india

Le prime est terminé depuis je ne sais combien de temps maintenant. Plusieurs minutes, je ne sais pas trop. Le temps d’assimiler la nouvelle se fait tranquillement. Cian est partie, je l’ai comprit. Je ne le prend pas d’un bonne façon, mais je ne vais pas pleurer son départ pour autant. Ça ne me ressemblerait pas. Je suis parfois émotive, mais dans cette situation, je sais que je reverrai Cian. Je le sais. Et donc, je m’accroche à cette pensée, me disant que ce n’est pas grave. Mais nous ne sommes pas tous pareils et surtout, nous n’avons pas tous traversé les mêmes épreuves dans la vie. Et c’est donc pourquoi je suis capable de comprendre qu’à l’opposé de moi, India ne prenne pas le départ d’Ivan de la même façon que moi. Mais India est aussi extrêmement attachée à l’homme qui vient de quitter le nid. Et ça réaction, me tue. Tout simplement. Elle me donne envie de la prendre dans mes bras de la serrer, de lui caresser les cheveux jusqu’à ce que sa peine s’atténue. Jusqu’à ce que ses pleurs ne cessent. Mon bras autour de sa taille je la guide à l’intérieur du château, marchant d’un pas automatique vers sa chambre, aillant prit l’habitude de m’y rendre aussi depuis les derniers jours, puisque j’allais y rejoindre Cian à chaque soir. Je souris lorsque je remarque les trucs qu’il me disait avoir laissé pour moi, aimant particulièrement cette attention de sa part. Je me tourne vers India une fois que nous sommes devant son lit, me demandant si elle acceptera la proposition que j’ai à lui faire en fait. « Je ne sais pas si te veux... Ce n’est qu’une proposition en fait. J’étais pour dormir dans le lit de Cian, mais je suis pas certaine que j’ai envie de dormir seule, alors je me dis qu’on pourrait dormir ensemble. » Comme ça, elle se sentira peut-être moins seule elle aussi, et cela apaisera le manque qu’elle ressent en ce moment même. J’ai conscience de n’avoir rien en commun avec Ivan, et que ma présence n’arrivera jamais à combler l’absence de son partenaire justement, mais dormir dans le lit voisin, en sachant qu’elle ne va pas bien, j’ai le sentiment que je n’arriverai pas à fermer l’oeil. « T’as peut-être envie de dormir seule aussi... Je comprendrais, ce n’est pas grave. » J’ajoute, parce que je ne veux pas qu’elle se sente obligée de m’endurer et tout. « Je veux juste... être là pour toi India. Dis moi ce qui t’aideras le plus, dans tout ça. » Je lui avoue franchement, bien décidé à être présente pour la jeune femme. Je n’ai pas lancé des paroles en l’air, lorsque j’ai rassuré Cian un peu plus tôt. Je lui souris faiblement, attendant de voir ce qu’elle désire.

Je crois que mon cerveau ne fonctionne plus, je n'assimile plus rien. Aucune information, la seule chose qui résonne sans cesse c'est qu'Ivan n'est plus là. Il n'est plus là et je suis seule. Toute seule. On me l'a arraché, il est parti. Ivan est parti et ça résonne en stéréo dans ma tête, inlassablement. Je marche mais je ne sais pas où je vais. Nicola est là, je la vois mais je ne la regarde pas, je ne regarde rien, je n'entends rien, j'avance, je la suis, ou plutôt elle me guide. Je crois que je serais totalement incapable de marquer sans elle. Je crois que je serais restée sur le plateau si elle ne m'avait pas fait sortir de là, mais je n'aurais pas pu marcher. Me rendre jusqu'au château, encore moins monter les escaliers mais là je le fais parce que Nicola me guide. Et on arrive dans la chambre, la mienne sans doute, je suppose. Oui, je vois la balançoire, et on s'arrête devant mon lit. Mon lit vide. J'ai l'impression de ne plus savoir quoi faire. Je reste là, les bras ballant alors que ma sauveuse se tourne vers moi. « Je ne sais pas si te veux... Ce n’est qu’une proposition en fait. J’étais pour dormir dans le lit de Cian, mais je suis pas certaine que j’ai envie de dormir seule, alors je me dis qu’on pourrait dormir ensemble. » J'entends, j'écoute et je crois que je comprends, mais je ne réponds rien toute suite, parce que je n'ai pas encore assimilé je crois. Je reste inerte devant elle. Comme une marionnette. « T’as peut-être envie de dormir seule aussi... Je comprendrais, ce n’est pas grave. » J'ouvre la bouche mais aucun son n'en sort, elle est incroyablement sèche. « Je veux juste... être là pour toi India. Dis moi ce qui t’aideras le plus, dans tout ça. » Et sans réfléchir une seule seconde je m'approche d'elle et je passe mes bras autour de son cou et me sers contre elle. Je crois que j'ai besoin d'un câlin pour commencer. Oui moi j'ai besoin d'un câlin, et je me dis que Nicola est la mieux placée, parce que j'ai pas eu de mouvent de recul quand elle m'a touché, parce que ça me touche qu'elle me dise tout ça, parce qu'en plus je sais qu'elle ne fait pas ça par pitié, non même si je n'ai pas vraiment toutes mes aptitudes je sais qu'elle est sincère. Nicoal est adorable. « Merci...  » Je murmure à peine audible alors que je me détache d'elle. Je n'ai toujours pas répondu à sa question, parce que j'en sais rien, parce que c'est notre lit, à Ivan et moi, notre endroit à nous, l'endroit où tout à débuté, et... je regarde le lit, et elle. Et le lit, et puis encore elle. « Est-ce que tu peux m'aider à retirer ma robe ?  » J'ai les yeux embués de larmes, j'ai envie de pleurer parce que j'ai l'impression de perdre mon souffle, non, non surtout pas ça. Je me tourne parce que j'ai vraiment besoin de me débarrasser de cette robe. Je m'en fiche de me déshabiller là, je m'en fiche totalement. « Je veux bien... C'est une bonne idée, c'est une bonne idée oui... je... mais je vais dormir de ce côté.  » Je lui montre du doigt l'endroit où Ivan dormait, je vais dormir là, sur son oreiller. Là où il dormait pour pouvoir respirer son odeur, même si elle sera bientôt remplacée par la mienne. J'en ai quand même besoin.

Je parle, je propose de dormir avec India pour ne pas la laisser seule, mais je ne suis pas certaine qu’elle me comprend. Je ne suis pas certaine qu’il écoute ce que je dis. Elle semble complètement déconnectée de la réalité. Je la fixe, ne décrochant pas mes yeux de la brune, attendant qu’elle me donne un signe, qu’elle me fasse comprendre ce qui lui ferait du bien, ce qu’elle veut, ce qu’elle attend de moi. Parce que je suis là moi, et je ne compte pas partir. En aucun cas, je la laisserai seule dans cet état. Et à la place de parler, elle s’approche simplement de moi, se glissant contre moi. Je ne perds pas une seconde avant de la serrer dans mes bras, de passer mes doigts dans ses cheveux. Le fait de l’avoir près de moi, aussi vulnérable, a tendance à me rendre émotive. Je ne veux pas pleurer, puisque je n’aurais pas de raison de le faire, pourtant je me sens soudainement fébrile. Mais je me ressaisis lorsqu’elle se recule, lui souriant faiblement, me voulant rassurante. Elle me remercie, mais elle a tellement pas besoin de le faire. « C’est rien... C’est normal. » Oui, à mes yeux, mon comportement est normal. Il est naturel aussi. « Est-ce que tu peux m'aider à retirer ma robe ?  » J’hoche la tête subitement, comprenant qu’elle doit un peu étouffer dans celle-ci. Je la sens sur le point de pleurer, mais je ne fais aucun commentaire à ce sujet. « Oui, oui, bien sur. » Je viens me placer derrière elle, cherchant un court instant la fermeture éclaire avant de défaire celle-ci et la libérer de l’emprise de cette robe. Je prend cette dernière, ne comptant pas la laisser sur le sol, et l’étend sur le lit de Cian, elle ne dérangera personne là. J’en profite pour saisir la chemise qu’il m’a laissé, souriant faiblement en retournant en direction d’India, qui n’a toujours pas répondu à ma question finalement. « Je veux bien... C'est une bonne idée, c'est une bonne idée oui... je... mais je vais dormir de ce côté.  » Je regarde l’endroit qu’elle m’indique, hochant automatiquement la tête. « Pas de problème, tout ce que tu veux, ça ne me dérange pas. » Je suis contente qu’elle accepte. C’est une bonne chose. Je viens me défaire de ma robe à mon tour, me glissant à l’intérieur de la chemise de Cian avec un brin de nostalgie, bien que je me sens soudainement plus confortable. Et ça sent son odeur et oui... voilà. Je viens m’asseoir sur le lit, sans pour autant soulever les draps et m’installer à l’intérieur, ne sachant pas si India veut immédiatement dormir, ou si elle veut parler, discuter et se changer les idées. Je ne sais pas ce qui serait le mieux pour elle. « Lorsque Sasha était plus jeune... Elle détestait dormir seule, elle avait peur qu’elle me disait. Elle nous obligeait Malia et moi à dormir dans le même lit qu’elle... On se couchait toutes les trois ensembles et finalement, on finissait par parler une bonne partie de la nuit. Au fond, je crois qu’elle ne voulait juste pas être seule. Et moi, j’étais une bien mauvaise nanny parce que finalement, les filles manquaient de sommeil ! » Je ne sais pas trop pourquoi je lui raconte tout ça. Surement pour lui changer les idées. Pour détourner son attention. Pour parler. Je sais pas. Je pose mes yeux sur India, lui souriant faiblement. « Ça va aller India... Tout va bien aller. Tu vas le revoir et... » Et oui. Elle va le revoir. Elle ne devrait même pas s’inquiéter à ce sujet. Je ne banalise pas son mal, je veux simplement la rassurer. Puisque je sais que je dis la vérité.

Je crois, même si je ne suis pas consciente de tout que d'avoir Nicola à mes côtés me rassure, c'est agréable d'avoir quelqu'un sur qui compter. Quelqu'un à qui on a rien demandé qui plus est. J'ai l'impression d'être toujours dépendante de quelqu'un depuis que je suis là, mais je crois que ce soir c'est plus fort que moi. Si elle n'avait pas été là je crois que je me serais écroulée sur le plateau et que je n'aurais pas pu en bouger, alors quand elle me parle je ne vois pas d'autres moyens de la remercier vraiment qu'en me collant contre elle pour un câlin. il n'y a rien de mieux qu'un câlin, et ça me fait du bien, vraiment. « C’est rien... C’est normal. » Je lui souris faiblement, oh non pour moi ce n'est pas rien du tout. C'est énorme parce que si elle n'était pas restée, je serais seule et vraiment, je lui en suis réellement reconnaissante. En tout cas j'aimerais bien qu'elle m'aide à retirer ma robe parce que j'étouffe, et je ne suis pas sûre de pouvoir la supporter encore. Elle se place derrière moi et même si la respiration est difficile ça m'aide. Je me couvre le corps avec mes mains parce que j'ai froid, et parce que je suis en sous-vêtements, et parce que c'est surtout un reflex, je suis des yeux Nicola, ne sachant pas ce que je dois faire moi. Je la vois enfiler une chemise appartenant sans doute à Cian, vu la taille et j'aimerais bien aussi pouvoir enfiler quelque chose alors je me déplace assez machinalement vers mon côté du lit pour attraper de quoi me vêtir pour la nuit. Un t-shirt trop grand et un short, on va dire que ça fera l'affaire. Je regarde Nicola s'asseoir sur le lit et je crois que c'est mieux ainsi donc je m'assieds à mon tour, je n'ai pas particulièrement envie de dormir maintenant, je sais que je n'y arriverais pas de toute façon. « Lorsque Sasha était plus jeune... Elle détestait dormir seule, elle avait peur qu’elle me disait. Elle nous obligeait Malia et moi à dormir dans le même lit qu’elle... On se couchait toutes les trois ensembles et finalement, on finissait par parler une bonne partie de la nuit. Au fond, je crois qu’elle ne voulait juste pas être seule. Et moi, j’étais une bien mauvaise nanny parce que finalement, les filles manquaient de sommeil ! » Je l'écoute avec attention, je comprends tellement ce sentiment, ne pas être seule. C'est ce qui me fait tellement peur depuis des années, et je ne l'étais plus et j'ai l'impression de l'être et c'est stupide parce que je ne le suis plus mais c'est une sensation étrange. « Je la comprends... et je suis persuadée que tu fais une excellente nanny au contraire et... je... c'est horrible d'être seule...  » Je ne suis pas sûre que ça ait beaucoup de sens mais c'est vrai, c'est un constat assez frappant, c'est horrible d'être seule. Je déteste ça au fond, surtout quand à côté de ça, on peut être si bien avec quelqu'un, non vraiment c'est horrible, et je réponds à son sourire aussi faiblement qu'elle. « Ça va aller India... Tout va bien aller. Tu vas le revoir et... » Je hoche la tête, je sais tout ça, je me mordille l'intérieur de la joue pour me retenir de pleurer parce que c'est fatiguant de pleurer. Ça m'épuise. « Je sais, il me l'a promis, et... oui je sais, c'est pas ça le problème, c'est juste que... c'est mon pilier, mon repère, j'avais juste à le regarder quand je n'allais pas bien et je savais que ça irait et... il est plus là et j'ai l'impression qu'une partie de moi m'a été arraché et c'est stupide parce que finalement ça ne fait pas si longtemps mais j'ai l'impression, enfin j'en sais rien qu'il a toujours été là, et de le voir partir... je n'arrive plus à me projeter, j'ai besoin de concret, et j'imagine que ça doit paraître stupide, ridicule, ou je ne sais quoi, mais j'ai de nouveau peur, j'ai super peur... et je...  » J'ai peur de l'extérieur, j'ai peur de le perdre, je sais bien que non, mais j'ai quand même peur. Et ça me fait tellement mal. Et c'est stupide mais j'aimerais tellement pouvoir me serrer dans ses bras pour aller mieux, et je ne peux pas. Je ne sais pas comment je vais faire pour dormir maintenant. Pourtant je n'ai pas envie de partir, parce que j'ai envie d'aller le plus loin possible, pour lui, et parce que je n'abandonne pas mais j'en sais. J'ai tellement peur de ne pas réussir maintenant qu'il est parti. Et j'ose croiser le regard de Nicola me rappelant d'une chose. « Et j'ai l'impression de t'embêter alors que Cian est aussi parti et je suis désolée, vraiment... Je suis vraiment désolée....  » Qu'elle soit là à s'occuper de moi, que je pleurniche sur mon sort, et toutes ces choses alors que Cian est parti et qu'elle est là. Et je me sens coupable du coup.