Il fait chaud, un peu trop cet après-midi. J'ai l'impression d'étouffer, pourtant j'ai l'habitude de travailler sous de fortes températures. Ici, c'est différent, ce n'est pas la chaleur des moteurs de voitures qui m'étouffe mais celle du soleil. Il ne fait pas souvent beau chez moi il faut le dire. L'Irlande ce n'est pas le pays le plus ensoleillé du monde en même temps. J'ai besoin d'un peu de fraîcheur, mais j'ai encore un peu envie de profiter de l'éclat et des rayons du soleil. Avant de mourir d'une insolation je parviens à rejoindre le salon de thé qui se situe dans le jardin botanique. J'aperçois une silhouette élancée qui s'y tient, elle est déjà assise. Je crois reconnaître les traits fins d'Opaline, sans grande certitude. Son secret me revient alors en mémoire, il va me falloir prendre des pincettes avec elle. Je me souviens également qu'elle n'est pas très bavarde. Je ne sais pas trop comment me comporter avec elle. J'approche doucement, je pourrais partir parce que je pense qu'elle préfère rester seule, mais je ne veux pas donner l'impression de la fuir. « Bonjour, je peux m'assoir là à côté de toi ? Enfin si tu préfères je peux aussi m'en aller. » Oui si elle ne veut pas de moi ici, elle peut tout aussi bien me le signifier, même si j'ai dans l'idée qu'elle ne le ferait pas. Je n'ose pas approcher, je veux lui faire comprendre qu'elle a vraiment le choix.

J'ai besoin de me rafraîchir un peu, de m'isoler de ce soleil qui tape. Je n'en ai pas l'habitude, je suis habituée à la pluie, au soleil peu présent et qui cogne peu. Ici c'est différent. Je marche jusqu'au salon de thé. C'est apaisant comme endroit, on s'y sent bien. On se sent protégé, un peu coupé de tout. J'y trouve Opaline. Je suis sûre que c'est elle, elle a une attitude qui lui est propre. Je n'ose pas trop m'approcher. J'hésite même à repartir, j'ai l'impression qu'elle préfère être seule. Je ne veux pas la déranger, je ne veux pas la mettre mal à l'aise. Ce n'est pas mon but, je ne sais pas tellement comment me comporter à son égard. Mais je ne peux pas fuir, non je n'ai pas de raison pour au final. Et puis je n'ai rien contre la jeune fille, vraiment rien du tout. Je voudrais pouvoir parler avec elle, mais je ne suis pas certaine qu'elle en ait envie. Je lui demande si je peux m'assoir à côté d'elle, je n'ai pas envie de m'imposer, et puis je veux qu'elle ait le choix, qu'elle ne sente pas obligée de dire oui. Elle répond que je peux rester si j'en ai envie. Je lui souris alors et je prends place sur une chaise, pas trop près d'elle non plus, je ne vais pas la coller. « J'avais un peu trop chaud, alors je me suis dit que j'allais venir ici. Et puis j'ai vu que tu étais toute seule, et que tu avais peut-être besoin d'un peu de compagnie. » je réponds à sa question. Honnêtement je doute qu'elle recherche de la compagnie à cet instant, ou sans doute pas spécialement la mienne. J'essaie simplement de la mettre en confiance, je ne sais pas si je m'y prends très bien. « Et toi tu fais quoi ? Tu dessines ? »

J'aimerais bien parler à Opaline, avoir une vraie discussion avec elle, mais elle n'est pas très bavarde c'est vrai. Je ne sais jamais trop quoi lui dire, j'ai peur de mal m'y prendre, j'ai peur de l'ennuyer. J'ai hésité à partir oui je dois l'avouer, mais je ne veux pas lui donner l'impression de la fuir. Je ne suis personne ici, j'ai simplement l'impression qu'elle préfèrerait être toute seule. Je tente quand même le coup, de toute manière si elle ne veut pas de ma présence ici elle peut aussi le dire, même si je ne suis pas certaine qu'elle oserait. Moi j'ai envie d'être ici avec elle, contrairement à ce qu'elle doit sûrement penser. Je suis sûre qu'au fond elle doit avoir des tas de choses intéressantes à dire. Oui j'en suis persuadée. De toute manière je sais que ce n'est certainement pas à moi qu'elle va s'ouvrir. Je me permets de lui demander ce qu'elle fait. Je vois un carnet dans ses mains, j'en déduis qu'elle dessine, ce que je lui demande. Elle me dit que non pas pour le moment. « Et t'aimes bien dessiner sinon ? Tu ne voudrais pas en faire ton métier ? » Je ne sais pas grand chose sur elle, je me dis qu'elle acceptera sans doute de répondre à cette question, certainement pas un simple 'oui' mais bon je n'en attends pas trop. Puis elle me demande ce que j'aime bien faire, je lui souris. « J'aime bien réparer des voitures. » Entre autres, c'est la première chose qui me vient à l'esprit. Il y a d'autres choses que j'aime bien faire bien entendu, simplement je ne vais pas tout énumérer j'aurais trop peur de l'ennuyer.

Je sais pertinemment que je ne vais pas arriver à la faire beaucoup parler, je n'en attends pas autant, simplement quelques mots, un semblant de conversation avec elle. Je n'espère pas grand chose de plus. Elle tient un carnet dans ses mains, j'en déduis qu'elle dessine. Je peux tout aussi bien me tromper, je la questionne là-dessus. Je ne sais même pas ce qu'elle aime, j'imagine que dessiner fait partie d'elles. Elle se contente de hocher la tête. Bon c'est déjà pas mal, je sais une chose de plus sur elle. Je lui demande si elle ne voudrait pas en faire son métier puisqu'elle semble apprécier cela. Ça me paraît plutôt légitime. Elle réplique qu'elle n'est pas assez douée. Ah ... Elle referme ce qu'elle tient dans les mains, j'imagine qu'elle ne veut pas que je regarde. Je ne peux pas la contredire de cette manière. Bon, tant pis j'aurais bien aimé pouvoir y jeter un coup d’œil mais je comprends qu'elle ne veuille pas me montrer après tout c'est personnel. Je lui dis que j'aime réparer des voitures, je réponds à sa question. Pourquoi ? Pourquoi j'aime réparer des voitures, je ne me suis jamais posée la question en réalité. « Je n'en sais rien, ça a toujours été le cas, c'est venu naturellement. Je me sens bien, apaisée. » Oui réparer des voitures me vide l'esprit, je ne pense plus à rien, et ça fait du bien parfois. « Tu te sens bien ici ? Tu t'es fait des amis ? » Je sens que je dois l'ennuyer, je ferais peut-être mieux de partir, mais j'ai envie de lui parler, enfin si elle me le demande je m'en irai bien sûr. Je ne vais pas m'imposer si je l'embête.