jeudi six juin deux milles treize, dix-huit heures trente | Hadatt avait faim. Mais Hadatt avait surtout plus envie de faire des bêtises. Oui, il avait envie de foutre un peu la merde, de foutre son grain de sel quelque part pour emmerder son monde. Mais attention, il ne voulait pas être méchant hein. Ce n'était pas dans son tempérament. Il voulait juste titiller, agacer, limite avoir quelqu'un après ses fesses pour lui arracher les yeux - là il pensait à une nana aux griffesongles beaucoup trop manucurés par exemple, comme la plupart de la maison - mais que faire? Dans un premier lieu, il s'était rendu dans le réfectoire. Parce qu'il avait faim. Mais quand il avait vu la silhouette aux formes avantageuses et plus que familière au loin, sa petite poussée de malice lui était revenue aussitôt, malgré la faim. Et alors qu'il s’approchait de Monroe qui était afféré à faire il ne sait quoi sur le plan de travail, il dégaina sa super arme - pas celle que vous croyez, bande de pervers ! - et aplatit sa main sur le sommet du crâne de la jeune femme... qui se retrouva parsemée d'éclats de coquilles et d'oeuf. « Ne me remercie pas, c'est gratuit. » dit-il comme si de rien était, un sourire malicieux étirant ses lèvres. [left]

C'est chiant cette obligation de nourrir quelqu'un, comme un bébé. Enfin non pas comme un bébé parce que je ne lui donne pas la béqué. Mais je me rends compte que je ne suis pas faite pour être mère pas maintenant. Les responsabilités, la ponctualité tout ça, c'est pas trop mon truc pour le moment. J'ai déjà du mal à m'occuper de moi alors d'une autre personne, non mais ça va pas. D'ailleurs j'ai l'impression que toute ma journée tourne autour de ces corvées. Tout à l'heure j'ai fait la lessive. Et là je m'active à préparer le repas. C'est sûr que ce serait plus simple si je savais à quelle heure on mangeait normalement. Et quand je dis on, je parle du genre humain. J'sais pas ce qu'il se fait parce que je fais un peu ce que je veux. J'ai pas d'heures précises, je mange quand j'ai faim c'est tout. Et je ne prépare rien ou presque, on me livre. On peut trouver de tout et un peu n'importe quoi à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit à L.A alors c'est pas un problème. Et puis y'a pas que moi qui compte. Cette semaine en tout cas. Alors, je m'y prends tôt, pour faire des efforts. J'fais un pain de viande, j'sais pas si c'est bon, j'sais pas non plus comment on fait, mais y'a des livres à la bibliothèque. Un pain de viande. Hum. Alors j'suis affairée derrière le comptoir tout ça. Jusqu'à ce qu'un truc ne s'abatte sur ma tête. Quoi ? J'avais bien entendu des pas mais rien d'étonnant par ici. « Ne me remercie pas, c'est gratuit. » Hadatt. J'ai de l'oeuf qui me coule dessus. Y'en a même sur ma chemise. Enfin pas la mienne justement. Je l'ai gardé tout à l'heure quand j'étais avec Brune. « T'as taché la chemise de Johnny, il ne va pas être content. » Déjà il ne sera sans doute pas content quand il me verra avec mais bon, c'est qu'un détail. Je me retourne rapidement, non sans avoir attrapé le plat que j'avais devant moi, l'appareil à pâte. Trop liquide la pâte en plus. Et hop. Tout le liquide sur les vêtements d'Hadatt. Je ris. « Ne me remercie pas, c'est gratuit ! » Je lance, amusée. Non mais ça va, c'est pas grave. Et là, je retire la chemise parce que je sens que ça va partir en vrille. Je préfère sacrifier mon t-shirt de Nirvana. Quoi que, du coup j'hésite un peu là toute suite. Bon tant pis. Il va pas le cramer. Il a pas intérêt.

Monroe cuisinait en fait, lorsqu'il était arrivé. Pas que ça l'étonne ou quoi, mais il ne l'avait jamais vu faire à l'oeuvre auparavant, et quand ils ont été ensemble un quart de leur temps dans un état plutôt second, c'est pas la chose qui vous vient tout de suite à l'esprit. Au contraire même. Vous êtes tellement imbibés dans votre phase que vous ne voulez même pas bouger de toute façon alors faire manger... En plus, ça avait l'air d'être sérieux vu tous les plats et ingrédients de sortit. Y'avait même un bouquin de recettes. Ca voulait tout dire. Elle voulait faire de l'effet à qui cette demoiselle? Sans surprise, celle ci répondit à l'attaque facile d'Hadatt et un sourire purement enfantin se dessina sur ses lèvres. Au final, il avait ce qu'il avait cherché et il en était content. D'un geste d'intellectuel, il remonta ses lunettes sur son nez puis s'ébroua comme un chien pour faire partir le plus de pâte bizarre qu'il avait sur le corps. Il avait peut être epargné une horreur à tous dans leur assiette hein. « Tu te déshabille déjà? Quelle fille facile ! » Et avec rapidité il se saisit d'un sachet de farine qui tronait par là avant d'en envoyer une partie sur le pauvre Monroe, qui se retrouva couverte d'une épaisse couche de poussière blanche. « Wow, t'es encore plus pâle qu'un cul comme ça ! » Déjà qu'elle était pas très bronzée la nenette.

Ce sourire, il n'a rien d'innocent, il est prémédité. Je suis sûre qu'il avait prévu ça depuis qu'il était arrivée. Et j'étais la cible parfaite. Comment il avait pu oser ? Comment il avait pu me déranger alors que j'étais affreusement concentré sur ma tâche ? Peut être parce qu'il savait que j'allais répliquer. Ouais sûrement. Mais c'est normal. On me jette de la nourriture, j'en jette, c'est comme ça. Une règle connue de tous. C'est ce qu'on fait entre potes. Bon j'suis pas peu fière du résultat. Parce que mine de rien, il est plus couvert que moi. Tellement plus. enfin bon il se secoue, et en fout partout mais c'est pas grave. J'ai retiré la chemise et évité la catastrophe. « Tu te déshabille déjà? Quelle fille facile ! » Je hausse les épaules. Et je m'apprête à répondre sauf que je n'en ai pas le temps, je me prends de la farine dans la tronche. Dans la bouche aussi, puisqu'elle était ouverte. Je tousse. Je crache, c'est sympa ça fait une pâte presque aussi visqueuse que celle qu'il avait sur lui. « Wow, t'es encore plus pâle qu'un cul comme ça ! » Je ne trouve rien de plus intelligent à faire que de lui tirer la langue comme une gamine. J'ai l'habitude d'avoir de la farine sur la tronche c'est pas grave. « Tiens prends ça c'est bon pour tes os Papy ! » Je dis espiègle tout en lui jetant le lait de la bouteille que j'ai attrapé au vol. Oh bah tiens, il est mignon comme ça.

Se défouler, ça faisait du bien des fois. Oublier les soucis l'espace d'un instant. Faire une bêtise sans penser aux conséquences. Les gens de nos jours, se mettaient trop de barrières, de limites. A l'instant où ils deviennent adultes, les gens pensent qu'ils ne peuvent plus faire de conneries sous peine de se retrouver en taule ou fauchés. Bon, c'était vrai la plupart du temps. C'était mal vu de braquer une banque. Mais on va vous jugez parce que vous jouez avec de la nourriture, et ça, c'est fatiguant. Le flot de pensées de Hadatt fut interrompu par une gerbe de lait qui s'écrasa sur lui et son visage, souillant ses lunettes sans lesquelles il ne voyait quedale. « Mes os vont très bien gamine, merci ! » Qu'est-ce qu'il pouvait lancer? Qu'est-ce qu'il pouvait lancer? Qu'est-ce qu'il pouvait lancer? Tiens, quelqu'un avait laissé de sortir une bouteille de soda. Hadatt s'élança dans sa direction pour l'attraper, mais se vautra comme une top-modèle sur quinze centimètres de talon, à cause de la pâte chelou qu'elle avait lancé sur lui. « Une homme à terre, un homme à terre ! » s'écria-t-il en espérant faire appel la la pitié de son ennemie.

D'un côté c'est mal de jouer avec la nourriture parce que les petits enfants des pays défavorisés ils meurent de faim, mais de l'autre, merde faut bien qu'on s'amuse non ? Enfin j'veux dire. Qu'on mange comme des porcs ou qu'on se lance deux trois trucs bah c'est pareil. Et puis bon, de toute façon j'suis sûre que la moitié des denrées qu'on a ici ne seront pas mangés et qu'elles ne seront pas envoyé dans les pays défavorisés alors ce ne sont pas nous les méchants. Merde alors. En plus, ça va faire du bien aux os d'Hadatt le lait, c'est scientifiquement prouvé. Et l'oeufs sur ma tête c'est bon pour mes cheveux. Quant à la crème fraîche que je vais bientôt lancé sur la tête d'Hadatt pareil, du calcium, il pourra se faire un masque en plus. Bon pour sa peau fripée de papy. « Mes os vont très bien gamine, merci ! » Je grogne. Pourquoi il m'appelle toujours gamine le vieux schnock ? J'sais pas ce qu'il va faire mais il se casse la gueule en beauté. J'suis obligée de rire comme une conne. « Une homme à terre, un homme à terre ! » Bon ça va, il est vivant c'est bon signe. Je peux aller l'attaquer. « Tu ne voudrais pas la refaire que je te prenne en photo ? C'était ME-MO-RABLE ! » Et là ne ris encore comme une conne. Et là, une musique retentit. Oh non j'ai pas envie d'embrasser Hadatt moi. Une fois ça suffit. En plus il est tout dégueulasse. Ah lala ! J'attrape le peau de dit crème fraîche plein et je m'avance vers lui. Je m'assieds à califourchon sur lui. Histoire de... Je retire ses lunettes pour qu'il puisse apprécier le spectacle. Et voilà que je dépose mes lèvres pleines de farine et d'oeufs sur sa bouche pleine de lait et de pâte dégueulasse. Et voilà un baiser dans les règles. Avec la langue et tout, tant qu'à faire. Je me relève, j'ai le goût de la préparation dans la bouche. « C'est carrément immonde ce truc. » Pas le baiser, ma préparation. Quelle horreur, j'ai évité un scandale sanitaire. Et hop, je lui fous le pot sur la tronche. « Ce sera meilleur comme ça ! » Dis-en lui tapotant la tête. Je me relève, sauf que ça glisse partout. Mais alors partout alors du coup je fais le grand écart et je m'étale. Comme une merde. « Oh putain la vache ! » Je ris comme une conne, parce qu'on doit avoir l'air bien con pour le coup, mais bon sang ce que ça fait du bien.

Etalé sur le sol, ne pouvant plus contrôler ses rires, Hadatt se laissa surplomber par la jeune femme tant il n'arrivait plus à se relever. En plus, cette musique débile retentissait de nouveau. Cupidon voulait le faire passer pour un pervers ou quoi? Si seulement il y avait des femmes bien plus mûres cette saison, ça passerait mais là... Elle lui retira sa paire de lunettes en douceur, améliorant considérablement sa vue. Et oh putain, faut qu'elle arrête de balancer ses lolos comme ça au dessus de son nez ! Mais avant d'avoir le temps de penser à refuser ou même accepter, Monroe l'embrassa. De la manière la plus immonde avec le mélange infâme de denrées qu'ils s'étaient lancés. Sans ça, ça aurait été agréable. Sans doute. « Ah putain c'est dégueulasse ! » s'écria l'irlandais à la fin de baiser, souhaitant à tout prix faire partir ce goût de sa bouche. La garce, elle savait pas cuisiner et voulait tous les empoisonner. Après quoi, il se retrouva avec le reste de la crème fraîche sur la tronche. Il grogna en se tournant sur le côté, se frottant le visage pour retirer le surplus de crème. Assez vite pour voir la pauvre fille se rétamer à son tour par terre. Un rire incontrôlable lui échappa et il se cambra par terre tant il n'arrivait plus à retenir ses rires. « Tu devrais voir ta tête à cet instant ! » arriva-t-il à articuler entre deux fous rires. « Promet de ne plus cuisiner, pitié. » Pour le bien de tous.

« Ah putain c'est dégueulasse ! » Je fronce les sourcils. Certes c'est ce que je venais de dire, mais quand même. C'est pas une façon de parler aux femmes voyons. « Je te permets pas. Moi non plus j'voulais pas t'embrasser. Mais c'est pas une raison d'être désagréable. » Je boude, enfin je fais semblant de bouder, enfin j'espère quand même qu'il parle de ma mixture qui est elle est dégueulasse plus que du baiser en lui même. Mais je ne perds pas le nord, non jamais. Le but étant tout de même de lui écraser le pot sur la tronche, enfin écraser en douceur quand même j'suis pas un monstre. Sauf que comme je veux éviter les représailles, je tente de m'enfuir. Mais c'était légèrement utopique vu la gueule du sol. Glissant, collant, dégueulasse. Je me casse la tronche, j'fais même pas deux mètres c'est effarant. Je me retrouve la gueule par terre. Et j'arrête pas de rire. Comme Hadatt en somme. On rit pendant un moment, on se paye une bonne tranche de rigolade et ça fait du bien même si c'est dégueulasse. « Tu devrais voir ta tête à cet instant ! » Je lui tire la langue comme une gamine de dix ans. « Attends de voir la tienne avant de te foutre de ma tronche ! » Et c'est repartie pour un bon gros fou rire. J'en attrape mal au ventre, ça faisait un moment que je n'avais pas rit de cette façon et naturellement, sans être aidé par des produits aussi divers que variés. « Promet de ne plus cuisiner, pitié. » Oh non mais oh ! C'est vrai que c'est dégueulasse mais pas toujours. Et puis j'ai pas le choix, faut bien que je me nourrisse. « Non j'peux pas. Il faut que je mange pour éviter de mourir, tu sais. Mais bon, j'éviterais juste le pain de viande. En plus de base c'est pas super bon. C'est pas totalement de ma faute. En plus Sully il a dit que je faisais des bonnes choses. » Je me retourne en mode baleine échouée, sur un banc de sable et croise mes bras contre ma poitrine. Genre, il m'a vexé je boude, pas que ce soit le cas mais bon.

Monroe sembla outrée par la remarque désobligeante qu'avait fait Hadatt et le prenait un peu trop pour elle. Alors qu'elle ne devrait pas mais tant pis. L'irlandais décida d'en user pour la taquiner un petit peu plus. « Comment ça tu voulais pas m'embrasser? Tout le monde veut m'embrasser ! » s'insurgea le professeur de chimie en faisait mine d'être blessé. Mais il ne peut pas tenir ce visage plus longtemps puisque son masque se brisa en morceaux pour rigoler une nouvelle fois. La situation était trop cocasse pour ne pas pouvoir en rire ou être sérieux. « Ba soit Sully te ment pour te séduire, soit il a des goûts... étranges. » Parce que cette pâte n'était pas du tout comestible. Imaginez le tout fini. Non, il ne fallait pas, ça donne des frissons... Hadatt prit sur lui pour essayer de se remettre debout et après s'est presque caser la mâchoire sur le carrelage, il se glissa par terre, et tendit la main vers le pied de Monroe. Celle ci ne bougeait plus, acceptant son sort sur le sol souillé de la cuisine, les bras croisés. Usant de sa force, il tira sur le mollet de la demoiselle pour l'attirer vers lui. « Mais boude pas voyons ! Je suis sûre que Sully il aimerait des bisous à la pâte infâme. » Si ça se trouve non, il en savait rien, mais c'était histoire de la dérider un petit peu.