ENOCH
wanted + 13/06 - 12h54

Je n'étais pas encore tout à fait familier avec les lieux, pour ainsi dire, je n'étais même pas sûre de toujours parvenir à retrouver mon chemin dans le nid. Il faut dire que sa composition était drôlement particulière et qu'aux dernières nouvelles, mon sens de l'orientation s'avoisinait à celui d'un animal en cage. J'étais habitué à mon petit taudis dans lequel je vivais, un minuscule appartement dans un immeuble en voie de décomposition, oui, on ne peut pas dire que mes habitudes là bas allaient pouvoir être répétées ici. Tout était plus beau, plus grand, plus surprenant, si bien que tous mes repères s'étaient envolés, qu'ils soient matériels ou non. J'errais donc à la recherche de quelque chose avec lequel jouer. Une balle. J'avais toujours été amoureux des balles rebondissantes. C'était stupide mais petit, la seule chose à travers laquelle je m'étais senti exister était le cirque. Je pouvais faire n'importe quoi, que ce soit jongler, marcher sur une boule ou sur un fil, faire du vélo à une roue. La seule chose avec laquelle j'avais cependant plus de mal était le trapèze. Fouillant le débarras, je réussissais finalement à trouver mon bonheur. Je me mettais donc à travers le nid en courant, ne tardant pas à rejoindre le bateau pirate sur lequel je décidais de grimper. Là dessus, et sans la moindre peur, je montais sur l'une de ses bordures, plaçant un pied devant l'autre et avançant prudemment. La moindre chute pourrait m'être fatale, puisque je doutais clairement de la profondeur de cette eau. Mais je n'étais pourtant pas effrayer. Bientôt, je faisais rebondir la balle d'une main, tout en continuant d'avancer. Ça faisait du bien. Je me sentais libre. Je retrouvais un de mes repères.

Je crois que j'ai toujours aimé le danger. C'est peut-être ça qui m'attirait particulièrement dans le cirque. Le fait de mettre sa vie en jeu et réussir à en rire. Enfin, en jeu était un grand mot, disons que c'était une image puisque marcher sur un fil avait toujours été quelque chose de plutôt dangereux, en effet, mais ce n'était pas en montant sur une scène que l'on risquait sa vie, non. C'était une différente philosophie. Cela faisait un petit moment que je n'avais pas pratiqué, environ cinq ans. Il parait qu'après 25 ans, il vaut mieux arrêter. C'est des foutaises, une grand mère de quatre vingt ans peut tout à fait tenir sur un fil à partir du moment où elle ne tremble pas. Je fixe un point droit devant moi, c'est comme ça que l'on se concentre. C'est en marchant vers un point fixe, sans même regarder ses pieds que l'on peut se permettre d'affronter le danger sans en avoir conscience. Cependant une voix me tire de ma pensée, certainement pas assez pour me déstabiliser. Encore heureux, sinon c'était la chute assurée. Hé le nouveau, tu en as déjà des envies de suicide ? je lâche un léger rire en pivotant sur moi même, mon pied gauche passant ainsi derrière mon pied droit, histoire de pouvoir apercevoir le visage de mon interlocuteur. C'était l'homme qui m'avait salué au prime. Il devait à peu près avoir mon age, peut-être à peine plus vieux. A vrai dire, la barbe qu'il abordait était trompeuse. On dirait que tu n'as pas peur du vide, toi ? j'hausse donc les épaules « Oh si, j'ai même le vertige. » un nouveau rire s'échappe de mes lèvres « Mais à partir du moment où j'arrive à le canaliser, ça passe tout seul, c'est comme le vélo... je crois. » là dessus, je saute sur le plancher du bateau, récupérant de ce fait la balle que je faisais rebondir, pour m'approcher du jeune homme. Mon regard fut automatiquement attiré par l'objet entre ses mains. Un objet qui me rappelait beaucoup de souvenirs. « Oh un rubik's cube, je peux ? » à vrai dire j'ai toujours été un fan de ce genre de jouets. D'ailleurs sans trop attendre sa réponse, je m'en saisi et commence à tourner les facettes. J'ai du en résoudre plus d'une centaine. « C'est Enoch ton prénom n'est ce pas ? J'l'ai entendu je ne sais trop où... Par quelques filles je crois. » mes mains continuent de tourner rapidement l'objet alors que je détaille du regard le jeune homme. « T'en fais depuis longtemps ? » mes yeux redescendent un instant vers l'objet avant de lui tendre, les faces de couleurs unies, terminé. Une minute vingt. J'ai fait mieux. « Ah... mince, désolé, tu voulais peut-être le faire de toi même ? » c'est tout moi ça, je réfléchis après avoir agi.

J'ai toujours eu le vertige, depuis tout petit, je dois dire que c'est assez pathétique d'ailleurs, en y repensant, mais j'y peux rien moi, j'suis pas vraiment le genre de gars super viril qui peut parer tous les dangers. Je suis légèrement fait de mousse en fait, mais je crois que ça se voit. Oui, je suis pas vraiment super imposant, un petit peu mais pas trop. C'est bien, un petit peu. J'en fais depuis que je suis tout gamin. Je les collectionnais avant. mon sourire s'agrandit, ça nous faisait donc un point commun. Je dois dire qu'il était toujours plaisant de trouver en quelqu'un des ressemblances. Peut-être était-ce la seule chose à laquelle je m'attachais pour l'instant, puisque je ne connaissais de toute évidence pas grand monde. Je lui rends donc son jouet après l'avoir terminé. J'n'étais pas vraiment satisfait de mon score, mais pour ma défense j'avais été occupé à faire autre chose, oui, je n'étais pas vraiment concentré. C'était en partie de cette façon que mon foyer d'accueil avait compris que mes capacités intellectuelles étaient légèrement supérieure à la moyenne, contrairement à ce que l'on pourrait croire. Parce que oui, jouer la carte de l'imbécile finit me va à ravir. Peut-être est-ce une sorte de carapace, allez savoir. Et toi ? « Oh j'en avais des tonnes. Mais je suis plus un fan des puzzles à vrai dire. J'adore les puzzles. Je pourrais passer mes journées là dessus. » je suis un grand gamin au fond, puisque le jeu, ça me connait. Qu'il soit matériel ou fictif. Sinon, tout se passe pour toi ici ? Pas trop dépaysant ? j'hausse les épaules, en avançant légèrement sur le bateau, fourrant mes mains dans mes poches. « Eh bien je dois dire que si, tout de même. » je ris légèrement avant d'ajouter « Je ne pensais pas avoir autant de mal à m'intégrer à vrai dire. C'est difficile de se faire une place lorsque tout le monde semble se connaitre. » heureusement, certains ne rejetaient pas totalement l'idée de m'accueillir.