Je suis bien d'accord pour dire qu'il a sans doute beaucoup trop de nourriture ici, et cela rien que dans la cuisine. Moi ça m'irrite presque de voir qu'on jette autant d'argent par les fenêtres, parce que beaucoup des aliments vont sûrement se perdre. Mais enfin ce n'est pas mon argent, ils peuvent bien faire ce qu'ils veulent du leur. Je ne suis de toute manière personne pour juger. D'autant plus que quand je ne trouve pas ce dont j'ai envie pour le dessert, je suis bien contente d'avoir un supermarché à disposition. Enfin, vous vous rendez compte un supermarché pour trente personnes. Enfin bref, comme je l'ai déjà dit je ne devrais pas juger, surtout que ce ne sont pas mes affaires, en aucun cas. Alors après avoir fouillé le réfrigérateur de fond en comble sans avoir trouvé ce que je cherchais, j'en concluais que je trouverais peut-être de la glace au walmart. Je fais les tours des rayons, regardant au passage ce dont je pourrais avoir envie pour un prochain repas. Je finis alors par tomber sur les grands congélateurs dans lesquels s'étendent des glaces à la pelle. Je ne sais pas quel parfum choisir tellement ils sont nombreux. Je regarde les boîtes une dizaine de minutes sans parvenir à me décider jusqu'à ce que je sente une présence derrière moi. Peut-être que si je ne suis pas capable de faire un choix, il sera plus facile pour elle. « Cookie ou brownie ? » je lui demande en lui montrant les deux pots de glace que je tiens dans la main. J'imagine que si elle est là c'est parce qu'elle a elle aussi envie d'une glace, alors je prendrais le pot qu'elle ne veut pas. A moins qu'elle veuille un autre parfum, ou qu'elle n'ait pas envie d'une glace. Ça je ne peux pas le deviner, j'aurais peut-être mieux fait de me taire.

Je trouve ça pour le moins étrange d'avoir mis à notre disposition un supermarché. C'est beaucoup de gaspillage pour rien, enfin ce que j'en pense moi, mais je trouve que ça fait beaucoup de nourriture pour trente personnes. Mais après tout je ne suis pas dans la tête de la production, même si je ne peux m'empêcher de penser que c'est une idée pour le moins saugrenue. D'autant plus qu'il est quand même assez grand, j'aurais vite fait de me perdre dans toutes ces allées. Je suis persuadée que j'en serais capable. Même si pour le moment je suis bien contente de trouver ce supermarché lorsque j'ai une soudaine envie de glace. Mais une fois devant toutes ces glaces je ne parviens pas à me décider sur un seul parfum. Je ne me connaissais pas si indécise, d'ordinaire je sais parfaitement ce que je veux. Il faut croire que de simples glaces mettent mon cerveau à rude épreuve. Je me retrouve finalement avec un choix cornélien à faire, de la glace avec des morceaux de cookies, ou de brownies. Choix difficile, n'est-ce pas. C'est lorsque je sens une présence derrière moi, que je demande à la jeune fille de m'aider dans ce choix. D'accord, cookie même si ce choix ne semble pas vraiment la concerner. D'accord, elle s'en fiche et elle n'était pas là pour de la glace. Ça m'apprendra aussi. Je repose le pot de glace aux brownies tandis qu'elle me demande, si je suis serveuse moi aussi. « Moi aussi ? » Je dois avouer que j'ai beaucoup de mal à la suivre pour le coup. Ou alors j'ai manqué quelque chose, je ne sais pas. « En tout cas, non je ne le suis pas, je suis garagiste. Je ne sais pas si je dois être désolée ou pas. » Oui je ne savais pas quelle était la bonne réponse à ses yeux, si elle aurait préféré que je lui réponde par l'affirmative ou pas. « Vu ton âge, toi tu dois être encore étudiante ? » J'essaie de maintenir la conversation, de m'intéresser à elle. Elle ne m'a pas l'air très âgée, donc j'imagine qu'elle doit encore être dans les études.

Visiblement les glaces ne semblent pas beaucoup l'intéresser. Très bien. Le sujet est clos, on va pas parler de crèmes glacées pendant des heures. Peut-être même qu'on ne va pas parler pendant des heures, elle ne me semble pas très bavarde. Je ne le suis pas spécialement non plus, mais disons tout de même plus que cette jeune demoiselle. Je ne la juge pas, non vraiment pas, j'imagine que c'est simplement sa façon d'être. Ou alors elle a un problème avec moi en particulier. Ce que je trouverais curieux, étant donné que nous ne nous sommes jamais adressé la parole jusqu'alors. Ou alors c'est parce que je lui rappelle quelqu'un qu'elle n'aime pas. Aucune idée, je pense simplement qu'elle n'est pas très loquace. Même si je semble effectivement lui rappeler quelqu'un puisqu'elle me demande si moi aussi je suis serveuse. Ce que je ne suis pas, je suis garagiste. Et je ne saurais dire quelle était la réponse qu'elle attendait. Visiblement sa mère est serveuse, et il semblerait que je lui ressemble. Et garagiste c'est bien aussi. Bon d'accord, je ne sais pas trop comment je suis censée prendre ces informations. Quant à ses études je n'en saurai vraisemblablement pas plus. Bon ... Très bien. « Et ... Ta mère tu ne t'entends pas bien avec elle ? » C'est l'impression qu'elle me donne, je n'en sais rien, je ne suis pas psychologue. « Enfin, tu n'es pas obligée de me répondre si tu n'en as pas envie. » Oui on se connaît à peine depuis quelques minutes, elle a le droit de ne pas vouloir me parler de sa mère. Surtout que cela ne semble pas être son sujet favori. C'est elle qui choisit après tout.

Je sens qu'engager la conversation avec elle va être plutôt difficile. Elle ne m'a pas l'air avoir très envie de parler en même temps, je ne sais pas si ce n'est qu'avec moi parce que je lui rappelle sa mère ou bien si c'est avec tout le monde. Mais quelque part elle m'a l'air fragile, même si elle n'apparaît pas comme telle. Je ne saurais dire pourquoi. Ce n'était pas comme si nous nous connaissions depuis des heures et qu'elle m'avait confié toute sa vie, non donc je ferais sans doute mieux de garder mes impressions pour moi. J'essaie de m'intéresser à elle, d'en apprendre plus sur sa mère. De savoir pourquoi elle n'avait pas eu l'air contente de voir que je ressemblais un peu à sa mère. Je ne sais pas, j'ai envie qu'elle parle, c'est tout. Bien entendu elle n'en est pas obligée, elle peut tout aussi bien s'en aller et faire comme si elle ne m'avait jamais vu de sa vie. D'ailleurs je ne connais même pas son prénom. Quant à sa mère elle serait méchante, jalouse et contente qu'elle ne soit pas chez elle en ce moment. Bien ... « Jalouse de toi ? Tu vis encore chez elle ? » Je suis sûre qu'elle doit en avoir marre de toutes mes questions, qu'elle a envie de se barrer. Je la connais à peine depuis quelques minutes et je lui parle déjà de sa mère, oui je suis sûre qu'elle doit se dire que c'était une mauvaise idée de me parler. « Tu sais moi aussi ma mère je la déteste. On est pas obligé de les aimer, c'est pas parce qu'elles nous ont mis au monde qu'on leur doit quoi que ce soit. » Ma mère a souvent cru que quand j'étais une adolescente je disais ça simplement pour l'embêter, que ça faisait partie de ma crise d'adolescence. Sauf que cela n'a jamais été une crise, je déteste vraiment ma mère. Alors oui je comprends qu'elle ne puisse pas aimer la sienne. « Tu t'appelles comment ? » Bon d'ici demain si je la croise je saurais probablement pas qui elle est, mais pour le moment j'aimerais bien le savoir.

Elle ne m'a pas l'air particulièrement gaie. Elle ne sourit pas souvent. Je sais qu'en même temps notre conversation ne prête pas à cela, mais tout de même j'aurais aimé voir ses lèvres former ne serait-ce que l'esquisse d'un sourire. En même temps parler sa mère ne semble pas être son sujet favori. Ce que je comprends, je déteste parler de la mienne. Sauf que ça ne me fait pas de peine, ça me fait juste chier. Oui ça me fait chier de parler de ma mère parce qu'elle ne le mérite pas et qu'elle est chiante. Seulement pour elle ça semble être une autre histoire. Une bien plus triste que la mienne. La mienne ne l'est d'ailleurs pas nécessairement. Ma mère n'est pas jalouse de moi, pas comme la sienne. Ce que je trouve particulièrement horrible par ailleurs, je n'arrive pas à comprendre comment une mère peut jalouser sa fille, c'est terrible d'en arriver là. Surtout qu'elle vit encore avec elle, alors oui je ne peux pas imaginer tout ce qu'elle doit ressentir, ni ce qu'elle doit vivre d'autant plus que je suis très loin de connaître toute l'histoire. « Et tu n'as pas assez d'argent pour vivre seule ? J'arrête de te poser des questions après, promis. » Oui je pense que je dois la saouler. Et puis je pense qu'elle en a assez de parler de sa mère. Surtout que le problème semble surtout elle que c'est sa mère qui ne l'aime pas. Ah ... Je ne sais pas quoi lui dire, je ne suis pas douée pour réconforter les autres. Je suis même terrible, je ne sais pas comment réagir dans ces moments-là. « Oh ... Et dire que je croyais que ma mère était horrible. » Je suis nulle, je trouve rien de mieux à lui dire, mais c'est aussi un moyen de clore le sujet. J'ai pas envie qu'elle se sente mal, j'aimerais bien la voir sourire, mais je sens bien que c'est pas possible. Par contre donner mon prénom ça je peux faire. « Avalon. » Encore un coup de ma mère d'ailleurs. Enfin bref. Je regarde autour de moi, j'ai envie de lui dire quelque chose. « Dis-toi un truc c'est que ta mère elle a au moins choisi un prénom moins pourri qu'Avalon. » Ouais bon je suis pas sûre que ça la fasse sourire, mais ça me coûte rien d'essayer.