Je n'avais toujours pas subitement hérité de l'oreille musicale, et par conséquent la salle de musique restait me concernant une pièce qui ne m'était d'aucune utilité, mais je devais bien avouer que son côté insonorisé avait du bon lorsque l'on avait besoin d'un peu de calme et de silence. Et là, c'était justement ce dont j'avais besoin, le silence, parce que ça faisait deux bonnes heures que j'étais réveillé et que j'écoutais je ne savais qui ronfler trop fort pour que je parvienne à me rendormir ... Non mais genre, quelqu'un avait avalé un tracteur au dîner ou bien ? Et Camille qui dormait à côté de moi comme un bien heureux, ce gros bébé, je ne savais pas comment il faisait mais ça aurait été sympa qu'il partage son secret avec moi pour le coup, parce que moi aussi j'aurais bien aimé pouvoir me rendormir. Mais impossible, alors au lieu de ça je m'étais levé, j'avais renfilé à la va-vite et dans le noir mon jean et mon tee-shirt de la veille et j'avais embarqué mon bouquin pour aller me réfugier dans la salle de musique toute proche dans l'espoir de piquer du nez au bout de quelques pages. Ça ne serait pas la première fois que je m'assoupissais sur ce canapé de toutes les façons. Mais quitte à me mettre à l'aise j'avais bien envie d'un thé, aussi laissant mon livre ouvert à la bonne page sur le coin du piano j'avais de nouveau quitté la pièce pour gagner la cuisine, et en revenir quelques instants plus tard avec une tasse de thé à la menthe. Sauf que contrairement à tout à l'heure je n'avais pas trouvé la pièce inoccupée, à ma grande surprise à vrai dire étant donné l'heure tardive. Mais bon, j'étais bien debout moi, alors après tout pourquoi pas. « Insomnie ? » que je demande avec un léger sourire tout en cherchant mon bouquin des yeux avant de le retrouver ; J'aurais juré ne pas l'avoir posé là en partant. Y'était aussi possible que Pavel, puisqu'il s'agissait de lui, ait simplement été réveillé par la même chose que moi, puisque nous partagions la même chambre. C'était bien la seule chose que nous partagions d'ailleurs, puisqu'on ne pouvait pas dire que lui et moi ayons vraiment eu le temps ou l'occasion d'autre chose, hm. C'était sans doute d'ailleurs ce qui nous valait à l'un et à l'autre d'être nominé cette semaine, en partie ... Je crois que Camille en voulait à Pavel d'ailleurs, pour Orson et pour moi. C'était compréhensible mais je trouvais ça un peu dommage, après tout toutes ces histoires de choix n'étaient qu'une question d'affinité, tout comme la semaine passée je n'avais pas choisi de nominer Eibhlin par méchanceté mais par manque d'affinité, principalement. « Ça t'embête pas si je reste là ? » que j'avais finalement demandé après un petit temps de latence, tout en me laissant tomber sur le canapé que j'avais quitté peu avant, sans même attendre la réponse du jeune homme. Non mais il pouvait rester aussi, hein, il pouvait même jouer un morceau si il avait envie je m'en foutais un peu moi, du moment qu'il ne cherchait pas à m'emmerder.

Je ne m'étais pas absenté longtemps en définitive, juste le temps d'un aller-retour jusqu'à la cuisine à l'étage en-dessous, le temps de faire chauffer de l'eau et d'attraper un sachet de thé. Le thé en sachet c'était pas ce qu'il y avait de meilleur, mais franchement là à l'heure qu'il était j'avais un peu la flemme de faire autre chose. En tout cas en remontant je m'attendais à trouver la salle de musique aussi vide qu'à mon dernier passage, et au lieu de ça j'y avais trouvé un Pavel échoué près du piano, l'air visiblement dépité ... Pour quelle raison, ça je ne savais pas, mais il avait franchement l'air blasé en tout cas. J'avais tenté l'hypothèse de l'insomnie à tout hasard, parce que c'était le plus plausible disons, mais pour savoir si Pavel était du genre insomniaque, encore y'aurait-il fallu que je connaisse Pavel un minimum justement. Et on ne pouvait pas franchement dire que c'était le cas. Au bout de neuf semaines c'était un comble quand même, et maintenant nous étions tous les deux sur un siège éjectable jusqu'à dimanche soir ; C'était un peu tard, peut-être. Enfin bref, insomnie, ou pas insomnie, donc ? « Effectivement. Boh c'est jamais que la quatrième cette semaine. » J'avais affiché un sourire compatissant en guise de réponse, parce que si je n'avais aucune astuce à lui donner pour se débarrasser de cette fâcheuse habitude qu'était l'insomnie, je savais en revanche à quel point cela pouvait être agaçant, frustrant, énervant et tout un tas d'autres adjectifs du même calibre. Quoi que d'ordinaire je savais toujours plus ou moins pour ma part ce qui me tenait éveillé malgré moi, ce qui aidait déjà un peu à régler le souci, généralement ... Enfin bref, tout ça pour dire que je compatissais à la frustration de Pavel, hm. Surtout que quatre insomnie dans la semaine, sachant que nous n'étions que jeudi ... Ouais, ça ne faisait pas beaucoup de sommeil, quoi. J'avais probablement de la chance, à première vue, de ne pas être tombé sur quelqu'un que le manque de sommeil rendait grognon. « Dis, c'est moi qui t'ai réveillé ? J'ai pourtant essayé de ne faire aucun bruit en quittant la chambre, je pensais même y être parvenu. » Non, pour de vrai, il pensait sérieusement être celui qui faisait véritablement du bruit dans cette chambre ? Pour un insomniaque il avait une ouïe vachement sélective s'il n'avait pas la moindre idée de ce qui m'empêchait de dormir ; Outre le fait que je n'étais pas spécialement fatigué non plus, à vrai dire. « Tout dépend si tu plaides coupable pour ce qui est de ronfler comme un vieux moteur depuis plus de deux heures, hm ... Mais sinon non, tu ne m'a pas réveillé. Je me suis certainement levé avant toi, en fait. » Enfin du moins c'était ce que je supposais, vu que lorsque j'étais arrivé là la salle de musique était encore vide, et en toute logique s'il y était arrivé après moi c'était également qu'il s'était levé après moi ... à moins qu'il ne revienne d'une excursion dans les couloirs du château, hein, qu'est-ce que j'en savais en fait. Resserrant mes doigts autour de ma tasse de thé pour les réchauffer, en attendant que la boisson refroidisse assez pour être buvable, mes yeux s'étaient posés sur le piano devant lequel était assis Pavel « Tu joues ? » que j'avais alors demandé non sans une certaine curiosité. J'aurais bien aimé savoir jouer d'un instrument de musique, je crois ... mais bon, c'était pas le cas, d'ailleurs j'avais même pas l'oreille musicale du tout, c'était peine perdue. On ne pouvait pas être doué en tout, et de toute évidence, je n'étais pas et ne serait jamais doué pour la musique ... ou pour toute autre forme d'art plus généralement, en fait, parce que j'étais aussi une brêle en dessin. « Bah, je sais, trouve nous une berceuse ! » Oui, j'étais désespéré, et alors ? Reste que maintenant que je pensais avoir trouvé de quoi m'occuper en attendant de retrouver le sommeil, le vrai, je n'avais pas l'intention d'en démordre ... De toute façon, Pavel avait la tronche de l'emploi, une tronche de musicien, voilà. C'était les cheveux sans doute, je sais pas, il avait un "truc".