En faisant son entrée dans ce programme Jaileen avait, sans le vouloir réellement, retrouvait son âme d’enfant. Il lui arrivait de perdre ses moyens devant certaines personnes, même si elle en gardait tout de même un bon petit caractère de cochon, et elle ne cessait d’avoir les yeux brillants à chaque fois qu’elle découvrait une nouvelle facette du nid. Bien évidemment, cela faisait trois jours qu’elle se trouvait ici et elle commençait à savoir qu’il y avait une plage, une salle de vidéo-surveillance pour jouer les fouines, un club de strip pour les vieux séniles – Hadatt si tu m’entend – en manque de cul et tout un tas d’autre chose, parfois plus loufoque les unes que les autres d’ailleurs. Seulement, à chaque fois que la belle posait ses pupilles sur quelque chose qu’elle n’avait pas encore eu la chance de voir, elle perdait la tête et devenait complètement folle. Une véritable gamine en puissance. Ce jour-là, elle décidait de s’enfuir vers de nouveaux horizons et de s’aventurer sur le ponton, au beau milieu de la fête foraine. Disons qu’à retrouver son âme d’enfant, autant le faire jusqu’au bout et venir faire un petit tour de carrousel avant de déguster une pomme d’amour toute rouge et toute collante pour finir par s’endormir tout en haut de la grande roue. Sans prévenir personne, et histoire d’être un petit un peu tranquille aussi, la blondinette se préparait pour une après-midi pleine de rebondissement, mais elle en oubliait la moitié de ses affaires, comme son paquet de cigarette d’ailleurs. Après un petit moment d’hésitation, elle finissait par se dire que cela n’était pas bien grave et qu’une ou deux petites clopes en moins ne pouvait pas lui faire de mal, bien au contraire. Jaileen ne savait plus où donner de la tête tellement il y avait d’attraction. Enfin, si elle finissait par le savoir. «Wesh zoulette !» Entendant une voix masculine s’adressait, apparemment à une jeune femme, elle regardait tout autour d’elle. Il n’y avait pourtant personne à ses côtés. Elle en déduisait qu’on lui parlait à elle, mais n’ayant pas spécialement envie de s’arrêter, elle continuait de marcher, faisant mine de n’avoir rien entendu du tout, mais son interlocuteur ne comptait pas pour autant la laisser s’enfuir de la sorte. Elle l’entendait se rapprochait rapidement de sa petite personne. Elle accélérait le pas. Trop tard. «Je cherche juste du feu, ensuite je te laisse tranquille» Tiens donc. Jaileen s’arrêtait, laissant un sourire naître sur ses lèvres alors qu’elle glissait l’une de ses mains dans la poche de son jean slim pour en sortir un zippo. « Si t’as une cigarette à me dépanner alors, ouai, j’aurais du feu sinon, je suis désolé mais j’en ai pas. » Sourire espiègle sur les lèvres, mon briquet toujours en main, j’attendais une quelconque réaction de la part du jeune homme que j’avais déjà eu l’occasion de croiser dans le nid.

«Je vois !»

Toutes canines dehors je lui sourit parce-que j'aime les certitudes et j'en ai au moins deux qui se présentent à moi. La première c'est que c'était la dernière clope de mon paquet et que ca me permettra de ne pas avoir à m'éclipser pour la laisser tranquille un peu trop vite à mon goût, la deuxième c'est que je suis beaucoup trop rapide pour elle, et son Zippo lui échappe des mains pour se retrouver dans la paume de la mienne entre deux respirations. Je rigole comme un sale gosse en lui rendant son briquet maintenant que ma cigarette est allumée. Tu vas pas me la faire à moi, non mais.

Je tire une latte, j'inspire, j'expire.
Je lui tend ma Lucky Strike pour m'excuser et partager surtout. Mais je me ravise finalement, tendant la dose de nicotine presque à bout de bras au dessus de ma tête de plus qu'elle avant qu'elle puisse la saisir. A moi de jouer, ou pas.

J'ai aussi des incertitudes en fait et l'une d'elles, c'est elle. En l'observant plus attentivement je me rend compte que j'ai du mal à évaluer son age. Qu'est-ce que ça peux me foutre d'inciter la jeunesse au tabagisme devant les caméras quand on sait que j'ai fait de la prison ? Rien du tout, je m'en branle, ma conscience ne m'empêchera pas de dormir une fois qu'elle aura fumé sur ma clope. C'est surtout que plus je m'approche de Zoulette plus le dessein que je trace pour elle dans ma tête se précise aussi. Sans faute d'orthographe, malgré celles que je fais trop souvent à l'écrit parfois même à l'oral. Sous prétexte de préserver sa santé je m'arrange pour savoir si je risque de retourner en cellule plus tôt que prévu.

«T'es mineure ?»

«Je vois !» Niklas ne cessait de sourire à la jeune femme, mettant toutes ses canines dehors, tel un vampire prêt à lui sauter dessus pour la vider de son sang. Dit comme cela, la scène paraissait plutôt étrange. Restons dans l’optique du moment amusant où l’un à des cigarettes et l’autre, du feu. Si Jaileen pensait avoir l’avantage en ayant, entre ses mains, le Saint Graal, le garçon, apparemment bien plus agile qu’elle, ne tardait pas à s’emparait du zippo de la demoiselle qui ripostait en émettant un petit cri de gamine. Enfin, elle était surtout en train de râler. Elle l’observait en train d’allumer sa clope, puis éclater de rire lorsqu’il lui rend son briquet. Fronçant très légèrement les sourcils, voilà qu’elle venait dire, d’une voix pourtant légèrement amusée : « Et bien c’est très gentleman tout ça. » D’autant plus que par la suite, Niklas décidait de s’amuser des nerfs de la blondinette. Il avait l’air de vouloir partager la clope qu’il avait entre les doigts. Très bien pas de soucis pour Jaileen tant qu’elle pouvait tirer quelques lattes. Il avait l’air aussi de vouloir s’amuser. L’air de rien, voilà qu’il levait son bras au-dessus de sa tête, pour empêcher l’anglaise d’atteindre l’objet de toutes ses convoitises actuelles. Et en plus cela semblait le faire rire à en juger par son air amusé. Elle se hissait sur la pointe des pieds, se débattait même quelques instants pour tenter d’effleurer la cigarette. La scène était étrange. Les gens, à la télévision, risquait de les prendre pour deux idiots. Finalement, il baissait très légèrement sa garde et elle parvenait à lui dérober le cancer qu’elle glissait entre ses lèvres pour tirer deux ou trois barres. C’était ce moment-là qu’il choisissait pour lui poser une question. «T'es mineure ?» Jaileen manquait de s’étouffer. Une inspiration de travers très certainement et une inspiration pleine de fumée par-dessus le marché. Arrivant à récupérer son souffle, elle levait la tête vers lui. « Pardon ? » Elle ne savait pas si elle devait le prendre à la rigolade étant donné qu’il s’agissait là, peut-être indirectement, d’un compliment, ou bien si elle devait se sentir vexer. Elle décidait de le prendre sur le ton de l’humour. « C’est flatteur pour une femme d’entendre dire qu’elle fait plus jeune que son âge. Désolé de te décevoir, mais si tu comptais te taper une petite minette, t’es mal tombé. J’ai 22 ans si tu veux tout savoir. » Sourire amusé au bout des lèvres la blondinette avait tout juste le temps de finir sa tirade que Cupidon trouvait drôle de faire retentir sa petite musique romantique, celle où deux candidats doivent s’embrasser lorsqu’ils l’entendent. La clope du garçon toujours entre ses doigts, Jaileen s’approche de lui, sourire amusé sur les lèvres. « Profite c’est peut-être la seule fois de ta vie qu’une vraie blonde va t’offrir un baiser. » Se hissant sur la pointe des pieds, elle passait un bras autour de la nuque de son interlocuteur pour venir déposer ses lèvres sur les siennes.

Si les gentleman poussaient des les arbres des cités, ou il n'y a pas de verdure soit dit en passant, ça se saurait. Elle n'a pas l'air de prendre trop mal ma question, elle la prend même telle que je l'ai posée c'est à dire qu'elle fait plus jeune que son age, pas de beaucoup, mais elle m'aurait répondu qu'elle allait sur ses 18 piges que ça ne m'aurait vraiment pas étonné. Elle est belle, et bien majeure. Je suis pas déçu au contraire je suis rassuré. Le détournement de mineure chez nous c'est pas seulement puni par la loi mais c'est aussi puni par les autres détenus bien plus sévèrement que de rester le cul assit sur une couchette miteuse une bonne partie de la journée, dans le meilleur des cas on s'en tire avec quelque chose de cassé, dans le pire des cas on ne s'en tire tout simplement pas.

J'allais me dire que de toute façon, les chances pour que je m'approche d'elle plus que je l'était déjà - un mètre maximum - étaient proportionnelles à zéro, un fantasme irréalisable pour un pauvre pélo comme moi quoi. C'était compter sans Cupidon dans sa grande mansuétude.

Je sais que c'est aléatoire ! C'est pas comme si la production - après avoir lu les allusions lourdingues que j'ai pu faire sur mon blog à l'égard de ses formes généreuses - avait décidé de taper dans le social en aidant un plouc à choper la meuf de ses rêves, une fois de plus je viens de là ou on ne rêve plus depuis bien longtemps. On me dit de garder espoir matin midi et soir je n'espère pas moi, je fonce dans le tas moi.

Enfin, là j'avoue que c'est elle qui à foncé sur moi. J'ai pas vraiment entendu la même musique que tout le monde mec, j'ai entendu un craquement assourdissant comme si le ciel c'était ouvert pour m'inonder de lumière divine en faisant péter les watts de l'intro de Carmina Burana au moment ou ses lèvres ont touché les miennes tu vois le tableau ou quoi ?

Ce n'est qu'après que j'ai vraiment assimilé la petite musique de Cupidon qui rendait ce baisé obligatoire, et que les mots de Zoulette on corrigé les bugs de mon cerveau en allumant les cases une a une comme dans le clip de Billie Jean. Je lui colle ma langue au fond de la gorge pour lui rincer les amygdales, gentleman je vous le rappelle. Je recule, je regarde notre unique cigarette qui à eu le temps de bien se consumée pendant que j'étais en train de me faire des films signés Dorcel sans l'apostrophe du bijoutier. L'autre.

«Je suis pas désolé. J'ai fait exactement ce que tu m'as dit, j'ai profité. C'est pas tout les jours noël. J'abuse si je te demande autre chose, ton prénom par exemple ?»

Ce Cupidon, quel petit farceur alors. Pendant que la blondinette était en train d’indiquer à son interlocuteur que non, elle n’était pas mineure, bien au contraire, tout en tirant sur la clope qu’elle venait de lui emprunter, l’angelot s’amusait à faire retentir sa musique du baiser pile poil à ce moment-là. Une coïncidence ? Aucune idée. Jaileen pensait surtout que tout cela était aléatoire. Genre un mec de la production appuyait sur un bouton et puis, comme par magie, cela faisait apparaître cette petite musique toute guimauve dans le nid ou bien dans ses alentours. Ou pas. Finalement peut-être que tout était calculé. Enfin, l’anglaise n’en savait rien et ne voulait pas le savoir en fait. Elle se contentait de s’exécuter, de faire ce que Cupidon voulait qu’elle fasse, autrement dit elle se contentait de s’approcher de son interlocuteur et après avoir fait un petit commentaire, pas vraiment très sympa pour le jeune homme d’ailleurs, voilà qu’elle se hissait sur la pointe des pieds et qu’elle venait déposer un petit baiser tout sage sur les lèvres du jeune homme. Enfin, tout sage, c’était vite dit. Sans qu’elle ne s’y attende, Niklas venait fourrer sa langue dans la bouche de la blondinette pour lui voler un baiser des plus fougueux. Sous le coup de la surprise, elle ne bouger pas. Seuls ses talons venaient rejoindre la terre ferme. Il reculait mettant fin à ce baiser, jetant un coup d’œil à la cigarette qu’elle tenait entre ses doigts. Jaileen faisait de même, baissant ses yeux vers la nicotine qui n’était plus qu’un vulgaire mégot. Le lâchant, elle aussi faisait un pas en arrière. «Je suis pas désolé. J'ai fait exactement ce que tu m'as dit, j'ai profité. C'est pas tout les jours noël. J'abuse si je te demande autre chose, ton prénom par exemple ?» La demoiselle, qui pourtant n’avait pas sa langue dans sa poche, ne savait pas quoi répondre. Elle le regardait sur un air presque béat. Jamais elle ne s’était attendue à ce qu’il fasse ça. Jamais elle n’avait pensé qu’il aurait eu le cran de lui donner un tel baiser. Elle ouvrait la bouche, bredouiller au début avant de finalement finir par articuler : « Jaileen. Je m’appelle Jaileen. » Ne voulant pas paraitre trop stupide à rester muette, elle se dépêchait de reprendre la parole. « En tout cas j’espère que, ouai, t’as bien profité parce que c’était la première et la dernière fois que tu me violais la bouche de la sorte. » Un sourire espiègle, charmeur et provocateur finissait par se dessiner sur les lèvres de la demoiselle. « Enfin … la dernière fois jusqu’à la prochaine quoi. » Nouveau sourire, nouveau regard. Il ne fallait surtout pas qu’il sache qu’il venait de la destabiliser quelque peu, de lui faire perdre une partie de l’assurance qu’elle avait en permanence avec elle, en la prenant de cours. Regardant autour d’eux, elle lui demandait : « Ca te dirait de m’accompagner sur une attraction ? » Autant profiter de l’endroit non ?