La frénésie de Noël est terminée. Malheureusement, je trouve toujours que cette journée passe beaucoup trop vite, et encore plus cette année. J’ai l’impression de ne pas l’avoir vu arriver, de ne pas avoir pu en profiter réellement. Il faut dire que ça ne fait pas si longtemps que je suis sortie de Fake Lover non plus. Le tourbillon médiatique qui en suivit ne fut pas des plus reposant, c’est le peu qu’on puisse dire. Je ne pensais pas avoir droit à autant d’attention de la part des médias et du public. Pourtant, c’était prévisible. La nanny des enfants du président américain qui participe à une émission de télé-réalité, ça fait parler. Et pas qu’un peu. Je me suis retrouvée sur quelques couvertures de magazines en plus de participer au fameux talk show de fin de soirée, animé par le célèbre Jay Leno. Le Tonight Show, c’était un peu un rêve de petite fille, même si je ne pensais jamais pouvoir faire quelque chose qui me mériterait une telle invitation. Manque plus que d’être invité par Letterman et Ellen Degeneres et ma vie se rait parfaite. Enfin, pas vraiment quand même. Et faut non plus en demander trop. Déjà que bon, à mes yeux, ma vie est très bien comme elle est en ce moment. Et surtout, le plus important, j’ai réussi, malgré tout ça, à conserver mon emploi. Quand je disais que les Obama sont un peu comme ma deuxième famille, ce n’était pas un mensonge. Évidemment, j’ai eu droit à une longue, très longue discussion à l’intérieur du fameux bureau ovale, avec Barrack et Michelle, sur les conséquences de ma participation à Fake Lover. Ça va, j’en suis sortie vivante. Par contre, j’ai eu peur de laisser ma peau lorsque j’ai du confronter mes parents. Ma mère encore, ça va. Mon père par contre... Hiiiip. Le monsieur était pas si fier. Pourtant, il ne peut pas nier que je passais plutôt bien à la télé, haha. Bref, ça va lui passer, il va finir par oublier. Et puis, il a été content de m’entendre parler à nouveau d’Harvard et de savoir que j’étais sérieuse pour mon futur plus ou moins rapproché. De toute façon, pour l’instant, pas le temps de penser au futur. Puisqu’on est le 28 décembre. Et que Pavel débarque dans la capitale aujourd’hui. Ouais, j’ai fait une folie. Enfin, à mes yeux, c’était loin d’en être une, mais pour les autres, ce n’est peut-être pas le cadeau le plus commun. Puisque j’ai acheté un billet d’avion à Pavel pour Noël. Pour qu’il vienne me rendre visite, simplement. J’ai pas réfléchi. J’ai acheté le billet d’avion, l’ai mis un boîte et merci, bonsoir, qu’il le veuille ou non, c’était déjà fait. Je savais qu’il n’accepterait jamais de mon argent pour l’aider à en acheter un. Alors ainsi, il n’avait pas trop le choix de l’accepter. Et allez, je sais qu’au fond, il devait en être terriblement ravi. Le seul problème, c’est que je ne puisse aller le chercher directement à l’aéroport. La famille présidentielle a un souper bénéfice ce soir même, et je devais aider les filles à se préparer, s’habiller et coordonner les coiffeurs et maquilleurs. Impossible pour moi de me libérer. J’ai donc envoyé un des chauffeurs pour qu’il transporte, dès son arrivé, Pavel jusqu’à la Maison Blanche, rien de moins. J’ai fait une petite demande à la Première Dame pour savoir si cela dérangeait de faire visiter la Maison à Pavel, et elle n’y a pas vu d’objection. Surtout qu’ils étaient absents ce soir, et donc, nous ne risquerions pas de déranger qui que ce soit. Évidemment, Pavel devrait être confronter à une tonne de paramètres et processus de sécurité, ce qui, je l’espère, allait s’effectuer sans embuche. Je me croise les doigts, mais il ne devrait pas y avoir de problème. Heureusement, mon père vient de quitter avec le président et sa famille puisqu’il est de garde ce soir, donc pas de face à face avec mon ancien partenaire, ce qui est mieux ainsi, pour l’instant. Je regarde l’horloge qui est devant moi, marchant en direction de la salle de contrôle et de sécurité située à l’entrée. Il devrait être arrivé maintenant, non ? Puis, je le vois à la suite du chauffeur, avant que deux gardes de sécurité l’entourent, comme le veulent les procédures. Mon sourire s’agrandit, alors que je le salue d’un signe de main beaucoup trop enthousiasme, laissant les gardes faire leur boulot. « Dépêchez-vouuuus » je murmure entre mes dents, ayant droit à un regard sévère de la part de Tommy, le plus baraqué de tous. Il ne me fait pas peur, je le connais. Puis, enfin, après plusieurs minutes, ils laissent Pavel tranquille, m’indiquant d’un signe de tête que tout est ok. Je ne me retiens plus et lui saute finalement dans les bras. Ok, je crois qu’il m’a un peu... beaucoup... manqué. Même si ça ne fait que deux semaines finalement que nous nous sommes séparés. « Bienvenue en Amérique, à Washington, dans la Maison Blanche ! Rien de moins tout même ! » Faut dire que là, il est plutôt privilégié, j’espère qu’il s’en rend compte. Puisque très peu de personne auront un accès à la Maison Blanche comme il sera le cas ce soir. « Le vol c’est bien passé ? T’es pas trop fatigué ? T’as l’air un peu sonné... Mon dieu, ça doit être à cause du décalage horaire, j’avais complètement oublié que c’est la nuit pour toi en ce moment... t’aimerais peut-être mieux te reposer avant tout... » Je débite tout ça à une vitesse folle, passant ma main sur les traits de son visage. Je dois l’étourdir à parler aussi vite. Je laisse un rire s’échapper de mes lèvres, lui souriant doucement, prenant le temps de le regarder, avant de me dire qu’on devrait sortir de cette pièce, surtout que tous les gardes nous observent en ce moment. « J’étais invitée à une soirée bénéfice organisée par Oprah ce soir, mais j’ai décliné l’offre, vu que j’avais de la visite importante... » Je lui annonce, tirant sur son bras pour l’entraîner dans le hall d’entrée, comme si cette maison était en faite la mienne.

Je me montre particulièrement impatiente avec les agents de sécurité qui s’occupent de Pavel en ce moment même, mais c’est qu’il est là, et que je ne peux même pas m’approcher puisqu’ils le fouillent et lui posent une tonne de question. C’est chiant. Et évidemment, je sais qu’ils sont doublement plus vigilants à cause du passé de Pavel et de son casier judiciaire. Mais ce n’est pas nécessaire, ils n’ont pas à avoir peur, il ne ferait pas d’attentat terroriste à la Maison Blanche, non mais franchement. Ça me décourage. Heureusement, ils ne le gardent pas trop longtemps et me confirme finalement qu’il peut entrer. Fiouuu, aucun problème à l’horizon, c’est une bonne nouvelle. Et je ne tarde une seconde de plus avant de me jeter dans ses bras, le sourire aux lèvres, heureuse de l’avoir près de moi. J’ai été impatiente toute la journée, ayant la tête ailleurs alors que j’avais une tonne de tâches à accomplir. Je lui souhaite officiellement la bienvenue alors que je sais que c’est sa première fois en Amérique, c’est qui est plutôt cool. C’est sur que ça doit être quelque chose de se faire inviter à la Maison Blanche pour sa première visite aux États-Unis. « Merci ma belle, tu sais je réalise pas encore, c'est vraiment dingue... non... TU es dingue de m'avoir offert ce billet, mais je t'adore quand même de l'avoir fait car si je peux te serrer dans mes bras aujourd'hui c'est grâce à toi et à ce cadeau que je ne méritais pas. » Comment ça je suis dingue ? Non mais je savais qu’il approuverait plus ou moins mon cadeau. Il s’en réjouit, mais d’un autre côté, il est vrai que ce billet m’a coûté une petite fortune, surtout à ce temps-ci de l’année. Mais bon, j’avais les moyens de le lui offrir, je ne vois pas pourquoi je ne l’aurais pas fait. Et voilà, il est content de m’avoir dans ses bras, c’est le plus important non ? « Arrête ça, tu le méritais bien ! Je l’ai acheté sur un coup de tête, je l’avoue, mais je ne regrette pas non plus, je suis peut-être folle... mais une gentille folle ! » Oui, tout à fait. Une folle adorable même. « Moi aussi j'ai quelque chose pour toi, bon c'est pas grand chose en comparaison hein tu t'en doutes... je te donnerai ça tout à l'heure. » Je secoue la tête automatiquement en signe de négation. « Ah mais ça c’était pas nécessaire. J’ai pas fait ça pour avoir un cadeau en retour tu sais. » Absolument pas même. Enfin, je ne veux pas non plus qu’il croit qu’il n’a pas bien fait, puisque c’est sur que je vais accepter le cadeau qu’il m’a fait, peu importe ce que c’est. « Je voulais juste te voir. Finalement, c'était un peu un cadeau pour moi aussi. » C'était pour nous deux, clairement. Et je parle, je parle, mais je me rend compte qu’il a un peu l’air fatiguée, et que c’est probablement du au décalage horaire auquel je ne pensais plus pour le coup. Je me dis qu’il aurait peut-être besoin de dormir, ce qui serait compréhensible. « Tu plaisantes, on vient à peine de se retrouver ! Et puis je tiens encore debout sans tituber, c'est le signe que je ne suis pas si fatigué que ça. » Mon sourire s’agrandit et j’hoche la tête pour approuver, un peu soulagée de sa réponse, puisque je compte bien profité de chaque minute avec lui maintenant qu’il est arrivé. Surtout qu’on a la maison presque pour nous seuls. Oui, presque, puisque y’a une tonne d’employés présents en permanence ici. C’est, comment dire, impossible d’être seule dans cette maison. Et en parlant de la Maison, je l’entraîne à l’intérieur de celle-ci, me dirigeant naturellement vers l’un des salons pour qu’il puisse au moins y déposer ses sacs. Je l’informe de la soirée où j’étais invitée, avec Oprah et tout, mais ça, je ne suis pas pour autant déçue. « Oh, je... c'est dommage, j'veux dire, j'espère que l'occasion se représentera du coup. » Je laisse un rire s’échapper alors que je regarde Pavel amusée. « Ah mais t’inquiètes pas pour moi, Je dois voir Oprah au moins cinq fois par année. Et puis, je pense pas qu’ils remarqueront mon absence. » Oui, ce n’était pas comme si ma présence était primordiale. Habituellement, j’y vais puisque les filles me supplient de les accompagner, se disant que la soirée serait moins ennuyante avec moi dans les parages. Je suis sur le point de lui demander ce qu’il a envie de faire mais Pavel me surprend d’entré de jeu avec une question à laquelle je ne m’attendais pas nécessairement. Pas de la part de Pavel en fait. « Et hum, ton gars, il a déjà mis les pieds ici ou ?... » J’hausse les sourcils, virant finalement mon regard vers la droite, fixant la fenêtre avec insistance. « Euh... Non, il est à Stockton... » J’annonce, me forçant à regarder Pavel à nouveau, souriant tristement. « Je... C’est compliqué... Avec sa liberté conditionnelle et... Enfin... » C’est compliqué. Oui, c’est tout. Et tellement plus en même temps. Mais est-ce qu’il désire réellement connaître tous les détails ? On pourrait certainement parler d’autre chose... « Euh... bon. Ton cadeau, tu le veux tout de suite ou maintenant ? » Oui, bonne idée, changeons de sujet avant que tout se transforme en un malaise général. J’hausse les épaules, comme s’il me donnait réellement le choix. « Je dirais maintenant, oui. » Je reste curieuse de savoir ce qu’il m’a apporté, je trouve déjà que l’attention de me me donner un cadeau, aussi petit qu’il soit, est vraiment gentil de sa part.