Akela & Danaé
#8

Heureusement que je ne suis pas le genre de nana à prendre du poids rien qu’en mangeant un croissant au petit déjeuner parce que quand je regarde certaines de mes camarades j’ai juste envie de vomir. Elles ont toutes prit du bide. Sauf ma jolie petite Aliénor, mais elle c’est normal puisqu’elle passe tout son temps libre à faire du sport. Henley n’est plus aussi mince qu’au début. Kinga cache ses hanches sous de gros pulls alors qu’elle passait son temps à poil au début de l’aventure. Zoey n’ose même plus prendre sa douche devant tout le monde comme elle le faisait en début d’émission. En tout cas tout ça me fait bien rire. Tout le monde s’est foutu de ma gueule quand j’ai accouché, mais je n’ai pas tardé à retrouver ma ligne de jeune fille. D’ailleurs, vous pensez qu’il va lui falloir combien de temps à India pour faire fondre les poignets d’amour qu’elle porte depuis peu ? Moi je pense qu’elle va devoir y travailler avec acharnement pendant un bon gros mois. C’est fou comme je suis méchante ces derniers temps. Je ne sais pas ce qui me prend, mais je ne cesse de me moquer de mes colocataires féminines. Et comme je ne veux pas qu’on puisse se moquer de moi par la suite si jamais je viens à prendre rien qu’un seul petit gramme, alors j’enfile ma plus belle tenue de sport et je m’élance vers la salle en question. Je sais bien que les docteurs ne sont pas d’accord pour que je pratique une activité physique, mais je n’en fais qu’à ma tête parce que moi j’ai décidé de vivre ma vie pleinement et d’arrêter de me priver. C’est peut-être un petit peu pour ça que je suis dans cette émission aujourd’hui. C’est justement en pensant aux diverses raisons de ma présence ici que je gagne la salle de sport. Je ne suis pas seule. Akela est là lui-aussi. Je ne sais pas ce qu’il est en train de faire, mais … « Tu ne veux pas remettre ton tee shirt par hasard ? » que je lui demande en mettant l’une de mes mains devant mes yeux. Je ne veux pas jouer les petites filles prudes, mais c’est vrai que c’est assez gênant. Enfin, plutôt perturbant en fait parce qu’on peut dire ce qu’on veut, mais il est plutôt bien fait le petit Akela.

Bon, allez, une journée entière passée à me morfondre dans mon coin comme un gosse après sa première peine de cœur, c'était largement suffisant, et il était hors de question que cela se reproduise. J'avais de toute façon bien moins de raisons de ruminer dans mon coin maintenant que j'avais eu le temps de m'expliquer avec Camille et d'en venir à la conclusion que nous avions simplement quelques problèmes de communication ... Bon, le tout c'était de le savoir, il nous suffirait maintenant de faire attention. Quoi qu'il en soit après la journée que j'avais passé hier j'avais on ne peut plus besoin de me dépenser ; J'en avais pas juste envie, non, j'en avais besoin, comme on avait besoin de boire et de manger. C'était la condition sine qua non pour que je ne parte pas en cacahuète, dans un sens. Le souci c'est que quand j'étais descendu du côté de la piscine des candidats y barbotait déjà, et je préférais enchaîner mes longueurs quand j'étais tout seul ... et pour ne rien arranger il pleuvait, autrement dit exit le jogging en forêt également. Bon, du coup bien que cela ne me motive que moyennement il ne me restait plus qu'une seule option, la salle de sport ; En espérant qu'elle ne soit pas occupée elle aussi. J'aimais pas la solitude, je le répétais assez, mais y'avait une exception à cela, c'était quand je faisais mon sport. Qu'il s'agisse de nager, de courir ou même quand j'allais surfer, je préférais me la jouer loup solitaire dans ces moments-là. Et ça ça ne datait pas d'hier, à vrai dire déjà à onze ou douze ans pour mes premières compétitions je ressentais le besoin de rester un peu seul avant mes passages, et quand c'était devenu mon métier par la suite j'avais l'impression de ne jamais autant progresser dans l'application des conseils de mon entraîneur que quand j'étais tout seul face aux vagues. Parce que fallait pas non plus croire, j'avais peut-être mes défauts en tant que sportif, mais je n'avais jamais négligé les conseils de mon entraîneur ... je ne le faisais toujours pas d'ailleurs, malgré que nous ne nous soyons pas quittés de la meilleure des façons. Bref, la salle de sport donc, c'est là que je m'étais échoué vers quatorze heures bien déterminé à évacuer mon trop-plein de ... de tout, en fait. C'était à n'y rien comprendre en fait, la semaine passée j'avais l'impression d'être toujours fatigué, et cette semaine j'étais comme un lapin Duracel en surdose de caféine. Bon, cela venait peut-être aussi de la dose élevée de frustration que j'avais emmagasiné ces derniers temps, c'était peut-être même plus efficace que la caféine, mais contrairement aux effets de cette dernière cela ne disparaissait pas tout seul. Mais frapper, ça ça défoulait, et se défouler ça faisait éliminer la frustration, d'où mon apparente haine pour le sac de sable que j'avais en face de moi ; Sac auquel j'avais mentalement donné un visage, parce que c'était toujours plus efficace, hm. « Tu ne veux pas remettre ton tee shirt par hasard ? » Je m'étais arrêté net en entendant la voix derrière moi ; Je n'avais pas entendu que quelqu'un était entré dans la salle. Ceci dit j'avais reconnu la voix avant même de me retourner, et savais donc qu'il s'agissait de Danaé. Me retournant vers elle j'avais cherché des yeux mon tee-shirt jeté en boule non loin de moi, tout en répondant « Pourquoi t'as peur d'être éblouie ? » que je demande avec un air de crétin avant d'éclater de rire. Non mais ça je je plaisantais, ça faisait pas de mal. « C'est bon, je plaisante. » avais-je en tout cas ajouté au cas où. N'empêche que j'avais ramassé mon tee-shirt et passé le dos de ma main contre mon front perlant de sueur avant de l'enfiler. Non mais je le faisais pas exprès, c'est juste que bon voilà, je passais les trois quart de mes journées dans l'eau ou sur la plage chez moi, alors Camille n'avait pas tort quand il me taquinait sur le fait que j'avais du mal à garder un simple tee-shirt sur le dos ... Mais ici j'essayais de faire des efforts, surtout que ma blinde de tatouages inspirait pas toujours confiance. Je crois que c'était la mâchoire de squale sur la droite de ma taille qui impressionnait. Enfin bref, du coup j'avais remis mon tee-shirt, et j'avais fait quelques pas vers le distributeur d'eau pour m'en verser un verre avant de me retourner vers Danaé « Qu'est-ce qui t'es arrivé au prime, tu vas mieux ? » avais-je finalement demandé en passant plus ou moins du coq à l'âne, mais mon ton devenu instantanément plus sérieux. J'avais pas tout compris, à vrai dire je gardais déjà un souvenir amer du prime moi-même alors je ne savais pas si j'avais loupé un truc concernant Danaé, un truc de nature à la faire quitter le plateau au beau milieu pour ne revenir qu'à la fin ... C'était même pas tant que j'étais curieux, c'était plutôt que j'aimais bien Danaé, alors je préférais la savoir allant bien que le contraire, forcément.

Ce n’est pas parce qu’Akela est repoussant que je lui demande de remettre son tee shirt. De toute façon, il est loin d’être repoussant. Si je lui demande de remettre son tee shirt c’est justement parce qu’il est plutôt très agréable à regarder et que c’est de la torture que d’imaginer que je n’ai pas le droit de me rincer l’œil parce que monsieur est marié. Disons que je n’ai pas vraiment envie que son époux vienne m’attendre à ma sortie du nid pour me faire une remontrance juste parce que j’aurais eu le culot de reluquer son homme de la tête aux pieds. « Pourquoi t'as peur d'être éblouie ? » Tiens donc, c’est qu’il se dévergonde le petit Akela. Je suis assez étonné de l’entendre me parler de la sorte. Elle est bien loin l’image du gentil garçon que j’ai de lui. Enfin, il est toujours gentil, mais il sait aussi s’amuser et ça, c’est un plus. « C'est bon, je plaisante. » Je suis certaine qu’il a vu la gueule que j’ai tiré et que c’est pour ça qu’il se dépêche de rajouter qu’il est en train de plaisanter. Il plaisante. J’aime bien le Akela qui plaisante tout comme j’aime bien le Akela sérieux. En fait, j’crois que j’aime bien Akela tout court. Ce type est juste génial. Je l’observe un très court instant. Juste le temps qu’il remette son tee shirt histoire de me rincer l’œil une dernière fois. « T’as des tatouages ? » que je demande comme une idiote alors que je suis en train de le bouffer du regard et notamment les dessins d’encre qui se trouvent sur son corps. De toute façon, je n’ai pas trop le temps de m’attarder sur son corps de rêve parce qu’il entame un tout autre sujet. Mon absence lors du prime ? « Qu'est-ce qui t'es arrivé au prime, tu vas mieux ? » Si je vais mieux ? Pas vraiment, mais j’essaye de ne pas trop montrer que je suis au plus bas en ce moment. Je me contente de hausser les épaules et de prendre place sur un vélo elliptique. « J’ai juste eu un petit coup de mou à cause du stress dû à la nomination d’Aliénor. J’avais peur qu’elle parte. » Bien évidemment il n’y avait pas que ça, mais je n’allais pas lui avouer que c’est le départ de Zoran qui m’a foutu dans cet état. Je ne dis rien de plus. J’enclenche un programme et je commence ma petite séance de sport. « Tu … T’as pas envie d’être mon coach par hasard ? » Il est super musclé alors je suis certaine qu’il doit s’y connaître en sport.

Elle était arrivée au bon moment, dans un certain sens, parce que je commençais à fatiguer. Elle m'évitait ainsi de reprendre cette vieille et mauvaise habitude consistant à m'épuiser assez pour me sentir flagada tout le reste de la journée. Ça m'aurait aidé à dormir, certes, mais je ne pense pas que mes articulations auraient apprécié une fois de plus « T’as des tatouages ? » La question m'avait arraché un sourire en coin, principalement parce que je tenais là la preuve ultime que Camille exagérais un peu en disant que j'étais pas capable de garder un tee-shirt sur le dos ... La preuve que si, pour que Danaé ne se rende compte de ce détail que maintenant. Tirant en tout cas machinalement sur le bas de mon tee-shirt j'avais relevé les yeux vers Danaé et répondu « C'est plus durable qu'un souvenir, et plus facile à tenir qu'un journal de bord. » en guise d'explication. Parce que c'était un peu ce que c'était au fond, un journal de bord amélioré, des plus logique et organisé pour moi mais difficile, voir impossible à comprendre correctement pour les autres. Y'avait rien qui ne soit encré dans ma peau par hasard ou juste pour faire beau. Enfin bref, assez parlé de moi, d'autant plus que je n'avais pas vraiment recroisé Danaé depuis le dernier prime, et qu'il ne semblait pas avoir été une partie de plaisir pour elle non plus. Le seul truc, c'était que je ne savais pas pour quelle raison. « J’ai juste eu un petit coup de mou à cause du stress dû à la nomination d’Aliénor. J’avais peur qu’elle parte. » J'étais moyennement convaincu à vrai dire. Enfin, ça se tenait je suppose, mais y'avait bien d'autres gens ayant été nominés et ayant quitté le nid que Danaé appréciait également, et jamais encore elle n'avait réagi de cette façon ... Enfin, il me semblait. Après je connaissais pas vraiment les relations qu'entretenait la jeune femme avec les uns et les autres, mais bon. « Alors maintenant qu'elle a été sauvée, tu dois aller mieux ? » avais-je alors simplement répondu avec un léger sourire, lui tendant une ultime perche si elle souhaitait en dire plus, avant de la laisser tranquille si elle ne souhaitait pas le faire. J'étais pas totalement abruti non plus. J'en aurai presque oublié que puisque nous étions dans une salle de sport il n'y avait pas trente six raisons pour qu'elle se trouve ici, particulièrement dans cette tenue. Mais c'est donc sans grande surprise que je l'avais vu s'installer sur un des elliptiques, tandis que je me passais un peu de l'eau de mon verre d'eau sur le visage « Tu … T’as pas envie d’être mon coach par hasard ? » J'avais presque envie de lui répondre qu'à en juger par son physique elle ne semblait pas vraiment avoir besoin de qui que ce soit pour la motiver, mais j'avais préféré garder cette vérité pour moi et me remplissant un second verre d'eau j'avais fait quelques pas pour me rapprocher de l'endroit où elle s'était mise « Hm, j'ai peut-être un deal pour te motiver. » désignant le tableau de bord sur lequel s'affichait le rythme idéal au dessus du rythme réel de la personne sur le vélo. « A chaque fois que tu perds le rythme tu devras me dire quelque chose sur toi. Et à chaque minute que tu tiendras en gardant le rythme, c'est moi qui devrait te dire un truc sur moi. Deal ? » C'était un marché à la fois honnête et utile, ça, non ?