tentative de Mickey. Comme celle qui vient, lorsqu'il lui demande s'il veut en parler. Ce n'est pourtant pas le genre de l'écrivain ce qui donne bien plus de poids à ses mots. - Oh tu sais, je peux en parler oui mais ça ne changera pas grand chose. J'ai voulu bien faire les choses, j'ai tenté de simplifier la tâche à tout le monde et j'ai échoué. Je voulais juste éviter la de faire souffrir. Je sais pas si tu as déjà vu ce que ça fait, faire souffrir sans le vouloir, sans même croire que c'est possible. Fitz pose un silence et soupire. - C'est pas joli à voir. Ajoute-t-il finalement, l'air pensif et des souvenirs douloureux pleins la tête.

Parler de ça avec Mickey paraît surréaliste pour l'écossais. Il avait fini par cerner quelque peu leur relation et pour lui, les confidences de ce genre n'étaient pas ce qui formait le ciment de leur amitié – car Fitz le considérait comme un ami – mais plutôt une sorte de possibilité complètement improbable. C'était donc aussi pour ça que Fitz avait voulu éteindre l'écran et qu'il préférait ne rien voir de tout ça. Il avait assez de ses histoires à gérer et si elles voulaient s'écharper, elles n'avaient qu'à le faire. Sans parler qu'Everleigh avait eu des mots durs concernant Mado et donc, il espérait, en quelque sorte, que c'était ça que Mado voulait régler et non le fond de l'histoire. Un fond qui n'était de toute manière pas modifiable. Il était trop tard pour ça. Et en un sens, c'était peut-être mieux. Le calme après la tempête comme on disait et si les relations entre Everleigh et Fitz étaient encore tendues, les choses devenaient plus claires et bien plus sereines. Enfin, Fitz se sentait reposé et ses nerfs ne le faisaient plus souffrir. En réalité, la culpabilité avait pris le dessus. Et la déception également, étant déçue de lui-même. Fitz se laissa alors aller à quelques confidences avec Mickey et étonnement, l'écrivain comprit assez rapidement de quoi il parlait, allant même jusqu'à dire qu'il avait vécu ça lui aussi. Fitz l'écouta donc parler et rapidement, il crut comprendre qu'il s'agissait peut-être de sa femme, ou ex-femme plutôt. Il ne le questionna pas pour autant, préférant le laisser dire ce qu'il voulait dire et ne pas le pousser à plus de confidences qu'il ne le voudrait. - Alors tu as eu de la chance dans ton malheur, si l'on peut dire ça. Je n'ai connu que les larmes me concernant, elle ne prit même pas le temps de me supplier étant donné qu'elle savait que ça ne changerait rien. Et c'était d'ailleurs peut-être encore plus cruel, de la voir aimer un mec, moi donc, qui ne l'aimait pas et de se rendre compte petit à petit que ça n'arriverait jamais. Enfin bref, c'est pas très intéressant... Et terriblement personnel. Sans parler que si cette fille regarde l'émission, il n'a pas envie de remuer le couteau dans la plaie. Un léger silence s'installa et puis, Mickey reprit la parole, posant une question des plus avisées à l'écossais. Oh ça... - Oui, je culpabilise. Parce que j'aurais du le voir avant, j'aurais du voir au delà des apparences et faire en sorte qu'on en arrive pas là. Sauf que j'étais tellement occupé à me prendre la tête et à chercher un moyen de résoudre cette situation que je n'ai rien vu. Rien du tout. Et voilà le résultat. Beau, n'est-ce-pas ?

Jamais Fitz n'aurait pensé que venir ici, dans la salle de vidéo-surveillance, le mènerait à se confier comme il le faisait en ce moment. Il n'avait jamais vraiment été fleur bleue, ni même romantique, se considérant, à ce niveau, comme un mec normal, peut-être un peu plus gentil et attentionné que la moyenne et pourtant, lorsqu'il regardait en arrière et contemplait les ruines de sa vie amoureuse, Fitz se rendait compte que l'amour l'avait pas mal écharpé. Mais il fallait aussi prendre en compte que Fitz avait été élevé par des femmes, majoritairement. Son père, il le voyait peu et autour de lui, il n'avait connu pendant longtemps que sa mère, sa nourrice puis ses sœurs. Son frère était arrivée en dernier et avec dix ans de différence, il était un peu trop tard pour remédier à tout ça. Plus il y pensait, plus il se disait qu'elle devait venir de là, cette sensibilité. Sans parler de ce respect qu'il avait pour les femmes en général. Même plus jeune, même quand il faisait n'importe quoi, il faisait en sorte de ne pas vraiment blesser ses conquêtes ou alors, de choisir celle qui s'en foutait royalement. C'était plus simple et c'est pourquoi, quand il rencontra cette fille qui tomba amoureuse et qui se troua anéantie par cet amour en sens unique, il fut profondément choqué par ce que pouvait faire l'amour. Il aurait pu devenir comme ces gens qui scandent des 'l'amour ne rime à rien' mais finalement, il n'aura jamais pu se résoudre à rentrer dans un tel extrême. Pourtant, c'était en partie vrai. L'amour, il arrivait, un jour, sans rien dire et puis parfois, il décidait de repartir, aussi rapidement qu'il était arrivé, toujours sans aucune raison. Parfois, il infectait une seule personne, sur les deux et voilà comment on se retrouvait dans des situations telles que celles de Fitz et de Mickey. L'écossais ne souhaitait ça à personne, vraiment et même s'il savait n'y être pour rien, il culpabilisait, souvent même. Comme ici, avec Everleigh, même si au fond, les raisons n'étaient pas tout à fait les mêmes. - Je sais ça, mais je trouve ça parfois un peu cruel en réalité. Comme si Cupidon décidait de décocher ses flèches seulement pour faire souffrir. L'amour à sens unique, il n'y a rien de pire. Et puis, ne dis pas ça Mickey. Si elle n'était pas celle qu'il te fallait, c'est qu'il y en a une autre ailleurs pour toi. Je sais, c'est affreusement cliché ce que je dis mais j'assume. Et elles ne sont pas toutes à mes pieds, encore heureux. C'est vrai, sur une douzaine de candidates, seules deux avaient répondu à l'appel. Certes, c'était bien mais 'toutes', c’était un peu fort. Mickey reprit ensuite la parole et rapidement, Fitz fut gêné par ce qu'il lui disait. - Tu sais Mickey, au final, on en est au même stade. J'ai fait souffrir une fille qui m'aimait et que je n'arrivais pas à aimer, tout comme toi. Après, j'ai connu la même chose, mais dans l'autre sens. Je n'ai pas envie d'être un tombeur, tu vois bien que je suis nul en plus. Je sais que c'est difficile d'être optimiste quand on a connu la douleur ou la culpabilité mais ne sois pas pessimiste pour autant. Tu n'as pas moins de qualités qu'un autre, elles sont seulement différentes. Bon, certainement qu'il ne devait pas l'aider mais c'était toujours un peu compliqué dans ce genre de situation, de trouver quoi dire.

Fitz se rendait compte, petit à petit, que Mickey n'était pas vraiment aussi insensible qu'il le disait ou qu'il paraissait depuis le début de l'aventure. Mickey donnait cet image d'un être insensible mais qui surtout, ne se formalisait pas de tout ça. Il donnait l'impression d'être seul, oui, mais de le supporter, de ne même pas y penser, de se complaire dans cette solitude qu'il recherchait, en écrivain reclus. Sauf que tout ça était faux. Il était peut-être insensible, oui, mais il en souffrait. C'est en tout cas ce que Fitz en concluait lorsque Mickey lui expliqua qu'il l'enviait en un sens et qu'il se mis à lui parler de ce mariage. Sur ce point, l'écossais ne pouvait pas dire grand chose car il n'avait jamais été aussi loin mais briser un tel lien, il savait que ce devait être aussi libérateur que difficile. Et regretter, par la suite, était pire. Il essaya donc de le rassurer et peut-être que Fitz était naïf ou trop romantique, au fond, pour lui sortir ce genre de phrases clichés. Le problème était que l'écossais n'avait jamais réellement été dans une telle situation et il ne savait pas tellement quoi dire à Mickey pour le rassurer. Il n'était pas doué pour réconforter, pas comme ça en tout cas et il le déplorait. L'écrivain, lui, était sûr de lui et il semblait que quoiqu'il lui dise, Fitz n'arrange pas la situation. - Tu ne peux pas en être sûr Mickey. Je sais assez sûrement que tout ça arrive quand on s'y attend le moins et je sais que c'est encore très cliché mais il me semble que ça se vérifie assez souvent. Il en était l'exemple même car il n'était pas venu ici pour trouver l'amour. Il était encore trop tôt pour parler de sentiments, en effet mais même lorsqu'on parlait de rapprochements, Fitz ne se doutait pas que tout ça lui tomberait sur le nez. - Si tu ne veux pas qu'on souffre pour toi, c'est que tu n'es pas incapable d'aimer Mickey. Et puis, parce que ça ne t'es jamais arrivé, ça ne veut pas dire que c'est impossible. Certaines personnes mettent des années avant de finalement de tomber amoureux alors ne dis pas ça. Et tu vois bien que ça t'ennuie alors n'essaie pas de refouler tout ça, ça ne fera que te frustrer et te rendre aigri. Et personne ne voulait ça non ? Pas même lui. - Il faut que tu sois plus confiant et ça se ressentira même si après, tu as raison, l'amour est imprévisible et il fait un peu ce qu'il veut. Et ne t'excuse pas, si tu as envie d'en parler, je comprends ! Après tout, il avait été là quand Fitz avait voulu se confier alors ce n'était qu'un juste retour des choses.