hear you me my friend
ft. Tifenn & Maxence

J'avais tellement mal dormi cette nuit que je n'avais du coup pas le courage de grand-chose, aujourd'hui. Et pas l'envie de grand-chose non plus si j'étais parfaitement honnête, j'allais un peu d'une pièce à l'autre sans but après avoir vainement tenté de me poser sur la terrasse pour lire un peu ... Mais je n'arrivais pas à me concentrer, pas plus sur le bouquin que j'avais emprunté dans la bibliothèque que sur mon bouquin de langue, alors j'avais fini par abandonner. Passant par la cuisine j'avais embarqué avec moi un paquet de gâteau et j'avais pris la direction de la plage en me disant qu'à défaut d'être palpitant marcher jusqu'au phare aurait au moins le mérite de m'occuper une petite demi-heure. Arrivé aux abords de la plage j'avais regretté de ne pas m'être changé avant, le sable s'infiltrait dans mes converses, mais je n'avais plus le courage de faire demi-tour. D'autant plus qu'en jetant un coup d'oeil circulaire à l'endroit j'avais remarqué Tifenn, assise toute seule face à la mer un peu plus loin. Reprenant donc mon avancée j'avais rejoint la jeune femme, pensant d'abord qu'elle me verrait arriver mais puisqu'il n'en était visiblement rien je m'étais annoncé en posant une main sur son épaule « Hey. » Difficile de savoir ce qu'elle attendait ici toute seule. Peut-être le coucher de soleil, le ciel commençait un peu à rosir à cette heure-ci, ou bien elle avait seulement envie d'être tranquille ... Je crois que même après plusieurs jours elle n'avait pas vraiment digéré le départ de Joanès. Je comprenais un peu mieux ce que voulait dire Danica, quand elle disait craindre de s'attacher un peu trop aux gens dans cette émission ... Pour ma part j'avais l'habitude, et donc cette capacité à compartimentaliser les choses. Et surtout je savais que tout cela n'était qu'une parenthèse. Mais je pouvais comprendre qu'à l'âge de Tifenn on ait un peu plus de difficultés à raisonner ainsi « Ça a pas l'air d'être la grande forme toi, dis moi. » fis-je alors remarqué tout en m'asseyant dans le sable à côté d'elle. C'était une sorte de façon détourner de lui dire qu'elle pouvait parler, si elle en avait envie, mais sans qu'elle se sente forcée de le faire. Posant la boite de biscuits entre nous deux je lui avais montré, histoire qu'elle se serve si l'envie lui prenait. Pour ma part j'en avais attrapé un ; C'était bientôt l'heure de dîner, je sais, mais avouez qu'être raisonnable c'était parfois franchement barbant.

La p’tite brune est tellement en colère contre le monde entier depuis le départ de Joanès qu’elle vient de passer encore une journée entièrement toute seule au sein de l’aventure. Il y avait toujours quelqu’un pour la faire sourire, pour lui parler ou encore tout simplement pour lui tenir compagnie avant. Aujourd’hui, elle n’a envie de voir personne. Elle préfère largement rester toute seule à se lamenter sur son pauvre sort à avoir peur que Joanès l’oublie comme une vulgaire chaussette sale au fond du panier à linge qu’elle en pleure toutes les larmes de son corps à chaque fois. Elle n’a pas envie de se faire trop de mal alors elle évite les endroits où elle a passé du bon temps avec son camarade pour des endroits juste agréables. La plage par exemple. Assise toute seule sur le sable, les jambes en tailleur, la gamine s’amuse à laisser quelques grains tourbillonner dans les airs au fur et à mesure qu’elle laisse couler la matière douce entre ses mains. Une voix masculine l’interpelle alors qu’une main se pose sur son épaule. Elle tourne la tête et pose les yeux sur Maxence. Elle se force à lui sourire. Un petit sourire timide, le même qu’au début. « Ça a pas l'air d'être la grande forme toi, dis moi. » Tout le monde est au courant. Tout le monde a bien vu que la demoiselle n’est pas dans son assiette. Elle secoue sa tête de gauche à droite avant de venir cueillir une larme qui essaye de s’échapper le long de sa joue. La boîte de gâteau, elle s’en moque. Tifenn fait juste glisser sa tête contre l’épaule de son colocataire. « T-tu … crois qu’il va m’oublier ? » Sa voix est hésitante. Maintenant plus que d’habitude, on voit qu’elle manque de confiance en elle. Finalement, ce n’est pas le départ de Joanès qui la met dans cet état, c’est le fait qu’elle ait peur de ne jamais le revoir.

J'avais beau ne pas avoir plus suivi que ça les histoires entre Tifenn et Joanès, difficile d'ignorer totalement le rapprochement entre les deux jeunes gens, particulièrement depuis le départ de Mickael, mon feu partenaire. Du coup il n'était pas bien difficile de deviner ce qui rendait la demoiselle si morose depuis le dernier prime, bien que je ne me sois pas attardé à la fin de celui-ci, désireux de pouvoir rattraper Yityish avant qu'elle n'aille se coucher. Il y avait pourtant eu cinq jours depuis, et Tifenn ne semblait toujours pas avoir digéré ... Je trouvais ça dommage dans un certain sens, qu'elle rumine dans son coin quand nos semaines à toutes étaient plus ou moins comptées, elle finirait par le regretter une fois dehors. Mais soit, elle avait le blues, je pouvais aussi le comprendre, raison pour laquelle je n'étais pas venu m'installer près d'elle pour lui faire la morale. Je n'étais sans doute pas le seul à lui avoir demandé si ça allait depuis le début de la semaine, mais je me disais que ce n'était pas une raison ; D'ailleurs, elle était venue poser sa tête contre mon épaule, preuve qu'elle ne tenait pas à tout prix à ce que je la laisse tranquille. « T-tu … crois qu’il va m’oublier ? » qu'elle m'avait finalement demandé d'une petite voix. J'avais laissé passer plusieurs secondes sans rien répondre, mes yeux se perdant simplement de derrière mes lunettes entre les vagues face à nous ; Je ne savais pas trop ce qu'elle voulait entendre. Un non sans doute, mais je ne savais pas si répondre ainsi serait totalement honnête « Je ne suis pas dans sa tête, alors je ne peux pas répondre à sa place. » L'honnêteté pouvait parfois faire mal me direz-vous. Mais je n'étais pas en train de lui répondre oui non plus, je crois que d'une certaine manière j'essayais juste de lui faire comprendre qu'elle devrait se préparer à toutes les éventualités si elle espérait le revoir par la suite, dans le cadre du jeu ou en dehors. « Mais il aurait tort de le faire ... Et si j'étais toi je m'arrangerais pour que ça ne soit pas le cas. » J'avais souri légèrement, sans quitter des yeux la plage. Elle ne pouvait rien faire tant qu'elle était ici, il allait bien falloir qu'elle se fasse à cette idée, et aux vues de sa popularité elle était encore là pour un bon moment ... Mais une fois qu'elle serait dehors ce serait à elle de se prendre en main si vraiment elle souhaitait revoir ce garçon.

Tifenn aime bien Maxence. Il est plus bien plus vieux qu’elle et donc bien plus mature qu’elle. Il peut lui donner des conseils et lui dire quand elle fait des choses stupides qui la rendent bien plus gamine qu’elle ne l’est déjà. En plus il est gentil avec elle. La demoiselle n’a pas peur qu’il se moque d’elle. Cela ne semble pas être son genre au garçon. Elle n’a honte de rien avec lui. Elle peut même pleurer comme une madeleine, un petit peu comme là en fait, il ne va pas la blâmer pour autant. Laissant sa tête se poser contre l’épaule de son camarade, Tifenn vient lui poser une question à laquelle il est certainement le seul qui peut lui donner une réponse. Une réponse pas uniquement pour lui faire plaisir. Une réponse sincère. « Je ne suis pas dans sa tête, alors je ne peux pas répondre à sa place. » Effectivement. Maxence se ressemble en rien à Joanès. L’allemande ne dit rien et reste tout près de lui. Au moins il ne lui donne pas de faux espoirs et ne la berce pas de fausses évidences. « Mais il aurait tort de le faire ... Et si j'étais toi je m'arrangerais pour que ça ne soit pas le cas. » Bien plus facile à dire qu’à faire, mais il avait trop parlé. Se redressant, Tifenn venait froncer très légèrement les sourcils et observer son colocataire. « Sauf que pour ça il faut que je sorte d’ici et … pour le moment je n’ai pas envie de partir d’ici. » Elle était trop bien pour avoir envie de quitter le domaine. Sa voix toujours aussi basse et hésitante, elle reprends : « Il m’a dit qu’il m’aimait. » Elle ne la encore dit à personne. C’était un secret, mais elle sentait pouvoir le lui confier à Maxence. Il n’oserait pas la trahir tout de même. Sa gorge se serre un petit peu. Il l’aime. Oui, il le lui en dit en partant. Elle a envie d’y croire. Tellement. C’est ce qu’elle attendait depuis le début, qu’il lui dise qu’il l’aime. Pourtant, elle a comme l’impression que cela rends son départ encore plus difficile à vivre. « Pourquoi c’est si compliqué ? » dit-elle toujours à voix basse tout en trifouillant le sable avec ses doigts et en baissant la tête. La Tifenn du début semble être de retour. Aussi timide et avec un manque évident de confiance en elle.

Je ne savais sincèrement pas quoi lui répondre, je n'avais jamais vraiment parlé avec Joanès et je ne savais donc absolument pas quel genre de garçon c'était, et encore moins quelles pourraient être ses intentions vis à vis de la jeune femme. J'aurais pu répondre à Tifenn ce qu'elle voulait certainement entendre mais je n'étais pas certain qu'un possible mensonge destiné à lui donner de l'espoir soit la meilleure chose à faire pour elle, cela ne lui rendrait pas service, parce que si Joanès tirait effectivement rapidement un trait sur elle la chute n'en serait que brutale. Alors je lui avais dit qu'elle verrait bien dehors, en gros, et que si vraiment cela lui tenait à cœur il ne tenait qu'à elle d'agir et non plus de subir la situation. « Sauf que pour ça il faut que je sorte d’ici et … pour le moment je n’ai pas envie de partir d’ici. » J'avais laissé échapper un sourire ; C'est vrai qu'on se sentait vite bien ici, on pouvait presque s'y habituer. Probablement qu'une partie de moi se sentait bien sur cette île aussi, et que cette partie s'exprimerait un peu plus si je n'avais pas tant de choses à faire à l'extérieur, des choses qu'il me tardait d'entreprendre ou de retrouver. « Alors garde ça dans un coin de ta tête pour quand tu sortiras. Mais te gâches pas tout le reste de ton séjour ici à cause de ça. » Disons que là elle avait le droit à une semaine de déprime, mais à partir de la semaine prochaine je n'allais pas hésiter à la secouer un peu si elle ne le faisait pas d'elle-même, et je le ferais en étant persuadé d'agir pour son bien. Comme elle l'avait elle-même fait remarquer elle ne pouvait rien faire de plus tant qu'elle était ici, alors autant en profiter tant que c'était le cas ... Squatter sur une île déserte aux allures de clubs de vacances, le tout gratuitement et sur une si longue période, c'était le genre de trucs qu'elle avait peu de chance de revivre une seconde fois. « Il m’a dit qu’il m’aimait. » C'était presque un murmure de sa part, comme si elle le disait à haute voix pour la première fois. Peut-être que c'était le cas, je n'en savais rien, mais que ce soit le cas ou non je n'avais pas l'intention de le répéter de toute façon ; Et je pense que c'est parce qu'elle le savait qu'elle avait décidé de le dire. Pour autant je n'avais rien répondu, cela pouvait dire tout un tas de choses je suppose. Tout dépendait si Joanès accordait de l'importance aux mots ou pas. Et là encore lui seul pouvait répondre à cette question. « Je suppose que personne ne dit ça sans bonne raison. » avais-je tout de même fini par répondre en esquissant un léger sourire. A moins d'être un vrai bouffon, mais je doutais que Joanès ait pris autant de temps pour appendre à connaître la jeune femme s'il ne s'était pas un tout petit peu intéressé à elle. « Pourquoi c’est si compliqué ? » J'avais laissé échapper un léger rire, plus mélancolique qu'autre chose, tandis que mes yeux quittaient un instant l'étendue d'eau face à nous pour venir se poser sur le sable. Machinalement j'avais commencé à le faire glisser entre mes doigts ; Il était encore chaud d'avoir pris le soleil toute la journée. « Ma fille m'a posé exactement la même question. » J'avais murmuré à mon tour, l'air pensif. Exactement la même question, et pour des raisons assez similaires ... Enfin, pas tout à fait, le petit crétin dont il était question à ce moment-là ne lui avait pas dit qu'il l'aimait il venait de la larguer. Par téléphone, le top de la classe, quoi. « J'suppose que ... si ça l'était pas on y accorderait pas autant d'importance ? Prends ça comme un mal nécessaire. » Ce n'était pas ce que j'avais répondu à Alicia y'a deux ans, je pense pas que c'était ce qu'elle avait besoin d'entendre sur le moment de toute façon, mais surtout le temps avait passé depuis, et y'avait certains trucs que je n'avais peut-être pas encore réalisé à l'époque de toute façon « Mais je ne suis pas sûr d'être de très bon conseil, à ce sujet. » J'étais même sûr du contraire à vrai dire, si y'avait bien un truc que je souhaitais à Tifenn c'était de ne jamais avoir une vie sentimentale comme la mienne, chaotique. Et de ne jamais s'enticher d'un type aux mêmes travers que les miens, aussi.

« Alors garde ça dans un coin de ta tête pour quand tu sortiras. Mais te gâches pas tout le reste de ton séjour ici à cause de ça. » Garder cette histoire d’amour dans un coin, sans jamais l’oublier, et la laisser éclater au grand jour une fois à l’extérieur ? C’est ça qu’il veut dire. Tifenn en est certaine. Elle est aussi certaine qu’il doit avoir raison. Il ne faut pas qu’elle gâcher son aventure pour les beaux yeux d’un garçon dont elle a fait connaissance il y a quelques semaines à peines. Quelques semaines magiques. Jamais elle n’avait passé d’aussi belles semaines en la compagnie d’un garçon. L’allemande ne répond pas et se contente de venir poser sa tête contre l’épaule de son camarade. Elle reste silencieuse un instant avant de lui faire une confidence. Il l’aime. Il le lui a dit juste avant de partir. C’est la première fois qu’elle en parle et bon sang que ça lui fait un bien fou de partager ça avec quelqu’un. Maxence ne dit rien sur le moment, mais il ne tarde pas à venir lui faire part de son idée. « Je suppose que personne ne dit ça sans bonne raison. » Encore une fois il a raison. Enfin, il a certainement raison. Il arrive à redonner confiance à la jeune femme dont un sourire s’installe sur les lèvres. « Il n’oserait jamais m’faire du mal. » Encore une fois elle parle tout doucement. Elle fait une simple constatation. Après tout la belle le connait un petit peu alors elle est capable de se prononcer sur la chose. Elle espère simplement qu’il ne va pas la prendre pour une idiote. Elle en serait tellement malheureuse. C’est compliqué. L’amour est compliqué. « Ma fille m'a posé exactement la même question. » Sa fille. Il en parle souvent. « J'suppose que ... si ça l'était pas on y accorderait pas autant d'importance ? Prends ça comme un mal nécessaire. » Tifenn ne sait pas trop penser en réalité. L’amour c’est compliqué, mais pourtant tellement beau à la fois. Enfin, lorsque tout est parfait bien entendu. « Mais je ne suis pas sûr d'être de très bon conseil, à ce sujet. » Pourquoi dit-il ça ? Tifenn est persuadée que con colocataire est celui qui lui donne les meilleurs conseils ici. Elle remue brièvement sa tête de gauche à droite, toujours contre son épaule. « Jusqu’à présent je trouve tes conseils plutôt pertinents. » Ses pupilles azures se lèvent vers le visage de Maxence. « Ta fille a beaucoup de chance. » Ce n’est pas que son papa n’est pas cool à la brunette, mais elle ne pourrait pas parler de ça avec lui. Elle ne pourrait jamais penser évoquer ce genre de sujet que ce soit avec son père ou bien avec sa mère. Chez Tifenn, il y a des choses dont on ne parle pas. Des choses qu’on ne fait pas.

Elle était déçue, ce que je pouvais concevoir, tout comme j'aurais été déçu si Titi ou Amy avaient été éliminées, mais ce n'était pas pour autant une raison valable de ruminer ad vitam aeternam dans son coin. D'autant plus que plus tard avec le recul elle le regretterait sans doute. Je ne dis pas qu'elle devait tout oublier, mais probablement garder ça dans un coin de sa tête jusqu'à ce qu'elle puisse y faire quelque chose ... Il lui a dit qu'il l'aimait, et comme je doutais qu'il soit un total imbécile et qu'il ait dit ça pour rire, ça laissait supposer qu'il avait l'intention de la revoir, non ? « Il n’oserait jamais m’faire du mal. » Bon, si même elle en avait la certitude alors je suppose que le souci était réglé. Pour l'instant. Ce qui ne semblait pas lui rendre le sourire et faire disparaitre son blues pour autant ceci dit ... Elle avait fini par me demander pourquoi c'était si compliqué, comme Alicia ... Comme si j'étais le mieux placé pour répondre à cette question alors que c'était le mot que j'utilisais le plus, "compliqué", pour décrire ma situation ces dernières années. « Jusqu’à présent je trouve tes conseils plutôt pertinents. » Elle avait relevé les yeux vers moi. Alors peut-être que j'étais simplement plus doué pour les donner que pour les appliquer, mes conseils. Fais ce que je dis, fais pas ce que je fais, c'était ça l'adage. « Ta fille a beaucoup de chance. » J'avais secoué la tête légèrement, mon regard baissant à nouveau sur le sable. Je crois qu'on rêvait toujours de ce qu'on n'avait pas, et j'étais tout sauf un père exemplaire ; Et il était trop tard, maintenant. Elle avait dix-huit ans, et les années où elle aurait le plus eu besoin de moi étaient derrière elle, et derrière moi. « Je pense qu'elle aurait pas été contre un père un peu plus souvent là. » J'avais soupiré, légèrement, et finalement je m'étais remis debout. Attrapant la boite de biscuits dans une main j'avais tendu l'autre à Tifenn pour l'aider à se remettre debout « Allez viens, t'as assez broyé du noir sur cette plage. Et on voit bien mieux le coucher de soleil depuis là-bas. » Disant cela j'avais désigné du menton le ponton et le phare. Y'avait pas de meilleur endroit pour admirer le soleil qui se couchait que le haut de ce phare.