La nuit était tombée depuis belle lurette et j’avais retrouvé le réconfort de mon lit depuis quelques heures, déjà, quand une envie pressante me tira de ma torpeur nocturne. Impossible de la retenir, je préférais encore faire l’aller-retour jusqu’aux toilettes et ainsi avoir la paix pour le reste de la nuit. Sauf que, bien sûr, la faculté de ma chambrée à compter nos moindres pas ne fit pas défaut, et dès que j’en franchi le seuil, la grille se referma juste derrière moi, me coinçant dans le couloir pour les prochaines trente minutes. « C’est pas vrai. » grommelais-je d’une voix ensommeillé et visiblement agacé. Soupirant, je m’éloignais afin d’aller rejoindre les cabinets, fâché d’être ainsi bloqué loin de mes couvertures réconfortantes et le confort de mon matelas. J’allais satisfaire ma vessie, et chose faite, je quittais les lieux, cherchant de quoi m’occuper avant de pouvoir retourner dans ma suite. Après tout, je n’avais épuisé que deux ou trois minutes et cette attente atroce. J’optais finalement pour le balcon comme salle d’attente, me consolant avec la superbe vue sur les jardins exotiques, éclairés par quelques lanternes,  que cet espace ouvert nous offrait. La fraîcheur nocturne me fouetta en plein visage alors que je franchissais les portes vers l’extérieur, et un long frison se fraya un chemin le long de mon échine. Il aurait été plus brillant de ma part d’apporter ma robe de chambre, mais des barreaux de fer m’empêchait de rejoindre celle-ci! Raison principale de ma présence ici-même, d’ailleurs. Une table trônait là, mais j’esquissais son attraction, optant plutôt pour aller m’accouder sur le rebord de la balustrade. Une lune énorme brillant dans le ciel, m’empêchant d’apprécier la vue des étoiles. De toute façon, avec toutes ces lumières, impossible de réellement les observer. Il n’y avait que dans la nature que je pouvais le faire à ma guise.

Délaissant la balustrade au bout de quelques minutes, j’allais finalement prendre place sur l’une des chaises entourant la table. La fraicheur de la nuit me faisait frissonner de plus belle, mais je me refusais de bouger d’ici avant qu’il ne soit l’heure de retourner définitivement dans ma chambre pour le reste de la nuit. Je frottais mes épaules avec mes mains, dans l’espoir vain de vouloir me réchauffer, sans réellement y parvenir. Il faut dire que mes extrémités étaient les premières à souffrir du froid, et que mes doigts étaient, pour ainsi dire, complètement gelés. La porte du balcon s’ouvrit alors, et tournant la tête vers l’arrivante, je reconnus Claudia. Sa question m’arracha un sourire légèrement forcée, vu la situation. « Elle s’est fermée juste après mon passage. Un peu plus et je me retrouvais coincé à l’intérieur avec une envie plus que pressante. » L’horreur. Et je parlais en connaissance de cause puisque j’avais précédemment vécue cette situation. Deux fois. La jeune femme vint s’installer à mes côtés et je lui enviais cette couverture qui protégeait ces frêles épaules. Je m’en rendais à peine compte, mais mon corps tremblait. Mécanisme de défense naturel du corps dans cette pauvre situation. Remarquant mon malaise, la candidate me tendit un bout de son plaid. Un regard plein de reconnaissance apparu sur mon visage. « Merci. » Il me fallut peu de temps avant que je ne m’abrite à l’abri de la morsure du froid nocturne, heureuse de ce petit brin de chaleur momentané. Ça n’égalait pas la douillette épaisse qui recouvrait mon lit, mais pour l’instant, ça suffisait. « J’aurais aimé être dans ton équipe, pendant les Abysses. Tu semblais très à l’aise dans ton rôle. » Bien plus qu’Istvan, qu’un de nos camarades remplaça d’office dès le premier soir vu son manquement flagrant de leadership. Puis, j'aurais donner n'importe quoi pour me retrouver dans celle des vainqueurs, même si la récompense à la clé ne représentait pas grand chose, au final.