LEAVING ME DOWN HERE ON MY OWN
W/ KEELAN, 28 MAI APRÈS LE PRIME

Je m’étais sauvée du prime, une fois celui-ci terminée, sans un mot. J’avais besoin de me retrouver un peu avec moi-même, l’espace de quelques secondes pour respirer un grand coup de reprendre sur moi. Parce que ce self-control dont je faisais preuve depuis le début semblait sur le point de se fissurer, de craquer. Je passais quelques minutes sur le pont-levis, puis, lorsque je ne sentis plus vraiment mes bras à cause du froid, je rentrais me doucher, enfilant ma tenue du soir ayant la ferme intention d’aller dormir. Et retrouver mon lit, du même fait. Marre de dormir au salon. Seulement, arriver sur le seuil de ma porte, ma bonne résolution flanchât. Avais-je vraiment envie de me battre avec Andreas ce soir – il faut dire nous étions toujours en froid, ce prime n’ayant en rien arrangé les choses entre nous. Je soupirais de plus belle, lassée de toute cette situation. Passant devant la porte de la seconde chambre, je remarquais Keelan qui s’affairait à se préparer pour la nuit. Je m’accoudais dans l’entrebâillement de la porte. « Keelan, tu crois que… je peux m’inviter dans votre chambre, cette nuit ? » Il y avait bien un lit de libre ici, il me semble. Finnick m’avait confirmé la chose, pas plus tard que la semaine dernière. Ceci dit, ce soir, j’avais plutôt besoin d'un peu de réconfort, et j’étais bien prête à tolérer la présence d’Ezéquiel dans les parages si je pouvais la passer en compagnie de Keelan. Le seul vers qui j'avais l'impression que je pouvais me tourner.

Prime terminé. Plutôt riche en émotions. Notre équipe, menée par notre charismatique leader Ezéquiel (lol), avait remporté la première bataille. Et quelle victoire écrasante. Je lui laissais au moins le mérite à Zéqué d'avoir su choisir les bons membres pour constituer cette équipe du tonnerre. Malheureusement, notre joie avait été entachée très rapidement. Nous devions décider quelle équipe nominer en retour. Un cadeau plutôt empoisonné. C'était assez difficile de faire un choix, sachant qu'il y avait forcément des personnes qu'on aimait dans chaque. Ceci étant, il fallait bien décider hein, et on l'avait fait. Team Esther en avait fait les frais. Quelques personnes à fleur de peau dans notre team, supportaient très mal d'avoir eu à faire ce choix. Évidemment, ça m'embêtait aussi, mais cela serait vous mentir de dire que j'avais eu autant de scrupules. C'était le jeu ma pauvre lucette. On avait pas envoyé quelqu'un vers l'abattoir non plus. Il fallait savoir relativiser les amis. Bref, le prime s'était achevé sur l'élimination de Kon et Anouck. Je ne pouvais guère dire en être attristé, puisque je ne les connaissais pas. C'était bien dommage d'ailleurs, mais ainsi. Je restai à discuter avec quelques personnes, mangeai un petit bout à la cuisine, ayant faim, puis finalement montai à ma chambre. Mon cher partenaire n'était pas là, tant mieux. Je me débarrassai de ma veste en cuir, ainsi que de mon Tshirt. Je m'apprêtais à donner le même sort à mon jean, lorsqu'Anabel fit son apparition dans l'encadrement de la porte. « Keelan, tu crois que… je peux m’inviter dans votre chambre, cette nuit ? » Je lui proposerais bien mon lit, mais je doutais qu'elle voudrait dormir entre Zéqué et moi hein.  « Bien sur, tu es la bienvenue. T'as le lit de Woody et Neela qui est libre. » dis je en montrant celui à côté. Elle devait quand même pas être très bien, pour désirer rester dans la même pièce que le grand black.  « Je peux même te tenir compagnie, si t'as peur du grand méchant loup. » Je pourrais tout à fait me sacrifier, et dormir dans le lit d'à côté, n'est ce pas ? Je m'assis sur mon lit, l'invitant à me rejoindre.  « Ça va ? »

Sagement accoudée au rebord de la porte, j’attendais l’avis de Keelan même si en fait, j’aurais très bien pu m’inviter dans la chambre sans trop vraiment poser de question. Seulement, ce n’était pas moi, de m’imposer chez les gens. « Bien sûr, tu es la bienvenue. T’as le lit de Woody et Neela qui est libre. » Il me désigna le lit voisin du sien, et un sourire, bien que forcé, apparu sur mes lèvres. Aucune surprise à ce qu’il me propose le lit vacant. En toute logique, il s’agissait même de la réaction que je m’étais attendu à recevoir de sa part… mais alors pourquoi étais-je déçue ? « Je peux même te tenir compagnie, si t’as peur du grand méchant loup. » Il était vrai que je préférais encore dormir dans un lit vide que de le partager avec l’ombre ambulante (et Keelan, mais sa présence à lui ne me dérangeait pas). Cette fois-ci, ce fut un vrai sourire, petit, mais sincère, qui se pointa sur mes lèvres. « Je ne vais pas t’obliger à quitter ton lit pour moi... tu es a proximité, ça me suffit. » Il s’installa sur son lit, et d’un signe de la main, m’invita à venir me poser à ses côtés, ce que je ne me fis pas prier pour faire. « Ça va ? » J’hochais négativement la tête. Ça se voyait, que je n’allais pas. « Désolé de venir t’embêter avec ça. » Je détestais, d’ailleurs, imposer mes humeurs à d’autres. D’ordinaire, celle qui consolait, c’était moi, et par l’inverse.

«Je ne vais pas t’obliger à quitter ton lit pour moi... tu es a proximité, ça me suffit. » Si ma présence la rassurait alors... Serait ce pour cela qu'elle désirait dormir dans cette chambre, ma chambre ? Parce que je m'y trouvais ? Peut être voulait elle tout simplement fuir son partenaire, mais je préférais la première solution. D'autant qu'il me semblait que leur relation s'était un peu améliorée. Ou pas d'ailleurs. Le comportement du jeune homme m'avait quelque peu choqué au prime. M'enfin.  « Oh, c'est vrai que cela requerrait un énorme sacrifice pour moi de quitter le lit partagé avec Ezéquiel... » Comme si ça serait un effort de quitter ce lit hein. Cela faisait peut être des semaines maintenant que je dormais avec le grand black, pour autant, je n'y avais pas prit goût. Après tout, peut être était ce Anabel qui ne désirait pas de moi. Je l'invitais alors à se joindre à mes côtés. Je sentais que ce n'était pas la grande forme. Ce prime l'avait chamboulé.  « Pas de soucis. Tu peux venir m'embêter quand tu veux, tu sais. » Vraiment, ça ne me dérangeait pas. Et puis j'aimais me rendre utile. Bon par contre je ne ferais pas la même proposition à n'importe qui.  « Tu veux en parler ? » me confier ce qu'elle avait sur le cœur.

Je ne sais pas trop pourquoi, mais la présence de Keelan à mes côtés me faisait du bien. Elle m’était rassurante à bien des égards, et ça faisait du bien de savoir que je pouvais compter sur quelqu’un dans cette aventure complètement dingue. Va savoir, je me trompais peut-être sur son compte (après tout, j’ignorais son secret), mais il m’avait toujours semblé être une personne digne de confiance. J’étais peut-être naïve de croire ça, et ça me jouerait peut-être des tours un jour ou l’autre. Pour l’instant, je préférais ne pas trop m’attarder à ce genre de détails. « Oh, c’est vrai que cela requerrait un énorme sacrifice pour moi de quitter le lit partagé avec Ezéquiel… » Un sourire étira mes lèvres, et je secouais la tête. Je ne lui forçais pas la main pour qu’il se joigne à moi, mais je n’allais pas non plus cracher sur sa présence à mes côtés. « Je suis sûr que je prends moins de place que lui, en plus. » allais-je même jusqu’à lui dire, tentant de blaguer un peu à ce sujet, sans grande conviction. Assurément, il n’en faudra pas plus pour le convaincre de changer de lit, l’espace d’une nuit. Entre Ezéquiel et moi, il n’y avait pas de dessin à se faire, je passais devant. Installer à ses côtés, je m’excusais de venir gâcher sa soirée avec mes états d’esprit. « Pas de soucis. Tu peux venir m’embêter quand tu veux, tu sais. » Il était vraiment trop gentil avec moi. « Quand je serais plus d’humeur… n’hésite pas toi non plus. » lui fit-je toutefois savoir. Mes oreilles seraient attentives à ses confidences s’il en ressentait le besoin. Ce rôle me collait davantage à la peau que celui de la jeune éplorée. « Tu veux en parler ? » Mon premier geste fut de secouer négativement la tête. Non, je ne voulais pas en parler. Mais ce n’était pas vraiment la meilleure chose à faire. Je risquais de me faire une nuit d’insomnie si tout ça me tournait encore en tête au moment d’aller dormir. Je soupirais. « Ce n’est pas grand-chose, seulement qu’une impression qu’on s’acharne sur moi. Avec l’histoire d’Andreas qui nourrit encore les ragots, puis Syssoï au prime… » Je m’arrêtais un moment pour vérifier que personne n’était dans les parages, puis repris. « Comment tu fais pour dormir avec lui? » Pas besoin de mentionner le nom de la personne dont je parlais. « Il me fait peur. » Rien qu’à passer à notre petit… rendez-vous au salon, j’en frissonnais d’effroi. Je risquais de sortir d’ici plus traumatisé qu’à mon entrée, si je le trouvais encore sur ma route. Ce qui risquait fort d’arriver.

« Je suis sûre que je prends moins de place que lui, en plus. » En réalité je ne parierais pas la dessus. Ezéquiel malgré son imposant physique ne prenait pas tant de place que ça. Une fois qu'il était calé dans son coin, il ne bougeait plus. S'en était limite effrayant d'ailleurs. De ce côté là, je ne pourrais avoir meilleure partenaire. Il ne me donnait aucuns coups involontaires, ne parlait pas dans son sommeil, ne s'agitait pas dans tous les sens. A vrai dire, je me demandais s'il dormait parfois... Souvent je le surprenais, complètement silencieux et inerte, mais les yeux bien ouverts. Je vous jure, c'était flippant. « Assurément. » N'allons pas la contredire. Et puis c'était censé être un argument pour que je bouge de lit. Elle n'avait donc pas de problèmes avec ça. C'était décidé, je dormirais avec elle. Quelle terrible épreuve, je sais. Personne ne voudrait être à ma place bien sur. Je lui confiais alors qu'elle pouvait venir me voir n'importe quand, peut importe son état d'esprit. « Quand je serais plus d’humeur… n’hésite pas toi non plus. » C'était toujours bon à sa voir.  « Ça marche. » Pour l'heure, c'était d'elle dont il s'agissait. Désirait elle parler de ce qui la tracassait ? En tout cas, j'étais prêt à l'écouter, et tentais de la réconforter – est ce que j'y arriverais, c'était une autre histoire. « Ce n’est pas grand-chose, seulement qu’une impression qu’on s’acharne sur moi. Avec l’histoire d’Andreas qui nourrit encore les ragots, puis Syssoï au prime… » Non mais Syssoi ce n'était pas grand chose. Accordait elle vraiment de l'importance à ce trophée ridicule ? Qui n'était après tout que l'avis d'une seule personne. Et qui n'avait aucune crédibilité pour juger de l'apparence des autres. M'enfin je doutais que ça soit ça le soucis. En revanche ce qui vint par la suite... « Comment tu fais pour dormir avec lui? » Inutile de le citer, je savais bien évidemment de qui elle voulait parler. Je ne dormais pas avec trente six milles personnes dans ce château. « Il me fait peur. » Je le comprenais aisément. Et je n'aimais pas ça. Il semblait avoir une fascination malsaine pour certaines personnes dans ce château, dont Anabel. « Je me le demande. Mais bon, je fais comme s'il n'était pas là. Il est très silencieux, ça aide. Et puis il n'en a pas après moi » Il s'en fichait plus de ma personne qu'autre chose. Et je n'étais pas une fille, donc, il n'avait pas des envies de me violer. Enfin je crois. Sa sexualité était un mystère pour ma personne.  « Il ne t'a rien fait j'espère ? » demandais je inquiet. Assurément, je n'aimais pas du tout qu'il puisse l'effrayer, de quelque manière qu'il soit.

À vrai, j’avais mentionné ne prendre que très peu de place dans un lit – ce qui était un fait – sans vraiment savoir si Ezéquiel s’avérait, lui, fautif de la chose. En fait, je me demandais même s’il dormait, parfois. Cette impression qu’il était partout à la fois, qu’il voyait tout, et surtout, qu’il s’évertuait toujours à se mettre sur ma route, peut importe l’heure et l’endroit, ça avait quelque chose de flippant. Mais là n’était pas la question, non… « Assurément. » se contenta de me répondre Keelan, et je pris cette affirmation comme une confirmation de sa part. Ainsi donc, il se joindrait à moi pour la nuit. Ça me ferait bien changement que de dormir seule, sur un sofa, ou dans le même lit qu’Andreas, dont la seule présence me répugnait. Y’avait pas à dire, je ne rechignerai pas sur le fait qu’il ait décidé de venir partager ma couche, même si ce n’était que pour un soir. Mais inutile de parler de dormir pour l’instant, pas avec la conversation que nous tenions, non. Il se mettait à disposition pour écouter tous mes petits problèmes, et dans ma grande bonté d’âme, je lui rendis la pareille… du moins, lui offrit mon support, dans un moment de faiblesse à venir, s’il y en avait un. « Ça marche. » Puis, il me questionna, tentant de savoir ce qui me tracassait, en ce moment précis. Le prime, bien sûr, n’étais qu’un élément de surface. Il s’agissait là, somme toute, d’une espèce d’accumulation d’éléments m’ayant rendu vulnérable au courant des dernières heures, et cette déconfiture, il avait eu le déplaisir d’y assister. Néanmoins, la conversation tourna bientôt autour du partenaire de Keelan, avec lequel ce dernier devait dormir, chaque soir. En y songeant bien, je préférais encore dormir avec Andreas qu’avec lui. Entre avoir à choisir entre le pire des deux, je prendrais toujours celui qui ne me faisait pas des frayeurs à chaque fois qu’il croisait ma route. « Je me le demande. Mais bon, je fais comme s’il n’était pas là. Il est très silencieux, ça aide. Et puis, il n’en a pas après moi. » Keelan semblait avoir un élément en sa faveur… Il était un homme. Et à mon avis, ça jouait pour beaucoup, puisque l’homme noir semblait plutôt fasciné – et là n’était pas le bon terme – par les femmes qui peuplaient ce nid. Moi, la première. Rien de rassurant. « Il ne t’a rien fait, j’espère. » Mon regard croisa le sien, l’espace d’un moment, puis se détourna. J’aurais tant voulu tout lui dire, mais j’en étais… incapable. Les mots se bloquaient dans ma gorge. « Euh… non, non, rien du tout. Il a… une manière particulière de m’approcher, de me rôder autour presque… mais c’est tout, je t’assure. » Quelle piètre menteuse je faisais. Je tentais de détourner légèrement la conversation. « Il est imprévisible… et je crois que c’est ça qui m’inquiète le plus. » Ne jamais savoir ce qui lui passait par la tête, être incapable de lire en lui, de prévoir son prochain geste, ses prochaines paroles. Ne pas savoir, non plus, quand et où il surgira, la prochaine fois.

Ce n'était pas prévu que je découche ce soir, mais je n'allais pas me plaindre de ce changement. Bon, je migrais juste sur le lit d'à côté, je n'allais pas bien loin. Ezéquiel n'en verra sûrement pas d’inconvénients. A vrai dire, même pas sur qu'il remarquera mon absence. L'idée qu'Anabel dorme si près de lui, me déplaisait quelque peu, mais comme je serais là, ça ira. La brunette m'avoua d'ailleurs qu'il lui faisait peur. Il y avait de quoi non ? J'avais pu remarqué son petit manège avec la demoiselle. Mais je n'avais pas des yeux partout, je ne pouvais guère savoir ce qu'il se passait en mon absence. Voilà pourquoi je voulais m'assurer qu'il ne lui avait rien fait. De quelque manière que ce soit. « Euh… non, non, rien du tout. Il a… une manière particulière de m’approcher, de me rôder autour presque… mais c’est tout, je t’assure. » Elle avait beau me l'assurer, je ne m'en sentais pas plus rassuré. Pourquoi avais je l'impression qu'elle ne me disait pas tout ? « Il est imprévisible… et je crois que c’est ça qui m’inquiète le plus. » Ça pour être imprévisible il l'était. Allez savoir ce qu'il se tramait dans sa tête. Je préférais ne pas savoir à vrai dire. Je crois que ça valait mieux.  « Tu es sure qu'il n'y a rien de plus ? Tu me le dirais, n'est ce pas ? » Cela m'inquiétait quelque peu, c'était plus fort que moi.  « Tu devrais éviter de te retrouver seule avec lui. » déclarais je finalement. C'était plus que fortement conseillé.

« Tu es sure qu’il n’y a rien de plus ? Tu me le dirais, n’est ce pas ? » Je sens son inquiétude dans sa voix, elle est presque palpable, comme si je pouvais la toucher, tant il ne s’en cache pas. Sa façon de me demander s’il n’y a pas d’autres chose me fait hésiter, remets en question cette résolution que j’ai eu de ne vouloir le mettre au courant de ce qui s’est passé avec Ezéquiel. « Tu devrais éviter de te retrouver seule avec lui. » Je me lève, incapable de rester figer sur place. Ça me démange d’être assise là, sur son lit. Je fais quelques pas, tourne en rond comme un chat en cage, tente de calmer les tremblements qui traverse soudainement mon corps, par peur mais aussi par colère, celle d’être incapable de changer quoique ce soit à cette situation. Je suis faible, terriblement faible face à cet être. Il me manipule à sa guise, comme une poupée de chiffon, une marionnette. Je resserre l’étreinte de mes bras autour de mon corps. « Il… il… » Les mots ont du mal à se frayer un chemin hors de ma bouche, mais je dois lui dire. Je dois me confier au moins à une personne, une seule. Je secoue légèrement la tête. « Je crois qu’il… qu’il a tenté de… de m’étrangler. » Instinctivement, ma main se porte là ou la sienne s’est posé, une semaine plus tôt. Je sens encore la pression de ses doigts tout contre ma gorge, resserrant leur étreinte autour de celui-ci, l’air me manque à nouveau, comme s’il était toujours là. Je me sens défaillir, tout à coup. Heureusement que derrière moi, le lit vacant se trouve à porter, et je m’y laisse tomber, étouffant un sanglot dans l’une de mes mains.

Anabel se leva subitement du lit, et commença à tourner en rond, passablement agitée. Hm je n'aimais pas cela du tout, ça ne me disait rien qui vaille. « Il… il… » Il s'était bien passé quelque chose, mes craintes se retrouvaient confirmées. Croyez bien que j'aurais préféré que mon intuition soit mauvaise. Qu'avait il osé faire ? Vraiment, là, son attitude n'était rien en faite pour me rassurer, bien au contraire. « Je crois qu’il… qu’il a tenté de… de m’étrangler. » QUOI ? Mes muscles se tendirent. Si Ezéquiel entrait à ce moment précis dans la chambre, je crois que je ne serais pas capable de me contrôler. Pour le coup, c'était lui que j'avais envie d'étrangler. Je ne remettais aucunement en doute ses dires. Certes, Ezéquiel n'avait probablement pas tenté réellement de l'étrangler – après tout, si ça avait été le cas, elle ne serait pas à mes côtés en ce moment – mais c'était complètement...effroyable. A quoi ça rimait de s'amuser à l'effrayer ? Je ne comprenais même pas comment la production avait pu autoriser une personne comme lui à entrer dans cette émission. Avaient ils perdu la tête ? D'accord, ils voulaient faire de l'audience, mais il y avait des limites à ne pas dépasser tout de même. Comme intégrer un psychopathe dans ce jeu. Pour l'heure, il y avait plus important à penser que le sort que je souhaiterais réserver à ce taré. Anabel craqua, en s'effondrant sur le lit d'à côté. Je me levai immédiatement pour me poser à ses côtés, et la prendre dans mes bras.  « Calmes toi. C'est fini... Il ne peut rien te faire, tu sais. » Pas ici, du moins. Et physiquement parlant. S'il avait des idées de s'en prendre à la jeune femme, la prod' ne le laisserait pas faire. Par contre, pour ce qui était de l'état psychologique... Là, c'était plus compliqué.  « Et puis, je ne le permettrais pas. » Dorénavant, je ferais encore plus attention à ses agissements. Mon côté protecteur qui ressortait. Mais en même temps, qui n'aurait pas envie de protéger Anabel ? Mis à part les êtres sans âme comme mon partenaire.  « Tu ne devrais pas le laisser t'atteindre, c'est ce qu'il cherche. » Plus facile à dire qu'à faire, n'est ce pas ?