WENESDAY, 10:15AM
ONE OF THESE MORNINGS
starring orson & ivan

Le mois de septembre s'acheva. Adieu beau temps. Bonjour pluie et ciel nuageux. Ce n'était pas le cas, ce matin. Le soleil tapait. Un climat quasi estival pour un début d'octobre. Il savait que cela n'allait pas durer car dès lendemain, retour des nuages et du mauvais temps de surcroît. Après avoir passé la matinée à ranger ses affaires, il décida de faire un peu de linge. Chose qu'il ne faisait jamais en semaine car il n'avait pas le temps. Il emmenait ses vêtements sales directement au pressing ou plutôt son assistante qui s'en chargeait. Parfois le week-end, il descendait à la laverie du coin. Il regardait passer le temps, défiler les jours, il se mettait au soleil, quand il y en avait, il ne savait pas ce qu'il ferait le lendemain. Et s'il lui veinait une passion, il avait le temps de s'en occuper. Tout le monde devrait avoir droit à ça. Son passe-temps favori, c'était laisser passer le temps, avoir du temps, prendre du temps, perdre son temps, vivre à contre-temps. Tel était son credo. C'est le panier rempli de vêtements qu'il entra dans le cellier, partie machine à laver, les écouteurs vissés aux oreilles. Il commença à la trier par couleur, etc. Une fois le tri effectué, il fourgua le tout à l'intérieur dans la machine. Il la mit en marche et patienta sur un banc dans le coin. Sur la route, il avait ramassé un t-shirt qui ne lui appartenait pas. Il se leva du bac quand un candidat fit son entrée. Il lui sourit et retira un de ses écouteurs. - Ce ne serait pas à toi, par hasard ?, qu'il lui dit en lui montrant le haut qu'il avait récupéré parterre. Ce n'était pas le genre de t-shirt que l'anglais avait dans sa garde-robe. Il ne pouvait que supposer que cela appartenait à lui ou à un autre.  

Tu n’avais pas toute ta tête, qu’on te disait souvent. Et tu persistais depuis tout ce temps à croire que c’était faux. Pourtant alors que tu rentrais du cellier et que tu t’étais mis à trier toutes tes affaires afin de prendre le nécessaire pour t’habiller après ta douche, il y a quelque chose qui te manque. Ton t-shirt blanc, tu voulais mettre ton t-shirt. Mais il n’était pas là. T’étais convaincu de l’avoir lavé dans la matinée même pourtant. Mais alors pourquoi il n’y était pas ? Bon sang. Tu cherches un peu partout, dans ton armoire, dans ta valise, sous ton lit, par terre. Rien, rien du tout. Puis finalement t’as l’idée de faire marche arrière. T’as dû l’oublier ou le faire tomber sur le chemin du retour. Donc tu te diriges vers le cellier dans l’espoir de retrouver ce qu’on t’avait arraché. Enfin arracher, c’était un bien grand mot. Une fois la porte ouverte, tu retrouves ton petit trésor. - Ce ne serait pas à toi, par hasard ? T’as un sourire de débile jusqu’aux oreilles. Ce que t’étais content de le retrouver, ton haut. C’était débile, ce n’était qu’un t-shirt. « Oui, c’est le mien ! » que tu dis tout heureux en t’approchant de lui pour le prendre. « Merci merci merci, tu viens de sauver un homme ! » Tu n’exagérais pas du tout, non… Non mais là, c’était la fête dans ta tête.

Faire le linge n'était pas réellement une corvée pour lui. Il y prenait un certain plaisir parfois. Cela l'occupait et en même temps, cela lui permettait de se sentir comme Monsieur-tout-le-monde car dans la vraie vie, tous ses vêtements partaient systématiquement au pressing. Il en avait les moyens. Mais cela n'avait pas été toujours ainsi. Etudiant, il était réellement fauché. Son père lui avait coupé les vivres suite à son départ pour Paris. Il avait du apprendre à utiliser le lave-linge malgré lui. Il savait encore l'utiliser. Encore heureux. En attendant la fin du lavage, il patientait dans son coin en écoutant un peu de musique. Il avait ramassé un-tshirt quand un candidat entra dans la pièce. Ce t-shirt lui appartenait peut-être. Il le lui montra. Oui, c'était le sien. Il le remercia comme si il venait de lui sauver la vie. - A ce point-là ?, qu'il lui demanda, amusé. Il n'avait jamais vu quelqu'un aussi heureux quand il récupérait un objet. Enfin, il comprenait parce que le t-shirt avait sans doute une valeur sentimentale à ses yeux. Il ne pouvait pas le blâmer pour ça. Il ne trouvait pas cela non plus ridicule, mais il n'en restait pas moins surpris. - Ravi de t'avoir rendu service alors. Il lui sourit franchement avant de ranger ses oreillettes et son Ipod dans sa poche. Il l'avait croisé à maintes reprises, la semaine dernière sans pour autant lui parler réellement. Il avait l'air du genre discret. Cela changeait un peu des phénomènes de foire qu'il y avait dans ce château. C'était plutôt reposant à vrai dire. Autant faire les présentations maintenant. - Moi, c'est Orson., dit-il en s'avançant vers lui et lui tendit sa main pour qu'il la serre, en guise de salutation. A son accent, il savait qu'il avait affaire à un compatriote. Finalement, il y avait plus d'anglais qu'il ne le pensait dans ce château.

T’étais quelqu’un de naturellement joyeux, alors à la base t’es déjà plutôt souriant, bien que timide. Mais là, quand tu vois que ce candidat a trouvé ton t-shirt, ton sourire s’agrandit encore plus. Certes, ce n’était qu’un t-shirt, mais ça restait ton t-shirt. Et t’aurais été drôlement embêté si tu l’avais définitivement perdu. Tu n’avais pas la masse de vêtements non plus, il fallait le dire. T’aimais pas trop faire du shopping ou quoi, alors tu te contentais du strict minimum. - A ce point-là ? Tu hoches la tête, oh que oui, à ce point-là. Bon, il doit vraiment te prendre pour un attardé d’être aussi heureux à cause d’un simple t-shirt. Ce n’était pas de ta faute après tout. Et puis ce n’est pas trop grave qu’il te prenne pour un fou, t’as trouvé ton t-shirt, c’était le plus important. « J’ai pas ramené toute mon armoire avec moi » expliques-tu, en plus de ne pas avoir énormément de vêtements, tu n’avais pas tout ramené, c’était vraiment très malin de ta part. « Donc tu m’as en quelque sorte sauvé la vie. » que tu dis dans un sourire amusé. Et bien oui, carrément. Il faisait froid, tu ne voulais pas te promener sans vêtements sur toi. Tu pourrais attraper un rhume. Et il y avait des gens qui mourraient d’un rhume. Donc oui, théoriquement, il t’avait sauvé la vie. - Ravi de t'avoir rendu service alors. Il a l’air gentil, alors du coup ça te fait sourire. T’aimes bien les gens gentils, toi. C’est mieux que les gens tout le temps méchant et qui se plaignent tout le temps. « Merci beaucoup, encore une fois ! » Pour lui être reconnaissant, tu lui étais reconnaissant. - Moi, c'est Orson Tu lui sers la main avec un sourire plutôt sincère. Tous tes sourires sont sincères en fait. « Ivan » Ca faisait presque deux semaines que vous étiez ici, mais tu n’avais pas eu l’occasion de parler avec tout le monde, et donc de prendre connaissance de leur prénom. Et tu supposais que c’était la même chose pour lui, à moins qu’il ait une énorme mémoire. « Tu viens d’Angleterre ? » Son accent, c’était ce qui te disait ça. Mais après tout, peut-être que tu te trompais.