T’as passé une heure à courir dans l’enceinte du nid. Tu sais qu’ici, tu feras bien moins d’efforts physiques que sur le terrain. Là-bas, il fait hyper chaud. Là-bas, tu passes une partie de tes semaines à construire des habitats pour la population, à porter des poutres, des rondins de bois, des bouts de taule de toutes les tailles. Là-bas, tu joues beaucoup avec les enfants, ils te font courir dans tous les sens. Et là-bas, t’as pas de moyen de locomotion, et t’es toujours actif. Du coup, t’as décidé de pas te la jouer passif ici. Ca serait dommage, tiens. C’est pour ça que t’es allé courir, t’as pas envie de perdre ta forme, et surtout, t’es le genre de gars qui sait pas tenir en place. Rester sur un canapé à rien faire, ou sur la plage à bronzer, très peu pour toi. Après l’effort, t’as pris une bonne douche, et maintenant que tu t’es bien décrassé, t’as faim. Encore une fois, contrairement à la populace qui réside avec toi dans l’immense bâtisse – ou du moins, de l’image que tu te fais d’eux – tu vas pas te faire un sandwich plus gras qu’une motte de beurre. Tu prends toutes sortes de fruits que tu trouves dans la cuisine, et tu rassembles le tout sur le comptoir. Tu t’munies d’un couteau, et maintenant, tu commences à tout hacher : les fraises, les ananas, les pommes, les pêches, la pastèque, les oranges, les kiwis, et les autres fruits plus ou moins exotiques que t’as choisi. Finalement, ton dernier effort est de prendre des piques à brochette et d’enfourcher les fruits. Un régal rien qu’à regarder. T’es prêt à déguster, quand t’entends du bruit derrière toi. Tu t’retournes, et tombes nez à nez avec un mec torse nu. Ca te dérange pas, ce genre de trucs, t’as l’habitude en Afrique. Tu lui fais un sourire, et lui montres ta préparation. « J’adore les fruits, de toute sorte. Surtout les ananas. Et après avoir fait du sport, j’avais faim donc j’me suis dit que j’allais faire ça. J’ai vu un peu trop gros, t’en veux ? Moi c’est Ollie-Blake, au fait. » Et tout ça, sans reprendre ta respiration entre deux mots.

Tu te plais bien ici. Personne ne se plaint de te voir te promener toujours à moitié à poil. Du moins, pas pour l'instant. Tu passes tes journées à faire du sport, à aller à la plage, et faire toutes ces choses dont tu as toujours eu l'habitude de faire. En fait, ici, ça ne change pas vraiment de ton quotidien dans ta "vraie" vie. A un détail près : les 30 colocataires. Ça, certes, c'était un sacré changement. Et comme ça ne faisait que trois jours que vous étiez ici, tu n'avais pas eu le temps de faire connaissance avec tout le monde. Pas que tu ne le veuilles pas, mais vous étiez vraiment beaucoup trop. Il te fallait une ou deux semaines pour tout assimiler, et sûrement adresser à parole à tout le monde. Enfin bon, quoi qu'il en soit, tu étais un homme heureux. Un homme heureux avec un gros creux dans le ventre. Tu quittes donc la plage pour te rendre dans la cuisine, où tu y trouves un gars prêt à manger. « J’adore les fruits, de toute sorte. Surtout les ananas. Et après avoir fait du sport, j’avais faim donc j’me suis dit que j’allais faire ça. J’ai vu un peu trop gros, t’en veux ? Moi c’est Ollie-Blake, au fait. » Wow, il parle vite celui-là. Ollie-Blake. Ok. Noté. Tu poses tes yeux bleus sur son assiette, c'était vrai que ça donnait franchement envie tout ça. Et, bien évidemment, tu lui rends son sourire. « Moi c'est Faust. » tu commences, histoire de te présenter toi aussi. « Y'a de la noix de coco ? J'adore la noix de coco ! » que t'annonces comme si c'était la conversation la plus normale du monde. C'était ce que tu préférais, toi, la noix de coco. C'était définitivement la meilleure chose sur terre.

« Moi c'est Faust. » Il est pas spécialement bavard, ce gars-là. Ou alors, c’est toi qui parle vraiment trop. Faut dire, dès qu’il est arrivé, tu l’as assailli de paroles, ce pauvre garçon. Le genre de discours à la Ollie-Blake, quoi. Quand tu démarres, c’est dur de t’faire arrêter, et il en avait fait les frais. Bon, à part ça, t’es pas méchant, hein, juste un peu loquace. « Y'a de la noix de coco ? J'adore la noix de coco ! » Tu souris à cette question, et tes yeux se posent sur ton assiette. Tu cherches quelques secondes, puis attrapes une des brochettes pour la lui tendre. Sur celle-ci, plusieurs morceaux de noix de coco étaient enfourchés, avec un peu d’ananas, de la mangue et de la pêche. « La meilleure que j’ai gouté, c’était en Inde. J’y ai passé plusieurs semaines et j’en ai mangé plein ! » Tu prends l’assiette et te diriges vers la table à manger. Tu t’y installes, tires sur les manches de ton t-shirt et attrapes une brochette. « J’ai pas encore goûté celles d’ici, j’ai récupéré celle-là sur la plage en faisant mon footing. J’ai vu que t’aimais bien faire du sport, on pourrait courir ensemble de temps en temps. » Le mec qui s’impose, bonjour. Il avait l’air gentil ce gars-là, donc autant en faire un ami. De toute manière, t’es bloqué dans ce nid, faut bien que tu t’fasses des connaissances et il a l’air plutôt normal, comparé à d’autres personnes. « Alors, elle est comment ? »

Tu es accroc à la noix de coco depuis que tu es tout petit. C’est comme ta drogue à toi. Tu pourrais te nourrir de ça jusqu’à la fin de ta vie que ça ne te dérangerait pas. Non, vraiment, tu es fan. Si tu devais te réincarner en quelque chose, ça serait en noix de coco. Bon, peut-être pas en fait… enfin bref. Il fallait que tu arrêtes de t’égarer comme ça, toi. Ollie-Blake te donne gentiment une de ses brochettes où il y a de la noix de coco. Ok, c’était officiel, tu l’aimais bien lui. Il allait vite devenir ton préféré de l’aventure s’il continuait. « La meilleure que j’ai gouté, c’était en Inde. J’y ai passé plusieurs semaines et j’en ai mangé plein ! » Et alors qu’il s’installe, tu le suis pour t’asseoir en face de lui. « Ah ouais ? T’aurais dû m’en ramener ! » C’est complètement con ce que tu dis, puisque vous ne vous connaissiez même pas. « C’est beau l’Inde ? J’ai jamais quitté Hawaï moi. » tu l’informes. Non, jamais. Tu n’avais jamais voyagé de toute ta vie. Ton île – ou tes îles, plutôt – te suffisaient amplement. Même s’il fallait avouer que parfois –souvent, hm – tu rêvais d’autres horizons. « J’ai pas encore goûté celles d’ici, j’ai récupéré celle-là sur la plage en faisant mon footing. J’ai vu que t’aimais bien faire du sport, on pourrait courir ensemble de temps en temps. » Tu n’avais jamais dit que tu aimais bien faire du sport, mais tu supposais qu’il l’avait deviné parce que tu étais loin d’avoir du gras autour du bide. « Avec plaisir, ouais ! » tu dis dans un sourire. « Mais pas trop tôt le matin, hein… » tu tenais à ton sommeil, tout de même. Même si tu n’étais pas non plus du genre à te réveiller à 14h, etc. Bref. Tu te mets finalement à manger, parce que tu n’allais pas tenir éternellement cette brochette entre tes doigts tout de même. « Alors, elle est comment ? » Quelle question. « De toute manière tous les fruits à Hawaï sont délicieux, donc par conséquent c’est délicieux. » tu affirmes dans un sourire. Eh bien oui, il fallait bien que tu fasses un peu la promo de ton île, non ? Tu étais fier d’Hawaï, toi. Normal.

« Ah ouais ? T’aurais dû m’en ramener ! » Tu arques un sourcil à cette réplique. Comment tu pouvais savoir que tu devais ramener de la noix de coco à ce mec alors que tu viens de le rencontrer et que t’étais en Inde il y a plus d’un an. Puis, t’as l’impression qu’il se rend compte de son incohérence, et il change de sujet, te demandant tes impressions sur le pays. Un sourire s’affiche sur ton visage, rien qu’en te souvenant des moments que t’as passé là-bas. T’en as gardé de bons souvenirs, de cette aventure. « C’est superbe, les gens là-bas sont vraiment adorables. J’ai participé au Rickshaw Run après ma mission, c’est une sorte de course où on traverse l’Inde en Tuk-tuk, c’est vraiment génial et les gens t’aident dans la rue dès que t’as un problème avec ton véhicule ! » Tu te rappelles encore des moments passés avec la population, à réparer ses petites boites de conserve roulantes en plein milieu des routes. Après cette discussion sur l’Inde, tu viens à lui parler de sport, lui proposant alors de vous entrainer ensemble. Il accepte, à condition de le laisser dormir. « Pas de souci, on fera ça quand tu seras d’attaque », dis-tu avec un énorme sourire. Courir à plusieurs, c’est toujours plus sympa que de faire ça tout seul, et si vous pouviez être partenaires de jogging, tu serais un mec ravi. La dégustation commence ensuite. « De toute manière tous les fruits à Hawaï sont délicieux, donc par conséquent c’est délicieux. » Tu décides de goûter afin de te donner une idée du goût de ces fruits, et à la première bouchée, un son presque semblable à un gémissement s’échappe d’entre tes lèvres. « Pourquoi je n’avais jamais testé ça auparavant ? » Tu reprends directement une nouvelle part de ta brochette, tellement ça t’a plu. « Tu disais vrai ! »