Bon au bout de quelques jours de jeu il faut peut-être que je commence à ranger mes affaires. Non parce que c'est un peu le bordel dans ma valise à force d'y piocher des fringues au pif, comme ça, en les remettant parfois dans mon sac en boule comme si c'était de la merde. Bref. Il est temps de mettre de l'ordre dans mon bazar. Je prends donc toutes mes petites affaires et je les emmène dans le dressing. Les autres ont presque déjà rangé l'intégralité de leur bordel personnels. Je suis souvent, non en fait toujours, la dernière à faire les qu'il faut quand il le faut. Enfin, mieux vaut tard que jamais, n'est-ce pas ? Donc bon, je me presse pas non plus, je crois pas qu'il y ait le feu, quoi qu'avec toutes ses plantes de crotte il prendrait vite ici, même si ce sont pas forcément toutes des vraies. De toute façon, tout brûle, ou presque, à des degrés pour ou moins importants, mais il n'empêche que tout prend feu. Donc si un jour un con oublie une cigarette, j'en serais capable, hein, je m'inclus dans le lot, et que la cigarette arrive à mettre le feu à ne serait-ce qu'une petite parcelle du château, on risque tous de vite y passer. Ah, c'est des vicieuses les cigarettes. En fait j'ai pas le temps de continuer à penser tout en essayant de plier une chemise trop moche, je sais même pas pourquoi je l'ai prise. Une fille, ou plusieurs, mais j'en vois qu'une qui fait que passer et repasser dans le dressing. Elle doit soit ranger, soit chercher des trucs. Enfin, je m'en fous. Ou pas. Elle a pas forcément fait gaffe mais elle a poussé mon précieux popotin. Coucou, toi avec ton nez trop fin et pointu pour être vrai, ça me stresse ce que tu fais, là, tes aller-retours, alors t'arrêtes où je te fourre la tête dans le panier de linges sales. Voilà, elle est prévenue. Je la fixe du regard. Je suis sûr qu'elle veut pas finir la tête dans le linge sale, surtout pas celui de ces messieurs.

Je crois que je vais bientôt aller faire un tour à la laverie, enfin au cellier, là où ils gardent la machine à laver. J'ai encore tout un tas de vêtements, je ne manque pas de sous-vêtements non plus, éventuellement j'aurais peut être besoin d'un maillot propre, ils ne sont pas sales en théorie puisque je me suis lavée avec mais j'en sais rien, je crois que je me sentirais mieux avec un maillot propre. Je ne suis pas super à l'aise avec ces maillots mais ce n'est même pas une option envisageable de me laver nue. Plutôt mourir. Non. Le problème réside plutôt dans le fait que je n'ai pas beaucoup de vêtements potables à me mettre et que je fais beaucoup plus de sport que j'aurais pu le penser. Alors entre mes t-shirt de sports et mes t-shirt de journée on va dire, je n'ai plus tellement de choses à me mettre. Pour vérifier j'ai décidé d'aller faire un peu de tri, trier ce que je peux mettre en prenant un peu sur moi et ce que je ne peux pas du tout envisager de porter. Il me fait aussi un tas avec les tenues de primes je crois. Ce sera encore pire du coup. Alors il est vrai que je fais des allers retours entre mon casier et la petite banquette pour les étaler et même que ça prend un peu de place mais il y a juste une fille. Betty si mes souvenirs sont bons. Oui, on s'est rencontrés lors de notre réunion secrète. Enfin peu importe, je ne prête pas la moindre attention à la candidate parce que je suis occupée et qu'elle l'est également, je ne suis pas du tout intrusive, sauf qu'elle s'adresse à moi. Coucou, toi avec ton nez trop fin et pointu pour être vrai, ça me stresse ce que tu fais, là, tes aller-retours, alors t'arrêtes où je te fourre la tête dans le panier de linges sales. Je soupire. Non mais ils se sont passés le mot pour mon nez ou quoi ? « Bonjour à toi aussi, je t'aurais volontiers préparé une camomille pour apaiser ton stress mais vois-tu on a pas encore accès à la cuisine, mais si tu patientes une petite heure je serais ravie de te l'apporter, en attendant tu m'excuseras mais j'ai du rangement à faire. Comme toi d'ailleurs....   » Je souris même tiens, je ne suis ni méprisante, ni énervée, ma voix se veut très calme, bon peut être que j'suis un peu sarcastique mais ce n'est qu'un détail. D'ailleurs je reprends mon tri comme si elle n'avait pas parlé. Je m'en fiche de la stresser à vrai dire. Elle a qu'à faire son rangement et ne plus s'occuper de mes allers-retours comme elle le dit si bien.  

Non mais elle me sourit. J'ai l'air de plaisanter ? Non, je crois pas, alors pourquoi elle sourit ? Elle me perturbe vraiment avec ses allers et venues et son nez bizarroïde et son sourire alors que je la menace d'un plongeon dans du linge Dégoûtant. Moi ça me ferait passer l'envie de sourire. En plus elle me parle de Camomille. Cette fille est bizarre, on est d'accord, hein ? J'ai une tête à boire des infusions ? Que je lui lance alors qu'elle est sur le point de retourner à ses petites affaires bien stressantes. On est pas chez mémé ici, ta tisane tu la gardes pour la maison de retraire, t'es gentille. Non mais ça va quoi, je suis pas encore assez vieille pour ne me détendre qu'en buvant de l'eau avec des feuilles qui flottent et se battent en duel dedans. Je lui lance un regard trop interrogateur, je sais vraiment pas quoi en penser de celle-là. C'est surement un spécimen aussi intéressant que moi, mais je crois qu'on est un peu les opposées l'une de l'autre. Enfin j'ai l'impression quoi. Mamie camomille, voilà comme je vais la surnommer celle-la, j'ai pas la moindre envie de savoir son prénom, et encore moins de le retenir s'il lui venait l'envie de me le dire. Ouais, j'ai du rangement à faire, c'est vrai. Enfin, il y a plein de fringues partout et je crois que tout n'est pas à moi. Hey, miss camomille, c'est à toi ce truc ? Que je lui demande en désignant un bout de tissu à poids qui ne m'appartient certainement pas. Si elle commence à semer ses affaires et à les mélanger aux miennes, ça promet.

J'ai toujours eu du mal à comprendre les gens qui font la tête comme ça sans la moindre raison. Je ne suis pas la jeune femme la plus souriante mais quand même, elle a l'air d'être encore plus "en colère" que je souris. Je ne vais pas faire la tête parce qu'elle me lance des pseudos menaces pour que j'arrête de faire ce que je fais. Si ça ne lui convient pas, elle peut toujours partir. Je suis entrain de trier mes vêtements je ne vais pas m'arrêter pour ses beaux yeux dont je n'ai même pas regardé la couleur à vrai dire. Je ne l'aurais pas remarqué si elle n'avait pas ouvert la bouche. Et comme elle a l'air stressée je lui propose gentiment de se calmer comme il se doit, avec de la camomille, mais bizarrement elle ne semble pas du tout apprécier l'idée. J'ai une tête à boire des infusions ? Non pas vraiment mais je hausse les épaules. « Tu devrais, tu as l'air stressée, c'est mauvais pour ta santé.  » Que je réponds de ma voix aussi calme, toujours imperturbable. Ce n'est pas une jeune femme stressée qui va perturber mon propre calme. On est pas chez mémé ici, ta tisane tu la gardes pour la maison de retraire, t'es gentille. Elle ne sait pas ce qu'elle perd mais bon c'est comme elle veut, de toute façon on a pas accès à la cuisine alors bon, d'un côté je ne pourrais pas grand chose pour elle avant une heure. D'ailleurs je me demande bien ce qu'elle fait pour se détendre habituellement. En tout cas j'ai des choses à faire donc je continue de les faire sans vraiment me préoccuper d'elle, qu'elle s'énerve si elle a envie après tout, c'est son visage à elle qui sera tout ridé et c'est son estomac qui aura des crampes pas le mien. Je suis tranquillement entrain de trier mes tas de linge parfaitement rangé lorsqu'elle s'adresse à moi à nouveau. Hey, miss camomille, c'est à toi ce truc ? Ainsi donc c'est de cette manière qu'elle s'adresse à moi, franchement y'a pire. Je regarde le truc, hum non, non définitivement pas à moi. « Nope absolument pas. Et c'est India mon prénom, c'est presque pareil je te l'accorde.   » Ouais, à quelque chose près, enfin peu importe, non mais vraiment, elle me fait de la peine à être à fleure de peau comme ça. « Et tu ne veux pas que je te fasse couler un bain ? Ou c'est aussi pour les mamies ?   » Oh j'en sais rien je demande après tout avec elle tout semble prendre un autre sens.

Je sais que je suis pas la fille la plus gentille et la plus calme du monde, non, je suis plutôt aigri et stressé particulièrement quand je fais du rangement ou du ménage, parce que vous voyez ça m'arrive pas souvent comparé à des choses que je fais tous les jours. Alors forcément quand une nana passe et repasse derrière moi ça me saoule vite. En plus elle me propose une camomille, elle croit vraiment que je suis le genre de nana à en boire ? Non, hein, je suis pas du genre mamie avant l'heure, moi. Elle me dit que je devrais tester, qu'être stressé c'est mauvais pour la santé, patati, patata. Je sais me détendre autrement, merci ma grande, c'est gentil de t'inquiéter pour moi. Ou pas, j'aime pas tellement qu'on se préoccupe de moi, en fait. Je fais mon bonhomme de chemin et ma santé va très bien. Non, en fait, ça va pas si bien que ça parce que je bois, je fume, et pas que des cigarettes, enfin vous voyez le genre donc non, la santé ça va pas. Je suis certaine que dans une future proche on risque de me diagnostiquer une merde, mais disons que je tiens encore debout pour l'instant alors je tiens à en profiter, hein. Je me mettrais au tisane quand la cigarette me sera interdite, enfin non, je fumerais toujours, même si je dois le faire en cachette parce que c'est la seule chose, avec le sexe, qui me détend vraiment. Bon, et puis miss camomille repart à son rangement avant que je l'interpelle de nouveau, pour tout autre chose cette fois. Elle me dit que le truc que je lui montre n'est pas à elle et elle en profite pour me préciser son prénom. India. J'm'en souviendrais pas de toute façon et puis miss camomille ça lui va mieux. J'hausse les épaules. Bon, bah si c'est ni à toi, ni à moi, je le garde. Je sais pas encore ce que je vais en faire mais je trouverais bien une utilité à ce truc-machin. Ah bah désolé pour le propriétaire, mais vu la gueule de ce truc il a un peu dû faire exprès de le laisser, donc je peux le prendre. Trouver c'est pas voler, n'est-ce pas ? Donc je le fourre dans mes affaires, au pire si c'était à quelqu'un il viendra le réclamer et voilà. Miss camomille me demande alors si je veux pas qu'elle me fasse couler un bain. Tous le monde prend des bains, les mamies et les autres gens aussi. Je hoche la tête comme si c'était une évidence. J'aurais bien dis oui, mais je dois finir de ranger, si je m'arrête maintenant j'aurais jamais le courage de finir. Oui, ça c'est la réponse sobre et raisonnable, vous voyez, sans allusions ni rien. Sauf que je suis pas quelqu'un de sobre et raisonnable. Enfin, tout dépend si tu comptes venir avec moi ou non. Oui, on peut me penser légèrement lunatique, surtout que cinq minutes auparavant je l'agressais, et je critiquais son nez, mais bon elle est pas mal, alors si elle vient dans le bain avec moi je dirais pas non. Enfin, je pense pas qu'elle soit lesbienne, à mon grand malheur. Je la regarde avec un sourire en coin et un regard qui veut tout dire.