Lorsque je me suis inscrit à Fake Lover, j’étais loin de me douter que ma vie prendrait une telle tournure. Moi, j’allais là pour me faire de l’argent facilement, pour ensuite m’établir dans une nouvelle ville, un nouveau pays. Voilà que je ressors de là avec oui de l’argent, mais quelques amis, une fille avec énormément d’importance à mes yeux, et surtout, des retrouvailles avec ma sœur. Idéalement, j’aurais été en finale et j’aurais remporté l’aventure, mais bon, on ne peut pas tout avoir ce qu’on veut dans la vie. Et dans le genre de grosses décisions à prendre, maintenant que l’émission est terminée pour moi, j’ai enfin pris mon courage à deux mains et décidé qu’il était temps pour moi de retourner au Québec. Pour combien de temps ? Je ne suis pas encore certain de la durée de mon séjour. Il y a une certaine brune dont je suis déjà impatient de retrouver alors que nous nous sommes quittés la veille. Et donc je ne pense pas m’éterniser en sol québécois, pour autant que maintenant les choses seront différentes, que je reste ou non. Puisque cette fois-ci, je ne partirai pas sans me retourner et ne plus jamais donner de nouvelles. Bref, ce n’est pas le temps de penser à mon départ alors que je viens d’arriver, après un long vol en compagnie d’Amy, évidemment. Nous n’en sommes pas à l’harmonie totale, mais clairement, il y a une amélioration à l’intérieur de notre relation. Déjà, je crois qu’elle n’a plus envie de me frapper à toutes les fois qu’elle moi voit. Donc oui, ça va déjà mieux. J’ai beau avoir visité plus de pays que je ne peux le compter sur mes doigts, je ne pensais pas être aussi heureux de retrouver ma province. Les québécois qui m’entourent, les paysages, la nourriture. La maison de mon enfance. Le sentiment de réconfort et de tristesse qui me gagne en apercevant celle-ci. Ma mère y habite toujours, et c’est elle que j’ai décidé de visiter en premier. Oui, je vais rendre visite à mon père, mais pas toute suite. Et c’est à peine après avoir mit le pied en dehors de la voiture qu’une femme pousse la porte de l’entrer pour nous accueillir. Dans le genre retrouvailles émouvantes, ça doit battre un record de larmes j’en ai bien l’impression. Autant elle a vieilli, ce qui est bien normal, autant elle est restée la même femme à mes yeux. Bien qu’on remarque la douleur et les temps difficiles qu’elle a traversé. Je suis incapable de décrire le sentiment que je ressens au moment où elle ressert ses bras autour de moi, où je sens cette odeur si réconfortante qui émane d’elle comme c’était le cas avant que tout ne se casse. Amy avait raison, lorsqu’elle me disait que ma mère espérait mon retour depuis toutes ces années, et qu’elle ne semble point m’en vouloir. Je ne sais pas exactement combien de temps nous passons à parler. Je lui raconte mes aventures des dernières années, nous parlons de l’aventure de Fake Lover. Je lui parle même de Babou, voyez-vous ça. Je viens à la pêche aux nouvelles de son côté. J’évite un peu de parler de Rosie, je l’avoue, mais déjà, être ici est toute une épreuve pour moi. Puis, maman décide de nous préparer le repas, et c’est à ce moment que je me rends compte qu’Amy s’est éclipsée de la cuisine. Elle ne doit pas être bien loin, et je vois juste lorsque je sors par la porte arrière pour la retrouver sur la dernière marche de l’escalier qui mène à la cour. Je m’installe à ses côtés silencieux, en profitant pour sortir mon paquet de cigarettes, comme le veut ma mauvaise habitude. « Ça m’avait manqué… Tout ça. » Bien que tout ça, est différent de ce que nous avions avant, à plusieurs niveaux. Je passe une clope entre mes lèvres, avant de l’allumer et de recracher la fumer en levant le menton vers le ciel. « C’est tellement contradictoire… D’aimer et de détester un endroit profondément et ce, pour les mêmes raisons. » Les souvenirs. À chaque fois que je pose mes yeux sur quelques choses, cela me rappelle Rosalie. J’imagine que c’est la même chose pour Amy. Sauf qu’elle, elle a vécu avec tout ça sous les yeux alors que moi non. « T’es la plus forte de nous deux Amy… Peu importe les problèmes que t’as eu durant les dernières années. T’es plus forte que moi. » Je me décide enfin à tourner la tête en sa direction, accrochant mon regard au sien. Parce qu’elle, elle n’a pas fuie. Au contraire de moi.