La semaine dernière j'ai essayé de me faire à manger une fois et ça a été une catastrophe. Et il faut dire que j'avais simplement essayé de me faire une omelette. Je vais peut-être retenter le coup cette semaine, mais cette fois-ci je laisserai les œufs dans le frigo, ils ne m'aiment pas je crois. Je vais m'en tenir au plus simple : des pâtes. Je suis tout de même capable de les rater, hum. Je n'ai jamais rien cuisiné de ma vie, j'ai toujours tout mis au micro-onde ou au four. Deux appareils très utiles qu'on se le dise. Je dois tout de même avoir une casserole et une poêle chez moi, mais je ne saurais dire depuis combien de temps elles n'ont pas servies. Alors en voir une d'aussi près pour moi c'est presque un miracle. J'attrape la première casserole qui me tombe sous la main et je la remplis d'eau. Une dizaine de minutes plus tard, une fois que l'eau a bouilli, je mets les pâtes dans l'eau. Le paquet m'échappe légèrement des mains, et j'en mets beaucoup plus que nécessaire. Tant pis, je les laisserai si quelqu'un a envie de les prendre, ce qui m'étonnerait en réalité. Je sors la passoire quand quelqu'un entre dans la cuisine, ça tombe bien. « Bonjour ! J'ai fait un peu trop de pâtes, tu en veux ? Par contre je te préviens il est très probable que je les ai ratées. » Oui je suis même nulle pour faire des pâtes. Je ne suis vraiment pas douée pour la cuisine, c'est un fait avéré. Alors elle est tout en fait en droit de refuser, personnellement si je me proposais moi-même des pâtes je suis à peu près sûre que je refuserai.

Qu’on se le dise tout de suite, la cuisine et Jaileen, ça faisait dix. Enfin, elle connaissait les bases, mais elle n’était pas capable de faire des plats cuisinés plus élaborés. Elle savait faire des pâtes, du riz, de la purée, cuire un œuf et cuire de la viande. Rien de plus. Elle ne savait faire marcher que son four et encore, la plupart du temps, elle s’en servait uniquement pour faire chauffer des plats déjà tout prêts, comme des lasagnes surgelées ou un truc dans l’genre. En général, c’était sa tante, ou la domestique, qui faisait le repas. La blondinette se contentait uniquement de mettre les pieds sous la table et de déguster le tout, mais là il fallait bien qu’elle se débrouille toute seule si elle ne voulait pas mourir de faim. Jusqu’à présent, elle n’avait fait que des choses simples. Autant ne pas tenter le diable et prendre le risque de s’empoisonner. Parfois, elle attendait aussi que quelqu’un fasse à manger et elle se ramenait comme une fleur toute souriante, sourire aux lèvres dans l’espoir de grappiller un petit quelque chose. C’est d’ailleurs ce qu’elle allait faire maintenant. Il y a quelques minutes, Jaileen avait aperçu une jeune femme entrer dans la cuisine. En voyant l’heure, elle se doutait bien que la candidate allait se faire en manger. Elle attendait quelques instants avant de faire son entrée dans la pièce. « Bonjour ! J'ai fait un peu trop de pâtes, tu en veux ? Par contre je te préviens il est très probable que je les ai ratées. » C’était bien la première fois qu’elle n’avait pas besoin de forcer pour obtenir quelque chose dans cette maison. Sourire aux lèvres, elle répondait : « J’veux bien oui, ce serait dommage de gâcher tout ça alors que des enfants meurent de faim quelque part dans le monde. » Jaileen en rajoutait un petit peu, mais sans plus. Elle était très engagée dans les causes humanitaires. Curieuse, elle se penchait légèrement au-dessus de la casserole pour admirer le plat de pâtes. « Ca à l’air plutôt bon en plus. » Ouai, bon c’était des pâtes quoi.

Je n'ai jamais pris le temps de cuisiner. Je n'en ai jamais réellement eu l'envie non plus. J'ai toujours estimé que c'était une perte de temps. De toute manière j'ai toujours tout raté, les seules choses que j'ai réussi à cuisiner ma vie ce sont des pâtes ou du riz, et encore il m'est déjà arrivé de les rater. Ma mère aurait sans doute préférée que je sois une parfaite mère au foyer comme elle, et que je fasse la petite fille modèle dans les dîners mondains. Sauf que ça ne me ressemble pas du tout. Alors tant pis, je ne cuisine pas, je mange très mal, mais je n'ai pas envie de changer mes habitudes pour autant. Ici je ne peux pourtant pas manger autant de plats préparés que je le voudrais, de temps à autre il faut que je sorte les casseroles. J'ai l'impression d'être ma mère dans ces moments là, enfin sauf qu'elle elle réussit tous les plats qu'elle entreprend. Si elle regarde l'émission, elle a dû s'arracher les cheveux en me voyant rater une simple omelette. Enfin cela fait des années qu'elle n'a plus aucune attente me concernant. Et c'est tant mieux, elle a compris que je n'avais pas envie de devenir comme elle. En tout cas je pense encore être capable de faire des pâtes, et encore. J'en ai trop fait, heureusement quelqu'un se pointe à ce moment-là. Je lui propose des pâtes. Sa remarque me fait sourire, en réalité je ne saurais trop dire si elle est sérieuse ou pas. « Oh tu sais si c'est ça qui t'inquiète on doit pouvoir faire dons de nos restes. » Ouais non j'en sais rien, mais si elle le demande hein pourquoi pas après tout. « Tu ferais mieux de goûter avant, j'ai pas trop envie de t'intoxiquer. » Oui qu'elle mange une pâte avant, on ne sait jamais que j'ai par mégarde renversé du poison dessus. J'en suis capable. Puis je la regarde quelques instants, incapable de me souvenir de qui elle est. « Et tu t'appelles comment ? » Pitié que je ne lui ai jamais parlé avant, sinon j'aurais terriblement honte.

Il valait mieux que la blondinette ne fasse pas la cuisine. Elle n’était pas vraiment douée. Pourtant, elle aimait bien cuisiner, même si elle ratait la plupart des choses en réglé générale. La preuve ? La semaine dernière, elle était passée pour une cruche devant Enoch en laissant cramer des pancakes alors qu’elle voulait faire plaisir à tout le nid et préparer le petit déjeuné pour tout le monde. Au final, les autres candidats n’avaient eu que du café, du jus d’orange, des fruits frais et des céréales. Il n’avait eu que des choses simples qui ne demandaient aucune cuisson ou préparation spéciale. Jaileen évitait de se faire à manger pour le bien de tout le monde et, une fois de plus, elle profitait du moment pour s’introduire dans la cuisine aux alentours de midi dans l’espoir d’y voir quelqu’un en train de manger, ou de préparer à manger, et donc lui proposant de partager son repas avec elle. Bingo. Un sourire au bout des lèvres, elle acceptait, y allant même de son petit commentaire. Ces pâtes avaient l’air délicieuses. Enfin, peut-être que ce n’était pas le cas, mais en apparences, elles avaient l’air parfaite. Pour ne pas qu’on la prenne pour une morfale, elle n’hésitait pas à dire ce gâcher un tel plat serait dommage en raison du manque de nourriture dans le monde. La brune ne tardait pas à répondre. « Oh tu sais si c'est ça qui t'inquiète on doit pouvoir faire dons de nos restes. » Une petite grimace venait s’installer sur le visage de la petite anglaise. « J’ai des doutes sur ça. Je pense que la production doit plutôt avoir tendance à jeter les choses déjà cuites ou quoi. Enfin, nous ne sommes pas des porcs donc on le fait nous-même. » Elle haussait les épaules, l’air de rien. « Tu ferais mieux de goûter avant, j'ai pas trop envie de t'intoxiquer. » S’approchant du plat, elle venait piquer une petite pâte pour la goûter. Grimace. Elle n’avait pas le droit de critiquer ce que faisaient les autres, mais elle pouvait tout de même donner son avis. « Tu veux pas les mettre à nouveau dans l’eau bouillante ? Genre une ou deux petites minutes ? » Conseil comme un autre. Jaileen se redressait légèrement, regardant tout autour d’elle. « Et tu t'appelles comment ? » Elle hésitait quelques secondes avant de finalement lui répondre : « Jeanine. » Beh quoi Jeanine, Jaileen, ça se ressemble presque et puis une petite blague cela ne pouvait faire de mal à personne. Elle s’approchait d’un placard pour l’ouvrir et en sortir un pot de sauce à la bolognaise. Le brandissant en triomphe, elle venait demander : [i] « Tu ne veux pas qu’on rajoute cela dedans ? Ça peut peut-être bon. »

Je suis nulle pour faire la cuisine, c'est un fait avéré. Personne n'a jamais cherché à me prouver le contraire, tout le monde sait que je suis une catastrophe en cuisine et personne ne me demande jamais d'apporter quoi que ce soit. Et très franchement ça me convient parfaitement. Sauf qu'ici je dois faire des efforts. Oui faire des pâtes, c'est ce que j'appelle faire un effort. J'ai hésité à simplement sortir du jambon et des chips, mais je me suis dit que c'était pas tellement bon pour ma santé. Déjà que je ne mange pas très sainement, je ne vais pas tomber dans les extrêmes. Évidemment j'en ai fait trop, mais on peut dire que j'ai eu de la chance. Une grande blonde entre à ce moment là. On peut dire qu'elle tombe à pic, ça m'évitera de gaspiller, d'autant plus que je ne mange pas beaucoup. J'ai un appétit de moineau. Elle me parle elle-même de gaspillage, et elle ne croit pas trop que la production puisse faire don de tout ce que l'on ne mange pas. Je n'en sais rien, je hausse les épaules à mon tour. Toujours est-il que je n'ai pas tellement envie de l'empoisonner avec mes pâtes. Elle goûte, et elle grimace. Ah, déjà ça commence mal. Elle voudrait les faire cuire plus longtemps. Pourtant je les ai laissé le temps indiqué sur le paquet. « Je n'y connais pas grand chose en cuisine, mais je suis presque certaine qu'une fois qu'elles sont sorties de l'eau, c'est une mauvaise idée de les refaire cuire. » Oui on ne remet pas des pâtes à cuire, ça ne se fait pas. C'est ce que sa mère m'a dit un jour, pour une fois je suis ses conseils elle devrait être contente. Jeanine c'est donc son prénom. C'est bizarre. « Ah oui et ça vient d'où ? » Je n'ai jamais entendu ce prénom avant, je ne sais pas de quel pays ça peut venir. Je la vois chercher un pot, et elle brandit fièrement un pot de sauce bolognaise. « Tu as raison, ce sera certainement meilleur et puis ce n'est pas moi qui l'ai cuisiné. » Oui voilà, enfin on ne va pas passer des heures sur cette histoire de pâtes. « Bon et sinon ... Jeanine parle-moi un peu de toi. » Oui je suis d'humeur à écouter les autres parler aujourd'hui, c'est comme ça.