~ seth, mardi, dix-sept heures trente
Je me suis réveillée sereine ce matin, bien contente de retrouver cette jovialité qui m'est habituelle en général et qui m'avait quitté quelques jours auparavant. Les nominations, les révélations... Tout ça m'avait un peu travaillé et résultat, j'étais à cran, ma réaction du conseil l'ayant assez largement prouvée d'ailleurs. Et comme si ce n'était pas assez, elle m'avait aussi pas mal desservie étant donné que j'étais à présent nominée, considérer comme une traître. Tout ça m'avait fait réfléchir et ma conversation avec Cosmas y était également pour quelque chose. Je prenais en réalité bien trop les choses à cœur, ce jeu, cette histoire de traître et j'en finissais par devenir complètement folle. Mais à présent, tout ça était terminé et je n'avais plus envie de me prendre la tête ou de me punir toute seule. J'étais persuadée que ma chute dans la côte de popularité était due à ça et si au fond, elle ne voulait pas dire grand chose, cela ne me faisait pas tellement plaisir. Cette période était révolue et j'avais retrouvée le sourire, enfin, il était là en tout cas. M'ennuyant légèrement en cette fin d'après-midi, je déambule donc dans le nid et finalement, je pousse les portes de la salle de sport. Clairement, je ne suis pas en tenue pour faire du sport mais ce n'est pas si grave. Mon regard se pose alors sur le ring et j'y découvre Seth. Je ne sais pas pourquoi, mais je me doutais qu'il était du genre à apprécier ce sport, et à le pratiquer. Enfin, je me trompe peut-être, c'est possible, bref. Je m'approche donc et m'assoit sur le rebord du ring, attrapant un gant de boxe et essayant d'y fourrer ma main. Puis je jette un œil vers Seth, qui s'est à présent arrêté. « Tu fais de la boxe souvent ? » Je lui demande alors, curieuse, en souriant.

Depuis quelques semaines, je me suis remis au sport. Je saurais pas trop dire pourquoi, vu que j'avais plus ou moins décidé de laisser tomber toute activité physique, mais faut croire qu'il venait un moment où j'en avais finalement marre de glander, et même si j'aimais bien me laisser aller et genre littéralement sentir mon corps ramollir au fur et à mesure que je deviens de plus en plus pantouflard, il semblerait que ça finisse par me lasser et que le besoin de faire de l'exercice finit forcément par se faire ressentir. Et puis, j'étais éveillé environ dix-huit heures par jour, et que je le veuille ou non, y'avait un moment où il me restait plus grand chose à faire pour m'occuper, d'autant que la plupart des candidats dormaient un peu plus que moi. Du coup, je venais souvent m'entraîner quand tout le monde était couché, c'était devenue mon petit truc. Quand j'avais rien de mieux à faire, je revenais aussi par là en journée, mais je me déconcentrais plus rapidement bizarrement. Bref j'étais occupé à frapper un des sacs de frappe quand je réalise que j'ai de la compagnie, et je m'interromps alors, retirant un de mes gants pour aller chercher ma bouteille d'eau que j'ai laissée dans un coin. « Hum, depuis que je suis ici, ouais. Mais j'en avais jamais vraiment fait avant. » Mon père aurait voulu que j'en fasse, lui-même avait été bon boxeur à son époque, mais j'avais pris l'habitude, à un moment donné, de toujours vouloir faire le contraire de ce qu'il attendait de moi. « Et toi ? Tu sais te défendre sur un ring ? » Je lui lance un regard malicieux, ne m'attendant pas franchement à ce qu'elle me réponde par la positive.

Qu'on se le dise, la boxe, les sports de combat, ça n'a jamais été mon truc. Clairement pas. Je trouve ça trop brutal, trop inutile et pour moi, cela s'apparente plus à une guerre d'ego masculin qu'autre chose. Alors moi, en faire, cela relève de la quatrième dimension, bien certainement mais regarder, cela ne me dérange pas, d'autant plus que bien fait, seul avec un punching ball, c'est tout de même assez impressionnant. Surtout quand il s'agit de Seth qui même s'il n'est pas du genre gros gabarit est quand même un mec assez massif et musclé. Il suffit de le voir frapper dans le sac pour s(en rendre compte et pour sûr, je n'aimerais pas me retrouver à sa place. Du coup, je ne fais que m'approcher, ne le dérangeant pas pour le moment, le regardant et m'asseyant sur le rebord du ring. Il s'arrête et je peux enfin le questionner. A le voir ainsi, je me dis qu'il doit en faire souvent mais n'était pas franchement une professionnelle, je ne m'attends pas à voir juste. Ce qui se trouve être le cas. Je souris alors légèrement, amusée par mon erreur. « Et bien... Ça ne se voit pas du tout en fait ! Tu te défoules pour une raison précise ou juste comme ça, pour le sport ? » Après tout, les frustrations sont nombreuses ici et taper dans un sac de sable semble être une solution tout à fait recevable. « Et bien, aucune idée, je ne l'ai jamais fait mais contre toi, je suis sûre que je ne saurais pas me défendre. Peut-être que je pourrais avoir le dessus sur... une mouche ? » J'aurais bien dit un enfant de trois ans mais je n'ai pas envie qu'on croit que j'aime ça, taper sur les enfants.

C'est agréable de sentir mes muscles en action, finalement, j'aime pas les délaisser trop longtemps. La musculation était devenu un de mes passe-temps favoris quand je m'étais retrouvé sans-emploi, je crois que ça me permettait de me rebooster, ça me donnait l'impression que je me laissais pas complètement aller, que je maîtrisais la situation ou un truc du genre. C'est assez marrant, d'ailleurs, de se dire que j'avais gagné en carrure surtout après l'armée, finalement - il fallait me voir au moment où je m'étais enrôlé, un vrai petit gringalet. Bon mes problèmes de drogue de l'époque aidaient pas non plus, physiquement parlant. L'armée était arrivée à point nommé. « Hum, un peu les deux, en fait. » je finis par admettre. Je la jauge du regard ; y'a un truc que j'ai envie de lui confier, mais les mots hésitent à sortir de ma bouche, ils sont ptêtre un peu timides, je sais pas. « J'ai encore fait des conneries avec la roulette. Monroe est nominée cette semaine à cause de moi, et je lui ai pas encore dit. Je me sens... Ben comme une merde, en fait. » Bon mon vocabulaire est pas des plus fleuris, mais elle saisit l'idée. Sa remarque me fait rire et j'manque de m'étouffer en buvant une gorgée d'eau (comme quoi elle était dangereuse mine de rien la petite Odessa, j'aurais pu mourir là). « T'as pas vraiment besoin, je crois pas que je saurais pas t'attaquer pour parler franchement. Et je suis certaine que tu pourrais battre une mouche à plate couture. T'en as le potentiel, je le sens, et j'ai un don pour ces trucs là tu sais. Je le vois en toi. » Je hoche doucement la tête, l'air très sérieux et très convaincu, tout en agitant l'index. Puis je repose la bouteille, et en fait je le sens bien de continuer à faire causette alors je prends appui sur les cordes qui cerne le ring et continue de papoter. « Tu faisais un sport ou un truc comme ça quand t'étais petite ? »

Je ne sais pas trop ce qu'ils ont, les mecs, avec le sport mais ils sont toujours à fond là-dedans. Il faut qu'ils bougent, qu'ils se retrouvent entre eux pour faire du sport, du ballon, de la musculation, tout et n'importe quoi mais : du sport. Nous, les filles, quand on se retrouve, ce n'est clairement pas pour suer comme des bœufs dans une salle ou sur un terrain, non, c'est plus raffiné, c'est plus agréable mais les mecs, non. Et après, ils nous sortent que ce sont nous, les superficielles qui ne faisons attention qu'à notre image. Mouais. Du coup, Seth, lui, je le voyais bien faire de la boxe. Il a ce côté nerveux, un peu boule d'énergie qui semble bien lui correspondre et le voir ici ne me surprend pas tout comme sa réponse ne me surprend pas non plus. Il reste évasif mais je sens à son regard qu'il risque de m'en dire plus. Alors je fronce les sourcils et j'attends. La suite arrive d'elle-même. Ainsi donc, il a joué et... a perdu. Je ne peux pas vraiment lui en vouloir, j'ai fait la même chose et cette roulette russe, je ne lui fais guère confiance. Mais je ne savais pas non plus qu'elle pouvait nominer d'office un partenaire, à moins qu'il ait eu une immunité. « Ah... Je vois... Bah, c'est pas techniquement de ta faute. Je veux dire, c'est le revers de la pièce, tu aurais pu avoir du bon mais... Je crois qu'elle t'a mauvaise la roulette en fait. T'as encore de la cagnotte d'ailleurs ? Et puis, je doute que Monroe sorte, elle a du caractère, des gros seins, je suis sûre que le public l'adore. » J'en suis même persuadée, qu'il ne se fasse pas trop de bile avec ça ! Il me demande ensuite si je sais en fait, de la boxe et si ma réponse est assez révélatrice, elle a également le mérite de le faire rire. Enfin, de manquer de le faire s'étouffer. « Toi oui mais il y a plein d'autres mecs qui ne se gêneraient pas... Hum. Bref, merci de croire en moi, ça compte beaucoup pour moi, et puis les mouches, ça ne sert pas à grand chose alors ce ne serait pas une grosse perte. » Il repose sa bouteille, ses gesticulations me font rire. Oh bien évidemment qu'il raconte des bêtises mais j'en suis consciente alors... Il me pose ensuite une nouvelle question et avant que je puisse y répondre, Cupidon se pointe. Tiens, ça faisait longtemps, vraiment. Et ça ne me manquait pas vraiment dans un sens. En plus, c'est Seth, enfin, il est mignon Seth, il a tout pour plaire, tout ce qu'il faut où il faut je pense mais voilà, c'est genre, un ami, et ça va me faire bizarre d'embrasser un ami, comme quand on a peur que ça finisse par tout ruiner. Mais bon, étant donné sa cagnotte assez faible j'imagine, je ne me vois pas lui refuser ça alors je me lève, prenant appui sur les cordes, le long du ring, à sa hauteur. « Hum... » C'est gênant, non ? Vous ne trouvez pas ? Je dépose alors mes lèvres sur les siennes, rapidement et je me rassois, reprenant la conversation comme si de rien était. « Non. Enfin j'ai fait de la danse, c'est ma mère qui voulait ça, j'en ai fait longtemps et puis, après, j'ai arrêté. » Passionnant tout ça.