J'étais comme une folle dans les chaises volantes, comme une grosse gamine en riant tout ce que je pouvais parce que j'avais besoin de me sentir libre. Et sur les chaises ont a un peu l'impression d'être partout et nulle part. J'ai cru que j'allais mourir une bonne dizaine de fois aussi, que mon coeur allait lâcher mais ça c'est sans doute parce que j'ai fumé de l'herbe avant. Rien de bien grave mais les repères sont un peu foutus en l'air. J'suis descendu, j'ai mangé une gaufre au nutella et le soleil se couchait alors je me suis rendue sur le ponton un peu nostalgique parce qu'il faut bien l'avouer ça me fait toujours une drôle de sensation d'être dans ce décor. C'est trop troublant, surtout qu'avec leur décor on a réellement l'impression d'être au bord de la mer. Il suffit de se tourner pour remarquer qu'il ne s'agit pas de Santa Monica derrière. Bref le soleil se couche et le l'observe c'est magique, intemporel je trouve. Et je me rends compte que j'ai bien fait d'avoir mes lunettes de soleil parce que je finirais aveugle sinon. J'suis si concentrée que je ne me rends pas compte qu'on me suit, enfin que quelqu'un se trouve derrière moi. - Monroe ? Je sursaute légèrement. C'est Cosmas, je le sais avant de me retourner, je reconnais sa voix sans problème mais du coup je me retourne. « Oui c'est moi, mon petit lapin en sucre glace, tu me cherchais ?   » Je ne l'avais pas appelé comme ça depuis plusieurs semaines si bien que ça me fait sourire. Je n'attends pas qu'il me réponde pour passer mon bras sous le sien et déposer ma tête contre son bras. « C'est beau n'est-ce pas ?  » C'est un faux décors mais c'est le vrai soleil, enfin j'crois, je me demande comme c'est possible un tel résultat d'ailleurs.

C'est beau, par ici. Tout. Les scènes, les décors, les plateaux ... Sauf l'hôpital. Il craint, lui, point, on change de sujet. Un peu comme le dortoir dans lequel on dort, avec Ismène ... Mais passons. Ce n'est pas le sujet du jour. Le soleil commence donc à se coucher, Monroe l'observant. Cosmas (ça, c'est moi, hein, ça passe juste plus poétique si je fais un parallélisme, voyez-vous) observant Monroe. Elle porte des lunettes de soleil, la maligne. Je n'ai pas eu la présence d'esprit d'apporter les miennes, moi. J'étais pas assez cool pour, en fait, voyez-vous. Je ne méritais pas d'avoir l'air mystérieux ... Ou plutôt, je suis déjà capable d'aborder une apparence énigmatique sans avoir besoin de ce genre d'accessoires. Toujours est-il que ces rayons me niquent les yeux (excusez l'expression) de par leur intensité. L'orbe dans le ciel est tellement lumineuse qu'on s'y sent attiré, comme par un aimant. C'est impossible de ne pas le regarder. Monroe se retourne, alors, dans un sursaut. Elle m'appelle avec un de ses surnoms étranges auxquels j'ai pris habitude, avec le temps - eh ouais, Cosmas, le dur, Cosmas l'aventurier, Cosmas est capable de s'habituer aux choses, si l'on lui laisse le temps. Il faut dire qu'un mariage ayant duré des années, ça amadoue vachement. On joue les gros durs les vingt premières heures d'une relation, avant de se rendre compte qu'en réalité, l'on est esclave de sa femme. Histoire véritable. Que serions nous sans elles ? Ne répondez pas à cette question, cela ferait un trop gros coup à mon égo. Elle m'enlace alors, sans réponse de ma part. Si je la cherchais ? Pas particulièrement, mais bon. Si sa tête est posée contre mon corps, si j'entends le souffle de sa respiration et ressens chaque battement de son coeur dans mes veines, son regard ne me fixe pas ; rivé vers le soleil, comme attiré par cet astre resplendissant, ses iris le contemplent, avec attention. Elle me demande si c'est beau, ou plutôt, de confirmer que moi aussi, je trouve ça beau.

- Non et oui. Je lui réponds donc, le sourire aux lèvres. Je m'attends à ce que Sandro débarque et me mette un poing en plein dans la face comme il l'avait fait à Nova dans les minutes qui viennent, mais je ne la repousse pas pour autant : on ne fait rien de mal, à ce que je sache. Je ne l'ai pas embrassée, ni rien, moi, hein. C'est elle qui est venue se poser contre mon bras, et je ne crois pas que ça compte comme de l'infidélité, ça.

- C'est presque aussi beau qu'auprès de la Méditerranée. Je remarque alors.

Je suis super tactile moi, j'ai le contact facile et je ne me pose pas de questions. Je ne me demande jamais si ça peut déranger l'autre, si ça ne se fait pas, genre je m'assois facilement sur les genoux des mecs sans qu'il n'y ait aucune arrière pensée. C'est comme ça, j'attrape les gens par le bras, je me colle, sans penser à mal et je me dis qu'il va sans doute falloir que je me calme de ce côté, j'suis pas certaine que ce soit bien vu sinon. Et à vrai dire même avant, enfin avant quoi, j'crois que j'aurais pu avoir des problèmes avec Odessa à ce propos. J'suis pas une allumeuse, enfin peut être un peu parfois mais c'est juste pour s'amuser, y'a rien de bien grave à ce que je sache. En plus j'ai pleins de potes mecs, j'suis habitué à ça. Bref. J'attrape le bras de Cosmas et j'pose ma tête dessus, il est grand et tout en plus et c'est mignon un couché de soleil, alors de loin ça peut paraître suspect tout ça mais ça ne l'est pas du tout. Bon peut être que j'aurais dû éviter de l'appeler par un surnom mignon mais non. Je le fais quand même. Bon, je ne saurais pas s'il me cherchais. Bon, tant pis hein. - Non et oui. Euh, peut être que c'était pour ça, ou peut être que c'était pour le soleil couchant.  « Non et oui quoi ?    » Que je demande dans un sourire. Non mais ça lui arrive d'être plus explicite que ça ou pas ? J'crois pas que je m'y habituerais à son manque de paroles flagrantes. - C'est presque aussi beau qu'auprès de la Méditerranée. HAAAN, je me détache de lui tiens, et je le regarde je relève même mes lunettes pour lui montrer ma perplexité.  « Impossible, il n'y a rien de plus beau que le soleil sur l'océan pacifique, enfin sur le vrai océan pacifique pas sur une piscine géante, sur une fausse plage.   » On peut penser que je manque d'objectivité et c'est sans doute le cas, mais bon j'suis californienne moi, faut pas m'en vouloir.  « Au fait, il était pas censé se pointer ton vieux ?» J'ai pas rêvé j'ai bien entendu son prénom lors du prime. Ou alors j'ai rêvé, j'étais assez dégoûtée que Seth et Odessa ne reviennent pas alors bon.  « Vous allez vous revoir avec Odessa au fait ? » Non non je ne passe pas du tout du coq à l'âne c'est pas vrai.

Cette pose, je l'ai vécue ... Nombreuses fois avant. Anna adorait les couchés de soleil. Vous en avez probablement marre de m'entendre ressasser ces multiples épisodes de mon passé, vécu avec elle. Vous en avez probablement assez de voir son nom réapparaitre avec une consistance alarmante. Mais c'est plus fort que moi. Anna fait partie de moi, malgré la séparation, malgré la mort de l'amour qui nous unissait avant ... L'accident. Anna est une des femmes de ma vie, malgré tout. Je pars du principe que nous avons plusieurs âmes soeurs, voyez-vous. Qu'une fois que cela ne marche pas avec l'une d'entre elles, la porte à d'autres amours n'est pas fermée. Je suis plutôt romantique, malgré tout. Je peux parfois - souvent, même - céder aux plaisirs charnels et aux ébats avec d'autres, mais rares sont les occasions - pour ne pas dire jamais - où je me lance dans l'adultère. Je suis fidèle, moi. On dirait pas comme ça, en me voyant. On voit un séducteur né, et ... C'est à moitié vrai. J'aime plaire. Et pourtant, le fait que mon père nous ait délaissé, ma mère et moi, me pousse à ne pas aimer en faire de même aux autres. Je voulais être là pour eux. Ma femme. Mes enfants. Mais ... Je n'ai pas su le faire. Je ne peux pas retourner là bas. Cette vie ne m'appartient plus. Non et oui. Elle me demande ce vers quoi ces deux mots se rapportent. Je souris, en coin.

- Non, je ne te cherchais pas. Oui, c'est beau. Tout dans la simplicité. Je ne suis pas d'habitude loquace. Ma langue se délie très difficilement. Qui sait, c'est peut être à cause de mes nombreux secrets ... Bref. Monroe semble outrée que je pense que le coucher de soleil méditerranéen soit magnifique, plus qu'ailleurs ... Et pourtant.

- Tu devrais venir en Grèce, un jour. Je te montrerais une vue qui t'en ferait couper le souffle. J'étais tombé dessus par hasard, en explorant, à l'âge de treize ans, mais j'avais trouvé la falaise idéale pour observer couchers et levers de soleils sur la mer au loin. Cette vue imprenable, jamais je ne l'oublierais. Jamais n'ai-je reconnu choses aussi parfaites ailleurs. Elle me parle alors d'Hadatt, et je baisse doucement des yeux vers le sol. Sur le Prime, j'avais été trop préoccupé pour entendre la mention de son nom, par le départ de Sully ... Ce n'est qu'après qu'on m'a dit qu'il reviendrait. Et pourtant ... Où est-il ?

- Je ne sais pas. Mais bon, j'ai l'habitude de le voir disparaitre, tu sais ... Ce n'est pas comme si je ne le connais que depuis moins d'un an, après tout, hein ... Elle me demande finalement si je compte revoir Odessa bientôt, et je soupire, légèrement.

- Je ... Je crois que j'aimerais bien mais ... Comment ? Elle ne m'avait pas laissé d'adresse, ni de nom de famille. Je vais chercher où, moi, pour la retrouver ?

J'suis pas sûre d'avoir bien compris alors je préfère lui demander d'être plus clair, je ne voudrais pas mal interpréter ses réponses. Et je crois que j'ai bien fait. - Non, je ne te cherchais pas. Oui, c'est beau. Je fais la moue. « Je crois qu'au fond j'aurais préféré que tu me dises l'inverse. Qu'est-ce que tu fais là alors ?   » Que je demande dans un sourire. C'est pas super bien pour l'ego, s'il me cherchais, je ne sais ça aurait pu vouloir dire que je lui manquais d'une certaine manière qu'il avait envie je ne sais pas moi de me parler d'un truc, enfin que j'aurais pu lui être utile pour quelque chose. Et puis en plus il me fait l'affront de dire que le soleil, enfin le couché de soleil n'est pas le plus beau ici, quand même c'est assez flagrant. - Tu devrais venir en Grèce, un jour. Je te montrerais une vue qui t'en ferait couper le souffle En Grèce ? Je détourne la tête du soleil pour regarder le grec justement. « Serait-ce une invitation ? Toi tu devrais voir le couché sur les hauteurs de la ville c'est super, sur le vrai ponton, sur la vraie plage de Santa Monica sur l'océan tu n'en reviendrais pas.   » En tout cas je ne m'en lasse pas moi. Je me demande si le couché de soleil à Paris est aussi beau d'ailleurs, sans doute enfin il ne peut pas être aussi beau parce qu'il n'y a pas l'Océan à Paris, mais il y a la tour Eiffel, je crois que j'ai envie de voir un couché de soleil depuis cet endroit, ça doit être sympa. Bref. J'sais pas pourquoi mais je lui demande où se planque son père. Il doit sans doute avoir changé d'avis. J'en sais rien. - Je ne sais pas. Mais bon, j'ai l'habitude de le voir disparaitre, tu sais ... Oh merde. tout à coup je me dis que j'aurais mieux fait de m'abstenir. Ce que je peux être indélicate parfois je vous jure. Vraiment trop indélicate. « Je suis vraiment désolée. C'est vrai que ça doit être chiant à force de voir que je l'apprécie autant alors que toi t'en as bavé...  » Indélicate volume deux. Merde, je me mors l'intérieur de la joue. Et en plus j'en rajoute avec Odessa. - Je ... Je crois que j'aimerais bien mais ... Comment ? Elle ne lui a rien laissé ? Bon, merde. C'est bizarre quand même. « Peut être qu'elle ne veut plus être là, mais elle t'attendra sans doute à ta sortie, ou tu pourras toujours te renseigner auprès de la production. Ils ont bien ce genre d'informations.  » Enfin j'trouve ça bête quand même, elle avait l'air de tenir à lui, lui aussi, et puis bon y'a toujours un moyen il suffit de le vouloir réellement.

Je crois que j'ai vexé Monroe. Je m'en mords les doigts, quelque part. Elle est tellement sympathique, et voilà que je l'ai vexée. C'est trop sensible, les filles, en même temps ... Enfin, à mon gout, je trouve. Bien trop, en effet. Je souris, timidement, avant de lui dire, gêné :

- Je ne sais pas trop. Je vagabondais, et puis ... Je me suis senti attiré par ici. Va savoir pourquoi. Et puis je t'ai vue. Et j'ai eu envie de venir te tenir compagnie. Pourquoi je ne le dis pas, ça ? Parce que ça ne servirait à rien. Elle penserait que j'essaierais de me racheter, et non pas que je sois honnête. Mais je suis honnête. Il n'y a pas plus honnête que moi, ou du moins, pas sur ce coup là, en tout cas. Le calme s'installe, avant que Monroe ne me demande si je l'invitais en Grèce. Je lui lance alors un sourire cryptique. Je ne sais pas si c'en était une. Probablement autant que celle qu'elle vient de me faire, alors.

- Peut être. Ça dépend : c'était une invitation, ça ? C'est donnant-donnant, après tout, non ? On se met alors à parler de mon père ... Du charmant Hadatt, duquel Monroe semblait presque éprise dès le premier jour. Autant dire que je n'étais pas particulièrement friand de leur relation, au départ. C'était comme s'il venait de l'adopter, sans avoir daigné jeter un seul oeil à son véritable enfant. Moi. Le fils qu'il n'a rencontré qu'après vingt-quatre années d'absence. Elle s'excuse, et je lui souris, encore. Je pose mon menton sur son épaule.

- C'est pas grave, écoute. La vie est ainsi faite, et ça ne sert à rien d'en pleurer ou d'en avoir de la rancoeur. On parle alors d'Odessa, mais ses solutions ne me convainquent pas entièrement. On verra bien comment les choses se dérouleront, de toutes façons, hein. Je me décide cependant à changer de sujet, calmement :

- Et sinon, avec Sandro, c'est sérieux comment ? Genre dans le sens je vais me prendre un poing parce qu'on est comme ça tous les deux ou ... ? Non, parce que Nova, il a pris cher, dimanche, quand même.