medhi

Elle venait de mettre tout le dressing en désordre. Bon il allait falloir qu’elle fasse quelque chose pour arranger cela. Chez elle ça ne la dérangeait pas, elle vivait seule, personne ne voyait l’état de son intérieur, et quand elle avait des invités tout était rangé à la perfection. Elle avait toujours très peu de temps pour ranger et au fond le désordre ne la dérangeait pas tant que cela, malgré ce que l’on pourrait penser d’elle. Lorsqu’elle vivait en communauté ou qu’elle recevait du monde c’était différent, elle rangeait plus pour les autres que pour elle, car elle ne voulait pas qu’ils aient à passer après elle. Donc très soigneusement elle reprenait tous les habits qu’elle venait de mettre par terre, tout ça pour trouver un de ses pulls, et elle les pliait et les rangeait à leur place. Enfin à leur place … Certains candidats allaient certainement avoir du mal à retrouver certaines de leurs affaires. Des cheveux s’échappaient de sa queue de cheval, qui au final ne ressemblait plus à rien. Elle en avait presque fini avec son rangement, quelques sous-vêtements traînaient encore sur le sol. Elle attrape une culotte en dentelle rouge, qu’elle prend avec deux doigts. Elle la met à une vingtaine de centimètres de ses yeux pour pouvoir la voir plus clairement. Non, de cette manière elle ne trouverait pas à qui elle appartenait. C’est alors qu’une blonde entre dans la pièce. « Oh ceci est-il à toi ? » demande-t-elle en désignant la culotte qu’elle tient dans une main. Comme ça elle ne pourrait le dire, mais elle imaginait que tout le monde avait envie d’avoir ses propres sous-vêtements. « D’ailleurs si tu ne retrouves pas un de tes vêtements, il est probable que ce soit de ma faute. Je suis désolée, tu auras tout à fait le droit de me blâmer. » Elle s’était au moins excusée auprès d’une personne, même si ça ne lui laissait pas entièrement la conscience tranquille.

Il y a quelque chose dans l’air, cette semaine, j’ignore pourquoi. Partout où je passe, j’ai l’impression d’arriver après un cataclysme. C’est terrible, quand même, surtout si on pense à l’adage « Le calme après la tempête », parce que je suis loin d’être un fleuve tranquille. D’ordinaire, c’est moi qui suis dans la tourmente, pas les autres. Les rôles ont, semble-t-il, été inversés, et personne n’a jugé bon de m’en informer. Je dois le prendre comment ? Je ne sais pas trop, en fait, comme ça vient, j’imagine. Au gré des rencontres, des découvertes – bonnes ou mauvaises – et du temps qui passe. Je venais tout juste de terminer ma lessive, et j’envisageais d’aller ranger tout ça dans ma penderie quand, arrivant sur les lieux, je tombe sur une blonde, que je reconnais être la nouvelle arrivante – quoique son statut de nouvelle commence doucement à s’essouffler, avec le temps. Elle tient dans ces mains un bout de tissu rouge criard, quelque chose qui s’apparente à des sous-vêtements. Oui, c’est bien ça, maintenant qu’elle me la montre comme il faut, me questionnant à savoir si ça m’appartient. « Elle est mignonne, cette culotte, et j’aimerais bien te dire que oui, mais non, c’est pas à moi. » J’en avais quelques semblables, mais pas de cette couleur. Les rouges, il n’y avait que Fry qui y avait droit. Ça lui plaisait beaucoup, d’ailleurs, quand je l’attendais vêtue uniquement de cette façon. Soupir. Il me manque. Terriblement. « Tu devrais faire gaffe, quand même, je suis pas convaincue qu’elle soit propre, hein… on ne sait jamais. » Ne l’avais-je pas vu l’approcher de son visage, il n’y a pas quelques secondes à peine. Étrange, à moins d’avoir un fétichisme au sujet des petites culottes. Mais soit, qui étais-je pour la juger? « Je saurai sur qui mettre la faute, alors. » fis-je en haussant les épaules. Je la contournais pour aller me poser devant mon propre rangement, question d’en finir avec ce tas de vêtements qui trainant dans le panier désormais à mes pieds. « Alors… hm, Norenn, c’est ça? Tu vis comment ce brusque changement d’habitude qu’impose la vie en communauté ? Tu vis seule, d'où tu viens? » que je lui demandais, décidant qu’il valait mieux combler le silence que le laisser prendre toute la place.

Il faut qu’elle apprenne à être d’avantage organisée, et à ne pas tout mettre par terre lorsqu’elle cherche quelque chose. Elle ne vit plus toute seule désormais. Et se rendant compte de la pagaille qu’elle avait engendrée elle s’était empressée de tout ranger immédiatement. Tout avait été replié soigneusement, même si elle n’était pas certaine d’avoir remis chaque chose à sa place. Elle avait presque terminé, seulement des sous-vêtements jonchaient encore le sol. Et comment pouvait-elle dire à qui appartenait chaque culotte, caleçon, soutien-gorge ou autres dessous affriolants ? Ca elle ne le pouvait pas, alors elle en avait ramassé une, l’avait regardé pendant quelques secondes avant que quelqu’un ne rentre. Ah peut-être cette fameuse culotte appartenait-elle à cette blonde. Non, même si elle aurait aimé dire oui. Elle n’était pas plus avancée que cela, maintenant. Qu’allait-elle faire ? Finalement, elle lâcha la culotte immédiatement lorsqu’elle entendit sa colocataire lui dire qu’elle n’était peut-être pas propre. Oui elle aurait dû y penser avant. « Hum … Oui. Alors je crois que je vais mettre tous ces sous-vêtements dans un coin, en évitant de les toucher au maximum. » Oui c’est ce qu’elle allait faire, c’était sans doute la meilleure des solutions. Elle allait s’éviter d’autres désagréments de ce genre. Alors elle prend tout dans ses bras, et rapidement les dépose sur une étagère libre. Elle se tourna vers la jeune blonde lorsqu’elle reprit la parole pour lui poser des questions. « Nolene. » la corrigea-t-elle dans un premier temps. Ce n’était pas grave, elle en était proche après tout. « Ce n’est pas évident, mais j’ai vécu longtemps avec cinq autres personnes, alors j’imagine que les habitudes vont revenir peu à peu. Sinon oui je vis seule. A Londres. » Ces cinq personnes-là étant ses frères et sœurs et ses parents. Ce n’était pas la même chose certes. « Et toi tu es … ? Je te retourne les mêmes question. » Elle n’avait pas besoin de les répéter selon elle, c’était inutile.