krisjana

J’ai encore sur le coeur le fait qu’il n’y a aucune planche de surf à notre disposition sur cette plage. Non, on a beau être enfermé ici depuis plus de trois semaines, toujours pas l’apparition d’une simple planche pour exercer mon sport préféré. C’est à ne rien comprendre. Je crois que je vais franchement faire une plainte. Une plainte au con qui a décidé de faire la saison à Hawaï mais qui a omit de permettre à ses candidats d’y pratiquer le sport de renommé internationale. Je m’ennuie de Bali rendu là. Je m’ennuie de ma liberté, soudainement. Je m’installe sur le sable chaud, pas un nuage à l’horizon alors que le soleil me plomb sur la tête. Je me sens prisonnier, et comme à chaque fois, la volonté de fuir se fait plus grande. Pourtant, je suis bien trop orgueilleux pour fermer la porte de cette aventure moi-même. On devra me mettre dehors à grands coups de pieds au cul pour que je dégage. Si même le fait d’être enfermé avec ma soeur ne m’a pas fait partir d’ici, c’est que j’ai de la volonté. J’allume finalement une cigarette, tournant la tête lorsque je perçois du mouvement à ma gauche. La grande brune, dont le prénom m’échappe vient de me rejoindre près de l’eau. Si je ne sais pas son prénom, je sais une chose, c’est qu’elle est d’une beauté rare. Je la fixe silencieusement, attendant de voir ce qu’elle va faire, si elle va se baigner. Je sais pas ce que j’attend en fait. « Salut, belle inconnue. » Finalement, je dis quelque chose. Sur un ton tellement détaché qu’on ne croirait pas que je viens de lui dire un compliment. De toute façon, je ne dois pas être le premier qui lui dit qu’elle est belle. Ça doit même la lasser ce genre de commentaire. Et donc je ne dis plus rien, me concentrant sur l’horizon qui se dessine devant moi.

Mes pieds traînants foulent rapidement le sable, une serviette à la main, je suis déjà en maillot. Je profite autant que je peux du climat, c'est des vacances pour moi, on ne trouve pas un soleil pareil à Paris ou même en Norvège. Je ne suis pas seule sur cette étendue de sable brûlant, un autre candidat que je ne connais ni d'Eve ni d'Adan. Je lui adresse un vague signe de la main, en guise de simple salutation. Je m'avance près de l'eau, mes pieds s'enfonçant volontairement dans le sable mouillé, je me prends des éclaboussures d'eau qui viennent rafraichir mon corps bien trop chaud. Je ne peux pas vraiment me permettre de rester ainsi, échouée comme une baleine sur le sable, livrée au soleil qui n'attend que de me cramer ma peau laiteuse. Je passe la barrière où les vagues se fracassent contre le sable, pour moi, j'évite le plus dangereux, les rouleaux. Je m'avance, faisant attention à ne pas me laisser emmener par un courant quelconque. L'eau arrive au niveau de ma taille, même un peu plus haut. Je me sens doucement soulevée lorsque les vagues arrivent et repartent. J'attache rapidement mes cheveux en un chignon avant de me tourner vers la plage, pour que le candidat soit à nouveau dans mon champ de vision. Mes mains s'installent sur mon front pour former une visière pour éviter le soleil. « Tu viens ? »  je lui demande de ma voix rauque. Comme ça, si jamais je me fais emportée par les vagues, il y aura au moins un témoin: le candidat. Ou il compte réellement rester sur le sable, à rien faire, comme la plupart des candidats qui ne serve à rien, malheureusement.

La candidate me salue d’un signe de main, c’est déjà un début. Même si elle reste silencieuse, continuant sa route vers l’eau, comme elle devait en avoir l’intention, que je sois présent sur cette plage ou non. Ma cigarette entre mes lèvres, un nuage de fumé se formant autour de moi, je regarde la jeune femme aller. Ce n’est pas une vue désagréable pour être honnête. Loin de là. Je dirais que c’est encore mieux lorsqu’elle se retourne en ma direction. « Tu viens ? » Je tire à nouveau sur ma cigarette, trouvant dommage de la gaspiller ainsi. Mais de toute façon, j’avais bien l’intention d’aller me baigner, je ne suis pas venu ici pour rien. J’écrase donc celle-ci contre le sable, retirant mon t-shirt en me relevant, avant de prendre la direction de l’eau, pour aller rejoindre la candidate. Je ne suis pas monsieur muscle, mais ça me va ainsi. Et y’a personne qui ne s’en est déjà plains. Les vagues sont plutôt fortes aujourd’hui, mais je converse mon équilibre de façon à me planter face à la grande brune, lui lançant un sourire léger. « Par contre, tu vas devoir te mouiller les cheveux... Fais pas ta fillette. » Je ne la connais pas, mais je me permet ce genre de commentaire. Non mais y’a rien de plus chiant qu’elle fille qui refuse de se mouiller les cheveux, de peur d’être moins jolie ainsi ou un truc du genre. Et sans dire un mot de plus, je m’aventure un peu plus loin dans l’eau jusqu’à ce que je puisse y plonger en nager librement. Est-ce qu’elle va me suivre ? J’espère bien. Sinon elle deviendra déjà bien moins canon à mes yeux. Mais c’est son choix après tout. Et puis, peut-être qu’elle n’est pas des plus à l’aise dans l’eau. C’est un point auquel je n’ai pas prit la peine de réfléchir. Comme ça arrive souvent. Je pense à moi en premier, ce n’est pas nouveau.

Je n’ai pas mis beaucoup de temps à me décider à venir rejoindre la jeune brune dans l’eau. Et c’est de façon très charmante que je lui demande de ne pas faire sa fillette et de se mouiller les cheveux, histoire de vraiment se baigner et ne pas faire semblant. Non mais si je dis ça, c’est que le trois quart des filles en générale se comporte de la sorte. « Et toi, si tu pouvais nous épargner ce genre de réflexion inutile, tu seras mignon » Un mince sourire se glisse sur mes lèvres, alors que je reste silencieux avant de plonger tête première dans l’eau. C’est qu’elle est agréable cette fille. La gentillesse incarnée. Au moins, elle a du répondant, c’est bien. Sauf que voilà que je suis sur le point de sortir ma tête de l’eau, histoire de reprendre mon souffle, je sens une fine main saisir mon talon, me brimant dans mes mouvements « Hey ! » Pas le temps d’en dire plus que j’avale toute une tasse d’eau. Je me sens enfin libéré, mais il est trop tard. Je tousse, ma gorge qui pique à cause de l’eau salé. J’en ai eu jusque dans le nez. Ptite conne. « Oh mince, j'ai oublié de te prévenir » Elle rit de ma gueule, c’est certain. J’essaie de reprendre mon, souffle, la fixant alors que je me tiens debout parmi les vagues. « T’as oublié de me prévenir que t’étais une vraie bitch ? » Je la questionne, ayant perdu mon sourire. Mon ton n’est pas agressif. Je ne fais qu’une constatation. Quelque chose me dit que je suis loin d’avoir affaire à un ange. « Si t’avais envie de couler au fond de l’eau, tu n’avais qu’à me le dire. » Et sans attendre, je viens m’appuyer sur son épaule pour la faire couler sous l’eau. Je fais un peu de pression, ne lui permettant pas de monter à la surface. Ça va, je ne suis pas violent. Et je ne vais pas la noyer, on se calme. Je veux juste la faire paniquer un peu. J’aime jouer dangereusement, faut croire. Je la laisse remonter à la surface, satisfait de ma petite vengeance.

Faut croire qu’elle m’a prit par surprise. Je ne m’attendais pas qu’en venant la rejoindre dans l’eau, elle allait s’amuser à me faire couler et avaler une bonne gorgée d’eau salé. C’est vrai qu’en soi, y’a rien de très dramatique dans ce qu’elle a fait. Mais ça fait chier tout de même un peu. C’est pourquoi je lui réplique qu’elle est une vraie bitch. Qu’elle ne soit pas surprise, elle l’a un peu mérité pour le coup. « Non, ça, je savais que tu allais le découvrir par toi-même » Effectivement, elle a bien réussie son coup, je le sais maintenant. « Au moins tu t’assumes. » C’est déjà ça. Et avant d’attendre un peu plus, je viens la faire couler sous mon poids. Ok, je l’avoue, c’est terriblement enfantin comme réaction. Mais je me devais de récidiver. Je n’y ai pas réfléchis une seconde, que voilà que je la faisais passer sous l’eau. Je la laisse finalement remonter, aucun soupçon de panique dans son regard. Elle ne semble même pas déroutée. Je crois que je n’ai pas gagné pour ce coup là. « Ça va, monsieur s'est fait plaisir ? » Je hausse les épaules, la fixant, alors que mon corps suit le mouvement des vagues. « Oui. » Ça aurait été mieux si elle n’avait pas été aussi froide. En même temps, je ne connais rien d’elle, je ne pouvais pas savoir. « J'ai eu peur de mourir noyée, vraiment » Elle tiens vraiment à me faire comprendre à quel point j’ai joué les idiots. « C’est bon, j’ai agit comme un gamin. » Un gamin de trente-deux ans. Typique. Le mec qui ne veux pas vieillir et bla,bla, bla. Traité moi de cliché ambulant, je m’en fous. La musique résonne, même si on est loin de la plage maintenant, on arrive à bien la percevoir. Mais je doute que se soit le cas de la demoiselle qui a les oreilles submergées dans l’eau. Je viens glisser mon index sur son ventre sans aucune gêne, me demandant si c’est le genre de truc qui la dérange. Je veux juste attirer son attention, d’une façon ou d’un autre. « J’ai pas envie de perdre de l’argent. » Que je lui annonce, une fois qu’elle se relève. À donc comprendre, on va devoir s’embrasser, comme cupidon nous l’impose. C’est quand même la deuxième fois cette semaine, cette histoire de musique.