J'avais encore une fois passé ma matinée à vaquer entres les différentes pièces de la maison et ce, jusqu'à ce que mon estomac m'oblige à rejoindre la cuisine où je me préparait mon repas. Aujourd'hui ce sera purée et boulette de viande. Il faut dire, que j'avais l'impression de toujours manger la même chose ici, j'étais devenue patôvore. Je viens d'inventer le mot, mais les pâtes composaient 95 pour cent de mon alimentation. Alors, un peu de changement ne me ferait aucun mal. Je rejoignais ensuite la salle à manger mon assiette dans la main, et commençait à déguster. Succulent. Un bruit se fit alors entendre et me força à relever la tête. Y'avait-il quelqu'un ou bien avais-je rêvé ?

« Sors de ta cachette, si tu ne veux pas mourir tué par une projection de boulette ! »

Avais-je dis en armant ma fourchette. Bon, d'accord je n'étais pas des plus convaincante mais sur le coup c'est tout ce que j'avais trouvé. Et puis soyons honnête, comment pourrais-je assommé quelqu'un que je ne vois pas ?

« Qui ne craint point la mort ne craint point les menaces. Autrement dit… » Déclara-t-il en s’installant face à la demoiselle qui l’avait entendu arriver. Il aurait volontiers surenchérit avec une allusion sexuelle mais il ne souhaitait pas lui couper l’appétit, même s’il la savait plus dévergondée qu’elle ne le laissait paraître.

Il posa son verre de vin rouge sur la table et croisa les bras, plantant un instant ses yeux bleus déconcertants dans les siens. Maxime lui semblait tellement transparente et prévisible, une grande enfant qui s’essayait à l’humour pour se démarquer. Peut-être se trompait-il ?

Je ne répondis rien à la réflexion qu'il venait de faire en faisant en même temps son apparition. Après tout, il n'y avait rien à en dire, je fixai alors mon assiette afin d'engloutir une fourchette de ma purée. Celui-ci vint s'asseoir en face de moi, plantant ses yeux bleutés dans les miens. Je soutenais son regard durant un bref instant avant de le détourner. Je poussai alors mon assiette.

« Je n'ai plus faim, tu veux mes restes ? »

Je n'avais que très peu discuté avec Léone durant mon aventure. Nous nous étions brièvement croisés en pleine nuit dans les toilettes mais depuis, il ne me semble pas lui avoir ré-adresser la parole. Et puis, il y avait eu cette histoire avec Betty-Jayne ... Comment avait-il pu en arriver là ? Quoi qu'il en soit, ce n'était pas à moi de le juger. Le public avait après tout décidé de le sauver en majorité.

«Félicitation pour être resté vendredi. Enfin, le public doit beaucoup t'aimer pour te garder malgré cette histoire avec B-J. »

Le jeune homme fit gentiment non de la tête. Il avait déjà mangé et la purée de Maxime ne lui disait rien. Evidemment il fallait qu’elle aussi remette l’affaire Betty-Jayne sur le tapis…

« Ne parle plus jamais d’elle devant moi. » Ordonna-t-il le regard sévère.

Leone faisait tout son possible pour oublier Betty-Jayne, pourtant chacun des habitants semblait prendre un malin plaisir à lui rappeler cet évènement. Il ne comprenait pas pourquoi ils s’attardaient autant sur quelque chose qui ne les concernait pas. Selon lui ils accordaient beaucoup trop d’importance à cette histoire alors qu’ils n’étaient clairement pas en mesure de juger la situation.

Oulà ... J'allais me la boucler moi. J'avais dit ça, sans vraiment réfléchir et je remarquai avoir touché une corde sensible. B-J semblait être comme une marque au fer forgé pour l'américain. Tant pis, j'éviterai le sujet si il le souhaitait. Voyant qu'il ne voulait pas plus de mon assiette que moi-même j'en avais envie, je laissais celle-ci sur le côté. Plongeant à mon tour mon regard dans celui de Léone afin de lui faire comprendre que j'étais sincère dans mes paroles. Il parait que les yeux sont le miroir de l'âme alors bon.

«Je voulais pas que tu le prenne comme ça ... J'en parle plus. Mais pas besoin de prendre cet air là. Cet air sévère qui nous cri de la boucler. »

J'avais dit cela sans pour autant élever la voix. Je voulais juste lui faire remarquer que face à ce regard j'avais l'impression d'être une enfant qu'on punie. Je n'étais pas une enfant, je n'étais plus une enfant. Je la jouai de temps en temps afin de m'amuser un maximum mais ce n'est pas ce que j'étais. Et bref.

«Parlons d'autres choses alors ... Ce que tu veux. »

Leone n’avait rien de particulier à dire à Maxime, il n’allait pas se forcer lui qui détestait échanger d’inutiles futilités. Elle pouvait parler de la pluie et du beau temps avec n’importe quel autre candidat. Ainsi il demeura silencieux quelques instants, presque antipathique, portant à nouveau son verre de vin rouge à ses lèvres. Puis, il décida finalement qu’il avait envie de jouer à son jeu préféré, dire la vérité.

« Tu penses qu’agir ici comme une enfant t’aide à te démarquer des autres habitants ? Laisse-moi te dire que ça ne marche pas. Être aussi niais que Nolan n’est pas un compliment. »