J'ai faim. Le problème, c'est que j'ai jamais appris à faire à manger. Ma mère m'a pas aidé sur ce coup-là, elle a jamais su faire à manger non plus, c'était toujours les domestiques qui s'occupaient de ça et avec brio qui plus est. C'est pourquoi depuis mon arrivé dimanche soir, je ne fais que grignoter des gâteaux ou piquer dans les plats que certaines préparent. Aujourd'hui, j'ai décidé que se serait des gâteaux, m'étant réveillé en retard. Je sors de la chambre, vêtu d'un long t-shirt déglingué qui me sert de pyjama depuis des années. C'est pas comme si j'avais grandi, vu que la cigarette m'a vite coupé ma croissance. J'avance donc jusqu'à la cuisine qui est vide. Tiens, c'est pourtant l'heure de pointe habituellement, tant mieux. Je me sers un verre d'eau que je bois tellement vite que je suis à deux doigts de m'étouffer. Je fonce alors vers le cellier qui est plein à craquer de cochonneries. Une fois là, j'attrape une poignet de bonbon que je dévore sans le moindre problème, puis j'attrape des cookies avec des grosses pépites de chocolat que je coince dans mes bras, ainsi que des brownies qui m'ont l'air savoureux. Bref, une fois les bras remplis de nourriture, je me tourne pour aller vers la porte de sortie sauf que je me prends quelqu'un et que tout mes gâteaux tombent sur le sol. Je regarde le sol où se trouve tout mes précieux, puis je relève le regard vers un type. « Désolé. » que je lui dis en me penchant pour ramasser les gâteaux se trouvant au sol, puis me relevant, je croise de nouveau son regard. « C'est quoi ton nom déjà ? » Je rajoute un déjà, mais c'est sûr que je n'ai pas retenu son nom dans tout les cas.     

Tranquillement en train de bronzer dans le jardin, je me dis qu’il serait temps que j’aille déjeuner. Mon estomac gronde. Il me réclame son dû. Je regarde ma montre. Ouais, il est l’heure. J’y vais sans me presser pour autant. Je sais pas vraiment ce qu’il y a à manger. J’aimerai autant qu’il y ait des restes du repas de la veille mais sinon, je me préparerai un repas simple. J’ai l’habitude puisque je vis tout seul en appart’. Ça me dérange pas de cuisiner. J’suis pas forcément bon mais je sais me débrouiller. D’ailleurs, là, je vais devoir me faire des pates puisqu’il n’y a rien dans le frigo qui m’inspire. Ok. Je file en direction du cellier pour attraper un paquet. Je constate que je ne suis pas seul. D’accord. Et… « Putaiiin ! » Je lance un regard assassin à la candidate qui vient de me foncer dedans alors qu’elle est déjà par terre à ramasser ses bouts de gâteaux. Dégueulasse. Elle s’excuse. Bon. Ça va pour cette fois. J’attendris mon regard. « A ta place, j’y toucherai pas. J’ai vu le chat passer plusieurs fois par ici. Pas sûr qu’il soit propre. » J’ai déjà trouvé une flaque de pisse dans l’hôtel donc je sais de quoi je parle. Ça ne m’étonnerait donc pas qu’il se soit déjà soulagé sur le sol du cellier. Berk. La candidate n’a pas trop l’air de s’en soucier. Je regarde sa tenue. Ça fait peur. J’ai l’impression d’avoir en face de moi une jeune fille qui refuse de grandir. « Silas. » Déjà ? Je scrute sa mine en détail et me rappelle alors des castings. Cette nana était dans mon groupe, je m’en souviens. « Et toi t’es la nana au surnom de pokémon. » Ouais, c’est comme ça que j’ai retenu. Et puis, j’trouve que ça lui va bien Pokémon. « Lâche ça et viens. Je vais nous faire des pattes. » Je crois qu’elle a fini de tout ramasser, au pire, c’est pas grave, le chat mangera tout et aura la chiasse par la suite. De quoi nous égailler nos journées. Merci Pokémon. « Tu ne sais pas cuisiner, je suppose ? » Elle m’a tout l’air d’avoir le profil de nana pas débrouillarde. Elle est jeune. « T’as fait quoi à tes cheveux, au fait ? Crise d’adolescence ? » Ce n’est pas de la méchanceté, non, c’est simplement de la franchise. J’ai pour habitude de dire tout bas ce que tout le monde pense alors je vais pas m’en priver.

Bon, il va resté poli celui-là, c'est pas comme si j'avais fais exprès de renverser mes gâteaux. Je m'excuse quand même pour paraître beaucoup plus polie que lui. Il me dit alors que je ferais mieux de ne pas ramasser mes gâteaux, je le regarde alors assez contrariée. Je déteste qu'on me donne des ordres, c'est pas lui qui va me dire ce que je dois faire. Ah, en fait si, il peut me dire ça. Putain de chat de malheur, je déteste ces bestioles. « Putain de chat à la con. » Non mais franchement quelle idée d'offrir ça à un candidat, on est tous obligé de le supporter du coup. Et moi j'aime pas les chats. Je ramasse cependant les gâteaux pour éviter que les gens marchent dessus et je soupire, dégoutée de ne pouvoir manger mes petits gâteaux chéris. Il me dit alors que moi je suis la nana au surnom de pokémon, ce qui finit par me faire sourire. « Apo, attaque éclair. » que je m'écris alors, en mimant un coup de poing. Ouais, parce que je peux pas vraiment jeter d'attaque éclair, ça aurait vachement drôle de pouvoir le faire. Il finit alors par me dire de tout lâcher et de le suivre, qu'il va nous faire des pattes. Un peu trop enthousiaste, je lâche tout mes gâteaux et lui saute dessus, entourant mes bras à son cou tout en embrassant sa joue à plusieurs reprises. « T'es vraiment mon héros. » Ouais j'ai l'air débile comme ça, une vraie gosse, mais bon c'est pas grave, c'est pas comme si je n'en étais pas une à ses yeux. Il me demande alors si je sais cuisiner, je lui offre alors un sourire tout ce qu'il y a de plus innocent. « Non, je suis ce qu'on appelle une gosse de riche, je sais rien faire. » Et de nouveau, je lui offre un sourire rayonnant. Puis il continue ses questions en me demandant si mes cheveux c'est le résultat d'une crise d'adolescence. Il est cash et franc, ça tombe bien, moi aussi. « Ouais. C'était pour faire chier ma mère, d'ailleurs ça a marché. Et avec le temps, ça m'éclate de faire mes teintures, donc je continue. » Et de nouveau, je conclus mes propos avec un fin sourire.

J’arrive plus à être aimable. Non, j’ai changé. Je suis plus un gentil garçon. Je suis froid, sarcastique, parfois méprisant. C’est comme ça. J’ai pas un mauvais fond. J’ai un cœur comme tout me monde. Mais je me protège via du sarcasme et de l’ironie. J’essaye parfois de m’adoucir. Comme là, avec la candidate. Elle m’a pas l’air méchante. J’ai peut-être réagis un peu excessivement. Je me rattrape à ma manière en la conseillant de ne pas toucher à ses gâteaux qui ont traînés sur le sol. « Ouais, comme tu dis. » J’ai rien contre l’animal. J’aime assez les bêtes en plus mais c’est pas franchement ce dont on a besoin ici. Il y a déjà assez de monde comme ça alors si en plus il faut s’occuper d’un chat pas propre, on n’est pas sorti de l’auberge. J’me présente ensuite à elle. C’est là que je tilt que j’ai affaire à une nana des castings qui était dans mon groupe. Celle au surnom de Pokémon. Sa réplique d’attaque me fait rire. Rien que pour ça, je me dis que je ferai mieux de m’occuper d’elle et lui faire à manger ce midi. Je prends donc les choses en main en lui proposant de nous faire des pattes. J’imagine que ça lui ira. Tout le monde aime les pattes. Néanmoins, si j’avais su qu’elle me sauterait dessus pour m’assaillir de baisers sur la joue, j’aurai rien proposé. Berk. J’aime pas les élans de tendresses. Je reste donc distant et je grimace. Apparemment, j’suis son héros. Whaou. Rien que ça. Un plat de patte et je deviens une figure emblématique pour elle. « Tu vas presque me faire regretter. » Si elle continue à en faire des tonnes, je risque de la laisser tomber. J’aime vraiment pas le fait qu’elle puisse m’accorder autant d’importance. L’affection, c’est pas pour moi. « J’aime pas les gosses de riche. » Et je crois que la starlette indienne en a déjà fait les frais sur les réseaux sociaux. J’ai pas aimé le fait qu’elle puisse exhiber sa fortune ainsi et se montrer autant superficielle. Elle a de la thune, d’accord, pas besoin de l’exposer. D’ailleurs, ça ne semble pas le cas d’Apo. J’imagine qu’elle n’est pas du genre à se balader avec des sacs des dernières collections ou de se balader en jet privé. « Ceci dit, t’as pas l’air du genre à le revendiquer. » La candidate a un look atypique et pas de pétasse blindée aux as. « T’habites toujours chez tes parents ? » J’imagine que oui si elle ne sait pas cuisiner ou alors elle vit avec quelqu’un qui maîtrise le four et autres accessoires de cuissons. « Et c’est quoi ta couleur naturelle de cheveux ? » Car là, franchement, avec toutes ces couleurs on a dû mal à savoir.