india

Ca faisait deux semaines que ça durait, ce bordel dans ta tête. Deux semaines aussi agréables que compliquée, parce que tu avais beau avoir passé de moment plus que bon avec India comme Camille, cela ne t’avait aidé en rien. Alors tu avais pris une décision. La solution de facilité. Tu retrouves India dans le salon, le cœur battant. Tu savais que tu étais un idiot, tu le savais. « India… » tu murmures en prenant place à côté d’elle. Il fallait que tu prennes ton courage à deux mains. Pour une fois. « Il… il va falloir qu’on arrête les baisers, et tout le reste, je… » tu te mords la lèvres, et puis tu baisses les yeux. « Je ne peux pas continuer comme ça… craquer à chaque fois, avec toi, et avec Camille… » tu murmures tout bas. « Ce n’est pas correct, ni pour lui, ni pour toi. » non, vraiment pas. Tu étais horrible, comme personne. « Alors.. il faut qu’on arrête.. tout ça.. » les baisers, les caresses déplacées, tout ce qui avait commencé depuis deux semaines. C'était dur pour ça, de dire ça. Vraiment. Même si tu n’en avais pas envie, il fallait que tu le fasses. Tu n’avais pas le choix, il fallait que tu commences à être raisonnable. Il fallait que tu sois un adulte, et que tu assumes. C’était Cian qui te l’avait dit. Tu ne pouvais pas devenir invisible – pas pour le moment en tout cas – et tu ne pouvais pas laisser les choses comme elles étaient. Alors tu avais décidé de faire quelque chose. Et c’était ça. C’était peut-être la mauvaise décision, tu n’en savais rien, mais ça restait toujours mieux que de ne prendre aucune décision.

Je suis tranquillement installée dans le salon entrain de lire un livre et grignotant des feuilles de salades lorsque je vois Ivan débarquer. Il est resté pour mon plus grand plaisir et il a l'avait l'air d'aller mieux en plus, alors évidemment je souris quand je le vois. Je pose mon livre sur la table du salon mais son regard m'annonce rien qui vaille. « Il… il va falloir qu’on arrête les baisers, et tout le reste, je… » Quoi ? Je crois que je ne comprends rien. Non, je ne comprends plus rien. « Je ne peux pas continuer comme ça… craquer à chaque fois, avec toi, et avec Camille… » Je crois que je viens de me prendre une belle claque. Il viendrait de me frapper que ce serait pas pire. Et j'ai honte, oui je crois que je suis morte de honte. Je suis une belle idiote. Une véritable idiote. « Ce n’est pas correct, ni pour lui, ni pour toi. Alors.. il faut qu’on arrête.. tout ça.. » Comme ça ? Qu'on arrête. Juste comme ça. Je ne sais pas si j'ai envie de hurler, de pleurer, ou peut être les deux en fait. Et partir en courant aussi, oui je devrais partir en courant. Mais il faut que je parle parce qu'il y a un truc que je ne comprends pas. « Pourquoi maintenant ? Je... Pourquoi... C'était mauvais ? Pourquoi... Tu as attendu ? Pourquoi tu as...  » Je n'arrive plus à parler parce que j'éclate en sanglot. C'est trop dur. Je ne comprends pas. « Si j'avais su, si j'avais su que... Tu... Est-ce que tu te rends compte de ce qu'on a fait ? Est-ce que tu te rends compte que la dernière personne avec qui... Si je l'ai fait Ivan, si... Je croyais que...Tu... J'suis amoureuse de toi Ivan, pourquoi... Tu...  » Et je m'écroule sur le canapé. Je savais que j'étais stupide. « Je suis vraiment trop conne.  » Je murmure plus pour moi que pour lui, je ne le regarde plus, je ne peux plus le regarder. C'est impossible. C'est trop dur.

Tu détestais tellement faire du mal aux gens que dans ta tête, la meilleure solution pour n’en faire à personne, c’était d’abandonner. De les laisser tous les deux continuer leur vie, sans toi. Ou avec toi, mais pas de cette manière. Tu préférais toi-même souffrir plutôt que de laisser quelqu’un d’autre souffrir à ta place. La seule chose, c’était que tu ne te rendais pas compte que de « choisir » aucun des deux n’arrangerait sûrement rien. Il n’y avait qu’à voir India. Le cœur serrer, tu avais comme seule envie de devenir invisible. Pourquoi est-ce que Cian t’en avais empêcher ? « Pourquoi maintenant ? Je... Pourquoi... C'était mauvais ? Pourquoi... Tu as attendu ? Pourquoi tu as... » Quoi ? Mauvais ? non, bien sûr que non, c’était tout sauf mauvais, comment est-ce qu’elle pouvait penser quelque chose comme ça ? Et India pleure. India pleure et t’as envie de pleurer, ça doit être communicatif. Vous savez, comme les enfants qui pleurent quand ils voient leur mères pleurer. Bref. Ton cœur bat de plus en plus vite, et tu te sens particulièrement mal. « Si j'avais su, si j'avais su que... Tu... Est-ce que tu te rends compte de ce qu'on a fait ? Est-ce que tu te rends compte que la dernière personne avec qui... Si je l'ai fait Ivan, si... Je croyais que...Tu... J'suis amoureuse de toi Ivan, pourquoi... Tu... » Tu restes bouche bée, c’est la panique totale dans ta tête. La dernière personne qui a dit être amoureuse de toi s’est fait la malle dès que tu avais eu des problèmes. Et légitimement, tu assimilais ces paroles à l’abandon. Alors c’est la panique dans ta tête, tu ne peux pas sortir un seul mot. Tu es bloqué. « Je suis vraiment trop conne. » t’as envie de la prendre dans tes bras, t’as tellement envie de la consoler. Mais tu supposes que tu ne peux pas. « Tu.. tu ne peux pas.. tu ne peux pas.. tu ne peux pas être amoureuse de moi.. » tu bégayes, tu secoues la tête. C’était impossible. « Personne.. jamais .. non.. » personne n’était jamais tombé amoureux de toi, tu le savais. Tu l’avais deviné. Tu serres les dents, ta mâchoire se contracte. « Tu.. ton mari.. il.. il était normal.. je.. je ne le suis pas… » et elle savait très bien pourquoi. « Jamais tu.. jamais tu ne seras heureuse avec moi.. personne ne l’est.» Comment, quand on avait eu un enfant, et un mari aussi parfait, on pouvait se contenter de ça ? De toi ? Tu trembles. T’as mal à la tête, et au ventre, et au cœur. Tu veux juste disparaître. Tu veux juste te cacher pour pouvoir pleurer.

Je n'ai jamais imaginé à ce genre de retournement de situation, pas comme ça, pas aussi tôt et il y met aucun tact, aucun c'est simplement horrible. Et je craque, je suis sensible de toute façon, ce n'est un secret pour personne. Il le sait très bien, et c'est trop dur, je ne peux pas contrôler tout ça. Ni ce que je dis, et je lui dis que je suis amoureuse de lui, et oui j'ai fini par le réaliser, c'est évident. Celse me l'a dit. Cian me l'a dit, et oui je crois que je le suis. Je n'aurais jamais envisager aller plus loin avec lui si ce n'était pas le cas. Jamais. C'est certain. Je suis dans le canapé à pleurer et il ne dit rien, il ne dit rien et je me sens obligée de lever les yeux vers lui parce que c'est Ivan et que je ne supporte pas de ne pas savoir s'il va bien ou non. « Tu.. tu ne peux pas.. tu ne peux pas.. tu ne peux pas être amoureuse de moi.. Personne.. jamais .. non.. » Si je peux. Bien sûr que je peux. « Tu.. ton mari.. il.. il était normal.. je.. je ne le suis pas… Jamais tu.. jamais tu ne seras heureuse avec moi.. personne ne l’est.» Non, il ne peut pas dire ça, non non. Je me lève, je me lève et je le serre contre moi. Tant pis. C'est horrible et il me fait mal mais je refuse qu'il dise ce genre de choses, surement pas. « Je sais tout ça, je sais exactement, ce qu'il t'arrive et ça n'a pas la moindre importance. Je n'ai jamais été aussi heureuse depuis que je t'ai rencontré. J'ai vécu l'enfer pendant cinq ans et toi tu es là et... C'est toi. C'est comme ça, je suis amoureuse de toi Ivan et ce serait plus simple, beaucoup plus simple si ce n'était pas le cas mais... Je le suis.  » Oui voilà, je le suis, j'en suis tellement consciente maintenant. « Tu ne te rends pas compte de tout ce que tu m'apportes, je peux avancer grâce à toi, je peux... Je sais que je ne peux qu'être heureuse avec toi.. » Je le sens un peu plus contre moi, ou c'est moi que je sers, et tant pis si ça non plus on avait plus le droit. Tant pis, je m'en fiche. J'en ai besoin, lui aussi.

Tu te sens tellement mal, évidemment que tu te sens mal. Mais ce n’était pas à toi que tu devais penser maintenant, ce n’était pas toi la personne importante en cet instant. Et même si toi aussi tu avais envie de pleurer, c’était bel et bien India qui était en larme devant toi. À cause de toi. Et ça te brisait le cœur. Tu tenais tellement à elle que c’était insupportable de la voir comme ça. Et pourtant, tu n’arrives pas vraiment à contrôler ta panique lorsqu’elle te dit qu’elle est amoureuse de toi. Chose impossible. Impossible. Ta partenaire se redresse à tes paroles pour te serrer dans ses bras. Mais non… pourquoi est-ce qu’elle faisait ça ? est-ce qu’elle ne se rendait pas compte à quel point c’était plus dur, comme ça ? Et pourtant tu passes tes bras autour de sa taille et tu la serres dans tes bras comme tu avais pu avoir l’habitude de le faire avant. Tu veux qu’elle aille mieux, et pourtant tu ne fais rien pour. Tu es vraiment une horrible personne, tu te détestes tellement. Et tu ne sais pas trop comment réagir à ses paroles. Parce qu’India avait beau dire tout ce qu’elle voulait, pour toi tu restais tout simplement dans l’incapacité de rendre heureux qui que ce soit. C’était un fait établi. Et tu la serres un peu plus contre toi, comme si tu t’accrochais à elle, alors que tu dois la laisser partir. C’était ce que tu avais décidé. « Je t’en supplie… » tu murmures « Ne pleure pas… je.. pas pour moi. » Tu ne méritais pas ces larmes, tout ce que tu méritais c’était de la haine, l’ignorance, et tout ce qui pouvait s’en suivre. « Déteste-moi.. c’est plus.. simple. » Pour elle, comme pour toi. Parce que si elle te détestait, tu savais que tu n’avais ce que tu méritais. Alors que si elle restait comme ça à être dans tes bras… tu ne pouvais t’en vouloir qu’encore plus. Dieu, ce que tu étais égoïste à cet instant même. Quel crétin.

Je ne comprends plus rien, je ne comprendrai jamais rien je crois. Au lieu de partir, de le laisser là, ça me tue de le voir comme ça. Je ne sais même plus si j'ai le droit d'être dans ses bras, je ne crois pas. J'en sais rien, on l'a toujours fait, mais est-ce que je dois arrêter ça aussi ? Est-ce que, j'en sais rien, parce que je n'ai pas envie d'arrêter ça. Ça n'a aucun sens. Vraiment aucun. Et quand je sens ses bras se resserrer autour de moi ça me rassure un peu. Et peut être que je ne devrais pas être rassurée, peut être que je ne devrais pas lui dire ce que je lui dis, mais peut être que s'il l'entend, peut être qu'il comprendra qu'il raconte vraiment n'importe quoi. Comment il peut savoir ce que je ressens plus que moi ? Je sais quand même que grâce à lui je vais mieux, que grâce à lui j'ai recommencé à m'ouvrir aux autres. Je n'ai pas choisi de tomber amoureuse de lui, je n'ai pas choisi tout ça. « Je t’en supplie… Ne pleure pas… je.. pas pour moi. » Je m'agrippe un peu plus à lui, comme j'ai l'habitude de le faire, depuis... depuis le début en fait, comment il peut me demander d'arrêter tout ça ? « Déteste-moi.. c’est plus.. simple. » Je me détache brusquement comme s'il venait une fois encore de me frapper. Il se moque de moi ? Je crois qu'il se moque de moi. Mais vraiment.  « Mieux pour toi, mais définitivement pas pour moi. Est-ce que tu m'écoutes quand je te parle ? Est-ce que tu tu m'écoutes au moins ?  » Je hausse légèrement le ton, et je ne peux pas lâcher ses yeux, je ne peux pas parce qu'il n'a pas idée d'à quel point il peut être blessant.  « Ecoute, si tu as envie d'être avec Camille, si tu as envie que je te foutes la paix dis-le moi Ivan, mais ne me sors pas tes excuses bidons, parce que non, tout ça... Tout ça, c'est pas pour moi que tu le fais, mais c'est pour toi... Si tu tiens à moi, au moins un peu, dis moi la vérité Ivan... Ou j'en sais rien mais arrête de te mentir à toi même. Moi tout ce que je sais c'est que c'est toi que je veux, mais ...  » Et je n'arrive plus à parler, je ne peux plus parce que je me remets à pleurer de plus belle.

Elle se détache de tes bras et élève le ton. Tu ne t’y attendais pas, mais tu sais bien que tu le méritais. Tu méritais tout ce qui t’arrivait, tu l’avais cherché. Mais tu restes tout de même bouche bée, perdu, à la regarder. Tu t’enfonces au fond du canapé, honteux. Tu ne voulais pas que tout ça arrive, toi. Tu n’aurais jamais, jamais dû t’inscrire dans ce jeu. Tu n’aurais jamais dû jouer à ce jeu dangereux.   « Mieux pour toi, mais définitivement pas pour moi. Est-ce que tu m'écoutes quand je te parle ? Est-ce que tu m'écoutes au moins ? » Bien sûr que tu écoutais. Du moins, tu entendais les mots, mais tu faisais – comme d’habitude – ta propre interprétation. Tu restais, malgré son état, convaincu que ta décision paraissait la meilleure de toute. Et pourtant… « Ecoute, si tu as envie d'être avec Camille, si tu as envie que je te foutes la paix dis-le moi Ivan, mais ne me sors pas tes excuses bidons, parce que non, tout ça... Tout ça, c'est pas pour moi que tu le fais, mais c'est pour toi... Si tu tiens à moi, au moins un peu, dis moi la vérité Ivan... Ou j'en sais rien mais arrête de te mentir à toi même. Moi tout ce que je sais c'est que c'est toi que je veux, mais ...  » Et ton cœur se fend lorsque tu la voix pleurer encore une fois, c’est encore pire que le jour de la révélation de son secret. Un milliard de fois pire. Et dans ta tête c’est l’explosion. T’as envie de la consoler, mais tu sais que chaque mot que tu diras, chaque geste que tu feras ne feront qu’empirer les choses. « Je.. j’ai.. j’ai jamais dit ça.. Je vais voir Camille tout à l’heure pour lui dise que .. je ne peux pas.. je ne peux pas faire tout ça… j’ai.. India… » tu murmures, tu n’arrives vraisemblablement plus à t’exprimer. Elle avait raison, tu voulais qu’elle te déteste parce que ça serait plus simple pour toi, et pas pour elle. Tu n’avais pas l’habitude d’être égoïste comme ça, alors qu’est-ce qui te prenait ? Tu baisses les yeux, tu ne sais plus quoi dire. Tu n’arrives même plus à exprimer tes propres pensées, même dans ta tête. C’est le bordel. « Je suis désolé… » tu marmonnes en te triturant les doigts, déboussolé.

Je m'énerve et ça ne me ressemble pas tellement moi qui est si calme d'ordinaire mais cette situation m'énerve, Ivan m'énerve a cet instant précis parce qu'il ne comprend rien. Ou qu'il ne veut pas comprendre et c'est pénible, c'est pénible parce que je crois qu'il se cherche des excuses parce qu'il pense qu'il agit pour mon bien mais c'est uniquement pour tenter de se soulager lui. De quoi j'en ai aucune idée mais moi ça ne me soulage pas, j'ai l'impression de me faire méchamment jeter. Comme si tout ce qu'on avait vécu, comme si tout ce qu'on s'était dit avant n'avait pas la moindre importance. Il reste sur ses positions, il ne veut rien entendre, et je n'arrive pas à me calmer alors je crois que je n'ai plus rien à lui dire. J'ai beaucoup trop mal pour faire ou dire quoi que ce soit, je suis tétanisée sur ce canapé. Et je crois qu'on a l'air bien stupide tous les deux comme ça. « Je.. j’ai.. j’ai jamais dit ça.. Je vais voir Camille tout à l’heure pour lui dise que .. je ne peux pas.. je ne peux pas faire tout ça… j’ai.. India… » Je soupire, c'est encore pire, ouais je crois que c'est encore pire, je n'ai définitivement rien à dire. Il ne peut pas, c'est ça le soucis majeur, il ne peut pas lui, j'essaye d'essuyer mes larmes qui n'arrêtent pourtant pas de couler, je ne peux pas rester comme ça. Et maintenant on fait quoi ? On est supposé faire quoi au juste ? Parce que là, c'est complètement flou. « Je suis désolé… » Je soupire à nouveau. Je n'ai plus envie d'entendre quoi que ce soit, je n'ai plus envie de lui dire quoi que ce soit, je ne peux pas plus, je n'ai plus envie de faire l'effort de rester là, j'ai besoin de partir et de ne plus le voir parce que la seule chose que j'ai envie de faire c'est me serrer contre lui et c'est impossible. « Certainement pas autant que moi...  » Non, ou peut être mais là, toute suite, je suis tellement dépassée par tout ça. Je me lève et quitte le salon sans un mot, sans un regard. C'est insupportable tout ça...