Il était encore tôt. Mais loin de me déplaire je m'en contentais, puisque c'était avant tout le signe que j'avais bien dormi et que je n'avais pas besoin de plus de sommeil. Me glissant sans bruit en dehors de mon lit, pour ne pas réveiller Camille, j'avais enfilé un tee-shirt gris ample et passé un pantalon de jogging rouge avant de quitter la chambre pieds nus, m'aventurant dans les couloirs à pas lents, l'air encore un peu ensommeillé. Arrivé à la cuisine j'avais fait chauffé de l'eau tandis que je fouillais les placards à la recherche du thé à la menthe que j'avais repéré la dernière fois ; Je n'avais pas tardé à le trouver derrière la boite de ... Nesquick ? Je savais pas ce que c'était, mais le lapin dessus avait une sale gueule en tout cas. Bref, j'avais donc fini de préparer mon thé sans me presser, observant par la fenêtre la nuit qui faiblissait peu à peu, plongeant les jardins qui entouraient le château dans cette semi-obscurité qui précédait le lever du soleil. C'était le genre de matinée que j'aimais bien, où j'avais pas besoin de me presser, où le calme qu'incombait l'heure plus que matinale me donnait une légère impression de plénitude ... Déposant mon sachet de thé dans une tasse avant d'y verser l'eau que j'avais fait chauffer, j'avais attrapé une cuillère dans un tiroir avant de quitter la cuisine, ma tasse fumante dans une main. Atteignant le hall j'avais ouvert la lourde porte de l'entrée en faisant attention de ne pas renverser mon thé, et une fois dehors j'avais respiré l'air frais, faisant quelques pas pour me détendre. M'asseyant finalement sur une des marches surplombant le jardin, j'avais soufflé un court instant sur mon thé avant d'en boire une gorgée, la différence chaud-froid me filant la chair de poule. Le soleil allait se lever d'un instant à l'autre, j'étais arrivé au bon moment ... Et je n'étais pas le seul, à en juger par la porte d'entrée qui avait grincé de nouveau, révélant la silhouette d'India. « Hey. » avais-je soufflé à son intention, avant de la voir sursauter et de me dire qu'effectivement elle ne devait pas s'attendre à trouver quelqu'un ici si tôt, et puisqu'elle n'avait pas encore tourné la tête vers moi j'avais du la surprendre « Désolé, je voulais pas te faire peur. » avais-je alors rajouté en lui adressant un léger sourire. Je me sentais un peu stupide vis-à-vis de la jeune femme, d'avoir mis sur le tapis le sujet de son mari la dernière fois que je lui avais parlé, sans me douter à l'époque d'à quel point ce n'était pas le sujet à aborder justement. Mais bon, maintenant que je le savais je ne risquais plus de faire de gaffe, au lieu de ça j'avais simplement demandé l'air de rien « Tu venais pour le lever de soleil ou bien tu es tombée du lit ? » Parce que bon, de ce que j'avais vu jusqu'à présent y'avait un paquet de candidats ici pour qui se lever avant neuf heures et demi ce n'était pas encore une grasse matinée, hm.

Je dors très mal en ce moment, plus mal que d'habitude encore. Les événements récents ne sont pas étrangers à ces insomnies. Aujourd'hui ça va mieux, j'ai dormi plus de quatre heures donc j'estime que ça devrait bien aller. Je ne traîne pas trop au lit parce que ça ne sert à rien. De toute façon je sais qu'à cette heure-ci je parviendrais pas à retrouver le sommeil. Mais j'ai toujours aimé trouver le nid vide et calme ça ne dure jamais alors autant en profiter. Je suis sortie du lit dans le silence et j'ai enfilé le premier truc qui me tombait sur la main, une veste à capuche grise mais qui n'est vraisemblablement pas à moi, non c'est même si sûr mais je reconnais l'odeur et son propriétaire ne devrait pas trop m'en vouloir. Mais au moins elle me recouvre suffisamment pour ne pas être obligée de mettre un surplus de vêtements. Je descends et la fraîcheur sur mes jambes est assez saisissante mais rien de dramatique, c'est le contraste du lit et de l'extérieur qui me surprend plus qu'autre chose. Je passe par la cuisine mais il n'y a pas de café alors évidemment je passe mon chemin, ce n'est pas dramatique, je peux tout aussi bien fumer aussi. Même si fumer c'est mal je sais. Même si ça n'a pas la moindre importance, j'en récupère dans la poche de ma veste et prends la direction de l'extérieur. Je referme la porte lourde de l'entrée lorsque j'entends une voix qui me fait sursauter. « Désolé, je voulais pas te faire peur. » Je souris légèrement, non mais ça va. « Oh c'est rien, je ne m'attendais pas à trouver quelqu'un aussi tôt.   » En général je suis encore au fond de mon lit à cette heure-ci même si je suis plutôt une lève-tôt, même si ce n'est pas difficile avec les candidats qui sont d'assez gros dormeurs. « Tu venais pour le lever de soleil ou bien tu es tombée du lit ? » Je me posais la question à son égard justement mais du coup je sors ma cigarette et le briquet pour les lui montrer. « Ni l'un ni l'autre comme tu peux le voir... Et toi ?   » Cela dit je ne me lève pas très tard, non, vers huit à peu près tous les jours, enfin ces derniers c'était moins réguliers compte tenu des événements récents mais bon. « Est-ce que ça te dérange si je fume ?  » Non parce que je peux attendre ce n'est pas grave, ce n'est pas non plus essentiel à ma survie en tout cas je ne veux pas l'ennuyer avec ma fumée, surtout qu'il prend un thé. Non, mais ça va.

« Oh c'est rien, je ne m'attendais pas à trouver quelqu'un aussi tôt. » Moi non plus à vrai dire, d'autant plus que je m'étais habitué à me lever à une heure où tout le monde dormait encore ; Ou alors quand j'en croisais un ou deux au détour d'un couloir, c'était parfois même qu'ils n'étaient pas encore allés se coucher, et non pas qu'ils s'étaient levés tôt. Du coup j'avais fini par lui demander ce qu'elle faisait là, ou plutôt j'avais fais une ou deux suppositions à ce sujet mais je n'avais pas vu juste comme en témoignait la clope qu'elle agita du bout des doigts en me répondant « Ni l'un ni l'autre comme tu peux le voir ... Et toi ? » Effectivement. Je savais pas trop comment certains arrivaient à fumer au réveil cela dit, je savais même pas comment ils arrivaient à supporter de fumer le reste de la journée cela dit ... J'étais pas peu fier d'avoir réussi à persuader Benjamin de quitter cette sale habitude à vrai dire. Pourtant lorsqu'India m'avait demandé « Est-ce que ça te dérange si je fume ? » j'avais secoué la tête tout en avalant la gorgée de thé que je venais de prendre, avant de répondre dans un léger sourire « Non c'est bon, ça me dérange pas. » Parce que même si c'était pas ce que je préférais, j'allais pas lui faire éteindre sa clope alors qu'on était à l'extérieur et qu'elle était descendue pour ça en plus. Du moment qu'elle me crachait pas sa fumée à la figure moi j'en demandais pas plus. « Et pour répondre à ta question, c'est pour ça que je suis là. » ajoutais-je finalement en levant ma tasse vers le soleil qui commençait tout juste à se lever sur la ligne d'horizon. Ça pouvait sembler un peu futile de se lever si tôt simplement pour ça, mais c'était mon petit plaisir matinal disons, ça et le fait de pouvoir profiter du château une petite heure pendant qu'il était silencieux et que tout le monde ou presque y dormait encore à poings fermés. « C'est le moment que je préfère dans la journée. » commentais-je alors sans plus quitter le ciel qui se colorait d'orange et de rose au fur et à mesure des secondes. Je faisais autant référence au lever du soleil qu'à l'absence de certaines grandes bouches pour gueuler, se plaindre ou plus généralement casser les oreilles des autres ... Ouais, une heure sans y être exposé c'était aussi ça, mon petit plaisir du matin.

Je ne peux pas en tenir rigueur à Akela de m'avoir légèrement effrayé parce qu'il est plutôt rare de trouver quelqu'un qui se balade à cette heure-ci et j'imagine que lui aussi doit être étonné de ma présence si j'en juge son regard. Il n'y a rien d'étonnant, pourtant je me lève pas que pour fumer la plupart du temps. En réalité je ne fume que très rarement même si cette manie est quelque peu récurrente depuis que je suis ici. D'ailleurs même si je lui dis que je suis là que pour fumer ce n'est pas que pour ça. Non en fait si je ne fume jamais le premier café mais il faut croire que les choses changent. De toute façon je ne mange quasiment rien alors bon. En tout cas ça me semble normal que je lui demande si je peux fumer, si la fumée l'incommode je m'en passerais sans problème, je ne suis pas tellement accroc. « Non c'est bon, ça me dérange pas. » Bon et bien dans ce cas je l'allume. Enfin j'essaye de l'allumer. Parce que ce n'est pas gagné. Je ne suis pas une pro la preuve, je me tourne donc pour m'abriter de la légère brise et voilà que ça fonctionne. J'expulse la fumée en prenant bien soin de l'éviter parce que je ne supporte pas ça. « Et pour répondre à ta question, c'est pour ça que je suis là. » Je suis sa tasse du regard. Le soleil. Oh c'est vrai que je n'avais pas remarqué à quel point c'est magnifique. Je le regarde dans le silence. C'est super. Plus que ça c'est vraiment magnifique. Et apaisant aussi en un sens, le soleil, le silence oui, c''est apaisant. « C'est le moment que je préfère dans la journée. » Je souris légèrement face à sa remarque. « C'est magnifique...    » Que je murmure autant pour lui que pour moi alors que je porte à nouveau ma cigarette à mes lèvres. Ça aussi c'est apaisant. Plus qu'apaisant. « Tu te lèves tous les jours pour observer ce merveilleux spectacle ?  » C'est la première fois que je le regarde.

Pour peu que le ciel soit dégagé, le lever du soleil était à peu près la seule chose qui ne changeait pas peu importe l'endroit du monde où on se trouvait. Je crois que c'était ce qui me fascinait autant, en définitive, de me dire que de l'autre côté du globe les gens voyaient la même chose que moi. C'était aussi ce que répétait ma mère au gamin à l’œil triste que j'étais quand le paternel partait en opex on ne savait jamais où. Mais là c'était surtout ce à quoi je pensais en songeant à Ben à vrai dire. « C'est magnifique ... » avait fini par murmurer India tandis que je prenais une nouvelle gorgée de mon thé, les yeux rivés sur le paysage, presque hypnotisés. Je ne pouvais que lui donner raison, même si j'avais conscience que c'était souvent bien plus les souvenirs qui s'y rattachaient que la vue en elle-même qui donnaient sa saveur à ce genre de paysage. « Tu te lèves tous les jours pour observer ce merveilleux spectacle ? » Est-ce que j'étais assez barge pour me lever tous les jours aux aurores alors que rien ne m'y obligeait, en gros ? Enfin j'étais pas sûr à cent pour cent que ce soit ce qu'elle sous-entendait mais cela ne m'aurait pas étonné ; Même Benjamin me traitait d'animal ou de néanderthal quand je faisais ça le week-end, pendant que monsieur flemmardait au lit jusqu'à ce que je vienne l'en tirer. Si je le faisais pas il était parfaitement entièrement capable de passer toute la journée sous la couette. Et c'était moi qu'on traitait d'animal ? Juste comme ça, le lion dormait en moyenne vingt heures par jour, hm. « C'est l'heure à laquelle je me lève les jours où je bosse pas, là ça m'aide à garder un certain rythme. » Parce que j'étais ce genre de gros bébé qui ne savait plus où il en était si on lui changeait ses habitudes, et particulièrement son rythme de sommeil. Quatre heures les jours où je travaillais, sept heures les jours de congés, j'avais fini par m'y habituer, j'étais réglé comme une horloge sans même plus avoir besoin d'un réveil. « Tu vas bien ? » Enroulant mes doigts autour de ma tasse pour les réchauffer, j'avais relevé la tête vers elle en sentant son regard sur moi. J'étais pas dupe, je me levais tous les jours à cette heure-ci et c'était la première fois que je la croisais, d'autant plus qu'elle avait de bonnes raisons d'être préoccupée. Et j'étais pas vraiment du genre à me mêler de ce qui ne me regardait pas, mais je voulais pas non plus donner l'impression d'en avoir rien à foutre, d'où ma question.

Quand j'étais petite c'est le coucher de soleil qu'on regardait avec mon père chaque soir, c'était un peu notre rituel. On s'asseyait sur le toit du garage et on regardait le soleil se coucher c'était ce qu'il aimait faire en rentrant du travail, se détendre avec moi avant de m'envoyer au lit. Et puis on a arrêté parce que mes parents ont divorcés et qu'il est parti en Floride. J'ai toujours été proche de mon père et aujourd'hui il m'arrive de regarder le soleil se coucher en pensant que quelques heures plus tard il sera lui aussi entrain de le regarder. Mais je ne me souviens pas avoir déjà assisté à un lever de soleil. Je n'ai jamais été une grande d'adepte des grasses matinées mais je ne me suis jamais levé assez tôt pour pouvoir assister à ce spectacle. C'est super agréable pourtant. Ca m'étonne assez qu'il se lève pour regarder le soleil mais chacun ses petits rituels c'est simplement que ça me parait assez improbable étant donné que les trois quarts des candidats ne se lèvent jamais avant onze heures, ce qui n'est pas totalement désagréable en y repensant mais quand même. « C'est l'heure à laquelle je me lève les jours où je bosse pas, là ça m'aide à garder un certain rythme. » L'heure à laquelle il ne travaille pas ? Ah oui quand même. Je comprends néanmoins cette histoire de rythme, c'est important ici où on a pas la moindre obligation mais du coup c'est assez facile de faire un peu n'importe quoi je suis bien placée pour le savoir. « Et tu te lèves a quelle heure quand tu travailles ? Tu fais quoi d'ailleurs ?  » Parce que j'ose pas imaginer à quelle heure il doit se lever si ça c'est quand il ne travaille pas, et j'en viens à penser que je ne sais pas du tout ce qu'il peut bien faire, après tout peut être qu'il travaille de nuit. Ce n'est pas impossible. « Tu vas bien ? » Je ne m'attendais pas à cette question si bien que je baisse les yeux un instant alors qu'ils étaient posés dessus parce qu'il est loin d'être idiot, et je n'aime pas particulièrement mentir donc bon. Surtout que ce n'est pas tellement dans mes habitudes de sortir fumer dans cette tenue et à une heure pareille. « Hum, pas vraiment...   » Je grimace légèrement, j'imagine que je serais encore au fond de mon lit quand même. Bon ça va mieux quand même. Un peu, parce que ça va mieux, j'ai retrouvé mon partenaire donc oui ça va mieux. Mais ça ne va pas très bien, c'est dire à quel point j'étais au fond du trou.

J'étais même pas fatigué en fin de compte, en me levant si tôt. Mais j'allais sans aucun doute me coucher bien moins tard que certains ici, aussi, à commencer par Camille qui ne venait me rejoindre que deux ou trois heures après que je me sois glissé sous les draps, généralement. « Et tu te lèves a quelle heure quand tu travailles ? Tu fais quoi d'ailleurs ? » Remontant sur la plus haute marche des escaliers j'avais posé ma tasse de thé à côté de moi le temps de me mettre en tailleur, puis je l'avais saisie de nouveau avant de répondre « Quatre heures, j'embauche à cinq. L'après-midi le soleil tape trop fort pour travailler comme il faut. » Marquant une pause, j'avais porté ma tasse à mes lèvres pour boire à nouveau, avant de reprendre « Chasseur d'épaves. Mais c'est temporaire ... en quelque sorte. » Disons que j'avais pas pour ambition de faire ça toute ma vie, même si ça me plaisait et que j'avais pas à me plaindre de mon boss ou de mes conditions de travail, bien au contraire ... faut dire que je passais mes heures de boulot dans l'eau, j'aurai difficilement pu rêver mieux dans un certain sens. Mais c'était pas mon ambition à plus long terme, c'était disons ... une passerelle. « Et toi ? Tu viens de Californie, c'est ça ? » A mon tour de faire deux questions en une, mais à vrai dire la réponse aux deux questions m'intéressait sincèrement donc ... Quoi que de mon point de vue forcément, en Californie y'avait pas grand chose à faire à part du surf ou des films. Ah et du vin, aussi. Oui c'était terriblement cliché je sais, mais de la même façon les touristes venaient à Hawaii persuadés que nous nous habillons avec des feuilles de bananiers et des colliers de fleurs. Et puis finalement je ne sais pas pourquoi je lui avais demandé si elle allait bien ; Alors que je me doutais déjà de la réponse, au fond. Je m'attendais moins en revanche à recevoir un « Hum, pas vraiment ... » on ne peut plus sincère. Terminant ce qui restait de mon thé, j'avais déposé ma tasse vide à côté de moi, avant de relever les yeux vers la jeune femme et de lui adresser un faible sourire. J'allais pas lui dire que je comprenais parce que c'était faux, j'allais pas non plus lui dire qu'il suffisait de le vouloir parce que non, justement « Ça viendra. » Ça en revanche c'était vrai, fort heureusement d'ailleurs. Parce que s'il suffisait d'être malheureux une fois pour le rester jusqu'à la fin de sa vie, y'aurait pas beaucoup de raisons à vouloir continuer à vivre, justement. « Pas tout de suite. Mais un jour, ça viendra. » Quand on s'y attendait le moins, en général. Ça avait été mon cas, tout du moins.

« Quatre heures, j'embauche à cinq. L'après-midi le soleil tape trop fort pour travailler comme il faut. » Ah oui quand même. Finalement c'est une grasse matinée pour lui sept heures. Comme quoi. Et puis je me souviens qu'il vit à Hawaï, il me semble que j'ai entendu Betty en parler, je ne sais plus quand d'ailleurs, ou lui peut être, je ne sais plus. « Chasseur d'épaves. Mais c'est temporaire ... en quelque sorte. » Oh, d'accord. « Qu'est-ce que tu aimerais faire ?   » Enfin j'imagine que si c'est indiscret il ne m'en aurait pas parlé. Je trouve ça bien d'avoir des projets et tout ça. En tout cas je comprends mieux pourquoi je le vois souvent quitter la piscine, ça doit lui manquer de ne pas être dans l'eau même si ça ne doit pas être comparable du tout. « Et toi ? Tu viens de Californie, c'est ça ? » Euh moi. C'est bizarre de répondre à ce genre de question à ce stade du jeu je trouve. « Je suis traductrice littéraire et oui je vis bien en Californie, au nord de la Californie.   » Je ne sais pas pourquoi j'ajoute cette précision mais je le fais quand même. Peut être parce que comme tout le monde il doit s'imaginer les plages sublimes et les studios de cinéma mais je ne vis pas à Los Angeles, ni dans la vallée de Napa. Non, j'habite dans le Ghetto californien moi. C'est comme ça. Il faut de tout pour faire un monde après tout. Et il me demande si je vais bien. Non pas tellement c'est même plutôt l'opposé et d'ailleurs je lui dis la vérité. Je n'attends pas de la pitié ou je ne sais quoi, je n'attends rien, je réponds seulement à sa question. Je le regarde s'agiter avec sa tasse en silence. « Ça viendra. » J'espère, oui j'imagine que ça viendra même si pour le moment j'ai du mal à y croire. Ça fait cinq ans et j'ai l'impression de ne pas avoir évolué. « Pas tout de suite. Mais un jour, ça viendra. » Un jour peut être... C'est ce que tout le monde me dit. « J'imagine que tu as raison...  » Que je murmure en baissant légèrement la tête. Je crois qu'une partie de moi y croit c'est sûr parce que je suis encore en vie mais là c'est dur d'y croire, j'imagine que c'est normal.