Alice & Austin


Dormir, j'avais besoin de dormir, de nombreux jours que je n'avais pas réellement fermé l'oeil, passant les nuits à déambuler, les journées à parler avec d'autres habitants, profitant souvent des bras de Nolan pour me réconforter. J'étais heureuse d'avoir un partenaire comme lui, il était adorable, compréhensif, malgré mes nombreux défauts, il avait su faire la part des choses depuis le début et m'apprivoiser, il était devenu un ami formidable et un confident. Aujourd'hui, la maison était calme, trop calme, pourtant, je n'avais su trouver le sommeil dans la chambre, trop de monde que je ne voulais pas voir, j'ai alors traversé le jardin sans prendre la peine de me retourner vers les candidats qui s'y trouvaient, je pris alors l'escalier et ouvris la porte, la chambre Aine. Je restais un moment sur le paillasson, vraiment magnifique, je la visitais réellement, touchant du bout des doigts les tentures qui s'y dressaient, dévorant du regard les tableaux et les couleurs. Cette chambre sentait bon l'amour, j'en étais dépourvue. Je me jetais alors un instant sur le lit, allumait ma musique et l'écoutais un instant. Je soupirais, me pelotonnant dans les draps, j'ouvris le livre que je dévorais, les troubles mentaux dans la société m'impressionnaient, mes yeux se fermaient alors qu'ils parcouraient les lignes, je posais le livre sur ma poitrine et sombrait dans un rêve étrange. Je n'entendis alors plus rien, ni même un candidat entrer, ni même ce même candidat parler, j'étais dans mon monde, j'étais si bien qu'il n'eut était difficile de faire autrement.

Ma tranquillité de l'après midi coupa court, très vite, ma sieste fut tirée par les cris époustouflants de Austin. Je n'avais pas envie de me réveiller, mais déjà il m'incommodait. Je fis une grimace sur mon visage, n'ouvrant pas les yeux de suite, lui lança un « T'es dingue, tu veux m'étouffer ou quoi? » J'ouvris les yeux, oui, c'était bien Austin, je fronçais les sourcils, m'étirant, je me mis à bailler, je bougeais le livre de mon corps pour le mettre un peu plus loin, dans le lit, je regardais le jeune homme, pas vraiment jouasse de sa présence « Tu n'aurais pas pû sortir et me laisser en paix, pour une fois? Non, en fait, tu es obligé de venir me faire chier jusque dans la pièce la plus reculée de la maison ... Tu y trouves une jouissance extrême à me voir souffrir? » Je me tirais les couvertures sur moi, posais la tête sur l'oreiller et fermais les yeux, un instant, j'avais envie d'être bien. Je savais que sa présence me plaisait, mais son regard méchant et ses paroles odieuses me blessaient.

Il s'énervait alors, je me redressais, le regardant impassible, je levais alors les yeux au ciel, il était complètement con « Attends tu joues avec moi - et ne va pas me dire que j'ai fais pire - tu oses me dire que tu m'aimes pour te rétracter le lendemain. Mais bordel tu as un problème mon grand, va consulter ! » Je me levais du lit, balançant les draps pour mieux en sortir, j'étais proche de lui, j'étais en colère. « Des reproches oui tu en auras toute ta vie, tu me jettes comme si j'étais de la merde. Je t'ai fait souffrir, je le conçois, tu es un connard borné et instable ! Tu ne sais pas ce que tu veux, oui je suis en colère, je viens de me réveiller, je suis de mauvais poil ! Je suis lunatique comme pas possible, je suis une garce, une trainée, tout ce que tu voudras, mais je l'assume, j'assume tout ce que je dis et ce que je fais, je ne vais pas chialer dans les bras de tous les habitants pour m'attirer leur sympathie, j'en ai rien à branler de ce qu'on peut penser de moi ! » Je m'installais de nouveau dans le lit, lui tournant le dos je dis, pour moi même mais assez haut tout de même : « Moi au moins je t'aime » Cette phrase voulait tout dire, non, ça n'avait jamais été du pipot, comme je pensais Austin menteur et manipulateur.

Je lui tournais le dos, je ne le regardais plus, je n'en avais plus envie, je ne le pouvais plus. Je trifouillais je ne sais qu'elle connerie avec les draps, passant mes nerfs autrement, je bidouillais, soupirais pour moi même, je tremblais presque de nervosité. Je ne me rendis pas compte de la présence d'Austin, je pensais qu'il était sorti, je l'avais presque oublié. Je sentis alors ses mains sur mes épaules, je fermais les yeux, l'espace d'une seconde, le temps de me retourner pour le dévisageait, que faisait il prêt de moi, une lueur dans son regard me fit perdre le combat, sans que je ne saches ce qui m'arrivait, il s'était jeté sur mes lèvres, m'embrassant avec fougue, j'étais crispée, mais très vite je relâchais la pression, le laissant faire, dépourvu de toute contradiction. Il me serrait tout contre lui, prolongeant ce baiser que je ne stoppais pas, que j'accueillis avec frisson, passion et tendresse. Les secondes s’enchaînèrent, je repris le dessus, posant mes mains sur son torse, je le repoussais doucement, mon regard n'était plus dur, mais interrogateur, que faisait-il? « Que .. tu ... » Je baissais la tête, soupirais, venais-je une nouvelle fois de tomber dans son jeu? Étais-je si faible pour devenir accro à cet homme, c'était un fait indéniable, je l'avais vécu durant ces dernières semaines « Je ne comprends pas » Je levais de nouveau les yeux vers lui, son regard posé sur moi, j'essayais de capter ce qu'il avait au fond de sa tête, n'était-il pas en pseudo couple avec Cassandre comme l'avait relaté Héléna quelques jours plus tôt, était-il un de ces salop qui ne savait pas où donner de la tête, devenais-je la parfaite idiote entichée de la maison? Trop de questions qui me bousillaient une nouvelle fois ces retrouvailles.

Il ne tentait pas de me faire comprendre, tout simplement et calmement, il me demandait si j'étais vraiment amoureuse de lui. Je m'étais bataillée des jours durant pour le lui faire comprendre, je l'avais presque imploré, j'avais souffert en silence, j'avais été meurtri et pourtant, il osait encore me demander si je l'aimais vraiment. Un faible sourire éclairait mon visage, je déposais un baiser rapide au creux de ses lèvres, rougissant presque de cette sensation. Devais-je me dévoiler réellement, devais-je m'ouvrir à lui. Je tournais dans ma tête toutes les possibilités et, le regardant, je mis ma fierté de côté, mes blessures et mes doutes, j'avançais la tête haute, sans réfléchir, j'avais besoin de cette insouciance, j'avais besoin de vivre, réellement. Je devais arrêter de me morfondre et vivre pleinement cette relation, autant qu'il m'en était possible. Je hochais la tête de haut en bas, pour toute réponse, pour le moment, dans un souffle, je repris « Oui ... Je t'aime » J'avais murmuré ces derniers mots, pour que lui seul les captures, j'étais presque gênée par cette ouverture, je détournais la tête, regardant par dessus l'épaule d'Austin.