Il semblerait que j’ai raté l’heure du breakfast. Je ne dois pas être encore en règles, remarque il faut dire que je suis rentrée hier alors pour le temps d’adaptation on repassera. Tout est allé vite, je me demande comment les gens me voient, comme une tricheuse ou plutôt comme une nouvelle tête qui vient leur rafraichir leur quotidien morne de petites commères. Je suis sûre que ça parle ici, tout le temps, beaucoup, trop. Cela n’a rien d’étonnant, ce jeu n’est basé que sur le fait de créer une mini-communauté et de saliver quant aux interactions qu’elle créée. Alors qu’est-ce que je fais ici ? Eh bien c’est une bonne question, le quotidien a parfois besoin de piment je dirais… en tout cas pour l’instant c’est pas la grosse éclate mais ça je peux y résoudre seule mais ça on verra plus tard. Un homme vient d’entrer dans la cuisine tandis que je faisais cuire un œuf sur le plat déjà toute pomponnée et prête à affronter la journée. « Bonjour !!» J’en fait trop ? C’était peut-être un chouia trop enthousiaste…  Qu’importe, venons-en aux faits. « Excuse me je n’ai pas très bien compris… » J’introduis tout d’abord le problème avec mes gros yeux globuleux clignant et reflétant une grande interrogation que je qualifierai d’ampleur humanitaire. «…  à quelle heure est le breakfast ? » Mon fort accent anglais se dégaine plus vite que mon ombre. J’aimerai que cette personne me réponde car je suis très frustrée de devoir manger seule lorsque toute une communauté s’attable au même instant.

C'était assez paradoxal vu mon état de morosité avancé quand j'étais monté me coucher après le prime, réalisant que mon partenaire était bel et bien parti et que j'allais pour la première fois de l'aventure dormir tout seul, mais je m'étais levé ce matin-là avec une pêche digne de mes premiers jours ici. Avant que la flemme, la chaleur et la routine ne me transforme comme tous les autres candidats en larve qui vivait à l'heure du soleil et pensait éventuellement à se nourrir et à faire une activité qui faisait marcher ses neurones une fois de temps en temps. Je me mêlais rarement aux autres en début de matinée pour une raison simple, j'avais cru remarquer que certains - un paquet en fait - candidats n'étaient pas vraiment du matin et hésitaient entre grognons et carrément de mauvais humeur ; Et j'avais horreur des mauvaises ondes avant et pendant le petit déj'. Revenant du spa où j'avais cru pouvoir prendre une douche plus tranquillement que dans l'unique salle de bain du nid avant de finalement croiser Rowan, j'avais désormais un petit creux et c'est donc tout naturellement que j'avais pris le chemin de la cuisine. Sur mon chemin j'étais tombé sur Tixy, et attrapant la boule de poils je lui avais lancé « Allez viens-là toi, tu dois avoir faim. » j'avais repris mon chemin. Je crois que la pauvre bête avait été un peu perturbée elle aussi, de ne trouver que moi dans le lit cette nuit, elle qui s'était habituée à dormir roulée en boule entre mon oreiller et celui de Mickael. Arrivant dans la cuisine j'y avais découvert un visage inconnu, qui se retournant vers moi m'avait adressé un « Bonjour !! » débordant d'un enthousiasme qui m'avait fait sourire avec amusement, bien qu'une autre partie de moi se demande ce que cette fille foutait ici. Et puis ça m'était revenu, c'est vrai, il y avait trois nouvelles têtes depuis hier soir ; Dont cette petite brune qui me faisait à nouveau me poser la question que je m'étais posé pour Tifenn. Quel âge avait-elle, au juste ? Jeune, très jeune à mon avis. « Excuse me je n’ai pas très bien compris … » Une anglaise à n'en pas douter, je croyais reconnaître un accent similaire à celui de Nolene. « Oui ? » avais-je en tout cas demandé comme pour la pousser à poser la question qui semblait tout à coup tant la perturber. Je ne voulais pas l'intimider ou je ne sais quoi « … à quelle heure est le breakfast ? » A quelle ... Ah oui, d'accord. Bon, j'en déduisais qu'elle allait être légèrement déçue par ma réponse si elle espérait avoir le droit chaque matin à un déjeuner animé impliquant ses vingt-six autres colocataires simultanément. Je crois que ce n'était pas arrivé une seule fois depuis le début de l'aventure ... Un midi de temps à autres, à la limite, et encore. Tixy toujours dans les bras j'avais levé les yeux vers l'horloge murale avant de finalement répondre « Eh bien ... Dix heures, dans ton cas. Y'a pas vraiment d'horaire en fait, on se lève un peu quand on veut ... Une bonne moitié des candidats doit certainement toujours dormir, en fait. » D'autant plus que si j'allais généralement me coucher directement après le prime, certains veillaient jusque bien plus tard dans la nuit, et on ne les revoyait généralement pas pointer le bout de leur nez avant le lundi après-midi. « Mais j'allais me préparer un truc à déjeuner justement, alors on sera au moins trois. » ajoutais-je alors en souriant tout en désignant le chat. La déposant par terre j'avais d'ailleurs sortit une coupelle en terre cuite d'un placard avant d'y verser un peu de lait pris au frigo, et de la déposer par terre. « Je m'appelle Maxence, au fait. Et je n'avais pas encore eu l'occasion de te dire bienvenue, alors ... bah bienvenue. » Quand même. Je n'avais pas vraiment retenu son nom à elle à vrai dire, entre tous ces départs et ces arrivés hier soir je ne savais plus où donner de la tête, et quand on savait qu'il m'avait déjà fallu trois semaines pour parvenir à situer un peu tout le monde dans le nid, on comprenait que ce n'était pas gagné.

Je suis surprise d'être seule dans la cuisine, j'aurais pensé à quelque chose de plus exaltant... Peut-être que le barbu qui vient de faire irruption le sera ? Il m'explique d'ailleurs que personne ne mange ensemble. Quelle tristesse. Quant à mon horloge interne il se trompe. Dix heures pour mon cas ? Hm cette affirmation mérite une petite clarification car une énormité vient de s’y glisser. « Non pour dire vrai je déjeune habituellement à 9h25 mais la soirée d’hier m’a piégée.» Je ne voudrais pas qu’il se méprenne sur mon cas, je ne suis pas de ceux qu’on qualifie de « larves » car comme on le dit bien souvent l’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt. « Mais j'allais me préparer un truc à déjeuner justement, alors on sera au moins trois. » A trois ? Y avait-il quelqu’un au sein de cette pièce que je n’avais pas eu la grâce de notifier ? J’ai beau regarder aux alentours je ne vois personne d’autre que nous… mh il doit sûrement appartenir au commun des mortels qui personnalisent les animaux.« Je ne suis pas certaine qu’une fourrure encore vivante soit très hygiénique au sein d’une cuisine… » Une grimace parcourt mon visage tandis que mes yeux glissent sur le félin miniature. Aucune allure. Oh oups, j’ai faibli. « …mais il est très mignon ce chat ! » Le retour du sourire et toute sa panoplie je me rattrape comme je peux. Arrivée trois semaines après tout le monde il est préférable pour moi que j’évite de faire ma maline… du moins pour l’instant. Soit, mon œuf est cuit. « Je m'appelle Maxence, au fait. Et je n'avais pas encore eu l'occasion de te dire bienvenue, alors ... bah bienvenue. » Transférant mon met de la poêle à une assiette au préalable lavée par mes soins, je tourne la tête de nouveau en sa direction. « Merci beaucoup Maxence. Je suis contente de ne pas passer mon premier repas seule. » Cette fois-ci je ne fais qu’exprimer mon réel ressentit, je suis venue ici afin de mettre fin à mes journées de solitude alors forcément quand je constate le contraste entre la réalité et les idées que je me suis faites sur cette aventure ça calme. M’installant à table afin de commencer à manger, je remarque une nouvelle fois le chat que je pointe de ma fourchette. « C’est à toi ? » Je me demande bien ce que ça fou là ça, ne me dites pas que c’est un candidat…

Je crois que plutôt que de dire que tout le monde ne déjeunait pas à la même heure il aurait même été plus judicieux de dire que tout le monde ne déjeunait pas, tout court. Je sais, je sais, il s'agissait du repas le plus important de la journée et le fait de le louper était d'une stupidité pas croyable, mais pourtant la plupart des gens le faisaient, moi le premier. Aujourd'hui relevait un peu de l'exception, d'ordinaire je me contentais d'un café ou deux, voir d'un simple verre d'eau quand j'étais parfois en reportage ... Je gardais les vrais petits déjeuners pour les matins de congés où j'avais la foi. Rarement, mais cela arrivait néanmoins. La demoiselle en face de moi en revanche semblait faire partie de la minorité qui prenait le petit déjeuner très au sérieux « Non pour dire vrai je déjeune habituellement à 9h25 mais la soirée d’hier m’a piégée. » Vingt-cinq ? Pourquoi pas neuf heures et demi, pourquoi cinq minutes avant ... ? Bah, quelle importance de toute façon. En tout cas elle avait été "piégée" par le prime, d'après ses dires. « A partir de dimanche tu auras un partenaire à réveiller pour déjeuner avec toi. Prie simplement pour qu'il ou elle ne soit pas du genre grognon le matin. » Parce que j'avais comme le sentiment que secouer un Silas ou une Jasmine pour lui demander de venir déjeuner avec soi ne serait pas forcément une idée brillante, à part si l'on souhaitait se faire maudire ou insulter copieusement (là je parlais surtout de Silas on est d'accord) dès le réveil. « Je ne suis pas certaine qu’une fourrure encore vivante soit très hygiénique au sein d’une cuisine … mais il est très mignon ce chat ! » Le terme de fourrure vivante m'avait fait tiquer un peu, parce que je trouvais ça bizarre comme façon de qualifier un animal, hm ... Et puis bon, quitte à parler de fourrure je la préférais vivante, que morte et servant de manteau ou de couvre-chef. Bweh. Laissant le chat où il était, c'est à dire occupé à faire une razzia sur le lait, j'en avais profité pour me présenter à la jeune femme et lui souhaiter la bienvenue, bref pour rattraper ce que je n'avais pas eu l'occasion de faire la veille. « Merci beaucoup Maxence. Je suis contente de ne pas passer mon premier repas seule. » J'avais souri. Je n'étais pas non plus un grand bavard alors je ne savais pas trop quoi rajouter de plus pour l'instant, et plutôt que de raconter du vent j'avais donc préféré me mettre en quête de mon propre petit déjeuner. Attrapant un bol dans un des placards je m'étais emparé du paquet de céréales et de la bouteille de lait remise au frigo, j'avais déposé le tout sur la table avant de prendre place en face de la jeune femme. « C’est à toi ? » Suivant des yeux la direction qu'elle m'indiquait j'avais compris qu'elle parlait du chat. « Si on veut. On me l'a filée à mon entrée ici, elle est supposée rester jusqu'à mon élimination. » Et au rythme où j'allais nous allions tous les deux dégager rapidos, c'était bien ma veine de m'être nominé d'office juste après un prime où j'étais déjà nominé. Remplissant mon bol de céréales et arrosant le tout de lait, j'avais réalisé avoir oublié la cuillère et me levant un instant pour en prendre une j'avais reposé mes yeux sur la jeune femme « Bon, dis-moi tout. Tu viens d'où, tu fais quoi dans la vie, pourquoi t'as décidé de t'inscrire ici ... ? Y'a trois semaines de discussion à rattraper alors autant s'y mettre maintenant, hein. » Non et puis c'était un peu les questions basiques que tout le monde avait posé et avaient eu à répondre ces trois dernières semaines justement, alors. Ce n'était pas comme si je lui posais des questions super indiscrètes, comme son parfum de glace préféré, le nom de ses éventuels frères et soeurs ou quel était le dernier concert qu'elle avait vu.

Ma première journée au sein du nid m’étonne. Si je suis venue ici c’est pour profiter des joies de la vie en communauté, des diners animés, des activités organisées sur initiative farfelue d’une personne, sur des discussions qui n’en finissent que tard le soir à cause des nombreux avis divergents… il semblerait que pour le premier point je me sois grossièrement trompée. Preuve en est, je suis seulement en compagnie de cet homme et d’un… chat à l’heure où normalement nous devrions tous partager les deux rêves qui ont bercé notre nuit. J’exagère pour ce dernier détail mais le fait est là : je suis déçue. Seulement Maxence me fait savoir que dès lors que j’aurais un partenaire à mes côtés les choses changeront. Je crois que mes yeux pétillent. « Oh ce serait génial ! Je suis trop excitée ! Enfin… on verra. Tu n’as pas l’air grognon toi. » La perspective d’avoir un partenaire dans l’aventure me ravie, ce serait un prétexte pour n’être jamais seule, mais à côté de ça je ne sais même pas si je serais encore là la semaine prochaine alors bon, autant ne pas s’emballer et arrêter d’applaudir comme un phoque. En parlant d’animaux… ce chat me fait tiquer. Je trouve sa présence tellement incongrue que je ne peux rester de marbre face à cette chose assoiffée de lait, d’ailleurs d’après les dires de mon interlocuteur ce chat lui est associé. « Mh mais pourquoi ..? Pourquoi toi ? Et après ils en font quoi du chat ? Ils le tuent ? » J’ai beaucoup de questions sur ce sujet puisque je ne comprends pas ce qu’il en est vraiment et par logique lorsque je ne sais pas quelque chose je n’hésite pas à interroger pour être informée. L’ignorance m’exaspère mais soit, c’est à mon tour d’être questionnée sur des informations personnelles. « Une brève présentation, c’est cela ? Bien, je m’appelle donc Teddy et j’ai 19 ans. Je viens de Londres mais je crois que c’est facilement repérable avec l’accent. Quand j’ai vu les auditions de Fake Lover j’ai postulé sur un coup de tête, j’étais exaspérée par ma solitude quotidienne et puis peu importe puisque je sais que je peux rater des cours tranquillement. J’ai déjà fait mon entrée en bourse, ça me rend malade de ne pas pouvoir me tenir informée 24/24h mais j’ai trouvé une solution pour ne pas que mon absence tourne en drame. » Je ne sais pas quelle est sa notion de résumé, il est vrai que je parle un peu trop, je suis une pipelette vous-vous mais la vie des autres m’intéresse aussi alors je pense que c’est équilibré puisque je sais aussi écouter les autres. « Et toi Maxence, que fais-tu de ta vie ? » J’esquisse un sourire avant d’avaler une nouvelle bouchée. Il sera la première personne dont j’apprendrais la vie ici, c’est exaltant !