Il déambule dans les couloirs. On remarque grâce à sa démarche lente et titubante qu'il vient de se lever. Clairement, Ulysse est encore dans les nuages. Il a le regard vide, les bras tombants et la tête vers le sol. On pourrait presque le confondre avec zombie, avec un teint un peu plus blafard. Remarquez, il s'en rapproche assez à ce moment-là, parce que l'utilisation de son cerveau est en mode off là. Ulysse le matin, c'est pas très beau à voir, je vous l'accorde. Puis le long du couloir, son cerveau se remet en marche tout doucement. Ses yeux dévient du sol aux murs, s'observant sur les miroirs. Certains sont normaux, d'autres déformants et même sur les normaux, Ulysse peut se demander si c'est vraiment lui qu'on voit... Il s'arrête un instant sur un qu'il juge normal, se gratte les yeux avec le poing et reprend sa terrible épopée jusqu'à la cuisine. C'est le couloir infernal en vrai, impossible de le terminer. Puis là, parmi tous ses reflets plus ou moins justes, il tombe nez à nez avec un qui attire son attention. Tellement qu'il ouvre grand les yeux et tombe à la renverse, sur les fesses. Il se gratte de nouveau les yeux, son reflet lui par contre est debout. « Oh mon dieu ! » Ah oui, il n'est pas très bien réveillé parce qu'en réalité ce reflet, c'est Maxence. Certes il est blond, mais ils n'ont pas grand chose en commun. En plus lui il est habillé tandis que Ulysse, il est torse nu vêtu de seulement un short. Mais bon, ça ce sont des détails quand on est trop prés. Il se relève, le choc l'ayant aidé à se réveiller tout d'un coup. « Putain j'ai cru que je m'étais vu, dix ans plus tard. » Et encore, dix ans, il est gentil parce que sur le coup, le choc fait que tout est exagéré et il aurait bien dit... vingt ans. Mais bon, ne froissons pas notre ami. « Pas que ce serait négatif ceci dit tu sais. T'es super bien foutu, je serais content de te ressembler plus tard. » Il est séduisant quoi. Mais il ne sait pas vraiment pourquoi il dit ça, parce qu'on dirait qu'il le drague un peu et c'est pas vraiment le but vous voyez... Ah si il sait, c'est pour pas le froisser parce que ça réaction à de quoi vexé quelqu'un quand même. « Désolé. Ce doit pas être un compliment pour ton jeune toi de te comparer à moi. »  Bon, il va arrêter de parler de son âge, lui rappelant que c'est un vieux crouton parce qu'il va vraiment se sentir mal après le pauvre.

Ce que certains pouvaient dormir quand même, de véritables marmottes ma parole. Enfin bon, je me disais qu'à cet âge-là je faisais sans doute la même chose même si je ne m'en rappelais pas ... Quoi qu'en fait non, pas vraiment, mais sans doute que si j'avais eu la possibilité de le faire je l'aurais fait. Parait-il que c'était un truc d'adolescents et de jeunes adultes, de dormir tard. Toujours est-il que moi, ça me donnait surtout l'impression de bousiller toute une moitié de ma journée, du coup j'essayais de ne jamais me lever après huit heures et demi, neuf heures grand maximum. Autant dire donc, que lorsque j'avais repris le chemin de ma chambre à onze heures et des poussières j'étais déjà réveillé depuis un moment ; J'avais même eu le temps de déjeuner, de me doucher, et d'enfiler un short et un tee-shirt, avec l'intention d'aller courir. Mais j'avais retiré ma chaine hier soir pour d'obscures raisons, et sans ma croix autour du cou je me sentais tout nu, hm. Un peu comme quand j'oubliais de mettre ma montre. Bref, du coup je remontais juste chercher ça, et comme j'étais pas seul dans le couloir je m'étais décalé sur le côté pour laisser passer un Ulysse pas encore vraiment réveillé ... Je ne savais pas si c'était la cause de son « Oh mon dieu ! » quand il était passé à ma hauteur par contre, mais ce qui était certain c'est que ce qu'il venait de voir ou de réaliser l'avait laissé sur les fesses. Littéralement. « Maxence. Dieu ça fait un peu pompeux comme titre. » Ahah. Bon seigneur je lui avais tout de même tendu une main pour l'aider à se relever, tandis que se frottant les yeux et secouant la tête il semblait être réveillé pour de bon désormais. Mais bon, sympa de voir que c'était ma gueule qui lui faisait cet effet-là, pour un peu je me serais vexé. « Putain j'ai cru que je m'étais vu, dix ans plus tard. » Quoi, genre en me regardant ? Je ne voulais pas le décevoir mais j'avais encore des photos pour me souvenir de la gueule que j'avais y'a dix ans, et en dehors de la couleur de cheveux y'avait pas grand chose en commun. Je disais pas ça méchamment, je veux dire il n'avait rien à envier à mon moi de y'a dix ans ... à part quelques poils au menton, à la rigueur. « Pas que ce serait négatif ceci dit tu sais. T'es super bien foutu, je serais content de te ressembler plus tard. » Ah, heu, et donc j'étais supposé le remercier là, ou bien ? Et puis "me ressembler plus tard", limite il me parlait comme si j'avais l'âge d'être son père, fallait pas abuser non plus ... Il avait quoi, au moins vingt-quatre ou vingt-cinq ans, hm ? « Désolé. Ce doit pas être un compliment pour ton jeune toi de te comparer à moi. » Je ne comprenais vraiment rien à son charabia, c'était comme s'il en disait la moitié tout haut, et l'autre moitié dans sa tête ... Mais mon âge semblait vraiment le perturber, ou alors il avait hâte de vieillir, mais avouez que ça serait un peu bizarre, hm. N'empêche que y'avait un truc qui m'avait fait tiquer, et fronçant les sourcils j'avais fini âr lui demander d'un ton suspicieux « Non mais, attends. Quel âge tu t'imagines que j'ai au juste ? » Il commençait à me faire peur, limite. Je ferais quand même remarquer que je n'avais pour le moment pas un seul cheveu blanc, pas un. Ou peut-être quelques uns, mais c'était pas de la vieillesse, c'était du souci, alors cela n'avait absolument rien à voir.

« Maxence. Dieu ça fait un peu pompeux comme titre. » Et en plus son reflet lui parlait. Il n'avait rien retenu de ce qu'il venait d'entendre, uniquement le son de la voix. Donc il y avait plusieurs explications. Soit il était en réalité bien au chaud dans son lit, et tout ceci n'était qu'un horrible cauchemar... Soit c'était une autre explication tout à fait logique qu'il serait à même de déduire lorsque son cerveau aura décidé de se mettre sur le bouton marche. Et le petit choc de sa chute l'a fait revenir sur terre. Ah oui Maxence... Il se saisit de sa main et se relève, l'air un peu bête. Il lui explique un peu sa réaction, non pas que Maxence semble vraiment vexé mais c'est du côté d'Ulysse... Il se sent obligé de se justifier. Se réveiller un matin et découvrir qu'on a perdu dix ans de sa vie, ça peut faire un choc non ? Ce 'oh mon dieu' était donc tout à fait légitime. Mais qu'il se rassure, ce n'était absolument pas contre lui. A son âge, il s'estimerait très heureux de lui ressembler. « Non mais, attends. Quel âge tu t'imagines que j'ai au juste ? » Enfin, il l'arrête. Tans mieux parce que le jeune blond avait l'impression de s'enfoncer doucement. Comme des sables mouvants dans lequel il se débattait, plus il parlait et plus il s'enfonçait. Par contre là, c'est une question piège. « Euh... » Non mais il voit le mauvais coup venir à des kilomètres. C'est comme les femmes qui posent cette même question. Y a jamais de bonne réponse. Soit c'est trop jeune, soit c'est trop vieux, mais dans tout les cas c'est pas bon. Ulysse était censé répondre comment là ? « Fais voir tes mains. » Sans attendre, il se saisit de ses mains et détaille avec le pouce les lignes qui y figurent. Hm, il prend un air concentré, en espérant gagner du temps pour réfléchir à une solution au terrible problème qu'il doit faire face. Les vieux, toujours un problème avec leur âge. « Et ouvre grand les yeux maintenant pour voir, hm... » Bon, ça commençait à devenir du véritable foutage de gueule... Ulysse devait se rendre à l'évidence, il devait apporter une réponse. Il n'y échapperait pas. C'était le destin. « Donc je dirais... trente.. deux ? » Il grimace légèrement, attendant sa réaction avec appréhension. Toute façon il avait dit qu'il avait dix ans de plus que lui, donc trente-deux s'il compte son anniversaire de cette année pas encore passé.

Si je récapitulais, il m'avait d'abord pris pour Dieu, avant de me prendre pour lui-même, ou bien c'était le contraire, je n'avais pas trop compris ... Mais ce que je comprenais en tout cas, c'était qu'il venait de sortir de sous sa couette, ça se voyait pratiquement comme le nez au milieu de la figure. Mais à l'entendre parler, il faisait face à un de ses lointains ancêtres, tant et si bien que j'avais fini par lui demander quel âge il me donnait ; Parce que j'étais peut-être le plus vieux ici, me semblait-il, mais je n'étais pas beaucoup plus vieux d'un Jarek ou qu'une Amy, par exemple. « Euh ... Fais voir tes mains. » Mes mains ? Pourquoi, il comptait me lire mon avenir, il était diseur de bonne aventure ? De toute façon je n'avais pas vraiment eu le temps de lui poser la question qu'il les avait déjà attrapées pour les observer. Et donc ... ? J'avais cinq doigts à chaque, une légère cicatrice sur le pouce gauche - merci couteau-suisse - et ma chevalière à mon annuaire gauche. Il pensait deviner mon âge grâce à ça peut-être ? « Et ouvre grand les yeux maintenant pour voir, hm ... » Non mais c'était pas bientôt fini son inspection là, il ne voulait pas me faire une prise de sang pour vérifier mon taux de fer aussi ? Le pire c'est que j'avais vaguement l'impression qu'il était en train de se foutre de moi, gentiment, mais sévèrement. « Arrête-çaaa, j'ai l'impression d'être un bovin au salon de l'agriculture, là. » Et c'était pas positif comme impression, au cas où certains se poseraient quand même la question. J'en arrivais même presque à me souvenir ce que je lui avais demandé pour qu'il se mette dans cet état-là ... Ah, si, mon âge supposé. « Donc je dirais ... trente ... deux ? » J'avoue que si il m'avait faussement fait passer le cap de la quarantaine je me serais peut-être un peu remis en question, parce que quand même, mais bon s'il avait envie de me rajeunir ça m'allait aussi. Après tout on pouvait en faire des trucs, en trois années de vie. « Ah. Bah, okay, si tu veux. » J'allais pas le contredire, si ça pouvait lui faire plaisir. « Mais dans ce cas-là arrête de me parler comme si j'avais l'âge d'être ton père, hu ? Même ma fille le fait plus. » Argument de poids, vous en conviendrez. Mais totalement subjectif, d'autant plus que puisque c'était ma fille elle pouvait bien me parler comme ça toute sa vie que ça ne me dérangerait sans doute pas outre mesure. Souriant, j'avais tout de même fini par lui demander « Tu allais où comme ça, si bien réveillé ? » Enfin oui, maintenant il l'était, réveillé. Mais ce n'était pas l'effet qu'il m'avait fait lorsque je l'avais vu au bout du couloir, là il avait plutôt l'air du type qui luttait contre l'envie de s'écrouler par terre pour se rendormir à même le carrelage du couloir.

Ulysse gagne du temps... mais pour combien de temps, justement ? Il sait qu'il va pas s'en sortir comme ça. Et ça devient grotesque quand il inspecte ses yeux clairs. « Arrête-çaaa, j'ai l'impression d'être un bovin au salon de l'agriculture, là. » Il ne peut s'empêcher de ricaner. L'image est assez drôle quand même. Et puis, qu'est-ce qu'il a contre les taureaux ? C'est grand, fort, majestueux... Et en plus, on dit bien, bien monter comme un taureau... Eeet ! « Quel prétentieux tu fais ! Te comparer à un taureau franchement... » qu'il s'exclame avec un sourire moqueur. Il ne doit pas comprendre pourquoi. Ulysse sait très bien que ce n'était pas par là qu'il voulait en venir, mais ça l'amuse de l'interpréter de cette manière. Bon, allez, il donne finalement un âge approximatif pour Maxence. Trente-deux, c'est le nombre qui est ressorti. Et là, le jeune blond serre les dents en attendant le verdict. « Ah. Bah, okay, si tu veux. » Euh... c'est plutôt positif là ? Il n'est pas rentré dans une folie furieuse, il suppose que oui. Bon bah voilà, trente-deux... Mais maintenant, il a envie de lui donner plus parce que sa réaction a été trop facile... Cherchez pas à comprendre. « Mais dans ce cas-là arrête de me parler comme si j'avais l'âge d'être ton père, hu ? Même ma fille le fait plus. » Avec ce qu'il venait de dire, il venait de prendre dix ans d'un coup là ! Bon, peut-être pas mais dire qu'il avait une fille n'aidait pas à lui parler plus simplement. « C'est compliqué avec les personnes âgés tu sais... J'ai vraiment beaucoup de respect pour vous... » qu'il minaude doucement, un peu embarrassé... jusqu'à lui donner un coup sur l'épaule en riant. « Rooh ça va, je plaisante ! » Enfin, il a beaucoup de respect pour les personnages âgés hein, même pour toutes les personnes quelque soit leur âge de toute façon, mais Maxence n'en est pas à un point où il existe la frontière de l'âge. « Alors t'as une fille ? Quelle âge ? » Assez grande il suppose, puisqu'elle est en âge de lui parler comme son pote. Une adolescente surement. « Tu allais où comme ça, si bien réveillé ? » Si bien réveillé oui, haha. « Voir si la salle de bain était occupée et si oui, descendre dans la cuisine... » Rien de très intéressant et d'anormal pour quelqu'un qui vient de se lever quoi. Peut-être qu'il pourra lui donner des informations sur ces deux lieux, ça lui évitera de perdre du temps. Mine de rien, ils en perdent du temps avec l'ascenseur qui marche une fois sur deux ! C'est à cause des petits malins qui jouent avec le bouton d'arrêt ça. « Dis, t'étais comment quand t'étais jeune ? » Puisqu'il peut le glisser dans la conversation. Bon, il joue encore sur son âge mais il le fait pas exprès. « Un Silas, colérique au sang chaud, un Esteban, draguant tout ce qui bouge ou un Ulysse, aussi modeste que parfait, hm ? » Il caricaturait assez les personnages -sauf le sien évidemment- , mais c'était pour avoir une idée. « Oh, peut-être un John ? Geek ? » Le mec qui passait son temps devant un écran. Pas que John soit comme ça, il caricaturait évidemment. « Quoique, il y a dix ans, la technologie... » C'était pas trop ça non ? Pas aussi courant que maintenant donc il doute qu'il soit un John.

« Quel prétentieux tu fais ! Te comparer à un taureau franchement ... » J'avais doucement secoué la tête, il en tenait vraiment une sacré couche ce gamin, il avait de la chance d'avoir une bouille et un abord sympa. Mais soit, il avait réussi à m'arracher un léger rire, avant que je ne me vois obligé de rentrer dans son jeu, ne serait-ce que par principe « Jaloux ? » Non mais je ne sais pas, ça avait l'air de le perturber tout à coup « Mais ne t'en fais pas, ton petit problème restera entre nous. » ajoutais-je finalement tout en posant une main faussement compatissante sur son épaule. Oui bon, ça va, on pouvait bien plaisanter un peu, j'osais espérer qu'Ulysse avait au moins un brin d'humour ... Parce que je peux bien le dire, j'avais une assez bonne opinion de lui pour l'instant, alors il serait dommage de tenir ça avec une absence flagrante d'autodérision. Où en étions-nous déjà ? Ah oui, mon âge présumé, ou supposé, ou peu importe. Il me parlait comme si j'avais l'âge d'avoir changé ses couches, pourquoi pas me vouvoyer aussi tant qu'il y était « C'est compliqué avec les personnes âgés tu sais ... J'ai vraiment beaucoup de respect pour vous ... » ... J'avais parlé trop vite, hein. Mais il avait beaucoup de respect pour "nous", cela me faisait une belle jambe. « Rooh ça va, je plaisante ! » Ah bah encore heureux, y'aurait plus manqué qu'il soit sérieux en plus ... C'est que j'aurais pu finir par me vexer, sinon. Ou pas, en fait je n'étais pas hyper susceptible et je m'en foutais un peu de vieillir en fin de compte ... Sauf quand je voyais Alicia grandir, c'était les seuls moments où j'avais l'horrible impression que le temps passait trop vite. Et justement en parlant d'elle « Alors t'as une fille ? Quel âge ? » Y'avait pas meilleur moyen de me faire me sentir vieux que de me poser cette question pour le coup, il s'y prenait comme un chef s'il avait envie de me faire passer pour un vieux débris. Mais le souci je crois que c'était surtout que ma dernière réflexion m'avait échappé, parce que pour des raisons en fait peu rationnelles j'avais l'impression de porter préjudice à Alicia en parlant d'elle ouvertement à la télévision. Irrationnel donc, je sais. Oh et puis après tout, ce n'était pas un horrible secret non plus. « Plus jeune que toi, enfin je suppose. Dix-huit ans. » Et au cas où certains se poseraient la question oui, j'avais vraiment eu l'impression de me prendre quelques années dans la gueule le jour où elle était devenue majeure. Majeure, merde. J'avais fini par changer de sujet, et pas vraiment par hasard on s'en doute, pour lui demander où il allait au juste, avant de sa rencontre avec mon reflet ne lui fasse remettre en question ce à quoi il pensait ressembler « Voir si la salle de bain était occupée et si oui, descendre dans la cuisine ... » J'aurais du m'en douter ceci dit, je ne sais pas trop pourquoi j'avais posé la question ... en dehors du fait de vouloir changer de conversation, donc. Échec très relatif d'ailleurs puisque voilà qu'Ulysse revenait à la charge avec une nouvelle question du même calibre « Dis, t'étais comment quand t'étais jeune ? » C'était donc définitif, à ses yeux j'avais définitivement quitté la case jeune. Mais je crois que je m'étais plus ou moins fait à l'idée quand j'avais passé la barre fatidique des trente ans. « Un Silas, colérique au sang chaud, un Esteban, draguant tout ce qui bouge ou un Ulysse, aussi modeste que parfait, hm ? » Je ne savais même pas qui était Silas, à vrai dire, mais à chaque fois que j'entendais parler de lui c'était dans des termes assez peu flatteurs ... Il allait bien falloir que je me fasse ma propre idée un de ces jours, histoire de voir quoi. « Modeste et parfait, rien que ça ? » avais-je alors demandé d'un ton amusé. Non mais c'était bien d'y croire, ça le rendait encore plus mignon ... Ouais, Ulysse me faisait l'effet d'un gamin mignon. Et du coup ça m'avait fait sourire, à nouveau, avant qu'il ne rajoute comme ayant eu une illumination « Oh, peut-être un John ? Geek ? Quoique, il y a dix ans, la technologie ... » J'avais arqué un sourcil. Il n'était pas si jeune que ça pour ne pas se souvenir de la décennie précédente, est-ce qu'il se souvenait avoir vécu à la bougie, avec des fiacres et le télégramme ? Non, bon, bah moi non plus justement. « Bon alors je vais te faire une révélation, tu ne vas sans doute pas en revenir mais ... y'a dix ans, le téléphone existait, la voiture aussi. Même internet, rends-toi compte. » J'avais même eu une gameboy pour l'anniversaire de mes douze ans, si si. La grise, avec l'écran en noir et blanc, et les cartouches énormes ... La belle époque, quoi. « Mais pour répondre à ta question, hm ... j'étais le petit crétin qui s'inscrit au club de théâtre pour impressionner une fille, qui faisait des boulettes de papier au dernier rang en cours de maths, et qui préférait skier que bosser sa philo, voilà. » Bon j'étais pas un cancre non plus, disons que j'avais surtout tendance à choisir mes matières, en plus de mon allergie chronique aux chiffres. Ma scolarité se serait sans doute passée sans encombre si l'on s'était arrêté aux langues, à l'histoire, au français et au sport, hm. « Tu descends à la cuisine avec moi, et pendant que je te prépare un petit dej' tu me racontes comment c'est d'être jeune "modeste et parfait", vu que tu as l'air d'en savoir vachement plus que moi à ce sujet, hm ... deal ? » Fallait juste que je récupère ma croix dans ma table de nuit, j'étais monté pour ça à la base et je ne repartirais pas sans, ça me perturbait déjà assez de ne pas l'avoir autour du cou ... Dernière fois que je la retirais, c'était un truc à la perdre en plus de ça.