+ Benjamin

Je glande, pour changer. J'ai décidé que le lit serait entièrement mien aujourd'hui, alors si la Nolene veut faire une petite sieste après son repas ou je ne sais trop quoi d'autre, elle n'a qu'à emprunter le plumard d'un autre couple. J'ai passé toute la matinée au lit, je ne me suis levé que pour aller pisser, une fois, mais je n'ai pas encore mangé, je n'ai pas encire pris ma douche, ni brosser mes dents ou peigné mes cheveux. J'ai l'air d'un clochard, ou d'un mec qui a trop fait la fête. C'est effrayant. Enfin, heureusement, ça peut s'arranger. Je suis bien content de ne pas avoir l'air de ça tous les jours, ça serait franchement horrible. Ce qui est bien quand on est beau c'est qu'on arrive à s'enlaidir, on peut décider volontairement d'être moche un jour et d'avoir la classe internationale le suivant, alors que les gens laids, bah ils restent laids malgré tous leurs efforts. Les pauvres. J'aimerais pas être moche, ça doit être déprimant. Enfin bref. Il faut que je me sorte les doigts du cul un peu, il est temps de me reprendre en main et de au moins aller me coiffer parce que je ressemble à un des palmiers du jardin. Juste au moment où je me lève, un candidat arrive dans la chambre. Ah ouais, j'avais oublié que je partageais cette pièce avec d'autres gens. Je soupire. Surtout que c'est le mec que j'ai qualifié d'insignifiant lors de la rubrique d'un des animateurs. J'espère qu'il l'a pas mal pris, mais comme je le connaissais pas et que j'avais pas envie d'en savoir plus sur lui j'ai dis ce qui me paraissait le plus approprié. « Tu trouves pas que le hasard fait bien les choses ? Genre il vous réuni toi et ta soeur et il vous met dans la même chambre. C'est marrant. » Aussi amusant que lorsque la production met le seul espagnol qui aime pas les russe avec la meuf qui vient de Russie. Ouais, on a fait mieux dans le genre marrant, mais c'est qu'une façon de parler. Et puis si ça se trouve je me trompe de gars et c'est pas du tout lui qui a une soeur dans le jeu. Si c'est le cas, je m'attends bien à me faire renvoyer d'où je viens, vu que c'est pas vraiment mes affaires, mais je ne fais rien qu'une simple constatation, je ne cherche pas du tout la merde, voyons.

J’ai enfin eu l’occasion de changer de chambre. Je dois avouer que d’avoir une nouvelle partenaire me passait un peu par dessus la tête, mais lorsque je me suis rendu compte que la Folle était dans une autre chambre que la mienne, j’en ai bien profité pour foutre le camps et ne pas croiser Amy à chaque fois que j’ouvre l’oeil le matin. Et ça, que ça plaise ou non à Tifenn en fait. Parce que je crois qu’elle aurait préféré que je ne vienne pas squatter son lit. Bah moi aussi, bien franchement, j’aurais préféré rester dans mon grand lit, mais voilà, on ne peut pas tout avoir ce qu’on veut dans la vie. Sauf que comme je ne suis pas le plus ordonné des hommes dans la vie, et bien j’ai laissé un bon nombre de choses dans mon ancienne chambre. Comme je suis persuadée que mon t-shirt gris se retrouve sous mon ancien lit, puisque je ne le trouve pas dans le dressing. J’entre donc dans la chambre, tombant face à face avec le mec qui me trouve insignifiant. Tiens donc toi. Je suis sur le point de l’ignorer et de commencer mes recherches sauf que voilà qu’il s’adresse à moi. « Tu trouves pas que le hasard fait bien les choses ? Genre il vous réuni toi et ta soeur et il vous met dans la même chambre. C'est marrant. » Je lève les yeux vers lui, n’ayant qu’une envie, lui mettre mon poing dans sa gueule de prince charmant. Non mais si y’a bien une chose dont je n’ai pas envie de parler, c’est bien de ma soeur. Et encore moins avec un ptit con que je ne connais pas. « C’est hilarant. J’ai tellement ri lorsque j’ai appris. » Mon ton est glacial, lui laissant bien comprendre que je suis loin de trouver ça drôle. Je fais le tour de mon ancien lit, toujours à la recherche de mon t-shirt. « C’est autant marrant qu’insignifiant en fait, comme remarque. » Et je met l’emphase sur le mot insignifiant. Comme ça. Maintenant s’il pouvait dégager et m’ignorer comme il l’a fait depuis le début de l’aventure, ça ferait bien mon affaire.

Je cherche le caca, je le sais, mais que voulez-vous, je suis une mouche. Enfin, non, je suis bien plus sexy qu'une de ces petites choses repoussantes, mais ce que je veux dire c'est qu'on se ressemble dans le fait qu'on est attiré par ce qui pue, dans mon cas les embrouilles et toutes sortes de problèmes. Comme par exemple emmerder un mec en lui parlant de sa soeur avec qui il a dû partager une chambre pendant quelques jours alors que les deux peuvent pas se piffrer, d'après ce que j'ai saisi de l'affaire. N'empêche que je trouve ça vraiment marrant comme situation. Enfin, ça aurait été plus drôle s'ils s'étaient plus mis sur la gueule, mais j'imagine que la production n'aurait pas permis qu'on laisse deux candidats s'entre-tuer. Enfin bref. Quand je le vois arriver dans la chambre, où il ne dort plus me semble-t-il mais ce n'est qu'un détail, je lui fais part de ma constatation à propos du hasard qui les avait mis dans la même chambre. Sa réponse ne se fait pas attendre, aussi sarcastique que je l'attendais. En même temps, ça aurait paru un peu étrange qu'il saute de joie en me donnant raison. « Tu caches bien ta joie en tout cas. » Que je lui fais remarquer. Non mais c'est vrai, qu'il se déride le bonhomme ! Il pourrait au moins faire semblant d'être heureux de retrouver sa frangine, peu importe ce qu'il se trame dans leur famille. Puis le type me dit que c'est aussi marrant qu'insignifiant ce que j'ai dis. Je souris d'un air fier parce que je me doutais qu'il allait me sortir un truc en rapport avec l'histoire des adjectifs, et du mien le concernant en particulier. « Ouais, c'est vrai. Mais en fait je ne fais que m'adapter à la personne à qui je parle. » Et oui très cher. Je dis des choses insignifiantes aux gens insignifiants, ça me parait logique, mais peut-être qu'il ne comprend pas le concept. Je ne lui en veux pas, il n'a pas l'air très malin comme gars. Enfin, c'est vrai que je n'en sais absolument rien puisque je ne le connais pas, ou du moins pas encore. En tout cas, je dois avouer que je me suis un peu trompé sur lui, il n'est pas aussi insignifiant que je le pensais. J'aime assez sa répartie et je le trouve plutôt divertissant finalement.

Je ne suis pas venu dans mon ancienne chambre pour me faire chier par un gamin ayant à peine atteint la puberté. Je vois bien qu’il veut juste m’embêter en me parlant d’Amy, et bien franchement, je ne suis pas d’humeur à parler de ma soeur. Et donc, un automatisme chez moi, je lui répond par du sarcasme. De toute façon, y’a pas vraiment d’autres façons pour répondre à ce genre de remarque. « Tu caches bien ta joie en tout cas. » Oh oui, je suis comme ça, un vrai petit cachottier. Non mais sérieux, s’il croit qu’on joue la comédie ou quelque chose dans le genre, Amy et moi, c’est qu’il se met le doigt dans l’oeil. En même temps, je m’en fous un peu de ce que les gens en général peuvent penser de mes relations avec ma soeur. Ils ne nous connaissent pas, ils ne savent pas notre histoire. Et qu’ils ne compte pas sur moi pour la leur raconter. Surtout pas à lui qui se trouve devant moi. De toute façon, je ne suis qu’une personne insignifiante à ses yeux, tout comme je prend la peine de le lui rappeler de façon plus ou moins subtile. « Ouais, c'est vrai. Mais en fait je ne fais que m'adapter à la personne à qui je parle. » C’est pas faut. Au moins, il sait répondre, je vais lui donner ça. Voilà que je me penche, regardant sous mon ancien lit, mettant enfin la main sur le t-shirt que je recherchais tant. « Ça doit pas être facile pour toi, tu dois surement dire bien des choses débiles, si tu t’adaptes toujours à ton entourage. Surtout ici. » Qu’on le prenne comme on veut. Je ne suis pas entrain de traiter les candidats de cette saison de débiles. Mais non voyons, jamais je n’oserais. Je me relève, souriant au jeune homme.

Je ne trouve plus mon ancien compagnon de chambrée aussi insignifiant que j'ai peu le dire lors de la rubrique de l'autre animateur, là. Maintenant que j'ai échangé plus de trois mots avec lui je dois dire qu'il m'intéresse assez. Enfin, c'est vite dit. Disons surtout que j'aime bien sa façon de parler, d'essayer de me renvoyer un peu d'où je viens avec ses remarques bien senties. Et donc je lui réplique que je ne fais que m'adapter à mon interlocuteur, et oui. Donc je dis des choses insignifiantes aux personnes qui me semblent l'être. Le bonhomme se penche vers un lit et me dit que ça doit pas être facile pour moi d'être ici vu que je dois m'adapter à mon entourage qui n'est pas forcément brillant d'intelligence, ici. C'est vrai que je trouve quelques candidats assez débiles dans leur genre, mais globalement je ne les trouve pas tous totalement cons, donc en fait non, ça n'a rien de difficile pour moi d'être dans le nid, mais allez, faisons semblant d'être un pauvre mec blasé par l'ignorance des personnes présentes en ces lieux. « Non, c'est pas simple pour moi. J'ai l'impression que mon quotient intellectuel diminue à chaque fois que je parle à quelqu'un ici, c'est désolant. » Oh, oui, tellement, s'il savait. En vrai c'est totalement faux mais j'aime bien jouer les victimes et faire passer les autres pour des ignares responsables de mon mal-être, même si en fait je me sens plutôt bien ici, au milieu de ceux que nous sommes en train de traiter d'idiots à l'instant, le bonhomme et moi. Il sort d'en dessous du lit, un T-shirt à la main alors qu'une musique se met à résonner dans la chambre. Je regarde un instant en l'air, ne me souvenant plus de ce que nous étions supposé faire dans cette situation. Puis soudain, c'est l'illumination. Un rictus se dessine sur mes lèvres. « Hm, on dirait bien que c'est l'heure del beso. » Et oui, mon vieux. Je me lève de mon lit et m'approche de lui. Je lui laisse deux secondes de plus pour réaliser ce qu'il va se passer et je commence déjà à me préparer mentalement pour le cassage de tronche qui pourrait bien s'en suivre. Non parce que j'imagine bien qu'il risque de me repousser, peut-être même violemment, donc autant se préparer un minimum à cette idée. Et puis bon, pour pas que ça dure des heures je l'embrasse comme ça, tout naturellement. Rien que les lèvres, hein. Je fais pas dans les trucs gays dégueulasses. Donc ça sera un petit bisou et c'est tout. A moins que monsieur n'e veuille plus, bien sûr. Mais j'en doute.