AKELA

J'avais allumé ma petite radio, branchée sur une chanson d'Ellie Goulding que j'avais glissé dans mon ipod peu de temps avant d'entrer dans le nid. C'était drôlement agréable de se laisser bercer au son d'une musique venue d'un autre temps, comme détachée de la réalité. Finalement, j'avais eu raison d'apporter tout pleins de choses, et notamment cette petite radio qui pouvait émettre mes musiques de mon iPod. Il était tard, et il était fort probable que la plupart du nid soit déjà complètement plongé dans le noir, se laissant bercer par les douces poussières que le marchand de sable avait du déposer. Moi, je n'étais pas vraiment fatigué. Habitué à travailler jusque tard la nuit, mon rythme ne s'était pas encore totalement casé sur celui des autres habitants, à tord peut-être puisque j'avais du coup tendance à repousser l'heure de mon éveil, mais ce n'était pas bien grave au fond. J'arrivais tout de même à participer à la vie du château. Et puis au moins, cela me permettait d'échapper aux douches communes, n'étant pas forcément habitué à devoir me déshabiller devant n'importe qui. Même si mon corps n'avait rien de repoussant, je m'étais toujours dit qu'il n'avait non plus rien d'exceptionnel, et que je ne serais que d'autant moins attirant si je venais à retirer mes vêtements. Alors, de base, j'avais évité le passage à la douche ou à la piscine lorsque d'autres personnes étaient proches. Si bien que personne ici ne m'avait vu dévêtu. Oui, j'avais toujours eu plus ou moins du mal à assumer mon physique, et il ne fallait pas beaucoup de temps pour que n'importe qui remarque que j'étais loin d'être un garçon qui avait confiance en lui. Non, c'était même tout à fait le contraire. Alors, vêtu d'un tee shirt et d'un short de bain, j'avais un instant regardé la surface de l'eau, presque tenté d'aller y plonger lorsqu'une présence derrière moi attira mon attention. Me retournant, il s'agissait là d'Akela, mon pas si nouveau partenaire de couchette. « Oh, je croyais que tu dormais... » du moins, il était couché lorsque j'avais quitté la chambre. Mais de toute évidence ce n'était maintenant plus le cas. « Tu devrais tester la piscine, elle est super bonne, apparemment... » oui parce qu'au final, je n'y avais encore jamais mis les pieds.

J'avais un mal fou à m'endormir depuis que j'étais ici. Et pourtant c'était pas faute que la literie soit bonne, et que Camille se révèle moins remuant que je ne l'avais craint au début. Mais je crois que mes journées ne me fatiguaient juste pas assez, faut dire que j'étais du genre speed et limite inépuisable, il fallait plus qu'un peu de natation et une promenade dans le parc pour venir à bout de moi ; Et puis depuis toujours j'avais eu l'habitude de m'endormir avec le bruit de la mer. Cela pouvait paraître stupide, mais j'en avais du coup presque besoin pour dormir maintenant, et en être privé rendait difficile ma recherche de sommeil. Ça faisait donc déjà un bon moment que je fixais le plafond, mes yeux irrémédiablement ouverts, quand j'avais entendu Camille farfouiller dans ses affaires dans le noir, avant de repartir aussi vite qu'il était arrivé. Je devais bien avouer que j'étais surpris, d'ailleurs, parce qu'à le regarder la première fois je m'imaginais aisément un garçon qui se couchait limite avec les poules, comme les enfants, et en fin de compte j'étais quasiment tout le temps couché avant lui. Croisant mes mains derrière ma nuque j'étais encore resté plusieurs minutes sans bouger, avant de me relever en donnant rageusement un coup dans mon oreiller ; J'allais pas réussir à dormir, pas à moins de trouver de quoi me détendre. Et je savais très bien de quoi j'avais besoin. Passant par le dressing j'avais récupéré mon short de bain, pas encore tout à fait sec, et passé un tee-shirt recouvrant la partie supérieure du bandeau tatoué sur mon bras gauche. J'avais pas pris la peine de mettre des chaussures, de toute façon je passais les trois quart de mon temps pieds nus, et attrapant ma serviette de bain j'étais descendu. Je m'attendais assurément pas à retrouver Camille une fois arrivé devant la piscine, à vrai dire je me souvenais pas de l'avoir une seule fois vu traîner dans les parages jusqu'à présent, et je passais pourtant un temps presque déraisonnable autour de ce bassin. « Oh, je croyais que tu dormais ... » m'avait-il d'ailleurs lancé en m'entendant arriver et se retournant vers moi. Si seulement, avais-je eu presque envie de répondre, mais me contentant simplement d'un « J'me suis dit que quelques longueurs avant de dormir ne pourraient pas me faire de mal. » De toute façon, nager ça ne faisait jamais de mal, pas dans mon cas en tout cas. Franchement, je pense que si on m'avait demandé mon avis j'aurais passé ma vie dans l'eau sans jamais en sortir. D'ailleurs gamin, mes parents étaient souvent obligés de me traîner hors de l'eau. « Tu devrais tester la piscine, elle est super bonne, apparemment ... » m'avait alors suggéré Camille sans toutefois sembler totalement sûr de lui. Déposant ma serviette de bain dans un coin, j'avais regardé l'eau un court instant avant que mes yeux ne se posent de nouveau sur le jeune homme « Apparemment, oui. Tu l'as pas encore testée pour te faire ta propre opinion ? » Machinalement j'avais laisser un de mes pieds glisser à la surface de l'eau, y trempant un orteil ou deux bien que sachant déjà très bien que oui, l'eau était bonne. « On se met à l'eau ? » avais-je enfin demandé, comme si j'attendais sagement qu'il prenne je ne savais quelle décision cruciale avant de retirer mon tee-shirt et de plonger jusqu'à l'autre extrémité du bassin.

Lorsque j'y repensais, il était vrai que jusque là, personne ne m'avait fait aucune réflexion quant au fait de ne jamais m'avoir vu ne serait que torse nu. Il faut dire que nous avions été coupé en deux pendant une semaine, et que les interactions avaient donc été réduites, mais tout de même, j'avais trouvé cela plus qu'étrange. Bien que totalement rassurant puisque je me voyais mal expliquer le pourquoi je ne souhaitais pas me retrouver torse nu devant n'importe quoi, hm. Le pire étant que celui qui en viendrait à écouter mes justifications aurait bien vite fait de me rire au nez, d'ailleurs, donc bon, j'allais probablement pas expliquer à quiconque ce que je pensais de tout ça, ou même comment je le sentais. Du coup j'avais été tout de même surpris de voir Akela se pointer ici. Parce que quand j'étais allé chercher mon maillot de bain, je l'avais vu allongé. En général, j'avais tendance à me coucher bien après les autres, j'étais probablement une sorte de vampire arriéré en fait. Mais bon, ça il fallait pas le dire, c'était mon petit secret. « J'me suis dit que quelques longueurs avant de dormir ne pourraient pas me faire de mal. » oui, il n'avait pas tord. Apparemment, il n'avait pas réussi à trouver le sommeil, ce que je ne pouvais clairement pas lui reprocher puisque j'avais moi même bien du mal à m'endormir aussi tôt que le reste des candidats. Mais bon, c'était pas très grave à la limite. La seule chose qui allait être dérangeante dans l'histoire, c'est que je ne pourrai pas me baigner tant qu'il sera dans les parages. Enfin, si, techniquement, je pourrais, sauf que je ne sais pas si j'étais réellement capable de le faire. Enfin, c'est que c'était mon partenaire, et quelque part, je voulais le rendre fier je crois. Et ce n'était clairement pas en exhibant mon torse que j'allais pouvoir le faire. Mais lorsque l'on y repensait, un candidat qui se baignait avec son tee shirt, c'était pas très glorifiant non plus aux yeux des téléspectateurs... ou -tatrices. Du coup, je lui avais signifié que la piscine était bonne, en l'observant de mes yeux azurés, tenter d'en mesurer la température à l'aide de son pied. « Apparemment, oui. Tu l'as pas encore testée pour te faire ta propre opinion ? » grimaçant, je m'apprêtais à répondre lorsqu'il ajouta « On se met à l'eau ? » devant tout rouge, à nouveau, je reculais d'un pas, machinalement tout en balbutinant « Euh... bah... c'est que... » non mais il allait me trouver stupide alors je ferais probablement mieux de pas lui dire ce que je pensais au final. Sauf que voilà, j'allais pas non plus lui mentir, c'était mon partenaire, alors si on commençait comme ça, on n'irait pas bien loin. Et puis je m'en voudrais trop, me connaissant. « C'est que j'ose pas trop me... enfin... me déshabiller devant les caméras... et devant toi... » annonçais-je alors d'une voix presque inaudible tout en baissant la tête, histoire de ne pas croiser son regard. « Désolé... t'es pas tombé sur le partenaire le plus facile à vivre. » je ne comprenais même pas pourquoi Cupidon nous avait mis ensemble, au final, il allait sacrément s'ennuyer avec moi. J'étais pas bien intéressant comme garçon. Et en plus j'étais super complexé et avais développé un syndrome d'infériorité, alors franchement, il était pas sorti de l'auberge, et moi, encore moins...

J'avais pas encore vraiment eu l'occasion de discuter avec Camille, ce qui était assez paradoxal étant donné que nous passions plusieurs heures par jour - ou plutôt par nuit - l'un à côté de l'autre ... Mais bon justement, le but de la nuit c'était pas de discuter mais de dormir. Et avec tout ce qu'il parlait parfois la journée, j'étais certain qu'il lui fallait au moins ces quelques heures de sommeil pour reposer ses cordes vocales. D'autant plus qu'il n'en semblait pas certain au début mais je pouvais maintenant lui confirmer, il ne parlait pas dans son sommeil. Enfin bon, cela dit il était relativement tard, j'étais juste venu faire deux ou trois longueurs, comme lui de toute évidence ... Il avait peut-être pas envie de parler, et j'allais pas non plus le forcer. Du coup j'avais simplement proposé qu'on se mette à l'eau, puisque de toute évidence nous étions là pour ça tous les deux ; Enfin, du moins je croyais, mais à en juger par la réaction tout à coup fraîche de Camille j'avais soudain eu un doute. L'interrogeant du regard sur l'hésitation dont il semblait faire preuve, je l'avais écouté me répondre « Euh ... bah ... c'est que ... C'est que j'ose pas trop me ... enfin ... me déshabiller devant les caméras ... et devant toi ... » tout en baissant progressivement la tête pour fixer ses pieds et le faux parquet qui recouvrait le sol, tant et si bien que j'avais deviné la fin de phrase plus que je ne l'avais entendue. Si y'avait bien une chose que je pensais avoir compris du gamin - y'allait falloir que j'arrête de le considérer comme tel d'ailleurs, j'étais certain que s'il m'entendait penser il se vexerait, mais il devait avoir quoi, le même âge que Leilani plus ou moins ... et dans ma tête Leilani était toujours un peu un bébé, alors - c'était que je devais apprendre à réfléchir un peu avant de parler, histoire de ne rien dire qui pourrait le mettre mal à l'aise ou être mal interprété. J'avais peut-être cherché une réponse un peu trop longtemps cela dit puisqu'il avait fini par reprendre la parole « Désolé ... t'es pas tombé sur le partenaire le plus facile à vivre. » tout en finissant tout de même par relever les yeux vers moi. Alors qu'en fin de compte la seule chose que je pouvais peut-être lui reprocher c'était cette manie qu'il semblait avoir de s'excuser en permanence pour rien, comme s'il s'excusait simplement d'être là ; Et c'était même pas un reproche parce que ça m'agaçait, c'était plutôt un reproche à faire parce qu'il se compliquait sacrément la vie, et pour rien. « J'ai pas à me plaindre pour le moment, je trouve. » avais-je simplement répondu en lui adressant un sourire qui se voulait bienveillant. J'aimais pas vraiment les grandes gueules qui s'écoutaient parler, et y'en avait visiblement un paquet ici ; Franchement, je préférais mille fois avoir été mis avec quelqu'un comme Camille, même si j'avais l'impression que j'allais parfois avoir besoin d'un décodeur pour comprendre sa manière de fonctionner. Ou alors c'était juste une question d'habitude. Bref, pour en revenir au sujet « Et à moins que tu caches un troisième bras ou un second nombril sous ton tee-shirt, je vois pas ce qui t'arrêterai. En plus on est un peu taillés pareil, alors tu vois ... » Presque, du moins. Je faisais peut-être quoi, une dizaine de centimètres de plus que lui, mais niveau carrure y'avait pas de grande différence, j'étais pas ce qu'on appelle un tas de muscles, lui non plus à priori, voilà tout. M'asseyant finalement sur le rebord de la piscine, le bas de mes jambes trempant dans l'eau, j'avais fini par lui proposer une alternative « Mais si vraiment c'est un souci on peut aussi garder nos tee-shirt, y'a rien qui l'interdit. » Et bon moi je m'en fichais un peu, c'était pas vraiment dans mes habitudes mais si y'avait que ça pour que le gamin se sente un peu à l'aise je voulais bien faire un effort « Même si bon, je mettrai ma main au feu que certaines téléspectatrices, ou téléspectateurs, seront déçus. » avais-je ajouté en adressant un clin d’œil au jeune homme. Surtout que personnellement, j'avais pas besoin qu'il enlève son tee-shirt pour savoir qu'il était tout sauf désagréable à regarder, hm.

Il devait probablement déjà en avoir marre, parce que j'étais pas très commode comme partenaire. Non, j'étais pas celui sur qui l'on pouvait réellement se reposer, à vrai dire, j'avais même tendance à me reposer un peu trop sur les autres, du coup ça devait pas être trop pratique pour Akela. M'enfin, nous n'étions ensemble que depuis une poignée d'heures, alors peut-être ne s'était-il pas encore fait une idée sur la chose. C'était fort probable même, et même si je souhaitais au plus profond de moi lui laisser une bonne impression, j'avais tout de même encore un peu de mal à m'ouvrir totalement. A vrai dire, je ne savais même pas comment j'avais pu me retrouver aussi haut dans la popularité au sein du nid, puisque clairement, il y avait des candidats biens plus à l'aise ici que moi. Beaucoup même. Non pas que cela ne me plaisait pas d'être considéré comme quelqu'un de populaire, à vrai dire, c'était une chose qui se faisait surtout extrêmement rare dans ma vie extérieure, alors au final, ça ne pouvait que me faire du bien. Enfin, je crois. Du coup je lui avais dit que je n'aimais pas forcément de déshabiller devant les caméras, principalement parce que j'avais toujours été un peu trop pudique. Alors que nous voyions constamment des corps à moitié dénudé sur nos téléviseurs, et dans tous les autres médias possible, j'avais encore un peu de mal à me faire à l'idée que je passais moi même à l'écran, alors si je pouvais attendre un peu avant d'en venir à retirer mes vêtements, ce ne serait pas plus mal. « J'ai pas à me plaindre pour le moment, je trouve. » bon c'était déjà ça. Je préférais penser qu'il ne me trouvait pas gênant, oui, mais comme il ne m'avait jusqu'ici pas fait vraiment de reproche -et que je n'en avais pas à lui faire en retour- je supposais que cela pouvait peut-être marcher. A vrai dire, j'étais tout de même assez content de me retrouver avec lui, peut-être parce que de tous les candidats avec lesquels j'avais eu l'occasion de parler, il était de ceux avec qui le feeling était le mieux passé. Je ne savais d'ailleurs pas trop ce que ce mot... "feeling" voulait dire, en y repensant, je crois que c'est une histoire de courant. « Et à moins que tu caches un troisième bras ou un second nombril sous ton tee-shirt, je vois pas ce qui t'arrêterai. En plus on est un peu taillés pareil, alors tu vois ... » ah bah là j'étais pas d'accord, pour l'avoir déjà vu torse nu, il était déjà bien plus dessiné que moi. Enfin, je supposais que lui, il devait pas en avoir grand chose à faire de mon corps de toute façon. Mais c'était le principe même de se dénuder qui me gênait. « Mais si vraiment c'est un souci on peut aussi garder nos tee-shirt, y'a rien qui l'interdit. Même si bon, je mettrai ma main au feu que certaines téléspectatrices, ou téléspectateurs, seront déçus. » j'avais souris un instant à son clin d'oeil. Moi j'en étais pas forcément sûr, parce que genre, je me disais qu'ils seraient justement déçu en voyant. Mais je pensais bien souvent trop de toute façon, alors j'avais probablement tord. « Bon... » avais-je murmuré tout en l'observant une courte seconde avant de finalement retirer mon tee shirt. C'était pour les autres chose normale, mais pour moi il s'agissait là d'un grand pas en avant. Du coup je croise mes bras sur ma poitrine, histoire qu'ils n'en voient pas trop non plus quoi, avant de me glisser dans l'eau. Akela ne tarda d'ailleurs pas à en faire autant. Du coup, je me disais que là, maintenant, ils ne pourraient rien voir au final. A moins que... « Tu crois qu'il y a des caméras sous l'eau ? » j'aurais bien vérifié moi même, mais ouvrir les yeux sous l'eau me faisait extrêmement mal, étant plutôt fragile, alors j'allais éviter. « Oh et... désolé si c'est indiscret, mais lors du premier prime, vu que tu es entré juste avant moi, j'ai entendu un bout de ton profil... » peut-être n'allait-il pas vouloir parler de lui avec moi, mais je prenais quand même le risque. « Tu es marié, non ? Elle s'appelle comment ta femme, et vous vous êtes rencontrés où ? » parce que moi, j'aimais ce genre d'histoire. Et bien que cela ne me dérangeait pas de le savoir en couple, je trouvais tout de même cela curieux de venir seul dans ce genre d'aventure, alors que sa partenaire l'attendait à l'extérieur.

Pendant un moment j'en avais presque été à me dire que peut-être il ne savait tout simplement pas nager. Non, sérieusement je l'avais envisagé, et vu le temps que je passais moi à faire trempette dans cette piscine j'aurais aisément pu comprendre qu'il y réfléchisse à deux fois et préfère inventer une excuse plutôt que de me dire la vérité. Pas que je me serais permis de faire une réflexion cela dit, je donnais peut-être l'impression de parler sans jamais réfléchir mis c'était ce que c'était, une impression. Après je m'étais aussi dit que s'il n'avait pas su nager y'avait peu de chances qu'il décide de venir traîner autour de la piscine du coup, ça aurait été inutile en plus d'être limite dangereux. Retour donc à la théorie qu'il avait lui-même avancé, il n'avait juste pas envie de retirer son tee-shirt ... Bon, j'allais pas le forcer non plus, d'ailleurs j'avais même fini par lui proposer de se baigner avec, tout simplement, mais après quelques secondes de lente hésitation et un « Bon ... » visant de toute évidence à rassembler son courage, il s'était enfin décidé à le retirer, ce tee-shirt. Le suivant simplement des yeux tandis qu'il se rapprochait de l'eau je n'avais pas fait de commentaire, me contentant d'un sourire encourageant tandis que retirant à mon tour mon tee-shirt je me laissais finalement glisser entièrement dans l'eau. J'avais frissonné un instant, pas que l'eau soit spécialement froide mais je sortais à peine de mon lit, alors forcément. « Tu crois qu'il y a des caméras sous l'eau ? » m'avait alors demandé Camille, en fixant le fond de la piscine d'un air presque suspicieux. A vrai dire je n'en savais rien, je ne m'étais pas vraiment posé la question mais je voyais pas trop l'intérêt ... enfin bon, j'étais pas dans le crâne de ceux qui avaient construit la piscine non plus « Je ne s... non, je pense pas. Tu peux te baigner tranquille. » C'était pas tout à fait un mensonge, mais j'avais le sentiment que Camille préférait sans doute entendre ça plutôt qu'un peut-être ou un je ne sais pas. Mettant un instant ma tête sous l'eau, laissant le silence aquatique m'envelopper avant de remonter à la surface, j'avais passé une main dans mes cheveux pour les remettre en arrière, avant de reposer mon regard sur Camille. « Oh et ... désolé si c'est indiscret, mais lors du premier prime, vu que tu es entré juste avant moi, j'ai entendu un bout de ton profil ... » Appuyant mes bras contre le rebord de la piscine, mon menton posé sur mon avant-bras, j'avais fait un léger signe de tête à Camille comme pour lui assurer que je l'écoutais et qu'il pouvait terminer sa question, ou quoi que ce soit d'autre qu'il venait d'entamer. « Tu es marié, non ? Elle s'appelle comment ta femme, et vous vous êtes rencontrés où ? » Un sourire au demeurant amusé s'était étiré sur mon visage. Parce que pas besoin de préciser que c'était pas la première fois que j'entendais cette question, ou du moins sa formulation. J'avais en tout cas considéré un instant sa première question avant de décider comment y répondre « Est-ce que je, hm ... on peut dire ça, oui. » Du moins, c'était plus facile de répondre oui - ce qui se rapprochait somme toute de la vérité - que de me lancer dans des explications qui n'avaient aucun intérêt et n'étaient pas vraiment le sujet. Parce que ce que voulait Camille au fond, c'était juste un oui ou un non à sa question. Et en ce qui concernait ma "femme" hm ... « Et elle s'appelle Benjamin, enfin, il. Mais je te rassure tu es pas le premier à te faire avoir, et tu seras sans doute pas le dernier. » Le changement d'air sur son visage m'avait fait rire un instant, avant que je ne réalise que j'avais laissé de côté sa dernière question « On s'est rencontrés dans un bar, aussi cliché que cela puisse paraître. » Je préférais garder pour moi en revanche les circonstances assez ... particulières de cette rencontre. Pas que ce soit un secret, mais y'avait certains trucs dont je préférais éviter de parler, pour l'instant. Au lieu de ça j'avais demandé à mon tour en souriant toujours « Et toi, une copine, ou une fiancée, ou ... quel âge tu as, d'ailleurs ? » Disons que comme dans ma tête c'était un gamin, j'avais un peu du mal à l'imaginer fiancé, mais bon on ne savait jamais cela dit, j'étais pas le genre à porter de jugement de toute façon.