Me demandez pas comment je me suis débrouillée, mais j'ai réussi à mettre la main sur un jeu de criquet, et je suis hyper excitée à l'idée. Bon, on est bien d'accord, c'est pas non plus le jeu le plus palpitant au monde, mais, je sais pas, c'est étrange comme truc, ça a un côté un peu Alice au Pays des Merveilles et tout, et puis surtout je n'y ai pas joué depuis très très longtemps, alors y'a forcément un effet de nostalgie qui joue, et il est probable que ma mémoire m'abuse et que c'est pas aussi amusant que dans mes souvenirs, mais là tout de suite ça me donne drôlement envie en tout cas. Et puis, honnêtement, je commençais un peu à m'ennuyer ferme aussi… J'installe tous les machins dans le jardin (désolée je connais pas le vocabulaire technique du truc) et commence à jouer seule en espérant que quelqu'un passera par là et aura pitié d'une âme en peine et esseulée comme quoi, mais force est de constater que ce n'est pas près d'arriver ; y'a pas un rat. Qu'à cela ne tienne, j'irai les débusquer, moi, les rats. Je laisse tout le matériel en place (en espérant que personne ne vienne se prendre les pieds dedans) et pars chercher un peu de compagnie. J'avise le dos de Pavel et me précipite aussitôt pour lui mettre le grappin dessus. C'est que moi je l'aime bien Pavel, en dépit de tout ce que certains ont l'air de penser à son sujet. Ça me dépasse un peu honnêtement tout ça. « Hey mec, viens, j'ai besoin de toi ! » je lance en le rattrapant à petit foulée, posant une main sur son épaule pour l'arrêter. Je lui adresse un grand sourire quand il se retourne, c'est censé m'apporter un peu plus de pouvoir de conviction. « T'es pas occupé là, c'est bon ? J'ai grave besoin d'un partenaire de criquet, et tu es l'homme idéal pour ce poste. Honnêtement, je ne pouvais pas tomber sur mieux, et tu me rendrais un grand service en acceptant. Allez, tu viens ? » Je suis déjà en train de le tirer par le poignet quand je réalise que je suis peut-être un peu trop insistante, aussi je le lâche et continue de lui sourire d'un air angélique, genre "non je ne suis pas une plaie capricieuse et enquiquinante au possible, allez, dis-moi oui".

« Hm, faut voir. Tu sais que je t'en veux encore beaucoup pour le vol de mes vêtements, hein. Alors si tu me demandes pardon à genoux, oui, j'pense qu'on pourra envisager quelque chose ensuite. » Je m'arrête net dans mon mouvement pour me retourner vers lui, un grand sourire angélique aux lèvres, découvrant toutes mes belles petites dents blanches dans l'espoir de me faire pardonner. Et puis bon, je me doute bien qu'il plaisante – s'il m'en voulait vraiment, je crois pas qu'il réagirait comme ça. Je peux pas prétendre connaître Pavel par cœur, hein, qu'on soit bien d'accord, mais y'a quand même des bases, concernant sa personnalité, qui me semblent assez rapides à acquérir. « Hum sur ce coup-là je crois que tu surestimes mon amour pour le croquet. Je suis prête à faire des concessions et à t'offrir une contrepartie, mais rien qui n'entache ma dignité non plus. » je précise en roulant légèrement des yeux façons "pfiou" parce que clairement je ne suis pas prête à me mettre à genoux devant qui que ce soit. Faudrait vraiment que j'ai gros à me faire pardonner. Et même dans ce cas-là, je suis plutôt du genre butée. Et puis bon, l'affront que j'ai pu lui faire n'était pas si terrible que ça, faut pas exagérer non plus, n'est-ce pas ? « Bon allez, t'as deux minutes pour m'expliquer en quoi consiste ton... machin, là. » Ouiiiii il accepte, ça veut dire oui ça ! Toute excitée, je l'entraîne donc à ma suite vers le terrain de jeu. Bon, maintenant, les explications. Je suis pas sûre de savoir comment bien procéder. « Alors, t'as une sorte de truc, de, euh, maillet on va dire, et avec faut taper dans des petites boules au sol et les faire passer sous des… Des arceaux ? C'est ça le mot, nan ? Enfin, je vais te montrer tu vas voir c'est simplissime. » Même si concrètement je suis pas tout à fait sûre de me rappeler parfaitement des règles du jeu. Ni de les avoir su un jour, pour être complètement honnête avec vous. « Tu peux garder tes gants, tu peux tout garder en fait, pour une fois je t'autorise à rester entièrement vêtu. » je réponds avec un sourire mutin, parce que maintenant que j'y réfléchis bien c'est la première fois que je suis en tête à tête avec lui en mode fully dressed. On arrive enfin sur place et je m'empare du matériel pour initier la première partie. Un maillet en main, j'entame donc le premier parcours, montrant bien à Pavel la façon dont il faut jouer. Il va comprendre vite. Il est futé ce gars, j'vous jure. Puis c'est genre le jeu le plus simple au monde. « Fais gaffe où tu mets les pieds, d'ailleurs, y'a plein d'arceaux un peu partout, ça serait con qu'il t'arrive des bricoles. » Je suis toujours pas convaincue par le mot arceaux, surtout que je le dis en français à chaque fois du coup (mon anglais est pas assez bon pour que je puisse en connaître la traduction) mais ça le fait. Je tends un maillet à mon compagnon de jeu, avant de sortir mon appareil photo. « Attends t'as trop la classe comme ça, faut que j'immortalise ce moment. »