FRIDAY, 08:30PM
THE LAST LIVING ROSE
starring orson & zoey

Depuis quelques années, Orson s'adonnait à un nouveau passe-temps. La cuisine. Il a développé une affection particulière pour l'art culinaire. Une affection qui remontait à l'enfance et qui avait un parfum d'Italie. Enfant, il avait une gouvernante d'origines siciliennes et faisait des plats extraordinaires. Il la regardait préparer leurs repas pendant des heures. Il s'était mis à apprendre l'italien pour mieux communiquer avec elle. Elle lui confiait alors des secrets de préparation de certaines de ces recettes. Des recettes qu'elle lui avait transmises lorsqu'il avait quitté la maison pour voler de ses propres ailes. Au fil des années, il avait peaufiné sa technique en regardant des émissions culinaires ou en s'entraînant lors des jours de repos. Il détestait manger les aliments congelés. Il ne consommait que du frais et de la nourriture fait maison. Il ne mangeait qu'à un seul restaurant. Son restaurant préféré. Un italien, bien sûre. Sinon, il refusait souvent des invitations aux restaurants. Il avait peur de contracter une intoxication alimentaire à cause de l'hygiène déplorable de certains établissements. Quand il avait le temps, il cuisinait pour ses invités et lui. Il se dirigea vers la cuisine, les mains dans les poches. Il se posa en face du plan de travail et attrapa un tablier qu'il noua autour de sa taille. Il réfléchissait à un plat à faire. Pennes à la sauce au basilic, agrémenté d'un soupçon de parmesan. Il ouvrit le réfrigérateur et sortit des tomates qu'il coupa en dés, en prenant soin de retirer la pulpe, puis il s'attaqua à l'ail et au basilic. Une fois que tout avait été découpé sur la planche en bois, il chauffa une casserole et versa un peu d'huile d'olive. Il mit d'abord l'ail, les morceaux de tomate et en dernier, le basilic. Il remua à l'aide d'une spatule en bois. En attendant, il partit chercher une bouteille de vin rouge à la cave. Il revint dans la cuisine et ouvrit la bouteille. Il remplit son verre de ce délicieux nectar. Il en huma le parfum, en prit une lampée. Il le goûta, l'arôme se diffusant dans tout son palais. Il entendit des talons martelés le sol. Il se retourna et croisa les yeux d'une candidate. - Vous avez faim ?, lui demanda-t-il d'un ton poli. Il reprit une gorgée en l'observant en silence.

Nous avons déjà passé cinq jours au sein de ce jeu. Doucement mais surement, je commence à me faire une place au sein de mes camarades. Certains me paraissent plutôt sympathique, réfléchis et mature, d'autre par contre, doivent encore travailler à ce sujet. J'ai vingt-neuf ans et je ne suis pas particulièrement fan des gamins et des gamines, mais ça, je l'avais déjà dis lorsque je passais le casting. Je ne fais cependant aucun scandale et essaie de me comporter le mieux possible afin de m'intégrer. J'dis pas que c'est facile mais je fais des efforts. Parfois, je tourne ma langue sept fois dans ma bouche avant de parler et pourtant, je me retrouve toute seule, encore une fois. Les gens essaient de m'éviter ou quoi ? J'ai pas la galle et je suis en ordre dans mes vaccins. Soupirant bruyamment, je rejoins la cuisine puisque je n'ai pas encore mangé et que je ne veux pas non plus mangé trop tard. Je crains que cela ne soit pas bon pour mon organisme de manger après vingt-et-une heure. Vous savez, les femmes ont toujours peur de prendre du poids et de ressembler à des cachalots. J'entre dans la cuisine, faisant résonner mes talons sur le sol. Cela ne passa visiblement pas inaperçu puisqu'un candidat, dont j'ignore le nom pour le moment, s'adressa à moi. «Vous avez faim ?». Je dodeline de la tête, doucement, de bas en haut tout en affichant un léger sourire. « Oui assez, avez-vous quelque chose à me proposer ? » Lui demandais-je à mon tour tout en me rapprochant de lui. C'est bizarre mais je ne pensais pas croiser l'un de mes fantasmes dans la cuisine. Un homme qui me parait classe, distingué et qui cuisine en plus. Cet homme m'a tout l'air d'être l'homme idéal, mais ça, ce n'est que l'idée immédiate que je me fais de lui. « On se vouvoie donc ? » C'était venue de lui, cette idée de vouvoiement. Mais ça ajoute quelque chose en plus encore à ce qu'il peut dégager. « Pourrais-je goûter votre vin ? » Moi aussi, j'aime les bonnes choses alors je ne vais pas me priver d'un bon verre de vin avec un bon repas.

Tandis qu'il savourait son vin, une candidate fit son entrée. Il lui demanda si elle avait faim. Elle s'avança alors vers lui. Il reprit une gorgée avant de lui répondre, en plongeant ses yeux dans les siens. - Des pennes à la sauce tomate basilic. Cela vous convient-il ? Il ne savait pas si elle aimait manger italien. En tout cas, c'était au menu de ce soir. Si elle n'était pas amatrice de pâtes, il pourrait lui faire une salade composée. Il l'avait vouvoyé par automatisme. Ce qu'elle ne tarda pas à remarquer. Il rit légèrement.  - Si cela vous gêne, on peut se tutoyer. Il n'y voyait aucun problème. Elle serait peut-être plus à l'aise si il la tutoyait. Le vouvoiement n'était pas obligatoire avec lui. Il était habitué à un langage plutôt soutenu à cause du métier qu'il exerçait. Son éducation y était pour beaucoup également. De nos jours, les choses étaient bien différentes. Les bonnes manières se perdent, dirait son père. - Evidemment. Il ouvrit un placard au-dessus de lui et en sortit un verre à pied dans lequel il versa le vin rouge. Il le tendit ensuite à son invitée. Il reprit son verre et ils trinquèrent. - C'est Zoey, je crois. Orson. Il l'avait vu à la soirée de mardi, sauvée par un de leurs co-équipiers des griffes d'une candidate de l'équipe adversaire. Il avait cru entendre son nom lors de leur échange. Donc il s'était présenté à elle, en bonne et due forme. Il l'observa longuement et dit : - A votre accent, je dirai que vous venez de Liverpool. Je me trompe ? Ils étaient certes tous les deux anglais, mais l'accent de la jeune femme était légèrement différent du sien. Etant un londonien pur souche, il savait qu'elle ne venait pas de la capitale car aucun de son entourage ne parlait comme elle. Certains de ses clients, oui. Très peu connaissaient les divers accents peuplant l'Angleterre. Parfois, ce n'était pas le même dialecte ou le même vocabulaire qu'ils employaient. Selon les villes, ils parlaient différemment. Orson était capable de les reconnaître. Un atout qui s'avérait parfois utile pour son travail.  

«Des pennes à la sauce tomate basilic. Cela vous convient-il ?» Ce candidat respire la bonne éducation, la classe et le charisme. Autant vous dire qu'il me plait plutôt bien. C'est un peu l'homme idéal à mes yeux mais vous rêvez si jamais vous pensez que je vais le lui dire. Ce genre de détail, ça se dit pas à des mecs comme lui. Encore je peux être direct avec certain, autant c'est pas du tout son genre à lui. Affichant un large sourire, je m'empresse d'accepter la proposition qu'il vient de me faire. Je ne vais quand même pas commencer à faire la difficile alors qu'il me propose si gentiment à manger. « Ce sera parfait, merci. » J'articule, j'souris et j'essaie de paraître aussi bien éduqué que lui. Même si je doute fortement que l'on provienne du même milieu. Il a la gueule du mec qui a des parents riches, il a la gueule du petit bourge. Moi j'ai toujours vécu avec ma mère et on ne peut pas vraiment dire qu'elle touchait beaucoup d'argent. Heureusement, je me suis bien rattrapé grâce à mon boulot. Le fait qu'il me vouvoies également me donne quelques indices, je pense, sur le milieu d'où il provient. Je n'ai pas pour habitude de faire ce genre de manières mais ça n'est pas déplaisant. «Si cela vous gêne, on peut se tutoyer.» Nouveau sourire de ma part, je me rapproche, pose l'une de mes mains sur le comptoir de la cuisine. « La vouvoiement a son charme, mais c'est comme vous voulez. Faites selon votre préférence. Selon la façon avec laquelle vous êtes le plus à l'aise. » Ouais, peut importe. Nous n'en somme qu'à la première semaine de jeu, alors j'comprends qu'il ne veuille pas être familier avec tout le monde. Nous pourrons aviser par la suite, si nous apprenons à nous connaître d'avantage encore. Voyant qu'il boit du vin, je lui en demande un verre également. J'ai toujours aimé les bonnes choses, la bonne cuisine et le vin en fait parti bien entendu. «Evidemment.» Il me sert un verre, nous trinquons. Et il me fait même l’honneur de se rappeler de mon prénom. «C'est Zoey, je crois. Orson.» Mes doigts agrippent le verre de vin que je porte ensuite à mes lèvres de façon lente et délicate. Un vin, ça ne se boit pas, ça se déguste. « Enchantée Orson et très bon choix. » dis-je en parlant du vin.« A votre accent, je dirai que vous venez de Liverpool. Je me trompe ?» il est plutôt fort le bonhomme. Deviner avec exactitude la ville d'où je viens, je suis impressionnée. Très impressionnée même. « Vous êtes très observateur, mais c'est exact, je viens de Liverpool. Et vous ? Manchester ? Londres ?» J'ai bien compris qu'il est anglais également mais je n'ai pas son talent, son exactitude pour trouver sa ville. « Que faites-vous dans la vie ? »