Henley & Danaé
#8

J’aime bien fouiner dans la vie des autres. Je peux passer des journées entières à jouer les espions pour en savoir plus sur les personnes qui m’entourent. En plus, ici, c’est un petit peu le but du jeu de fouiner et de découvrir ce que peuvent bien cacher mes colocataires alors disons que je ne fais qu’exécuter les gestes qu’on attend de moi. Je passe pas mal de temps dans la salle de vidéosurveillance du coup. C’est un petit peu comme ma seconde maison. Je mange là-bas. Je dors là-bas parfois. Je baise même là-bas, mais ça c’est un secret puisque personne, en dehors du garçon qui a partagé ce moment avec moi, n’est au courant. Bref. Cette après-midi encore j’ai envie d’aller faire un petit tour par la salle des écrans pour voir si j’ai la chance de tomber sur une scène croustillante ou bien si j’ai la chance d’entendre un indice sur l’un des secrets encore en compétition. J’apporte un énorme paquet de bonbons avec moi. La réflexion est toujours meilleure lorsqu’on a le ventre plein. Personne. Tant mieux. La pièce est plongée dans le noir. Je la connais pas cœur donc pas besoin de lumière pour que je me repère. Je ne tarde pas à trouver mon siège habituel. Prenant ma position habituelle, autrement dit en tailleur, je m’installe à ma place et me penche très légèrement vers l’avant pour allumer les écrans qui se trouvent devant moi. Ils grésillent un petit peu. J’crois bien qu’il commence à fatiguer. India est en train de discuter avec Nicola. Pavel fait mumuse avec un bout de papier. Lewis sort des toilettes. Rien de bien palpitant. La porte s’ouvre. Henley. Là, c’est tout de suite bien plus intéressant. Je lui adresse mon plus beau sourire et lui tends mon paquet de bonbons. « Félicitation partenaire. » Je marque une courte pause. « Couple de la semaine. Je ne sais vraiment pas comme ceci est arrivé, mais j’suis plutôt fière de nous. » Et je le pense sincèrement. Il faut qu’on continu sur cette voie-là. Je suis certaine qu’on peut aller très loin toutes les deux. On n’a pas besoin de nos chinoises de partenaires de départ pour se débrouiller. On est bien mieux entre blondasses. « Tu viens faire la fouine toi aussi ? » que je lui demande tout en me concentrant à nouveau sur les écrans. Celse est en train de faire une sieste. Orson joue du piano. Je m’arrête un instant sur cette image avant de zapper. India est encore en train de parler avec Nicola. Décidément, ils sont tous bien calme en ce moment.

« Ouais, c'est génial, merveilleux, vraiment trop cool. En attendant, t'as frôlé l'award de celui qui ne mérite pas sa place en finale de peu et ça me plaît pas. Fais gaffe à ton cul, il ne faudrait pas que tout le monde pense que t'es inutile. » Super. Quand je tente d’être sympathique avec ma partenaire, cette dernière m’enquiquine en me gratifiant de paroles pas franchement sympathiques. Elle peut tout de même essayer de faire un petit effort. Je sais bien qu’elle ne m’apprécie pas tant que ça, mais j’ai envie qu’elle me montre un petit peu plus de sympathie. Et pas en m’embrassant hein. Je ramène le paquet de bonbon vers moi et le pose sur mes genoux. Hors de question que je lui en donne alors qu’elle est méchante avec moi. « T’es pas obligé de me rappeler que les autres pensent que je ne mérite pas d’aller le plus loin possible. » que je réplique un ton assez sec. Si elle pense que je vais être cool avec elle, j’crois qu’elle peut se mettre le doigt dans l’œil. Avant de lui sauter à la gorge pour l’étouffer, je préfère changer de sujet. Je lui pose une question à laquelle elle s’empresse de répondre. « Et ça serait plutôt pas mal de trouver au moins un secret avant de dégager. » Avant de dégager. Elle fait encore une allusion à l’extérieur. Gentille la guêpe. Je lève les yeux vers le plafond et pousse un soupir d’agacement. « T’as des pistes ? » que je demande machinalement tout en fourrant un bonbon à la réglisse dans ma bouche. Après tout on est partenaire, alors autant s’aider. Moi je n’ai pas de piste, donc je ne risque pas de l’aider. Tant pis.

Je sais bien que j’ai été à deux doigts de recevoir l’un des awards les plus dégradants de cette cérémonie, mais je ne peux rien y faire. Bien évidemment que ma partenaire a raison et qu’il faut que je prouve à tout le monde que je suis loin d’être inutile dans cette aventure, mais je ne sais pas comment faire pour leur montrer ça. Apparemment Henley ne compte pas m’aider à remonter la pente. Sympathique la partenaire. « Au contraire, je pense que c'est indispensable que je te le rappelle. Il faut que tu leur prouves qu'ils ont tort. Tu t'y prends comme tu veux, je m'en fous, évite juste de paraître complètement inutile. » Je grimace. J’ai l’impression d’être une gamine que la mère est en train de sermonner pour une raison quelconque. J’ai l’impression d’être une adolescente qui n’en a strictement rien à faire de ce que peuvent lui dire les adultes et qui attends qu’une solution tombe du ciel. « T’as qu’à m’aider puisqu’on est censé marcher main dans la main. » Mon ton n’est pas sec, juste neutre comme si je n’en avais strictement rien à faire de ce qu’elle est en train de me dire. Ça m’inquiète bien évidemment, mais je n’ai pas envie de le montrer. J’ai envie que tout le monde pense que je suis confiante. Ce n’est peut-être pas la bonne solution. « Je ne vais tout de même pas aller pleurer à tout le monde pour me faire plaindre. » que je marmonne avant d’appuyer sur un bouton pour changer les écrans. Rien d’intéressant. On parler secrets à présent. Voilà, il faut que je trouve un secret pour prouver que je ne suis pas quelqu’un d’inutile dans l’émission. Je lui demande si elle a des pistes parce qu’on peut se faire partager nos idées puisqu’on est partenaire. « Est-ce que tu penses sincèrement que j'ai la capacité de m'intéresser plus de trois secondes à ces imbéciles ? » Effectivement ce n’est pas du tout le style de Henley, mais c’est le but du jeu alors elle peut tout de même faire un petit effort. Je fais un signe négatif de la tête sans lui donner de réponse. « Donc, non, pas la moindre piste. » C’est embêtant tout ça. « T’as pas eu des indices ? » que je demande machinalement. Toute chose concernant un secret est bonne à prendre.

Je dois bien avouer que je n’apprécie pas vraiment le ton que ma partenaire est en train de prendre avec moi, mais je ne peux pas lui en vouloir puisqu’elle ne fait que rapporter un fait qui semble bien réel. Les autres n’ont pas vraiment l’air de m’apprécier. D’ailleurs c’est quelque chose qui me met un petit coup au moral. Je n’ai jamais pensé être la nana la plus populaire du nid, mais j’ai toujours imaginé être une personnalité assez importantes tout de même vu que je ne me suis retrouvé sur le banc des nominés qu’une seule et unique fois, que je n’ai vraiment d’ennemis dans la château et que je parle avec tout le monde. Oui, j’tombe un peu de haut alors je n’ai pas envie que l’on vienne encore une fois me faire la leçon. « C'est pas ce que j'ai dit, pas une seule seconde. Je t'ai jamais dit d'aller pleurer dans les jupons de tout le monde, arrête de constamment réinterpréter ce que je peux dire. » J’y peux rien, c’est dans ma nature. « Mais j'en sais rien, tu pourrais te montrer présente pour certains, prendre le rôle de la confidente, de la fille dont ils ne peuvent plus se passer. Prends des risques, démarque-toi, fais du bruit si c'est nécessaire au lieu de rester discrète. C'est quand même pas difficile de trouver un moyen. » J’trouve que c’est moyen son idée. Disons que j’ai comme l’impression que c’est du réchauffé. Toutes les nanas font ça pour se faire apprécier non ? Après, peut-être bien que ça marche et que c’est pour ça que tout le monde le fait. « Prendre des risques et faire du bruit ? Je crois que j’en ai un petit peu trop fait avec Zoran déjà donc je vais laisser ma place à quelqu’un d’autre pour ça. » Beh ouai, même encore les gens trouvent le moyen de me parler de cette histoire de fellation. D’ailleurs je suis surprise qu’il ne retienne que ça et pas tout le reste autour. Soyons sérieux deux secondes, avec Zoran on ne s’est pas regardé dans le blanc des yeux à chaque fois qu’on se retrouvé en tête à tête. On vient à parler des secrets de nos petits camarades et on n’est pas sur la bonne voie pour en trouver un. « Non plus. Autrement dit, je suis bien dans la merde. » Une grimace s’empare de mon visage. « J’ai des indices à recevoir, mais j’crois bien que Cupidon a pas envie de me les donner. » que je dis machinalement. Je ne sais pas si ça va nous aider, mais en tout j’ai bien envie de les avoir pour avancer dans mes recherches. On reste silencieuse un instant avant qu’elle n’aborde notre baiser de la semaine précédente. « Si je t'ai embrassée, l'autre jour... » Je lève la tête et pose mes yeux sur elle. J’ai un petit peu peur de ce qu’elle va me dire. « Je suis aussi dans ce jeu pour faire le point sur mes relations... D'accord, ma relation avec ma meilleure amie. Je ne suis pas certaine que c'est le terme qui convient, je ne sais pas exactement ce qu'on est. » J’avais raison. Mademoiselle a des doutes sur sa sexualité. Moi j’veux bien l’aider à y voir plus clair, mais sans qu’elle ne pose ses lèvres sur les miennes alors je prends la parole pour lui poser une question totalement idiote, mais qui peut peut-être faire avancer les choses. « Et t’as quel genre de relation avec ta meilleure amie ? » Si ça se trouve elles sont seulement hyper complices.

Cet award que j’ai presque eu il ne me fait pas du tout plaisir, mais je ne peux pas faire autrement que l’accepter. Ma partenaire me dit que je dois me faire passer pour la nana indispensable, que je dois faire du bruit pour rappeler à tout le monde que je suis là et que je mérite ma place dans l’aventure. Je ne sais pas vraiment si elle fait ça pour ne pas se retrouver sur le banc des nominés ou bien si elle fait parce qu’elle m’aime bien. Je doute qu’elle m’apprécie, mais d’un côté elle n’aurait pas pris la peine de venir me remuer si elle n’en avait strictement rien à faire de ma petite personne. Elle n’est franchement pas facile à cerner ma partenaire. « Il te manque ? » J’imagine bien qu’elle parle de Zoran puisque je viens de prononcer son prénom il y a moins d’une minute. Un petit hochement positif de la tête et je me décide à prendre la parole. « Un petit peu. » Je suis certaine que j’ai l’air pathétique. « J’suis pas certaine de le revoir une fois à l’extérieur parce qu’on n’avait pas forcément envie de la même chose tous les deux et en même temps j’ai l’impression qu’on passe à côté de quelque chose alors, j’sais pas trop. » que je viens lui confier tout en haussant les épaules avant de parler des secrets de nos petits camarades. C’est certains on n’est pas prêtes d’en trouver un vu comment ça se trame toute cette histoire. Tant pis. On passe sur le baiser qu’elle m’a offert la semaine précédente et sur la raison qui l’a poussé à m’embrasser. Sa meilleure amie. J’crois bien qu’elle est un petit peu perdu ma partenaire. Je pose une question qui semble idiote. « Si j'avais la réponse exacte à cette question, je t'en parlerais pas. » Effectivement. « Je ne sais pas, elle est un peu indispensable dans ma vie, je lui fais confiance, évidemment. Les gens ont tendance à dire que c'est ambiguë, c'est chiant. » Ah. Une petite grimace désolée s’installe quelques instants sur mon visage. C’est compliqué tout ça. « J’imagine que t’en as jamais parlé avec elle ? » Si elle l’avait fait elle aurait des réponses alors non, elle n’a jamais parlé de leur relation avec sa meilleure amie. « Après que les gens disent que c’est ambigüe tu t’en moque royalement. L’essentiel c’est ce que elle et toi vous pouvez penser de cette relation. Je sais que j’suis pas la reine des conseils, mais du moment que tu doutes c’est que d’un côté t’as envie que votre relation évolue vers quelque chose de plus fort que de l’amitié et j’pense pas que t’es besoin d’embrasser qui que ce soit d’autre pour savoir si oui ou non t’as envie de plus avec elle. » J’pense qu’elle le sait déjà en fait, mais qu’elle se voile la face. Pourquoi ? Aucune idée, mais il faut qu’elle assume plutôt que de se bouffer en se posant des questions auxquelles elle semble avoir les réponses.