J'étais arrivé il y a une heure environ. Je restais là, assis sur ce canapé cuir noir. Je patentais, un coup en tapant du pied par terre comme si je jouais de la guitare. Je pensais alors pour moi tout seul : ne pas oublier d'embarquer ma guitare si j'étais sélectionné pour l'aventure. Et puis mon skate aussi. Je ne pourrais pas me passer de ces deux objets fétiches. En vérité, je ne les considère pas comme tel, c'est bien plus.
Je me contente de regarder autour de moi. J'ai déjà bien assez détaillé les murs de cette salle d'attente. Il y a une rouquine à trois sièges de moi, vers la gauche. Un gars de quarante ans peut être. Une fille qui fait très jeune, limite seize ans. Quand j'arrête afin d'agiter ma jambe, une autre personne arrive. Elle s'installe à côté de moi. Je jette un furtif coup d'oeil dans sa direction. Je la vois, se tenir droite, balancer ses cheveux en arrière pour dégager sa nuque bronzée. Se dégage alors un parfum luxueux de sa peau. Quand elle ouvre la bouche, je ne peux m'empêcher d'arquer un sourcil ; davantage quand elle se montre assurée à mon égard. Malheureusement pour elle, non je ne la connais pas. En fait elle a beau me dire, je ne la reconnais pas. Un fin sourire se dessine sur mon visage. Avant de lui répondre, je me pince la lèvre inférieure, la décris légèrement de haut en bas.
- J'vois pas non. J'ai pas de stylo non plus, désolé.
Quel humour. Je perçois un rire dans le coin de la pièce.

Je crois bien qu'elle est mal prit ma remarque. Et malheureusement pour elle, ça m'amuse encore plus. Oui, je l'ai reconnu mais je n'écoute pas spécialement ce genre de musique. Voilà pourquoi. En plus, je ne suis pas le genre de personne à m'extasier devant des VIP. C'est un peu idiot de l'avoir provoqué, j'aurais bien voulu lui demander ce qu'elle pouvait faire là. N'avait-elle rien de mieux à faire que de venir postuler pour un casting de télé-réalité ? Dans quel but ? Avait-elle besoin de booster sa notoriété ? Véritablement, vu que je ne m'intéressait pas vraiment à sa carrière, j'ignorais où elle en était.
Cependant, je ne pouvais pas espérer maintenant lui décrocher quelques mots. Enfermée dans sa boule, elle s'était réfugié dans la musique. Alors, je recommençais à taper du pied et à regarder les murs en face de moi. Vite lassant.
Alors, au culot, j'osais tourner la tête pour la regarder, attirer son attention. Et puis ainsi peut être, lui demander la raison de sa présence ?