C'était la seconde fois qu'il s'apprêtait à monter dans ce train. La semaine passée, Sully avait passé un bon moment à se demander s'il ferait bien d'y prendre place, parce qu'il ne s'était pas trouvé seul et que l'idée de déranger l'un de ses camarades lui avait été - et lui était d'ailleurs toujours - purement insupportable. Mais aujourd'hui, il se trouvait seul sur le quai. Le train était sur le point de venir le chercher, et il ne voyait toujours personne. En soit, c'était une assez bonne chose, car cela lui éviterait ainsi de repartir dans un questionnement légèrement irrationnel. Même s'il est vrai qu'il n'aurait pas été contre un peu de compagnie, parce qu'en soit, il ne l'était jamais. Toujours est-il que le train finit par arriver, et s'arrêta face à lui. Sully n'attendit alors pas pour y prendre place, sachant pertinemment que prendre son temps ne serait pas nécessairement une bonne idée étant donné que ce train n'attendrait personne pour repartir. Et alors qu'il attendit que le wagon se remette en marche - ce qu'il fit alors sans trop tarder - voilà qu'il entendit quelques hurlements. Ceux d'une femme, manifestement. Ceux de Lena, indéniablement. Elle criait son nom et le priait ... d'arrêter le train. Ah oui, rien que ça ? Mais comment voulait-elle qu'il fasse, au juste ? Qu'il demande bien gentiment à ce dernier de se remettre à l'arrêt ? Non, il avait tendance à penser que ça n'aurait pas grand effet. Du coup, oui, il était bien embêté. Parce qu'il savait que Lena lui ferait la tête s'il n'agissait pas, mais qu'il n'avait pas non plus envie de faire n'importe quoi. Disons qu'elle le mettait dans une situation affreusement délicate, là tout de suite. Heureusement qu'il y avait ce bouton d'arrêt, qui tombait alors incroyablement bien. Il n'eut qu'à l'enclencher pour freiner puis arrêter complètement la machine, se doutant pourtant que ça pourrait être considéré comme un "abus", puisque le train se trouvait déjà techniquement entre deux arrêts. Qu'importe, il assumerait d'avoir appuyé. Il se dirigea alors vers l'entrée du wagon et tendit une main à la demoiselle pour aider celle-ci à y monter. « Pourquoi était-il impératif que tu prennes ce train-ci ? » la questionna-t-il alors, toutefois en souriant, parce qu'au fond, il avait trouvé cette mésaventure plus amusante qu'autre chose. Bon, il s'était quand même demandé pourquoi elle ne s'était pas contentée d'attendre le train suivant, mais il se doutait bien qu'elle était du genre butée, cette jeune femme. « Je peux remettre le wagon en marche, ou bien on attend encore quelqu'un ? » Sait-on jamais qu'un autre retardataire arrive en hurlant lui aussi. Il préférait demander, au cas où.

Le moins que l'on puisse dire, c'est que Sully ne s'était pas tellement attendu à entendre quelqu'un crier au moment où le train s'était mis à démarrer. Ainsi donc, il ne manqua pas d'être surpris quand, alerté par de tels hurlements, il constata qu'il s'agissait en fait de Lena. La jeune femme sembla alors fermement décidée à prendre ce train-ci et pas le suivant, et ce, au point d'attendre de Sully qu'il stoppe le wagon. En soit, ça ne lui demandait pas beaucoup d'efforts, si ce n'est d'enclencher un bouton - on avait fait plus épuisant, c'est certain - mais théoriquement, il n'était pas certain d'avoir franchement le droit d'arrêter la machine à la moindre occasion. Peut être se ferait-il remonter les bretelles par la Production. Dans ce cas-là, il tacherait d'assumer et pourrait au moins se rassurer en se disant qu'ainsi, il avait évité à Lena de se jeter sur le wagon. Parce que oui, il s'était dit qu'elle était complètement capable de le faire. Et vu qu'il n'avait pas tellement envie qu'elle perde une jambe, disons qu'il n'avait pas réfléchi bien longtemps avant d'enclencher le fameux bouton d'arrêt. De là, les choses se simplifièrent indéniablement. Le wagon ne bougeait plus, ainsi, sa camarade pouvait l'y rejoindre et lui donner quelques explications. Car oui, il avait quand même un tout petit peu de mal à saisir une chose : pourquoi donc avait-elle tenu à prendre ce train-ci ? Il pouvait comprendre qu'elle ait été frustrée de le voir démarrer, mais pourquoi s'entêter ? C'aurait pu être dangereux, d'autant plus qu'on ne pouvait pas non plus arrêter ce genre d'engins à tout bout de champs. Donc oui, il attendait de sa camarade qu'elle lui explique ce qui avait bien pu lui passer par la tête au moment où elle avait accouru en direction du train et s'était mise à hurler comme si sa vie en dépendait. La réponse qu'il obtint le fit en tout cas sourire car, comme il s'y était honnêtement attendu, Lena se ficha légèrement de lui. Pas de quoi l'en blâmer cependant, c'était plus amusant qu'autre chose. « Oh, je vois. Dans ce cas, heureusement que j'étais là pour t'arranger le coup, hein, parce que sans ça, tu n'aurais pas été près de le revoir, ce train qui te fait manifestement beaucoup d'effet. » En cela, il essayait de rentrer dans son jeu, bien qu'il n'ait peut être pas tellement l'habitude de plaisanter avec elle. Mais ça leur faisait du bien, et puis, c'était une façon plutôt ludique d'apprendre à se connaitre. Et de ça, ils en avaient besoin. Quant au reste, il est vrai qu'il vaudrait mieux que Sully soit certain qu'aucun autre retardataire n'aura l'intention de choper ce train - sans mauvais jeu de mots - avant de se permettre de remettre celui-ci en marche. Parce que bon, il n'allait pas s'amuser à l'arrêter toutes les cinq minutes non plus, hm. Mais manifestement, personne ne se joindrait à eux. Il put en tout cas noter que sa camarade n'avait pas manqué de donner un charmant petit nom au train, qui semblait faire carrément office de compagnie d'aventure, pour le coup. « Jimmy, tu dis ? Hm, oui, j'aime assez. Je ne saurais pas te dire si ce nom lui va bien, parce que je ne sais pas tellement quel nom est susceptible d'aller à un train, à vrai dire ... Mais c'est plutôt joli, oui. » Il aurait tout simplement pu lui demander quel intérêt il pouvait bien y avoir à nommer un train, ou plus généralement à prétendre s'être amourachée de ce dernier. Mais Sully était pour le moins touché par la candeur et l’innocence de sa camarade. S'il brisait son délire, il aurait l'impression de tout gâcher. Alors s'abstint. Le jeune homme remit en tout cas le train en marche, puis déposa son regard sur le paysage, tandis que lui revinrent certaines images, certains faits. « C'était étrange l'autre jour, non ? » qu'il souffla alors, passant nerveusement une main dans ses cheveux et reportant son regard sur la jeune femme. Il n'était pas certain qu'il faille parler de ce baiser qu'ils avaient refusé d'échanger, mais il voulait être certain qu'il n'y ait pas de malaise entre eux. Parce que ce serait dommage.

Sully n'aurait décemment pas pu la laisser s’époumoner sans réagir. Il avait vu Lena accourir vers le train et avait sérieusement craint qu'elle tente un geste désespéré et qu'elle se blesse en voulant atteindre le wagon. Alors oui, il avait fini par se résoudre à enclencher le bouton d'arrêt, qui ne mit alors qu'un instant à arrêter la machine. Ainsi, les choses furent sensiblement plus simples, et il n'eut ensuite qu'à la faire monter dans le train. Mais la curiosité de Sully avait naturellement été chatouillée par cette drôle de mésaventure. Car oui, il avait bien du mal à comprendre pourquoi Lena avait tenu à prendre ce train-ci. Elle aurait pu se résigner et admettre qu'il était trop tard pour qu'elle y monte, et ainsi se contenter d'attendre le prochain. Mais non, il avait fallu qu'elle le prit de stopper le wagon, ce qu'il fit alors sans trop réfléchir, mais pas sans attendre une petite explication derrière. Parce que si elle croyait qu'elle allait s'en tirer aussi facilement et sans avoir besoin de lui rendre le moindre compte, elle se trompait. Car si Sully avait pris le risque de se faire enguirlander par la direction - parce qu'il supposait que, comme pour tous les trains, le bouton d'arrêt de celui-ci n'était à utiliser qu'en cas d'extrême danger, or il avait plutôt s'agit d'un caprice - ça n'était certainement pas pour qu'elle s'abstienne de lui expliquer ce qui avait bien pu la pousser à s'obstiner à prendre ce train-là. La réponse qu'il obtint le fit alors sourire, car il comprit sans mal que sa camarade n'était pas franchement sérieuse lorsqu'elle disait avoir flashé sur ce train et s'être dit que c'était la chance de sa vie, et donc qu'il lui faudrait y monter à tout prix. Naturellement, Sully n'eut aucun mal à rentrer dans son jeu, et à se donner le beau rôle même, car finalement, c'était bien grâce à lui que cette magnifique rencontre avait pu se faire, car c'était lui qui, après tout, avait permis à Lena de monter à bord du fameux train. En cela, oui, heureusement qu'il avait été là. Sa camarade lui sembla en tout cas particulièrement reconnaissante d'avoir contribué à la naissance d'une si belle histoire, et Sully ne put que lui signifier, d'un gracieux geste de la main, que ça n'était rien, qu'il avait fait ça pour la bonne cause et parce qu'il s'était douté que tout ça avait énormément d'importance aux yeux de Lena. Oui, c'est véritablement ce qu'elle était censée comprendre de par ce simple geste de la main. Nul doute qu'elle en saisirait aisément tout le sens, hm. Toujours est-il que sa camarade alla jusqu'à donner un nom audit train, le considérant visiblement comme l'un des protagonistes de ce voyage. Décidément, cette jeune femme avait de l'imagination à revendre. Et visiblement, elle comptait sur Sully pour en avoir tout autant. En effet, alors qu'il avait laissé entendre que le prénom "Jimmy" était plutôt joli, voilà qu'il était maintenant prié de trouver à son tour un prénom qui pourrait possiblement aller à ce train. Tâche compliquée que celle-ci, car ça n'était quand même pas tous les jours qu'on lui demandait de nommer un train. Ça, il le laissait volontiers à Lena, vous voyez. Sauf qu'il se doutait bien qu'elle ne tolérerait pas qu'il prétende n'avoir aucune idée valable, alors il se lança, vu qu'il ne semblait même pas avoir le droit de réfléchir. « Hm, là tout de suite, j'aurais tendance à proposer "Larry". C'était le nom de mon Rottweiler quand j'avais douze ans. Et bien qu'il n'y ait naturellement aucun rapport entre Larry le chien et Larry le train, je t'avoue que c'est le premier nom qui me soit passé par la tête. » Mais c'était bien ce qu'elle lui avait demandé, après tout, de ne pas prendre le temps de se compliquer la vie et de lui pondre le premier nom qui lui viendrait, non ? Et bien voilà, il s'était souvenu de son défunt chien, et s'était dit que ce train pourrait tout à fait porter le nom qu'avait porté ce dernier en son temps. En soit, il trouvait tout ça franchement saugrenu, mais il n'avait pas la moindre envie de contrarier Lena. Quant au reste, il est vrai qu'il n'avait pu s'empêcher de laisser entendre, assez innocemment, que l'épisode de la régie avait tout de même été pour le moins étrange. Étrange, dans le sens où cela les avait fortement embarrassé. Ils n'avaient pas pu s'embrasser ce jour-là, et bien que Sully soit en parfait accord avec cette décision, il craignait que tout cela ait créé un malaise entre Lena et lui. Il voulait alors s'assurer que ça ne changeait rien. Sa camarade était alors d'accord avec lui, laissant entendre qu'elle estimait qu'ils avaient bien fait de refuser de s'embrasser, que cela lui avait évité d'avoir ce baiser sur la conscience, ce qu'il ne prenait absolument pas mal, et qu'il comprenait même totalement. Pour autant, il y avait une chose qu'il devait lui avouer. Une chose pour laquelle il se sentait coupable. « Pendant une seconde, j'ai eu envie de le faire » qu'il souffla alors, parce qu'il lui devait une totale transparence sur ce qu'avait été son état d'esprit sur l'instant. « Parce que pendant une seconde, j'ai aimé penser que j'avais le droit de le faire » reprit-il, les yeux rivés vers ce paysage qui continuait de défiler. Il avait beau ne pas oublier qui il était et d'où il venait, il n'avait pu s'empêcher de raisonner en tant qu'homme, et uniquement en tant que tel. Finalement, il réorienta son regard vers le sien et s'y accrocha, d'abord silencieusement, puis en reprenant la parole. « Est-ce que ça fait de moi un sale type ? » C'est ce qu'il ne pouvait pas s'empêcher de se demander. Et elle, elle aurait probablement l'honnêteté de lui dire ce qu'elle pensait de tout ça. Il comptait sur elle pour ne pas l'épargner. Il pouvait tout entendre, même qu'il était moins loyal que ce qu'il aimait croire.

L'on pouvait bien dire ce que l'on voulait, flasher sur un train restait quand même bien peu courant. C'est pourtant la raison qu'avait invoquée Lena lorsqu'elle avait été interrogée par son camarade. Car oui, Sully s'était tout de même dit qu'après avoir du appuyer sur le bouton d'arrêt, il méritait bien une explication. Et celle-ci ne manqua pas d'être saugrenue. Lena disait alors s'être éprise d'un train et n'avoir donc eu d'autre choix que de tout faire pour pouvoir y monter. Semble-t-il qu'attendre le suivant fut véritablement exclu, et ça pouvait se comprendre, car la passion était parfois plus forte que la volonté. Mais il fallait bien évidemment avoir conscience de toute l'ironie dont il était ici question. Car non, encore heureux que cette jeune femme n'ait pas véritablement flashé sur le présent train. Parce qu'autant Sully était très ouvert d'esprit et entièrement disposé à respecter les goûts de chacun, autant il aurait tout de même trouvé perturbant qu'une jeune femme s'éprenne d'une telle machine. Alors non, il ne crut pas un instant à son histoire, mais prit tout de même la peine d'entrer dans son jeu. Au fond, il trouvait ça mignon, et l'imagination de Lena était d'après lui aussi charmante qu'elle était débordante. Sully laissa alors entendre que tout ça était finalement arrivé grâce à lui, que c'était effectivement grâce à son intervention que Lena avait pu rejoindre celui dont elle s'était éprise. En cela, oui, il méritait bien quelques fleurs. Sa camarade lui fit alors savoir qu'elle lui serait durablement reconnaissante, et c'était effectivement une chose à espérer, parce qu'il méritait bien ça. Mais voilà que par la suite, Lena alla carrément jusqu'à nommer le train. Oui, elle lui donna véritablement un nom. Jimmy, qu'elle l'appela. En soit, ça n'était pas le pire prénom au monde, mais Sully était quand même dubitatif, vu que ça n'était quand même pas tous les jours qu'un train était prénommé de la sorte, ou qu'un train était prénommé tout court d'ailleurs. Donc oui, il exprima une certaine perplexité, et semble-t-il que cela donna envie à sa camarade de le mettre à l'épreuve, car bientôt, ce fut à lui de proposer un prénom à donner à ce train. Difficile quand elle ne lui laissait même pas le temps de se creuser les méninges. Il fallait visiblement que ce soit naturel et spontané. Bien. Alors, le premier prénom auquel il pensa, ce fut à celui du chien qu'il avait eu lorsqu'il était plus jeune. Oui, son esprit avait manifestement fait une drôle d'association, et Sully s'était alors contenté de la lui sortir comme telle, espérant qu'elle s'en contenterait. Car Larry - oui, c'était ainsi que se prénommait son chien - était un nom plutôt joli. Sully serait naturellement bien incapable de dire s'il était susceptible d'aller à ce train, mais il y avait assurément pire dans le genre. C'est alors que Lena laissa entendre qu'elle abandonnait Jimmy au profit de Larry, et que donc le train se trouvait être renommé. De quoi rendre Sully relativement fier, tout de même. Un large sourire gagna alors ses lèvres, mais ne tarda pas à s'atténuer lorsqu'il comprit que Lena pourrait possiblement être bouleversée d'apprendre que Larry le chien n'était plus de ce monde. Car oui, effectivement, il ne l'était plus. « Il a souffert d’épilepsie et a été traité pendant des années, avant de s'éteindre à ses neuf ans » qu'il souffla alors, avec réserve, car voyant bien que cette simple évocation pourrait lui faire beaucoup de peine. Pourtant ce n'était plus d'hier et bien que Sully ait personnellement souffert de ce décès, il s'en était remis, le temps ayant eu un effet très salvateur sur son état. « C'est gentil, en tout cas, de vouloir lui rendre un hommage. » Car elle n'était pas forcée de le faire, et qu'en soit, elle n'avait entendu parler du défunt chien de Sully que deux minutes auparavant. C'était à croire que cette jeune femme était non seulement dotée d'une extrême sensibilité, mais aussi et surtout d'un cœur énorme. La voyant fébrile et attristée, Sully prit le risque de s'approcher quelques peu pour caresser furtivement sa joue du bout de son pouce, lui adressant un sourire attendri. Il se recula pourtant bientôt, et reporta son attention sur le paysage. Car il ressentit le besoin de revenir sur l'épisode de la régie, sur ce baiser qu'on leur avait demandé d'échanger mais qu'ils avaient refusé de partager. Sully craignait qu'un malaise se soit installé entre eux, mais fut rassuré d'entendre Lena lui dire qu'elle était en accord avec sa décision. C'était le principal. Mais lui, il avait surtout besoin de soulager sa conscience et estimait lui devoir une totale transparence sur ce qu'avait été son état d'esprit sur le moment. Alors oui, il se risqua à formuler qu'il avait eu envie de le faire, pendant une seconde. Car c'était vrai, que c'était ce qu'il avait ressenti. Du moins, il avait aimé penser avoir le droit de le faire. C'est donc ce qu'il lui précisa, estimant qu'elle avait bien le droit de savoir, que ça la concernait tout autant que lui, qu'il ne devait pas lui cacher ce genre de choses. Mais maintenant qu'il prenait conscience de tout ça, il ne pouvait que s'en blâmer. Alors oui, il se demandait très sérieusement si cela était susceptible de faire de lui un sale type. Peut être en était-il un. Il savait ce qu'il n'était pas en tout cas, c'était certain. Lena chercha alors vraisemblablement à le rassurer, laissant entendre que ça faisait de lui un homme, et rien d'autre. Nul jugement ne se lisait dans son regard, et Sully en était soulagé. Il aurait compris qu'elle le blâme, mais il l'aurait mal vécu. Son opinion était importante pour lui. Maintenant, elle l'était véritablement. « Je ne peux pas me permettre d'agir ou ne serait-ce que de penser comme tel » qu'il formula pourtant. Non, il ne pouvait pas se le permettre. Il ne pouvait pas se permettre de penser comme un homme, quand il était avec elle. Avec n'importe quelle autre femme, il le pouvait, mais pas avec elle. Non, pas avec Lena. Celle-ci reprit alors la parole, et exprima cette fois-ci qu'elle se mettait à sa place, que ça ne devait pas être évident. Il soupira alors doucement. « Ce n'est évident pour personne » qu'il articula, estimant qu'il n'était pas dans une situation plus délicate que Lena, par exemple. Ce n'était pas la même place, mais celle de la jeune femme n'était pas plus aisée à endosser. « Et je crois que nous ne sommes pas les plus à plaindre » qu'il reprit, laissant de nouveau ses yeux creuser l'horizon comme pour y voyager. Elle comprendrait ce qu'il voulait dire par là, il le savait. Tout comme il savait qu'elle en souffrirait possiblement. Lui-même en souffrait déjà.