Réveil à neuf heures, j'suis encore un peu fatiguée, j'ai les paupières qui ne demandent qu'à retomber histoire de repartir pour quelques heures de sommeil en plus. Seulement je tiens à profiter des douches tant qu'il y a encore de l'eau chaude, c'est-à-dire avant le passage du troupeau de candidats qui ne manqueront pas de s'y précipiter une fois qu'ils se seront arrachés des bras de morphée. Alors je me dirige vers la salle de bain, dans laquelle je passe bien une bonne quarantaine de minutes, histoire de me réveiller à peu près. C'est seulement une fois que j'ai fini que je réalise que j'ai oublié mes fringues. Merde. Je sors de la douche, avec tout de même mon maillot sur le dos - je me suis douché avec étant donné que même la salle de bain dispose de ses caméras, histoire de jouer la carte voyeur à fond -. Je m'enroule dans ma serviette avant de sortir, les couloirs sont encore à peu près déserts, c'est parfait. On pourra dire de moi que je suis coincée, en réalité c'est surtout que je ne tiens pas à déambuler dans les couloirs en maillot comme si j'avais oublié l'utilité des fringues. Si je n'apprécie pas trop l'utilisation excessive de minijupes et minirobes pendant les primes mises sur le dos de demoiselles qui pensent avoir l'air plus sexy comme ça, c'est pas pour montrer au reste du monde la couleur de mon nombril. Je me dirige vers le dressing avant de fouiller dans mes affaires. Je ne trouve pas le soutien-gorge que je cherche, je sais que je l'ai emmené pourtant, je l'ai vu hier. Immédiatement l'idée me vient qu'on ait pu fouiller mes affaires, et déjà que je trouve ça assez déplaisant, l'idée qu'on m'ait emprunté des sous-vêtements l'est encore plus. Ça me suffit de partager mon lit avec un étranger, pas besoin de pousser le vice jusqu'à tout partager. J'entends des bruits de pas. Une démarche plutôt légère. Une fille, assurément. Je m'adresse à elle sans quitter la penderie du regard. « Excuse moi, t'aurai pas trouvé un soutien-gorge qui ne t'appartiens pas par hasard ? Il est noir avec de la dentelle.. »

Je tourne et retourne mes affaires, que j'avais pourtant si bien alignées. C'est que l'idée qu'une demoiselle soit en train de se balader dans la maison avec mon soutien-gorge sous son tee-shirt me met un peu en rogne, m'voyez. Je suis prête à suspecter n'importe qui, le problème c'est que pour réussir à identifier la coupable il me faudrait mettre la tête sous tous les hauts de la maison. Ce qui ne serait réellement pas politiquement correct. C'est pour cela que lorsque j'entends débarquer une demoiselle ( pas besoin de vérifier, elle a une démarche plutôt légère ), je préfère lui demander si elle l'a vu plutôt que de jouer à la voyeuse. « Si, si, je le porte même actuellement ». Le timbre de la voix est grave. Oh merde. Je me retourne immédiatement et mon erreur se confirme. C'est un homme. Je me sens blêmir, puis rougir et je pense que si il avait été possible d'afficher plus de couleurs de l'arc-en-ciel sur mon visage cela aurait été chose faite. J'hésite à me cacher dans ma penderie, cependant je pense que ça ne ferait que me faire passer pour encore plus stupide. « Oh merde.. ah.. euh, j'suis désolée.. enfin j'ai cru que.. J'croyais que c'était une fille qui arrivait.. ». Je balbutie. Les mots s'échappent en désordre de ma bouche. Je ne fais que m'enfoncer encore plus. « Sérieusement, j’ai la gueule d’un pervers qui va piquer les sous-vêtements des filles ? ». Je le dévisage, essayant de deviner s'il rigole ou s'il l'a réellement mal pris. C'est sans doute une plaisanterie, mais là tout de suite je ne suis pas réellement en état de l'affirmer, je suis trop occupée à essayer de me redonner une constance. « C’est carrément vexant… ». Un large sourire barre son visage, mais je me sens toujours aussi stupide de ne pas avoir bien vérifié que c'était une fille avant de m'adresser à lui. « Non non, pas du tout, tu ressembles pas à une fille, t'es très bien.. ». Qu'on m'apporte une corde et un tabouret.