Mado, au confessionnal !

Fitz, quel secret penses-tu avoir découvert ?

Bon, visiblement, on la demandait à nouveau au confessionnal, et très probablement pour la même raison que la veille. Non pas que ça la dérange, mais Mado n'était pas forcément plus tranquille qu'hier, loin de là d'ailleurs, ne serait-ce que parce que la moitié de son secret avait déjà été découverte et qu'il n'était ici pas tellement difficile d’imaginer que Fitz venait de buzzer en pensant avoir découvert la seconde moitié de celui-ci. C'est en tout cas sans se faire prier plus que de raison qu'elle prit la direction de la cabane en bois, où elle entra et ne tarda pas à voir Fitz s'approcher, pour l'enlacer, ce qu'elle apprécia grandement à vrai dire. Elle sourit lorsqu'il embrassa sa tempe et comprit qu'il craignait qu'elle lui tienne rigueur de cette petite persévérance qui, pourtant, ne la gênait pas. « Non, évidemment pas. Tu aurais sans doute eu tort d'attendre pour rebuzzer, il aurait été dommage que quelqu'un utilise ton premier buzz pour tenter de trouver le reste de mon secret. » Surtout qu'elle, elle préférait que ce soit lui qui, au final, trouve l'intégralité de son secret, parce qu'il était le plus légitime, celui qui la connaissait le mieux ici en dehors de son cadet. Il s'assit et elle fit de même, attendant qu'il émette son idée, ce qui ne tarda pas. Cette fois-ci, il évoquait le père de Mado, et celle-ci resta assez impassible. Encore une fois, c'était une idée comme une autre, assez déstabilisante à nouveau, mais elle ne l'en blâmerait pas. « Je ne t'ai jamais tellement parlé de mon père. Comment cette idée t'est-elle venue ? » Ce n'était pas un reproche, bien sûr que non, elle se demandait simplement pourquoi il impliquait son père, pourquoi lui, pourquoi pas un autre homme par exemple.

Non, Mado n'en voulait pas à Fitz. Ni parce qu'il avait découvert la première partie de son secret, ni parce qu'il tâchait d'en découvrir la seconde. Il jouait et elle ne pouvait assurément pas le lui reprocher. Surtout qu'il était le candidat de qui elle était la plus proche ici - en dehors d'Ezra - et que si quelqu'un s'intéressait à son secret, elle préférait véritablement que ce soit lui, qui commençait à bien la connaitre, qui ne buzzait pas simplement pour buzzer d'après elle. Donc non, elle ne lui tenait pas rigueur de tout ça, parce que c'était Fitz et qu'elle savait qu'il essayait aussi de la soulager, dans un sens, comme il l'avait déjà fait en trouvant la première partie de son secret. Ici, il impliquait alors le père de la jeune femme, dont elle ne lui avait jamais tellement parlé à vrai dire. Du coup, oui, elle s'interrogeait sur ce qui avait pu le mener à cette réflexion-ci. Fitz lui parla alors de la fois où elle lui avait confié avoir été chassée de chez elle par ses parents, et elle fut sur l'instant assez amusée qu'il ait à ce point bonne mémoire. Son raisonnement se tenait, en tout cas. « C'est vrai, c'est ce que j'ai dit. » Elle ne pouvait pas tellement lui confirmer ou lui infirmer sa supposition, aujourd'hui encore. « Quand tu imagines mon père sous les traits d'un ... violeur incestueux, tu imagines qu'il a abusé de moi une fois, ou tu penses à des sévices qui s'étendraient sur du plus long terme ? » Cette question pourrait le surprendre, mais elle avait besoin de connaitre précisément son idée. Est-ce qu'il pensait qu'à vingt-deux ans, Mado avait été abusée par son père et qu'un enfant était né de ce viol, ou est-ce qu'il imaginait quelque chose de plus long, à savoir plusieurs viols ? Elle le poussait à réfléchir, en somme. « Et je n'ai pas eu l'occasion de te le demander tout à l'heure, mais ... ce que tu sais des conditions dans lesquelles mon fils a été conçu, est-ce que ça te dégoûte ? » souffla-t-elle ensuite, peut être un peu inquiète qu'il ait pu changé de regard sur elle suite à son premier buzz. Ils avaient quand même passé une nuit dans la chambre secrète, lundi soir ...

Comme lors de la première confrontation, et comme lors de la révélation de cette après-midi, Mado n'était pas franchement expressive, tout simplement parce qu'entendre parler de tout ça, que l'idée que Fitz énonçait ici soit vraie ou fausse, ça ne la faisait pas particulièrement réagir. Pour avoir découvert la première partie de son secret, il savait de quoi Mado avait été victime, et il avait du remarquer, à la façon dont elle s'était exprimée lors de la révélation, qu'elle parvenait à rester assez détachée par rapport à tout ça. Peut être que son père l'avait violée, peut être pas. Toujours est-il que si cette idée fut assez troublante sur l'instant, elle n'en montra rien et n'avait ici aucun mal à interroger Fitz sur ce qu'il pouvait imaginer. Elle ne voulait pas lui paraitre froide, simplement, maintenant qu'il savait ce qu'il lui était arrivé, qu'importe qui lui avait fait ça, elle se sentait à nouveau quelques peu vulnérable. C'était inévitable. Alors elle compensait désormais en gardant un certain sérieux. Elle ne voulait pas que tout redevienne comme avant avec Fitz, car trop de choses avaient changé et qu'elle appréciait ce qu'ils étaient devenus l'un pour l'autre, mais peut être lui faudrait-il un peu de temps pour mettre à nouveau sa fierté de coté. Soit. Il disait ne pas avoir tellement réfléchi à sa question, et ne pas avoir d'ailleurs très envie de le faire, ce qu'elle pouvait comprendre. Elle hocha alors doucement la tête, puis se risqua à lui demander si ce qu'il savait depuis cette après-midi le dégoutait. Il n'était pas n'importe quel candidat pour elle, clairement pas, alors elle voulait s'assurer qu'elle ne le dégoutait pas, qu'Aaron ne le dégoutait pas par avance car oui, peut être qu'elle aurait envie, un jour, de le lui présenter. Il la rassura et elle fut tranquillisée. Elle lui sourit, puis reprit la parole. « Si l'on part du principe que ton idée est juste, qu'Aaron est bien le fruit d'un inceste, comment crois-tu que je le vois à ce jour ? » Peut être qu'il aurait du mal à se mettre à sa place, mais elle aimerait qu'il essaie. Car s'il voyait juste, peut être qu'Aaron n'était pas un enfant tout à fait comme les autres sur certains points, ou que Mado ne le voyait pas comme n'importe quel enfant en tout cas. « Souviens-toi de ce que je t'ai dit, au sujet de mon "instinct maternel" » reprit-elle, tout doucement. A lui de réfléchir, à lui de voir si ça pouvait être lié, ou non. Mais autant le dire, elle n'avait jamais tellement déploré l'éloignement d'avec son fils ...

Mado, Cupidon a-t-il besoin de te rappeler ses commandements, ou préfères-tu qu'il décide tout simplement d'annuler ce buzz ?

Bon, visiblement, elle avait dit quelque chose de trop, quelque chose de malvenu. Toujours est-il que Cupidon intervint et qu'elle ne sut plus du tout où se mettre. C'était classe, quand même, de lui donner l'impression d'avoir cinq ans, d'avoir fait une vilaine bêtise. Devant Fitz, en plus, hein, super. Pour autant elle ne monterait pas sur ses grands chevaux, car si Mado était impulsive et qu'elle n'appréciait pas toujours l'autorité, elle savait que ça n'était pas franchement dans son intérêt de se défendre, là. Si Cupidon disait qu'elle avait merdé, Cupidon avait sans doute raison. Bon, laisser entendre qu'elle avait enfreint un commandement, et donc qu'elle était une mauvaise joueuse, il n'était pas dit que ça ne lui reste pas en travers de la gorge pour la suite, mais dans l'immédiat, elle ne voulait pas trop tenter le diable, en fait. « Ni l'un, ni l'autre. Considérez que je n'ai rien dit, si vous voulez. » Ouais, elle s'écrasait, parce qu'elle avait tout intérêt, sans doute. Et elle avait beau être blasée, elle ne voulait pas que ce buzz soit annulé, parce que ce serait injuste pour Fitz. Surtout que là, bah, c'était un peu limite. Et pas uniquement par sa faute, du coup. Bref. « Désolée » qu'elle finit par souffler, à l'intention de Fitz, parce que l'ambiance était devenue plus inconfortable encore que précédemment et que rien n'était décidément fait pour les mettre à l'aise. S'il s'avérait que personne n'avait plus besoin d'elle, elle irait ruminer dans son coin. Elle était forte à ça, oui oui.