Je ne suis pas super douée pour parler, ça n'a jamais été un secret. Enfin je ne l'ai jamais caché du moins. Je ne suis pas à l'aise avec les autres, je n'arrive pas à exprimer ce que je ressens et c'est encore pire depuis quelques années. A vrai dire, je crois que je me suis habituée mais ça ne m'empêche pas de m'en vouloir parce que Donia a été adorable avec moi lors de la révélation du secret de Cian et je n'ai rien dit. Je n'ai même pas pris la peine de la remercier. Pourtant ça m'a touché et en plus c'est la seule qui s'est déplacée, c'est vrai que je ne m'y attendais pas mais j'aurais pu lui dire quelques mots au moins. Ça va faire une semaine et je n'ai rien dit. Et même si je ne suis pas franchement bien ce n'est pas une raison pour être impolie et ne pas être reconnaissante. C'est stupide alors j'aimerais bien trouver le courage de le lui dire. Le problème c'est que je ne sais pas tellement comment l'approcher, comment lancer la conversation. Et du coup j'attends, je laisse traîner. Ce matin je suis dans la chambre entrain de faire le lit, d'aérer un peu tout, de sentir comme une idiote l'oreiller sur lequel Ivan ne dort plus, quand il passe et je fonce alors dans le dressing en espérant qu'il ne m'ait pas vu. Et je me cache sans remarquer que je ne suis pas seule. J'ai toujours l'oreiller dans mes bras et je suis à moitié entrain de me cacher derrière le battit de la porte, je me retourne parce que je suis quasiment sûre que quelqu'un est là à m'observer alors instantanément je sens le rouge me monter aux joues et je vois Donia. Justement je pensais à elle. « Je... J'ai vu une araignée....   » Je mens très mal, mais c'est toujours mieux que de dire, j'ai vu mon partenaire qui m'évite et comme je faisais un truc stupide je ne voulais pas qu'il me voit. Une araignée c'est mieux. « D'ailleurs je me sens un peu bête parce que tu as été adorable avec moi vendredi et... Enfin je ne t'ai même pas remerciée. Ça m'a énormément touchée, je ne pensais pas que tu ... Enfin que tu... agirais comme ça avec moi... » Parce qu'on s'est déjà parlé mais on est loin d'être les meilleures amies et elle est un peu plus sur la réserve.

Que ce soit bien clair, je déteste mentir, je ne supporte pas du tout le mensonge, et dans la même veine je n'ai rien contre les araignées. Moi j'aurais plutôt tendance à les attraper à mains nues pour les remettre dehors pour qu'elles puissent vivre en paix au lieu de se faire tuer. Alors il va de soit qu'une petite araignée n'aurait jamais pu me faire bondir comme ça, non la raison est beaucoup plus ridicule que ça. Mais vous savez on combat le manque comme on peut. Je sais d'expériences que le textile ne garde pas très longtemps une odeur, ou alors elle est rapidement remplacée. J'ai beau continuer de sentir les vêtements de mon mari, l'odeur a disparu depuis bien longtemps. Et là c'est pareil, pourtant ça ne fait pas des mois, mais j'ai dû dormir dessus et voilà. Enfin en tout cas elle est plutôt adorable Donia parce que même si elle ne me croit pas, ou même si elle a des doutes elle ne pose pas de questions et c'est plutôt appréciable. Elle reprend ses activités quelles qu'elles soient et je me dis que je ne devrais pas la déranger mais ça me semble plutôt impossible de ne pas la remercier parce que c'est carrément normal. « Je sais reconnaître la douleur quand je la vois. Tu n’as pas besoin de me remercier pour ça. » J'esquisse une légère moue alors qu'elle semble vouloir continuer. « Il ne faut pas croire que j’ai un cœur de pierre, même si j’aime le prétendre… » Je secoue la tête, oh non, non mais il y a méprise sur la question. Vraiment. « Je n'ai jamais pensé que tu avais un coeur de pierre, non tu l'as prouvé... Tu es quand la seule qui... Enfin qui...   » Oui qui ait pris la peine de venir, pour voir si je vais bien, me réconforter alors, oui, évidemment ça me semble normale de la remercier. « Tu as aussi... vécu une tragédie ? Tu avais l'air assez... touchée et...   » Ouais j'sais pas, concernée un peu alors même si je n'étais pas franchement réceptive de prime abord je n'ai rien loupé. « Laisse tomber, ne me réponds pas ce ne sont pas mes affaires... Excuse moi.   » Je baisse la tête vers cet oreiller que je tiens toujours contre moi, c'est idiot, comme tout ceci d'ailleurs, vraiment idiot.