pavel

Je n’ai pas l’intention de me saouler. Non, plus depuis cette fameuse fois lors de ce fameux prime. Mais bon, boire une coupe de vin ne m’est pas interdit. Non, je ne me suis pas encore enlevé ce droit, et je crois que je suis parfaitement capable de me contrôler et de ne pas passer au travers de la bouteille. Je suis loin d’être une alcoolique et je suis loin de ressentir un besoin de boire à ce point. Mais une coupe de rouge, en fin de soirée, comme ça, je ne vois rien de mauvais à ça. Et j’ai besoin de réfléchir, avant de me mettre au lit cette nuit. J’ai besoin de me positionner et de me décider sur plusieurs choses. C’est fou, à quel point, tout a changé depuis le début de cette aventure. Je ne me considère pas comme une personne différente, non, moi en tant que tel, je suis la même. Par contre, les relations que j’ai développé ici, prennent une importance beaucoup plus grande que je n’aurais pu l’imaginer. Et c’est ce qui fait peur, finalement. Mon attachement envers ces personnes. Mon attachement envers Cian. Mon attachement envers Pavel. Envers les autres aussi. Je suis venue ici pour vivre une expérience, et bien, je crois que c’est plutôt réussi jusqu’ici, puisque rien ne ressemble à ce à quoi je m’attendais. Me versant une coupe de vin rouge, je relève subitement la tête, me sortant de mes pensés, pour laisser place à la vue de mon partenaire. Justement. Pavel est devant moi, là, alors que j’avais l’intention d’aller le rejoindre dans quelques instants. Et si de voir son visage me réconforte, il me donne aussi l’impression de frapper un mur. Puisque ça fait des jours que j’essaie de me convaincre. Que je dois avoir une discussion sérieuse avec lui. Qu’il y a des choses qui ne peuvent plus rester comme elles le sont. En fait, je suis tellement perdue, et j’ai tellement peur de ce que j’ai à lui dire, qu’à chaque fois où je me suis retrouvée à ses côtés, j’ai joué le jeu, détournant son attention, parlant de tout et de rien. Puisque j’aime me retrouver à ses côtés. J’aime être en sa compagnie. J’ai appris à le connaître un plus, j’ai appris à plaisanter avec lui, j’ai... Merde. Faudrait que je parle, faut que je dise quelque chose... « Tu veux une coupe ? » Que je demande, lui offrant un demi sourire, n’attendant pratiquement pas sa réponse avant de lui en verser une. « Je dois avouer que je l’ai ouverte au hasard, je ne sais pas si il sera bon... C’est un vin français. » J’ajoute, en fixant l’étiquette, comme si ça voulait tout dire. Je ne voulais pas faire une dégustation et boire le meilleur vin. Non, je ne voulais qu’une coupe. Une simple coupe. Je relève mes yeux en direction de mon partenaire, sentant mon coeur se contracter à la pensé qui me traverse. « Je... Je crois qu’on doit parler toi et moi... Sérieusement. » Mon dieu, je sonne beaucoup trop sérieuse, justement. Ça fait peur, je me fais peur. J’ai la gorge serrée et je décide de boire une gorgée de vin, pour aider. En plus, c’est plutôt ironique de se retrouver ici, avec ce que j’ai à lui dire. Ça sonne beaucoup formelle, finalement, ce n’était pas comme ça que je voulais qu’on parle. Je ne voulais pas donner un ton aussi dramatique à tout ça... « Enfin... c’est sérieux, mais c’est pas non plus... Je ne vais pas te parler de la fin du monde, ni de la guerre de l’indépendance... c’est juste que. » Ok, je m’énerve à tourner de la sorte autour du pot. Et je sais que ce genre de comportement doit énerver Pavel aussi. Je le connais assez bien maintenant de ce côté. « L’autre jour, j’ai parlé de toi et moi, en amis... » C’est un bon début. « J’étais sérieuse. Je nous vois comme des amis... Pavel. Pas plus... Je... » Je me sens tellement stupide, c’est pas croyable. Ça me mal tout ça. « Le truc, c’est surtout que moi, je ne sais pas comment tu nous vois... Et ça m’embête. Et je pense à ça depuis le baiser de dimanche soir, sur le prime. Ça ne m’a pas étonné, pas du tout, sauf que bon, tu veux quoi toi, maintenant ? » Je lui déjà posé une question plus ou moins semblable déjà. Enfin, je crois. Je suis complètement perdue, je l’ai déjà dis ?

Je ne pensais pas retrouver Pavel dans la cave à vin ce soir. Est-ce que j’aurais préféré que ça ne se produise pas ? Non, je n’irais pas jusque là. Mais il y a certainement une partie de moi qui voulait repousser le moment que nous sommes sur le point de partager. Et je ne parle pas simplement de la coupe de vin qu’il accepte et que je lui sers donc. Boire de l’alcool lorsqu’on désir avoir une conversation sérieuse comme je viens de l’annoncer à Pavel n’est peut-être pas la meilleure idée. Mais d’un autre côté, si nous sommes venus ici chacun de notre côté ce soir, c’était certainement pour boire une coupe de vin. Et voilà que je me lance. Le truc, c’est que je ne sais pas exactement comment dire et surtout, comment bien dire ce que j’ai en tête à Pavel. Je ne veux pas qu’il s’éloigne de moi, je ne veux pas briser ce lien de confiance qui est finalement entrain de se bâtir entre lui et moi, pourtant, j’ai surement l’impression que les choses ne peuvent plus rester comme elles sont en ce moment. On ne peut pas continuer comme ça. Et on avait en quelque sorte commencé à en parler la semaine dernière, mais je sens que ce serait mieux si on en parlait sérieusement maintenant. Et je lui dis donc que je le pensais vraiment, lorsque je lui disais nous voir comme des amis. Et automatique, je me rend bien compte que mes mots ne plaisent pas à Pavel, mais pas du tout même. Il semble perplexe. Je ne sais pas exactement, il est si difficile de savoir ce qu’il pense et comment il se sent, en même temps. Sauf que voilà, moi je nous vois comme des amis pour le futur, mais lui, comment est-ce que lui nous voit ? « Quelle importance ? On est des amis, c'est toi-même qui le dis. Des amis et rien de plus. » Je baisse les yeux. Je crois que je l’ai vexé. J’aurais du m’en douter. Et il est vrai qu’avant de lui dire tout ça, j’aurais du lui demander d’abord comment lui il nous voyait. « Ça a de l’importance... T’as de l’importance pour moi Pavel. Et c’est pour ça que je veux savoir le fond de ta pensé. Je veux savoir ce que tu penses de tout ça, une bonne fois pour toute. » On tourne en rond, et surtout, j’ai cette sensation que nous vivons sur des malentendus constamment. Ce n’est pas normal. « T'es pas sans savoir que si je t'ai embrassé dimanche c'est parce que tu me plais plus que n'importe qui ici, et... bah c'est tout, y'a rien d'autre à en dire, je crois. » Oui, j’en ai conscience, j’en ai toujours eu conscience et c’est peut-être ça le problème. Peut-être que j’ai un peu trop aimé l’attention qu’il m’a toujours porté me monter à la tête. Pourtant, ce n’est pas que ça. Puisqu’il est différent, il n’est pas le même qu’au début, et ça, il ne peut le nier. Il ne termine pas sa phrase et ça a tendance à m’énerver. Je déteste lorsque quelqu’un commence à dire quelque chose, simplement pour se rétracter une minute après, ou faire comme s’il avait rien dit. « Je le sais oui. » J’hoche la tête une unique fois, portant mes lèvres à mon verre de vin, même si j’ai complètement perdue l’envie de boire cette coupe maintenant. « Et moi, je te plais toujours ou c'est plus d'actualité ça non plus ? » Je garde les yeux baissé durant un moment, me demandant ce que je dois réellement répondre à cette question. Je n’ai pas l’intention de lui mentir, je n’en ai pas la force. « Je... évidemment que tu me plais toujours. » Une attirance physique, ça ne s’évanouie pas en un claquement de doigts. « Mais... » Oui, parce qu’il y a un mais. Et il fait toujours mal, toujours. C’est le genre de mot que personne ne veut entendre à la fin d’une phrase habituellement. « Mais... Je... Y’a Cian. » Voilà. Ça ne veut rien dire, et tout dire à la fois. Parce qu’il y a Cian, et que la nature de ma relation avec ce dernier devient de plus en plus précise. « Je ne pensais pas que tout déboulerais de la sorte Pavel... Je ne pensais pas m’attacher autant à toi, et je crois que j’en suis venue à perdre de contrôle. On nous a mis tous les trois dans un espèce de triangle amoureux, ou je ne sais quoi, et... » Et qu’est-ce que je raconte au juste ? C’est comme si je voulais donner des explications sur des explications qui au finale ne veulent absolument rien dire. « J’essaie de donner une raison à mon comportement, à ce qui est entrain de se passer, alors qu’on fond, y’a rien à comprendre. C’est juste... Comme ça. » Et je préfèrerais mille fois plus que nous n’ayons pas à en arriver là. Pourtant, c’est plutôt inévitable. « Je voulais pas... Merde. C’est pas simple... » J’ai l’impression d’être super dure avec lui. Et ça me tue. Je n’ai aucunement envie de mettre une distance entre lui et moi. Mais je crois que cela reste la chose la plus raisonnable à faire, vu la situation.

De toute évidence, la situation entre Pavel et moi est loin d’être simple, et dans un sens, je suis consciente d’être la personne qui a tout compliqué. Cependant, je n’ai pas l’impression que Pavel m’aide à y voir plus clair. Je déclare une amitié entre nous, et il est vrai qu’il est peut-être déplacé de ma part d’affirmer cela en ne prenant pas en compte ce qu’en pense mon partenaire. Puisque je comprend bien que ce terme est loin de lui plaire. J’essaie de me rattraper, je veux comprendre comment lui se sent dans tout ça, je lui donne l’occasion de s’exprimer et de me permettre d’assimiler ce qui se passe dans sa tête. Je sais pas, qu’il me dise quelque chose, qu’il m’éclaire. « Ce que j'en pense... Mais j'en sais rien, j'en sais rien Nicola. J'peux pas mettre de mots sur des trucs que moi-même, j'arrive pas à comprendre, c'est impossible. » Je soupire. Je ne suis pas énervée contre lui. Non, ce soupire indique plutôt mon découragement et surtout, mon questionnement face à comment nous allons réussir à nous sortir de cette impasse. Évidemment, lorsqu’il me pose la question concernant mon attirance pour lui, je n’arrive pas à lui mentir et je ne vois même pas pourquoi je me donnerais la peine de le faire. Je suis attirée par Pavel depuis le début de notre aventure ici. Par contre, les éléments et le déroulement des choses ont fait en sorte que j’ai aussi développé une forte attirance pour une autre personne ici. Personne que j’avais même eu la chance de rencontrer avant. Peut-être que tout aurait pu être différent, peut-être que si notre départ n’avait été aussi houleux entre Pavel et moi, nous n’en serions même pas là en ce moment. Et bien que nous nous sommes rapprochés depuis les dernières semaine, entre autre confronté au fait que nous sommes devenus partenaires, je ne suis pas réellement certaine que ce rapprochement débouche à quelque chose de plus que de l’amitié à mes yeux. Et c’est, en quelque sorte, à cause de Cian. Enfin, pas à cause de lui précisément, mais plus à cause de l’affection que je commence à lui porter. Et je me dois de le dire à Pavel. Je ne peux plus continuer à faire comme si tout était correct entre lui et moi. Je ne veux plus d’histoire de jouer avec deux garçons en même temps. Ce n’est pas moi. Je l’ai assez répété. « Je vois, et donc le fait que je te plaise pose problème, en gros ? » Je secoue la tête, ce n’est pas le fait qu’il me plaise le problème. Mais non, ce n’est pas simplement ça du moins. « Non... C’est juste que... Je me rapproche de lui et que... » Ok, c’est plutôt gênant finalement comme discussion. Je n’ai pas envie de parler de ce genre de chose avec Pavel, et je me doute bien qu’il n’a pas nécessairement envie d’en entendre parler non plus. Mais si je parle de Cian, c’est bien parce qu’on a été étiqueté comme triangle amoureux par la production, mais aussi par les autres candidats et que ce n’était pas comme ça que j’avais voulu que ça se passe. Et plus je parle, plus je me rend compte qu’il n’y a aucune cohérence dans mes paroles. C’est un tas de mots qui ne veulent plus ou moins rien dire, sauf que d’essayer de justifier mon comportement. « Je comprends rien, tu veux me dire quoi là, que j'deviens trop encombrant, que j'prends trop de place et qu'il faut plus que je t'approche ? » J’ouvre la bouche, parce que je suis sur le point de lui dire que ce n’est pas ça, que je ne veux pas qu’il s’éloigne, sauf que je me rend compte que ça ne serait pas rationnelle de lui faire une telle demande avec tout ce que j’essaie de lui dire. « Si c'est ça, tu pouvais carrément commencer par là au lieu de l'envelopper comme tu l'as fait. Me dire de te lâcher la grappe, de vous laisser tranquilles même si entendons-nous bien, j'ai jamais cherché à me foutre entre vous, moi. » Il semble tellement énervé que ça me rend nerveuse, moi qui habituellement est plutôt capable de me contenir et ne pas trop me laisser affecter par ce genre de situation. C’est surtout parce que ce genre de situation ne m’arrive jamais habituellement. « Mais je le sais ça, et je n’ai pas non plus voulu avoir cette étiquette de triangle amoureux qu’ils nous ont collé puisque ça en a jamais été un. Mais reste qu’on en est au point qu’on ne semble plus savoir comment agir l’un avec l’autre... C’est étouffant comme situation Pavel. C’est lourd. Et je ne dis pas que tu es lourd... Je parle au sens large. » Parce que s’il a déjà été lourd dans son approche et ses propos, ce n’est plus le cas maintenant. Je baisse les yeux, jouant nerveusement avec ma coupe de vin alors que je n’en ai plus bu une gorgée depuis un moment maintenant. « Donc il va se passer quoi, maintenant ? » Je relève les yeux vers lui, affrontant son regard, m’accrochant à celui-ci, n’ayant plus l’impression qu’il est possible de le détourner. « Je crois... Je sais pas. » Nicola merde, c’est pas sérieux. Même pas capable de prendre une décision. « C’est trop... C’est pas que je ne veux plus que tu m’approches Pavel... Mais toi et moi... C’est plutôt... » J’ai la voix hésitante. J’ai une sorte de boule à l’intérieur du ventre, qui m’indique pourtant que c’est la meilleure chose à faire. « ... Impossible » Ce mot semble résonner dans la pièce. Je viens de mettre fin à quelque chose qui n’a peut-être jamais commencé. Je viens de faire une rupture d’un lien qui n’existait peut-être même pas. Mais je ne sais pas ce qui se passe dans sa tête, je ne peux que prendre en considération ce qui se passe dans la mienne, et toute cette histoire ne fait plus de sens. Je déteste l’idée de m’éloigner de lui, pourtant, je sens que si je continue à me comporter de la même façon des dernières semaines, je ne ferai que lui donner de faux espoirs. Si espoir il a. Parce que je sais simplement qu’il est perdu. Mais je ne sais rien sinon. Au fond, je ne sais rien de lui. J’avais l’impression, depuis quelques temps d’avoir réussi à percer légèrement cette carapace qui l’entoure, autant là, maintenant, j’ai l’impression de n’avoir rien accomplie.

Tout est sérieux. Et c’est moi qui ait donné le ton à cette conversation. Mais c’est normal, vu ce que j’ai à dire à Pavel. Je sais bien que ça ne sera pas la joie, mais ce n’est pas plus facile pour moi. Parce que je veux simplement mettre les choses aux claires, pourtant c’est bien ça le problème, il n’y a rien de simple dans cette relation. Il n’y a jamais rien eu de simple, sauf peut-être au début. Je parle de Cian, bien que finalement, je me dis que ce n’était pas la meilleure idée. Mais en même temps, il est un peu la raison qui me pousse à avoir cette discussion avec Pavel. Ça me met mal à l’aise d’ajouter, de dire que je me suis rapprocher de Cian, alors que ça ne prend pas un doctorat pour s’en rendre compte vu les images qui ont été diffusées lors du prime dimanche dernier. « Bon euh Nicola, j'veux rien savoir okay, ce qui se passe entre Cian et toi ça vous regarde. Surtout si c'est entrain de prendre la tournure à laquelle je pense... » La tournure à laquelle il pense ? Non mais je sais de quoi il parle, mais je ne sais pas si nous en sommes rendu là. C’est juste que... Presque, on pourrait aussi changer de sujet. « Je... oui... Je vais arrêter de parler de lui. » Ça vaut mieux, surtout qu’on a pas fini de parler et que je n’ai pas envie que Pavel parte d’un coup de vent parce qu’il ne veut plus entendre ce que j’ai à dire. En même temps, je le comprendrais. Dans la situation inverse, je serais peut-être partit depuis longtemps. Mais cela reste une hypothèse, puisque je ne le saurai jamais. Et puis on parle de la situation actuelle des choses. Entre lui et moi. Où nous en sommes. Et la complexité qui s’est insérée au fil des semaines entre nous est devenu plutôt insupportable. « Me dis pas que t'en viens à regretter la façon dont je me comportais avec toi au tout début.... Remarque là c'est sûr que tu savais comment agir avec moi, et moi avec toi. Mais j'pensais, visiblement à tort, que l'évolution de mon comportement serait une bonne chose. » Oh non, je ne veux pas qu’il croit que son changement de comportement n’est pas une bonne chose. Elle l’est, j’apprécie vraiment le nouveau Pavel et beaucoup plus que lorsqu’il se montrait lourd et beaucoup trop sur de lui à vouloir me mettre dans son lit. « C’était une bonne chose... Je ne voudrais pas retourner en arrière. Mais je... euh... » Mais ça ne m’a pas aidé à y voir plus clair par contre. Je ne peux pas lui en vouloir pour ça tout de même. Sauf que ça vient me confirmer ce que je voulais lui dire. Qu’au fond, lui et moi, c’était plutôt impossible. Je ne pensais pas dire cela de façon aussi dure. J’ai l’impression de lui jeter ça au visage, comme si ça ne me faisait rien d’avouer une telle déclaration. Ce n’est pourtant pas facile à dire. À avouer. J’ai habituellement du tact, là ce n’était peut-être pas le cas. Et je vois bien dans la réaction de Pavel qu’il ne s’attendait pas à ça. « Ça a le mérite d'être clair, au moins. » Oui, ça c’est sur. Je reste silencieuse, incapable de dire quoi que se soit sur le coup, le fixant, ayant tout de même l’impression que mon coeur bats à une vitesse pas possible. C’est une poussée d’adrénaline, mais pas pour une bonne chose. « Et bien, je présume qu'à présent c'est chacun dans un lit, on se limite si possible à un sourire quand on se croise plutôt que de venir automatiquement l'un vers l'autre, on ne passe surtout plus de primes cote à cote pour pas énerver tu sais qui, et... autre chose ? » Je ravale difficilement. Tout ça sonne si formel. Du jour au lendemain, on ne s’adressera qu’un sourire ? Alors qu’en ce moment même, j’aurais presque envie de le prendre dans mes bras tellement je me sens mal de lui demander une telle chose. Mais je me doute que mon geste ne serait pas le bienvenue, Pavel ayant beaucoup trop d’orgueil. « Je sais pas... Je ne crois pas... J’imagine que c’est la bonne chose à faire... » J’imagine oui. Mais je suis loin d’en être certaine. Pourtant, mettre de la distance entre lui et moi ne pourra qu’être une bonne chose ? J’aimerais que quelqu’un m’indique que je fais exactement la bonne chose. Que je ne suis pas entrain de faire une grave erreur. « Je t'en veux pas hein, Nicola. Et je le fais autant pour toi que je le fais pour moi, c'est vrai que c'est étouffant comme situation. Alors si j'parais énervé, dis-toi que c'est pas contre toi que je le suis. » Je n’arrive pas à regarder ailleurs que dans son regard si profond. Je viens, dans un geste automatique, déposer ma main contre la sienne alors que je me rend compte que c’est déplacé vu ce qu’on vient de se dire. Je la retire donc rapidement, virant les yeux vers la gauche, comme si je venais d’être gênée par mon geste justement. « T’aurais toutes les raisons de m’en vouloir pourtant. Ça paraissait beaucoup plus facile dans ma tête de te dire tout ça... Alors que maintenant. » Oui, maintenant, ce n’est pas si simple. « J’aurais juste aimé qu’on en vienne pas à... ça. » À s’imposer une distance de la sorte.