~ too late to apologize? (09/06, 21h30)

~ lena, dimanche, vingt et une heure heures trente
Il y a quelque chose que je dois faire et ce depuis samedi dernier, depuis la révélation de ce secret. Celui de Lena et Sully. Chapeau à Casey d'ailleurs, j'étais loin de me douter que ces deux-là pouvaient être liés de cette manière là mais ça, ça ne m'étonne pas tellement tant je suis aveugle et peu douée pour ce genre de choses. Cette révélation, elle aura alors changé beaucoup de choses pour moi. Déjà, j'ai pu comprendre un peu mieux les différents propos de Sully qui m'avait semblé si mystérieux mais surtout, j'ai réalisé que je m'étais trompée sur Lena et je m'en veux. Ce rendez-vous dans la régie qui m'avait semblé si étrange prenait alors tout son sens. Bien évidemment, celui qu'elle attendait, c'était Sully. Et pas une jeune garçon pour faire des cochonneries, ou une fille sait-on jamais, ni même un traître pour une réunion entre traîtres. J'ai tout pensé de travers et c'est fâcheux, en tout cas je trouve que ça l'est et depuis que je sais tout, que nous savons tout, je veux présenter des excuses à Lena. Au conseil, je l'avais montré du doigt et je m'en voulais. J'aurais pu entraîner sa nomination et son élimination, réduisant à néant ses chances de gagner l'argent dont elle avait besoin pour lui et pour son fiancé. Du coup, j'ai cherché Lena, assez rapidement et lorsque je l'ai trouvé, en cette fin de journée, je me présente assez penaude. « Lena ? Je ne te dérange pas ? » Je demande, poliment. « Je voulais juste m'excuser, tu sais, pour la régie, le fait d'avoir pensé que tu aurais pu être une traître... A cause de ce rendez-vous secret étrange... » Je n'en mène pas large mais je pense à elle, la pauvre, qui a du subir tout ça et en plus, ma stupidité.

Lena ne pensait pas que la révélation de son secret la soulagerait autant. Elle avait tellement redouté de devoir lever le voile sur tout ça devant tout le monde qu'elle ne s'était pas imaginé qu'en fait, elle se sentirait considérablement mieux une fois que tout serait dit. Et ça avait été le cas, oh oui, c'est un véritable état d'apaisement qui lui avait tendu les bras après ça. Enfin voilà, depuis la veille, Lena avait un peu l'impression de revivre. Mais alors, il était si dur à porter que ça, ce secret ? Non, on ne peut pas dire ça. Ce qui l'avait tant tracassée juste avant que la révélation n'ait lieu, c'était évidemment le regard des autres et le jugement qu'ils pourraient porter là-dessus. Elle avait aussi beaucoup craint que Sully s'en prenne plein la figure pour le rôle qu'il tenait dans cette histoire. C'était pas facile quand même pour lui, elle savait qu'il n'aimait pas particulièrement ce qu'il faisait. Mais il n'en profitait pas, et ça, elle avait été heureuse que les autres candidats le comprennent et voient en lui l'homme tout à fait respectueux qu'il était. Lena était donc légère comme l'air depuis deux jours. Un enchainement de bonnes nouvelles, de choses se passant comme elle l'avait espéré. Elle affichait désormais quotidiennement un grand sourire béat, qui devait d'ailleurs la faire un peu passer pour une idiote, mais qui représentait en tout cas très bien son état d'esprit actuel. Et en effectuant un petit détour par la salle de réunion ce soir, Lena eut notamment la surprise de tomber sur la rousse flamboyante répondant au nom d'Odessa, et avec laquelle elle avait déjà eu l'occasion de s'entretenir, dans la régie une fois. Celle-ci lui demanda alors si elle ne la dérangeait pas. Oh bah, aujourd'hui, personne ne pouvait déranger Lena. Déjà que les autres jours, c'était difficile... « Non non du tout ! Dis-moi. » Visiblement elle avait quelque chose à lui dire, mais quoi, ah ça elle ne tarderait pas à le découvrir sans doute. Odessa reprit la parole, pour lui présenter des excuses. Alors ça ! Elle fit référence à ce qu'il s'était passé l'autre fois dans la régie, au fait qu'elle l'avait pensée traitre... et évidemment au rendez-vous secret qu'elle avait attendu ce fameux jour. « Tu n'as pas à t'excuser, vraiment, surtout que je ne l'ai pas mal pris tu sais. Je comprends que me trouver là-dedans entrain d'attendre quelqu'un t'aies intriguée au point que tu en sois venue à te poser quelques questions. Moi-même j'admets qu'il y avait de quoi s'en poser. » Et son sourire s'élargissant plus encore, elle reprit. « Et puis, c'est moi qui m'excuse parce j'ai fait plein de mystères ce jour-là, mais je pouvais vraiment pas te dire que j'attendais Sully, j'avais trop peur que ça te mette la puce à l'oreille. Tu m'en veux pas trop ? » Ce n'était pas dans ses habitudes de cacher les choses de cette façon, elle qui était de nature spontanée et qu'il ne fallait ordinairement pas torturer pour obtenir des informations... Mais là forcément, pour préserver son secret, elle n'avait pas pu faire autrement.

Je suis un peu fébrile, je ne sais pas tellement comment engager la conversation, comment me faire pardonner. Je sais qu'au fond, ce n'est pas si grave et j'espère réellement que Lena l'a pris ainsi car je ne voudrais pas qu'elle m'en veuille ou qu'elle ait de la rancœur. C'est vraiment tout ce que je déteste, laisser les rancœurs s'installer et s’immiscer dans les relations. Je préfère en parler, ne pas laisser les choses s'envenimer et c'est pour cette raison que si tôt le secret de Lena et Sully révélé, j'ai voulu aller vers elle. Cependant, le moment était peut-être mal choisi et je pense qu'il était mieux pour elle, pour eux, qu'ils se retrouvent ensemble, le temps de se dire certaines choses. Parce qu'un secret de ce genre, et vu leurs relations, ça ne devait pas être facile à vivre tous les jours. Absolument pas non. Et je ne voulais donc pas rajouter un poids de plus sur les épaules de Lena. Alors la trouvant, ici, dans le salon, seule, je ne pouvais pas laisser passer cette occasion. Je m'approche donc, la questionnant, espérant ne pas la déranger. Elle m'a l'air ouverte, pas tellement en colère ce qui me rassure. Je lui présente donc mes excuses et elle les accueille avec une certaine douceur ce qui me fait sourire. Tant mieux, je préfère que les choses se passent comme ça. Pour autant, elle se met elle à s'excuser. Je bouge la tête, exprimant que je ne suis pas d'accord. « Tu n'as pas à t'excuser pour tout ça, c'est normal, c'est le jeu. Nos secrets, il faut bien les protéger sinon, ça ne servirait à rien tout ça. Mais tu sais, je crois que j'aurais pensé à tout à fait autre chose, genre un rendez-vous calin secret mais... jamais à ça. Les secrets sont en sécurité avec moi ! » Tellement je suis nulle en fait. Donc bon, aucun problème de ce côté là... « En tout cas, comme je l'ai dit à Sully, je t'admire pour ce que tu fais. Je ne pourrais jamais attendre aussi longtemps... » Peut-être que là, par contre, je m'occupe d'affaires ne me regardant pas mais je tenais à lui dire.

Comment pouvait-elle en vouloir à sa camarade alors que dans ce jeu, les suspicions sur l'identité des traitres allaient bon train ? Tout le monde pouvait devenir suspect à un moment ou à un autre, que ce doit de par ses agissements, ses propos... Lena s'était douté que son rendez-vous secret dans la régie attirerait les soupçons d'Odessa, elle l'avait d'ailleurs senti dès l'entrée de la rouquine dans la salle. Et plus encore lorsqu'elle avait gardé le nom de la personne qu'elle attendait pour elle. Donc c'était normal de souligner le caractère étrange d'une telle situation, lors d'un conseil notamment. Lena ne l'avait pas du tout mal pris, et d'ailleurs ce fameux jour la danoise ne s'était pas défendue. Elle n'en avait pas ressenti le besoin, et peut-être que ça aussi c'était paru suspect aux yeux de certains. Elle n'en savait rien. Mais de toute façon aujourd'hui tout le monde connaissait l'intitulé du secret de la danoise, et savait à qui elle était véritablement liée dans cette aventure. Certainement pas à Sandro, oh non. Elle n'aurait probablement pas supporté d'être une traitre en plus, c'était bien trop de décisions injustes à prendre, un rôle pas du tout fait pour elle. Elle s'estimait donc heureuse de ne pas en avoir écopé. Et après Odessa, ce fut au tour de Lena de présenter des excuses. Pour tous les mystères qu'elle avait fait ce jour-là, qu'elle assimilait un peu à un manque d'honnêteté. Si elle avait pu faire autrement, elle l'aurait bien évidemment fait. Mais ça n'avait pas été possible, car pour préserver au mieux son secret Lena ne pouvait se permettre de lui livrer le nom de Sully, ça aurait pu paraitre franchement louche qu'elle l'attende lui dans la régie et elle s'était dit qu'après ça Odessa ne tarderait pas à faire le lien. Déjà que certains trouvaient leur complicité bien curieuse, elle n'avait pas voulu en rajouter. C'est le jeu, lui répondit Odessa. Ici, les candidats devaient protéger leur secret, coûte que coûte. Oui, elle n'avait pas tort. Et les secrets étaient en sécurité avec elle. Oh pourquoi, elle ne se pensait pas capable d'en trouver un seule ? Lena était pourtant persuadée que ça devait pas mal cogiter dans sa petite tête et qu'elle était tout à fait apte de percer un candidat à jour elle aussi. Quant à ses prochains propos, ils eurent le don de la toucher tout particulièrement. Elle l'admirait pour ce qu'elle faisait, à savoir attendre son homme emprisonné pour cinq ans ? Si ce n'était pas adorable ça alors, car elle avait déjà eu droit à quelques critiques sur le sujet, comme quoi elle n'était qu'une sotte s'attachant désespérément à un homme n'en valant pas la peine. Enfin quelqu'un qui la comprenait. « Je l'aime, et je ne peux pas le laisser tomber car je sais que Dean a besoin de moi. Si ce n'était pas cinq ans, mais quinze, et bien je l'attendrais quand même. » Car leur amour était plus fort que toutes les peines de prison au monde. Personne ne pouvait leur enlever ça. « Et sans soutien, sans visites, je sais qu'il flancherait. Ce qu'il endure là-bas n'est pas facile, loin de là. Dean est, d'après ce qu'on m'a dit, un détenu exemplaire mais ce n'est malheureusement pas le cas de tous. Et ça me fait peur, je l'admets, de le savoir entouré de types qui ont parfois perdu le peu d'humanité qu'il leur restait. La prison peut fortifier comme elle peut détruire. » Elle ne souhaitait à aucune autre jeune femme d'avoir son fiancé en prison, et encore moins à Baltimore. Oh mine de rien ça faisait du bien de parler de ces choses-là. Même si ça réveillait une douleur intérieure qui ne cessait d'accroitre depuis que Dean était loin d'elle, à savoir sept longs mois maintenant. « Mais tu sais, je suis sûre que par amour n'importe quelle femme est capable de faire ce que je fais. » Donc Odessa aurait elle aussi pu attendre un homme si elle en avait été éperdument amoureuse, comme c'était le cas de Lena, et de ça la danoise en était convaincue.

Cette rencontre avortée, dans la régie, lorsque j'avais surpris Lena qui ne s'attendait pas vraiment à me voir, elle m'avait faite pas mal cogitée. Le problème, c'est qu'avec cette histoire de traître, j'avais tendance à les avoir sans cesse en tête, à ne penser qu'à eux, oubliant que la majorité d'entre nous avait un secret tout autre. Mais un secret à deux, comment aurais-je pu y penser en même temps. Pour moi, cette rencontre ne pouvait dire qu'une chose : Lena était une traître et elle attendait un autre traître, histoire de s'échanger deux trois infos et de se mettre d'accord pour nominer tel ou tel candidat. Si bien que son nom était sorti assez rapidement lors du conseil suivant, si facilement que je m'en mordais à présent les doigts. J'avais eu tout faux et surtout, je l'avais accusée à tort alors que ce qu'elle me cachait était assez... délicat. Elle l'avait dit pourtant, elle était venue là pour lui mais de là à penser que Sully pouvait faire partie de l'équation, c'était impossible, à mes yeux en tout cas. Donc je devais m'excuser, c'était impératif et surtout, j’espérais qu'elle avait compris et qu'elle ne m'en voulait pas trop. Et puis surtout, je devais saluer son courage. Celui d'attendre un homme et alors qu'elle m’expliquait sa situation et celle de son fiancé, je l’écoutais, patiemment, avec intérêt. Je reste silencieuse mais... ces derniers mots me font réagir. « Possible... Je ne sais pas en fait parce que... je crois que je n'ai jamais été amoureuse. J'ai connu les béguins, l'attirance tout ça mais aimer au point de supporter tout ça, d'attendre si longtemps, je ne connais pas et je ne sais pas... Tu sais, je pense que certaines seraient parties quand même alors tu mérites vraiment les compliments. Surtout que tu 'supportes' Sully... Enfin, un chaperon... Moi je n'aurais pas tellement accepté qu'on ne me fasse pas confiance. » Car la confiance, pour moi, c'est primordial sinon, on avance pas, on reste là, à se poser des questions et on ne vit pas. « Vous vous êtes rencontrés longtemps avant qu'il soit emprisonné ? » Parce que ça aussi, j'ai l'impression que c'était assez court et ça rend leur amour encore plus... romantique. Comme dans un film.

Elle ne pensait honnêtement pas que son secret en surprendrait plus d'un, au vu de la complicité qu'elle avait rapidement affichée avec Sully dans le nid. Leur lien avait clairement été un plus. Ce n'était pas un secret facile à cacher mine de rien, surtout lorsque certains candidats se voulaient particulièrement futés et ne laissaient rien passer. Pas évident, donc, de se voir certaines fois pour parler de choses qui d'autres ne devaient pas entendre. Ça aurait dû être le cas le jour où Sully lui avait donné rendez-vous dans la régie. Mais Odessa était arrivée avant lui ce jour-là et Lena avait eu beaucoup de mal à justifier sa présence. Elle avait eu peur que le simple fait de savoir que la danoise attendait quelqu'un pousse la rousse à la buzzer illico, mais en fait non, il faut croire que jusque là ils avaient été plutôt discrets. Enfin, certaines images s'étaient malgré retournées contre eux. Celles de la toute première semaine, dans la régie toujours, ou ils avaient refusé de s'embrasser. Cela avait fini par éveiller les soupçons de Casey, qui à l'arrivée les avait percé à jour. Désormais Lena était légère comme l'air. Ce secret, clairement, c'était plus un fardeau qu'autre chose. Elle était notamment ravie que Sully n'ait plus à rester sur ses gardes, constamment. Ça devait lui faire autant de bien qu'à elle. Et puis Odessa lui signifia qu'elle l'admirait d'être aussi patiente. Oh bah, pour Lena, la question ne s'était même pas posée lors de l'incarcération de son fiancé : quelle que soit la durée de sa peine, elle l'attendrait, ne l'abandonnerait pas, lui apporterait tout l'amour et le soutien dont il aurait besoin. Et dieu sait qu'il avait besoin de ça aujourd'hui. Si Lena le quittait du jour au lendemain, Dean se laisserait certainement mourir en prison. Leur amour était plus fort que tout. C'était un couple très fusionnel, ils étaient tout bonnement incapables de vivre l'un sans l'autre. Mais elle supposait que n'importe quelle femme amoureuse en aurait fait autant. Ce n'était néanmoins pas l'avis d'Odessa. Et selon elle, Lena avait d'autant plus de mérite qu'elle supportait également d'avoir Sully avec elle dans cette aventure, et dont le rôle était rappelons-le de la surveiller. Odessa n'aurait pas accepté qu'on ne lui fasse pas confiance, disait-elle. Lena, quant à elle, l'acceptait. Car elle savait que la jalousie de son homme était décuplée en prison. Et contre ça, elle ne pouvait rien. La prison le rendait parano, méfiant... un vrai fléau. « Dean a toujours été extrêmement jaloux... mais c'est pire depuis qu'il est incarcéré. Comme il me voit très peu, il doute constamment et j'ai souvent droit à des interrogatoires au parloir. Il veut tout savoir. Ce que j'ai fait la veille, avec qui, où ça... Moi je m'adapte, parce que je ne veux pas aggraver la situation. Il en bave déjà bien assez. » C'est la raison pour laquelle Lena tolérait absolument tout. Donc quand il envoyait son frère pour s'assurer qu'elle lui reste fidèle, la danoise le laissait faire. Si ça pouvait le tranquilliser. La prochaine question d'Odessa la fit sourire. Sa réponse risquait de l'étonner. « Oui, on peut dire ça... Dean et moi sommes tombés follement amoureux il y a quatre ans, et quand on s'est rencontrés j'étais à peine majeure tandis que lui, avoisinait la trentaine. » Elle ne savait pas si sa camarade avait connaissance de ce petit détail... leur importante différence d'âge. C'était une chose qui avait tendance à choquer, et qui hélas n'était pas toujours très bien perçue. « Donc bon, on a vécu ensemble un moment avant... qu'on me l'enlève. » On lui avait arraché Dean, oui. Et avec lui, une partie d'elle-même. Leur histoire ne datait donc pas d'hier.

En écoutant Lena, je me rends compte que mon existence est affreusement vide. Et un peu stupide. Car personnellement, je ne suis jamais tombée amoureuse, je n'ai jamais connu ce sentiment si fort qu'il vous fait déplacer des montagnes, souffrir quand l'être aimé est trop loin, attendre des années pour le retrouver. Lena, elle, ce petit bout de femme, elle le fait tout ça. Elle attend, elle l'aime et elle doit donc souffrir, tous les jours. Tous ces jours à l'attendre, à le voir derrière les barreaux, à imaginer ce qu'il peut endurer. Et moi, mon existence se résume à une vie assez égoïste et à attendre les dernières pièces de créateurs, enfin ceux qui sont dans mes moyens. Alors j'en viendrais presque à l'envier, moi aussi j'aimerais connaître ça et pour le moment, je fais fausse route, partout où je vais. Tant pis, peut-être plus tard, je n'en sais rien. Par contre, s'il y a une chose que je ne lui envie pas, c'est ce chaperon. Certes, Sully n'est pas mal comme chaperon et j'imagine qu'il est tout à fait réglo mais... Quand même. Un chaperon. Aucune confiance. Zero. Elle tente cependant de m'expliquer et j'essaie de comprendre. Je crois d'ailleurs que j'y arrive, un peu. J'essaie en tout cas. « Je vois, enfin j'imagine que c'est normal d'avoir peur mais de là à demander à son frère de te surveiller... Je ne sais pas, enfin, je ne suis pas à sa place. » Et peut-être que je devrais changer de disque au lieu d'ennuyer Lena avec tout ça, un peu plus qu'elle ne doit déjà l'être. Elle me parle alors de son histoire et je me rends compte de leur lien. En effet, ce n'est pas rien. « Elle est belle, votre histoire je trouve. Un peu comme dans les films, enfin... je ne dis pas ça méchamment, pas du tout... » Non, pas le moins du monde et elle me rend encore plus envieuse, c'est mal non, d'envier ça je trouve. « Ca fait longtemps qu'il est en prison ? » Un an j'imagine, moins ? J'espère en tout cas qu'elle n'aura pas à l'attendre encore trop longtemps. Cette histoire mérite qu'ils soient ensembles.

Spoiler:

Peu de candidats étaient venu lui dire ce qu'ils pensaient de son secret. Déjà parce que tout le monde n'avait pas forcément un avis là-dessus, mais aussi parce que certains préféraient sans doute ne pas remuer le couteau dans la plaie en lui faisant savoir qu'ils trouvaient aberrant, voir même scandaleux le fait que son fiancé ait envoyé quelqu'un pour la surveiller. Et ce quelqu'un étant son propre frère, ça devait leur paraitre plus révoltant encore. Elle ne savait pas ce qui se disait quand elle avait le dos tourné, si les critiques fusaient ou non, mais elle espérait que personne ne médisait sur son Dean. Ah non, ils savaient tous bien trop peu de choses le concernant pour s'accorder le droit de le juger. Ce n'est pas parce qu'il s'était retrouvé en prison que ça en faisait un ripou. Il avait commis des erreurs, et subissait maintenant les conséquences de ses actes. Sa dette pour la société, il la payait actuellement en purgeant sa peine. Il n'en restait pas moins quelqu'un de bien, même si sa jalousie maladive l'avait conduit à mettre Lena sur surveillance. Mais il avait fait ça parce qu'il l'aimait et craignait de la perdre. C'était une preuve d'amour, et il voyait en chaque homme un potentiel concurrent alors que très honnêtement, il n'avait vraiment pas à s'en faire. La présence de Sully dans cette aventure ne la contraignait aucunement à lui rester fidèle, puisque fidèle elle l'avait toujours été. Donc qu'il ait fait cette émission avec elle, ou pas, au final ça ne changeait rien au fait qu'elle n'était de toute façon pas intéressée par d'autres hommes que le sien. Odessa n'avait pas l'air de trouver très normal d'envoyer son frère pour garder un œil sur sa fiancée, mais effectivement, elle n'était pas à sa place donc elle ne pouvait pas trop se rendre compte de la nécessité que c'était pour Dean. De l'état dans lequel il aurait été pendant des mois s'il ne l'avait pas fait. Elle disait en tout cas trouver leur histoire très belle, ce qui ne manqua pas de faire sourire Lena. D'après elle, c'était un peu comme dans les films et non, la danoise ne prenait pas du tout cette remarque comme quelque chose de méchant. Au contraire. « Oh bah c'est très gentil. Elle est d'autant plus belle que je sais qu'elle durera toujours. » Lena n'avait pas l'impression d'être affreusement naïve en pensant cela, parce qu'elle s'imaginait vraiment finir ses jours avec Dean. Avec lui c'était pour la vie, et elle ne concevait pas un seul instant que leur histoire puisse prendre fin un jour. Elle risquait de passer pour une douce rêveuse aux yeux d'Odessa, mais Lena était comme ça, que voulez-vous. La rouquine lui demanda ensuite depuis combien de temps son Dean était emprisonné. « Un peu plus de sept mois. Donc il lui reste, hum... cinq ans moins sept mois... quatre ans et demi en gros. » Quatre ans et cinq mois, exactement. Oui, c'était long. C'était même très long. Mais Lena savait qu'elle n'attendrait pas pour rien. « Tout ce que j'espère, c'est qu'il tiendra jusque là. » souffla-t-elle, perdant peu à peu le sourire esquissé un peu plus tôt. Oui, Dean avait encore pas mal d'années à tirer et ce ne serait pas facile tous les jours pour lui. La prison, ça n'avait rien de marrant. Et connaissant la réputation de celle de Baltimore, les craintes de Lena étaient tout à fait justifiées.

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