J'avais faim. Je m'en foutais bien qu'il soit onze heures du soir passées, j'avais faim et mon estomac avait toujours le dessus sur ma volonté de toute façon ... Voilà comment je m'étais retrouvé à piocher dans un paquet de fraises tagada au beau milieu de la cuisine ; Parce que c'est vrai que c'était hyper nourrissant ce que proposait ce bon vieux Haribo, hm. Mais j'avais autant la flemme de cuisiner que j'avais faim, et je n'avais rien trouvé d'entamé qui m'inspire un tant soit peu au frigo. Il était un peu tard pour me lancer dans la préparation d'un vrai repas de toute façon. Quoi que ... Quittant le coin de fenêtre à côté duquel je m'étais assis, j'avais fouillé dans les placards avant de trouver ce que je cherchais : des pâtes. Des coquillettes pour être parfaitement précis, parce que oui cela changeait absolument tout. Y'avait pas d'heure pour faire des pâtes, c'était le truc de base à se faire quand on avait faim, à toute heure du jour ou de la nuit, et c'est dans cette optique que j'avais mis à bouillir une casserole d'eau sur la plaque de gaz. Mon paquet de coquillettes à la main j'avais tiré une chaise jusqu'à moi et m'étais assis en attendant patiemment que l'eau frémisse. Je mangeais vraiment n'importe quoi, n'importe quand, et n'importe comment depuis que j'étais ici ... Heureusement que j'avais pas trouvé grand chose d'autre que le sport pour occuper la majeure partie de mes journées. Lorsqu'enfin j'avais pu balancer mes pâtes dans l'eau, j'avais profité du temps de cuisson pour partir à la recherche du ketchup, qui bien évidemment ne se trouvait pas à sa place habituelle au frigo ... Non, c'eut été trop facile, forcément. Mais je me demandais quand même bien qui avait eu l'idée de génie de le ranger dans le même placard que les boites de conserves, surtout que c'était l'un des endroits où j'avais vérifié en dernier, du coup. Malheureusement pour moi - ou pour les coquillettes, difficile de savoir avec certitude - le temps que j'avais passé à chercher le ketchup je ne l'avais pas passé à surveiller la cuisson des pâtes, et ... c'était un véritable carnage. Une purée de pâtes ramollies collée au fond de la casserole, voilà ce que j'avais gagné. Rageusement, j'avais vidé l'eau dans l'évier avant de déposer la casserole encore pleine au fond ; De toute façon elle était encore brûlante, alors pas la peine d'espérer de moi que je me mette à frotter ce soir pour la nettoyer. Entendant alors des bruits de pas pénétrer dans la cuisine je m'étais retourné, me retrouvant nez-à-nez avec ... Bon, je ne savais plus vraiment son prénom, je devais bien l'avouer? Ça terminait en A me semblait-il, mais pour ce que ça m'avançait. Ce n'était pas India, pas Nicola non plus, pas plus que ce n'était Tonya ... Dora, Loana ? Non, je doutais aussi que ce soit ça, hm.

J'étais pourtant pas une catastrophe en cuisine, en temps normal. J'étais pas un roi des fourneaux mais je savais me faire à manger correctement, et j'étais même assez dégourdi pour ne pas me nourrir uniquement de pâtes, de riz ou de frites. Mais ça, c'était sans doute parce que durant mes années de sportif professionnel fallait que je fasse attention à ce que je mangeais, forcément ... Du coup c'était resté. Mais bon, fallait avouer que je me nourrissais essentiellement de fruits et de légumes, et c'était pas non plus ce qu'il y avait de plus difficile à préparer ; Et pour le reste, c'était généralement Benjamin qui s'en chargeait. Lui aimait cuisiner, moi je le faisais surtout par nécessité ... Mais j'avais encore jamais fait brûler des pâtes, promis juré. C'était d'ailleurs ce que je m'apprêtais à assurer à celle qui m'avait rejoint dans la cuisine, en me regardant d'un air suspicieux. Mais plus rapide que moi elle avait demandé « Devrais-je douter de tes talents culinaires ? » et je n'avais pas eu d'autre choix que de secouer la tête à la négative, en me demandant bien comment j'étais supposé lui faire croire que non, quand derrière moi se tenait le cadavre du repas que j'avais tenté de préparer. Tout ça pour une stupide bouteille de ketchup. « J'me débrouille, d'habitude. C'est pas des histoires. » Je me débrouillais pour faire une vinaigrette, couper des légumes en dés, ou faire griller de la viande au barbecue, quoi ... Et franchement, je pouvais très bien me nourrir de ça toute l'année sans souci moi, aç ne me gênait pas, et il faisait assez beau pour faire du barbecue à toutes les saisons, c'était un des avantages à vivre dans les îles du Pacifique. « Puis-je t’offrir mon aide ? » avait-elle tout de même fini par me demander. Je devrais vraiment lui faire pitié en fait, pour qu'elle se propose de m'aider à faire à bouffer à une heure pareille, à sa place j'aurais surtout eu envie d'aller me coucher ... Mais bon, puisqu'elle le proposait j'allais pas cracher sur un peu d'aide, et surtout sur un peu de compagnie. J'étais toujours mieux accompagné de toute façon, j'aimais pas la solitude ... Enfin, une fois de temps en temps quoi, mais pas trop souvent, et pas de manière prolongée. « Si ça te dit de me tenir compagnie, je suis pas contre. » avais-je donc répondu en lui adressant un sourire. Bon par contre, semblait bien que concernant mes pâtes y'ait plus rien à faire ou à espérer, elles étaient bien trop foutues pour qu'on puisse en tirer quoi que ce soit. « Je sais pas trop quoi faire à manger, du coup. » Une moue dubitative sur le visage, j'avais regardé autour de moi comme si j'espérais que la réponse à ma question ne s'affiche soudainement sur un mur ou je ne savais pas trop quoi. Et puis d'un seul coup, sans que cela n'ait rien à voir, je m'étais exclamé « Donia ! » Mais bien sûr elle n'était supposée avoir suivi le fil de mes pensées, aussi voyant son regard dubitatif, comme si elle me prenait pour un dingue, je m'étais expliqué « Désolé, c'est juste que j'ai un peu de mal avec les prénoms de manière générale ... Mais je savais bien que je l'avais sur le bout de la langue. »