W. DANAÉ.

Je ne parle plus à grand monde et je me cache depuis le dernier prime. Il est hors de question que je fasse, à nouveau, parler de moi. Je crois bien que j’ai eu ma dose de popularité pour tout le reste de l’aventure là. J’ai honte. Ce n’est pas que je n’assume pas ce que j’ai fait parce que c’est certains que je ne suis ni la première, ni la dernière à faire une fellation à un homme, mais c’est le fait que les images de ce moment intimes ont été diffusé à la télévision et doivent, très certainement, faire le tour du net à présent. On m’insulte de tous les noms d’oiseaux qui peuvent bien exister sur cette planète alors du coup j’ai envie de me faire oublier un petit peu et de laisser mon moment de gloire à quelqu’un d’autre. Je ne sors que très peu de ma chambre, mais là il me faut vraiment trouver une brosse à cheveux si je ne veux pas avoir de nœuds et qu’ils ressemblent à de la paille par la suite. Je ne fais pas vraiment attention où je marche et c’est en relevant la tête que je remarque Celse qui emprunte le même chemin que le mien, mais en sens inverse. Je me décale pour le laisser passer, mais il se décale du même côté que moi. On n’a pas l’air fins tous les deux comme ça. « Pardon. » Je lui adresse un petit sourire timide. « Désolé. » On semble aussi gêner l’un que l’autre. C’est assez bizarre. Alors que je crois qu’il ne va pas bouger je me décale sur la droite, mais voilà qu’il fait de même sur la gauche. Mince. Encore coincé. On a vraiment l’air de deux idiots maintenant. Celse pose alors ses mains sur mes épaules pour que je ne bouge pas et passe du côté dégagé. Ce n’est pas si compliqué que ça finalement. Il se tourne pour m’adresser un sourire et je fais de même. J’ai bien envie de lui parler, mais j’ai comme l’impression qu’il n’a pas envie de perdre son temps avec moi. Je fais quelques pas et … [i] « Ça va ? Sa voix fait que je m’arrête net. Je ne sais pas s’il vient de lire dans mes pensées, mais en tout cas c’est le cœur bondissant que je me tourne très légèrement pour lui répondre. « Ça pourrait être pire. » Ou pas. J’suis loin de mon fils et tout le monde me prends pour une salope à cause d’un petit dérapage. Je crois bien que je suis au bout de ma vie en ce moment même, mais je ne compte pas le lui montrer. « Et toi ? » Je lui retourne la question en baissant la tête et à me mettant à jouer avec mes doigts, un petit peu comme une gamine. Je n’arrive pas vraiment à le regarder en face là. Je me demande bien ce qu’il est en train de penser de moi. Beh oui ça m’affecte parce que je l’aime vraiment beaucoup à Celse.

J’suis assez gêné de me retrouver devant Celse alors qu’on ne s’est pas adressé la parole depuis une bonne grosse semaine. Depuis le prime où tout le monde a vu ce que j’avais fait avec Zoran pour être plus précise. Celse, c’est un garçon que j’apprécie énormément alors j’ai un petit peu peur du jugement qu’il peut avoir de moi maintenant qu’il sait que je ne suis pas qu’une jeune maman complètement dingue de son petit bébé. J’suis certaine qu’il a même comprit que le père d’Erick ne partage plus ma vie alors que nous n’avons pourtant jamais évoqué le sujet tous les deux. Ou alors c’est Zoran le père de mon petit bout et on cache assez bien notre jeu en se faisant passer pour les amants terribles de l’aventure. Ou pas. C’est juste impossible en fait vu que Zoran est brun et que mon fils est blond. Quoi que, j’suis blonde. Enfin ça aurait quand même fait un bébé roux logiquement. Ou blond vénitien. Sauf qu’Erick il est blond comme les blés et que de toute façon son papa est d’origine allemande. Tout le monde s’en moque de toute façon de savoir si Zoran est le père de mon enfant puisque personne ne s’est, certainement, jamais posé la question. Celse me demande si je vais bien et je ne peux pas lui dire, mais je peux tout de même essayer de lui cacher, plus ou moins, la vérité. Ça pourrait être pire. Effectivement que ça pourrait être pire. Si en plus de ça, j’avais chopé une mst alors là ce serait pire. Par politesse je lui retourne la question. « Ça va, je suppose que ça pourrait toujours être mieux, mais c’est déjà bien comme c’est » Si pour moi ça pourrait être pire, pour lui ça pourrait être mieux. Je fronce brièvement les sourcils. J’suis certaine que y’a un truc qui ne va pas pour lui aujourd’hui. Il m’adresse un sourire et me tourne le dos alors que je reste là à l’observer comme une idiote. Sans m’en rendre compte, j’fais même la tête d’une petite fille triste et chamboulée. Non. Non, je n’ai pas envie qu’il s’en aille moi. Avant il m’aurait parlé. Peut-être pas pendant des heures, mais on aurait quand même échangé quelques mots. Il s’arrête, se tourne et reste planté devant moi à me regarder. Il semble hésitant. Je le suis aussi. Je ne sais pas trop quoi faire en fait alors je me contente de baisser les yeux. J’ai un peu honte quand même quand il me regarde la sorte. Non, j’ai même beaucoup honte en fait. Il se rapproche de moi pour poser, encore une fois, sa main sur mon épaule et, cette fois, m’attirer contre lui. L’une de ses mains passe autour de mon cou. Je profite un petit peu de ce moment en me laissant faire et venant me blottir tout contre lui. Je ferme même les yeux. « Ne pense plus à ça, d’accord ? » Je réponds d’un signe affirmatif de la tête en la secouant brièvement de haut en bas. Je dois avoir l’air d’une idiote. Je m’en moque. Alors que je fais un petit peu en arrière pour me détacher de lui, oui parce que j’ai pas envie que sa copine vienne me fracasser la tête à coup de barre de fer à la sortie hein, je prends la parole d’une toute petite voix : « J’avais un peu peur que tu ne veuilles plus me parler. » Et le pire dans tout ça, c’est que c’est la vérité. Pour une fois, je ne baisse pas les yeux. Je plonge même mon regard dans le sien, mais juste quelques secondes, et je lui adresse un énième sourire. Mon habituel sourire timide.