camille

Qu’importe le temps, rien n’était mieux qu’un petit footing pour se vider la tête. Surtout en ce moment, tu en avais horriblement besoin. Tu te sentais tellement seul, et tellement triste… Et bien évidemment, la forêt était l’endroit parfait pour cela. Et même s’il faisait frisquet pour une personne normalement constituée, toi tu courais torse nu. Pour la simple et bonne raison que tu étais un chauffage sur patte, et que tu n’avais que très rarement froid et très souvent chaud. Bref, le petit malin que tu étais avait décidé de ne pas passer par les sentiers battus. T’aimais bien en faire qu’à ta tête, et au final tu te mets à courir sans faire attention aux alentours, sans te rendre compte si tu pourrais ou non rebrousser chemin. Non, tu ne fais vraiment pas attention, si bien que tu te prends en pleine face quelque chose qui te stoppe dans ta course alors que t’étais en train de regarder sur le côté. T’es plutôt sonné sur le coup, et tu ne comprends vraiment pas ce qui s’est passé. Mais en te relevant de ta chute, les choses se mettent en place dans ta tête. Un miroir. Tu savais que c’était un miroir parce que tu te voyais dedans. Et tu t’étais plutôt amoché sur le coup, ce n’était pas beau à voir. Ton nez était en sang, et ta lèvre aussi puisque tu t’étais mordu la lèvre pendant ton grand exploit. La panoplie du mec qui sortait d’une bagarre. Sauf que toi, tu t’étais seulement cogné contre un énorme miroir qui symbolisait la fin de la forêt pendant que tu courais. C’était beaucoup plus classe, n’est-ce pas ? Enfin bon, t’es un peu sonné, et en plus de ça, tu entends des craquements de bouts de bois. Instinctivement tu regardes en l’air, et tu penses directement à de méchants singes qui veulent t’attaquer. Tu n’appréciais pas trop les singes, c’était un fait. « Laissez-moi tranquille… » tu te plains faiblement. Tu parles aux singes meurtriers, exactement. En ce moment, tout allait mal.

Mes écouteurs branchés à mes oreilles, je laissais mes pas me guider à travers la forêt, ne cherchant pas vraiment d'endroit particulier à découvrir. A vrai dire, j'étais plutôt à la recherche d'inspiration, de paysage à intégrer dans la nouvelle bande dessinée que j'avais commencé à écrire. Parce que je comptais bien ne pas me reposer sur mes acquis, et je savais que plus j'avais de choses à présenter une fois sortie d'ici, plus j'aurais de chance de percer, de lancer ma propre histoire, mon propre scénario avec mes propres dessins. Et si j'avais pour une fois bien établie l'histoire, il me fallait tout de même me mettre certaines images en tête. C'est pour cette raison que je m'étais aventuré dans la forêt, à la recherche de quelques détails qui pourraient me sauter aux yeux. Je n'étais pas vraiment certain de trouver mon bonheur cela dit, parce que je n'étais pas bien sûr de s'il s'agissait d'une vraie forêt ou d'une forêt artificielle, tellement tout me semblait presque irréel dans le globe que représentait le nid. J'entendis alors plus loin un léger bruit, ce qui me fit retirer l'une de mes oreillettes. Enfonçant une de mes mains dans la poche avant de ma veste, l'autre s'était attelée à libérer mon chemin de quelques branches qui barraient mon passage. C'est à ce moment là que je vis Ivan, par terre, lâchant un « Laissez-moi tranquille… » Je me demandais bien à qui il pouvait s''adressait, si bien que je ne pouvais m'empêcher de l'appeler, d'une voix quelque peu inquiète « Ivan ? » c'est à ce moment que je découvris son visage partiellement blessé. Il n'en fallut pas plus pour me faire accourir à ses côtés, m'agenouillant près de lui. « Est ce que tu vas bien ? » pas le temps de le laisser répondre, que j'avais retiré ma veste, me retrouvant de ce fait en débardeur. J'avais par la suite mis celle ci en boule, avant de commencer à éponger le sang sur le visage du beau brun. « Tu ne devrais pas t'aventurer aussi loin... » c'est que j'étais vraiment inquiet tout d'un coup. Mes yeux scrutaient les siens sans relâche, pour tenter d'obtenir une quelconque réponse à mes questions.

Il n’y avait pas à dire, tu n’étais pas vraiment dans ton assiette ces derniers jours. Tu étais rempli de remords, et de tristesse. Si bien que tu t’étais isolé, toi qui avais toujours besoin d’avoir de la compagnie pour te sentir bien. Et il était évident que là, tu n’allais pas vraiment bien. D’autant plus lorsque tu te manges le miroir en pleine face, chose qui était loin d’être agréable. T’es certain que les singes meurtriers de la forêt commencent à se regrouper autour de toi dans le but de te manger, qu’ils sont en train de comploter quelque chose contre toi, et il faut dire  que cette idée ne te plaisait pas trop. « Ivan ? » Alors que tu avais la tête en l’air, dirigé vers le haut des arbres dans le but de distinguer l’allure des bêtes qui essayaient de t’attaquer, tu rebaisses les yeux pour regarder quelque chose de plus humain. Camille. Oh. Tu étais content de le voir, même si c’est plus de l’étonnement qui doit se lire sur ton visage. En attendant, le beau jeune homme se dépêche pour venir à tes côtés. « Est ce que tu vas bien ? »  Il enlève sa veste pour éponger le sang qu’il doit y avoir sur ton visage. Dieu ce qu’il était gentil. Et adorable. T’aurais aimé être gentil comme lui, toi, mais il avait été prouvé vendredi dernier que tu ne l’étais pas, lorsque tu avais buzzé. Non, tu étais horrible. « Oui oui… » De toute manière, la douleur n’était pas si atroce que ça. Tu avais vécu pire. « N..non, ça va pas.. » tu te corriges automatiquement, d’une voix faible.  Mais ce n’était pas à cause de ta chute que tu te sentais comme ça. « Tu ne devrais pas t'aventurer aussi loin... » Comme d’habitude tu ne le lâches pas du regard parce que ses yeux t’hypnotisent trop. « Toi non plus, tu aurais pu te blesser.. » Tu pensais à lui avait ta propre personne, ça te paraissait tellement plus essentiel. Mais lui aussi s’était aventurer aussi loin, puisqu’il était là. « Je.. Serre-moi dans tes bras, s’il te plaît.. J’ai.. j’ai besoin de quelqu’un.. Je t’en supplie…» tu murmures sans le quitter des yeux. Tu avais besoin de quelqu’un, tu avais besoin de réconfort, tu avais besoin de contact humain. Tu avais besoin de beaucoup de choses à vrai dire. Et sans attendre sa réponse tu passes tes bras autour de Camille pour te serrer contre lui, et déposer aussitôt ta tête dans le creux de son cou, sans faire attention au fait que tu puisses le tâcher de sang. Tu avais seulement besoin d’être contre quelqu’un, d’être contre lui. Ça te faisait du bien.

Si je pensais pouvoir réussir à trouver l'inspiration en ces lieux, il était maintenant certain que la dernière chose sur laquelle j'espérais tomber était Ivan. Non pas que je n'étais pas heureux de l'avoir en face de moi, bien au contraire, mais disons que je n'étais pas heureux de l'avoir dans cet état là. Parce qu'appréciant réellement le jeune homme, le voir souffrir ne me faisait clairement aucun bien. Vous me direz, je n'aimais voir souffrir personne, même les gens qui ne m'aimaient pas beaucoup. Du coup je m'étais dépêché de le rejoindre alors que j'avais bien vite fait de remarquer que son visage était en sang. Qu'est ce qu'il avait bien pu faire ? Probablement s'était-il pris la limite du dôme, c'était dangereux tout ça, quand même, puisqu'on ne la voyait pas forcément. Ils auraient du mettre un autocollant dessus, comme lorsque l'on veut que les oiseaux de s'écrase pas contre une vitre. « Oui oui… » dit-il dans un premier temps avant d'affirmer le contraire « N..non, ça va pas.. » du coup je me demandais bien ce qu'il avait. Peut-être était-ce en rapport avec quelqu'un ? Ou peut-être était-ce tout simplement parce qu'il venait de se manger une vitre, bien que je me doutais que le problème ne venait pas qu'essentiellement de là. Si il n'y avait pas prêté attention, c'est probablement que son esprit avait du être occupé par quelque chose. « Si... si tu as envie d'en parler, n'hésite pas. » que je lui signifie comme s'il s'agissait qu'une évidence. Parce qu'il était certain que quoi qu'il arrive, le jeune homme pourrait compter sur moi. Je ne comptais clairement pas le laisser tomber, non, pas lui. Surtout pas lui. Je continue donc en disant qu'il ne devrait pas aller si loin, et celui ci ne tarde pas à me répondre « Toi non plus, tu aurais pu te blesser.. » il marque un point, cependant moi je n'étais pas entrain de courir, et puis je me savais un peu trop prudent lorsque je me rendais dans la forêt, quitte à devenir légèrement parano, du coup je ne risquais pas de me manger quoi que ce soit. Mes yeux restèrent un doux moment dans les siens, avant qu'il ne murmure quelques paroles « Je.. Serre-moi dans tes bras, s’il te plaît.. J’ai.. j’ai besoin de quelqu’un.. Je t’en supplie…» pas le temps de réagir cependant qu'il se logeait déjà entre mes bras. Par réflexe, mes mains vinrent se déposer dans son dos, et je me surpris même à légèrement le caresser. Je ne savais pas trop si ça allait le réconforter, et puis de toute façon, ma présence n'était clairement pas une des choses qui pourrait le faire aller mieux -du moins, il me semblait- mais j'essayais de faire de mon mieux. « Je suis là... » lui dis-je d'une petite voix, avant de déposer un doux baiser dans la chevelure du jeune homme.

Camille est là, et tu es bien content. Ça aurait pu être Pavel ou encore Betty qui aurait pu te retrouver. À coup sûr, ils se seraient moqués de toi. Mais non, le beau brun ne fait rien de tout ça. Il s’inquiète pour toi, plutôt. Et ça montrait à quel point il était gentil. « Si... si tu as envie d'en parler, n'hésite pas. » Tu étais quelqu’un qui parlait beaucoup en temps normal. Mais là, tu n’avais pas envie de parler. Pas de ça, pas maintenant. « Je suis une mauvaise personne.. » que tu te contentes de marmonner, la tête baisser. La tonalité de ta voix montrait bien que tu étais sincère, et que donc tu pensais vraiment tes dires. Tu étais horrible, tu avais fait souffrir ta partenaire. Alors que toi, s’il y avait bien un chose que tu ne voulais pas devenir dans la vie, c’était une mauvaise personne. Tu étais censé être gentil, toi. Et peu de temps après qu’il ait essayé d’éponger le sang qui pouvait couler de tes blessures, tu te loges dans ses bras, et tu niches ta tête dans le creux de son cou. Tu avais besoin d’être dans les bras de quelqu’un, tu avais besoin de réconfort, tu avais besoin de Camille, en l’occurrence. Tu te sentais bizarrement mieux lorsqu’il vint caresser ton dos, et déposer un baiser dans tes cheveux. Une vague d’apaisement t’avait envahi, en fait. Il ne devait pas se rendre compte à quel point ça te faisait du bien, à quel point il te faisait du bien, là. C’était ce dont tu avais besoin, être dans les bras de quelqu’un comme lui. « Je suis là... » Et tu lui en étais tellement reconnaissant... « Merci… » tu murmures, tes lèvres frôlant alors la peau de son cou lorsque tu avais parlé. Et puis tu relèves doucement la tête pour déposer ton regard dans le sien, montrant bien à quel point ça te réconfortait, et à quel point ça t’aidait, tout ça. Et puis tu remarques le peu de sang que tu as malencontreusement déposé dans le cou de Camille alors que tu y avais mis ta tête. « Oh non… je suis désolé… » tu dis tout bas alors que ta main vient à se déposer sur son cou, comme si tu pouvais cacher la bêtise que tu venais de faire. Tu es toujours plus ou moins blotti contre Camille, parce que tu ne peux pas te résoudre à quitter ses bras. Tu es beaucoup trop bien, là.

J'avais bien compris qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas chez Ivan. Enfin, pas d'habitude, mais là, maintenant. Parce qu'il semblait sacrément triste. A vrai dire, je l'avais remarqué à la seconde même où il avait fait son entrée sur le plateau. Je ne savais pour ainsi dire pas vraiment ce qu'il avait pu se passer, simplement qu'il s'en voulait par rapport à India je crois. Pourtant il me semblait qu'elle l'aimait beaucoup, elle non ? Tout cela m'avait l'air de n'être juste qu'une affreuse confusion. « Je suis une mauvaise personne.. » me dit-il avant de se loger dans mes bras. Passant mes mains dans son dos, je m'étais donc contenté de le caresser d'une délicatesse avoisinant celle d'une plume. « Tu pourrais bien le répéter un million de fois que je ne te croirais pas. » lui répondis-je d'une voix calme, alors que je pouvais sentir son souffle s'évaporer contre mon cou. C'était n'importe quoi hein, Ivan était loin d'être une mauvaise personne, à vrai dire, il était probablement l'une des personnes les plus adorables que je connaissais. Du moins, il était une de celles que j'appréciais le plus, ça, c'était certain, ici comme à l'extérieur. Je lui avais donc signifié que j'étais là pour lui, quoi qu'il arrive. Parce que je me voyais mal l'abandonner, non, de toute façon je ne pourrais jamais faire une telle chose. « Merci… » m'avait-il dit avant de finalement légèrement se retirer de mon coup, et ce même si nous restions encore assez proche l'un de l'autre, notre étreinte ne semblant pas réellement achevée. « Oh non… je suis désolé… » avait-il dit en passant une main sur mon cou. Probablement y avait-il déposé un peu de sang. Ce n'était pas bien grave, de toute façon j'avais toujours tendance à me tâcher avec un peu tout et n'importe quoi. Souriant légèrement, j'avais alors retiré une de mes mains de son dos, pour passer un doigt sur sa lèvre inférieure, afin d'essuyer les quelques dernières gouttes de sang qu'il y restait. « Voilà, c'est un peu mieux comme ça... » lui signifiais-je alors que ma main venait finalement se déposer entre son épaule et son cou. « Tu n'es pas quelqu'un de mauvais, d'accord ? » mes yeux étaient plantés dans les siens, comme pour lui affirmer que j'étais convaincu de ce que j'avançais. Et je l'étais.

Je crois que j'aimais bien l'avoir dans mes bras, ainsi, je pouvais sentir l'incroyable chaleur s'échappant de son corps. Je me demandais même parfois comment il était possible qu'il ait tout le temps aussi chaud, puisqu'après tout, il était à moitié nu, alors qu'il ne faisait pas particulièrement chaud. Pour autant, ce n'était pas pour cette raison que j'étais actuellement inquiet pour lui. Depuis le prime dernier, il ne semblait pas au meilleur de sa forme, et pour moi qui avait l'habitude d'apprécier plus que de raison son sourire, je me disais que ce n'était pas normal. Que quelque chose n'allait pas. Finalement, il m'avait avoué penser être quelqu'un de mauvais. C'était n'importe quoi. Il ne pouvait pas être mauvais, pas lui, c'était même quelque chose de totalement inimaginable à mes yeux. Sauf qu'hormis lui dire le contraire, je ne savais pas trop comment lui prouver le contraire, puisque je savais bien que lorsque l'on venait à croire quelque chose sur soi, il était parfois bien difficile d'écouter les avis des autres. « Tu devrais.. » secouant légèrement la tête, ma main avait fini par se glisser dans la sienne, comme pour lui prouver que je n'avais clairement pas peur d'être en sa présence, alors que l'autre s'était finalement dirigée vers son visage pour dégager une goute de sang qui avait perlé tout contre sa lèvre. Et pour tout vous dire, je n'avais étrangement pas été gêné par cet acte, comme si il s'agissait là de la meilleure chose à faire. Mes yeux scrutaient inlassablement les siens pour tenter de trouver de nouvelles réponses. Parce qu'il ne pouvait pas penser ça sans raison. « Je lui ai fait du mal… » je ne savais pas vraiment de qui il parlait, mais ce n'est qu'à ses prochaines paroles que je saisi « Je.. je.. quelle personne bien fait pleurer quelqu’un ..? » il parlait donc d'India. Je ne connaissais pour ainsi dire pas la candidate, mais pour ce que j'avais suivi de leur relation, celle ci n'avait clairement pas l'air de détester le jeune homme. C'était même tout à fait impossible. « Je ne veux pas être cette personne Camille.. » ma main se déposa alors sur sa joue, venant la caresser alors que mes yeux recaptaient une nouvelle fois les siens. « Tu es quelqu'un de bien. » que je lui adressais avec conviction « Moi je crois en toi, et ce quoiqu'il arrive... » et il ne pourrait pas me faire changer d'avis, quoiqu'il dise. Un léger sourire finit d'ailleurs pas étirer mes lèvres, soulignant mes paroles. Parce que je savais que le jeune homme ne pourrait jamais blesser quelqu'un volontairement, il n'était pas de ce genre là. Ma main se détacha alors de la sienne pour venir se loger sur la taille du jeune homme, tout en l'attirant un peu plus contre moi. Comme si le fait d'être plus proche allait le mettre en confiance. « Tu es quelqu'un de bien... et je le sais, d'accord ? » que je répétais, de façon à ce qu'il comprenne que ce n'était pas des mots en l'air.