La soirée de la veille m'avait laissé de telles séquelles que pour une fois j'avais décidé de profiter d'avantage de mon lit. Ainsi c'est légèrement un peu avant onze heure que j'avais rejoins la cuisine pour y attraper une tasse de café et une bonne aspirine. Le bruit provenant de la salle à manger m'y attira puis sans que je réfléchisse j'attrapais la première chaise qui se présenta à moi et m'y asseyais. Lorsque je levais la tête j'aperçus Franz visiblement ravi de ma présence, à en jugé par sa mine déconfite. Notre dernier échange avait été pire que tout, j'étais une nouvelle fois dans l'impasse incapable de savoir comment me comporter avec lui, je n'y avais pas été de main morte, mais c'était uniquement dans l'espoir de le voir réagir. Il avait réagit certes mais pas comme je l'avais espéré surtout qu'il s'évertuait à m'éviter depuis ce jour. J'attrapais l'aspirine et l'avalais à l'aide de ma tasse de café. « Bonjour. » Murmurais-je doucement. C'était tellement banal et idiot comme entrée en la matière seulement ça avait l'avantage d'être neutre. Je ne le quittais plus des yeux, il me manquait tellement, à chaque instant que s'en était effrayant ...

Je fus relativement étonnée de voir que finalement Franz ne quittait pas la table. Je n'allais pas non plus bouger puisque de toute évidence, c'est lui qui s'évertuait à m'éviter constamment. Ainsi je sirotais mon café sans gêne aucune, répondant plus sincèrement à son sourire. Je ne m'imaginais pas qu'une conversation allait s'engager, puisque même s'il avait fait souhait d'une amitié entre nous, c'était relativement compliqué. Je m'apprêtais à déguster mon café dans le silence, jusqu'à ce que sa question me tire de mes rêveries. Question on ne peut plus banale qui me ne m'apparaissait pas si innocente qu'elle n'y semblait. « Humm. Excellente. Et toi ? » Lançais-je avant d'afficher un immense sourire presque exagéré, sans quitter les iris de Franz, curieuse de savoir où il voulait en venir.

Je calais ma tête contre ma main, ma tête était douloureuse bien trop douloureuse, ainsi je grimaçais aussitôt. Contrastant évidement avec le sourire que j'affichais deux secondes plus tôt. Forcément, sa question n'était pas aussi anodine puisqu'il ne tardait pas à indiquer m'avoir vu rejoindre la chambre Aine. « Il y a rien de curieux de vouloir s'isoler un peu de toute cette agitation, puis je n'y ai pas dormi. Mais pourquoi ça t'intéresse de savoir où j'ai passé la nuit si soudainement ? Tu as vu quelque chose peut être ? » Il avait beau jouer la carte de l'indifférence, j'étais persuadée que ça cachait quelque chose. Je me contentais de sourire à sa réponse, bien plus sincèrement cette fois, reportant une nouvelle fois ma tasse à mes lèvres.

Elle m'assénait de questions. A quoi elle jouait? Cherchait-elle à me faire cracher le morceau sur quelque chose de parfaitement anodin? Elle se gourait complètement si elle pensait que j'avais une quelconque idée derrière la tête en la questionnant ainsi. Mon regard tomba ainsi lourdement sur le sien, et la jaugeant un court moment, j'arquai un sourcil étonné avant de passer ma main sur ma joue dans un soupire.

Je vois pas ce que tu vas chercher, je cherchais juste à engager la discussion. Je t'ai juste vu t'isoler hier, j'étais simplement curieux de savoir pourquoi, pas de quoi diverger n'importe où. Tu ne l'as peut-être pas encore compris mais je te laisse faire ce que tu veux, que tu dormes ou fasses la fête dans la chambre m'est égal. Considères ma sympathie comme de la politesse.

Je répondais le plus calmement possible, dépassé par la tournure de la conversation.

Le ton qu'il employait, même s'il s'évertuait à rester calme, il ne l'était clairement plus, et ça avait tendance à m'exaspérer. Je levais les yeux au ciel, est-ce que ça allait toujours être le cas à présent ? Allions nous pouvoir nous adresser la parole sans que l'échange ne se termine dans un éclat de voix ? Je soupirais avant de répondre me redressant quelque peu. « D'accord, très bien. Avant que cela ne t'arrive aux oreilles ou que Cupidon ne décide de pimenter encore le prime. J'y étais avec Austin, mais puisque ça t'es égal ... » Avais-je cherché à le mettre en colère ? Oui peut être. Seulement, je voulais être sûre qu'il dise vrai. S'il avait menti, j'allais pouvoir le voir sinon et bien soit, c'était peut être mieux ainsi finalement. Les drames, je commençais à en avoir assez.

Me provoquer volontairement? Je ne doutais pas du caractère fort de Sydney, cela ne m'étonnait absolument pas de sa part. Je ne savais si elle disait vrai ou non, mais néanmoins, tout portait à croire que la jeune femme ne mentait pas, et je ne l'imaginais de toute manière pas capable d'inventer pareilles histoires. Je m'étais peut-être trop mis en colère ces derniers temps, ou peut-être que celle-ci s'étouffa avec ma respiration qui se troubla aussitôt. La gorge nouée par un je ne sais quoi de trop fort, offensé, blessé, je soutins son regard, affichant sur mon visage une moue étonnée.

Ah.. C'était bien j'espère.

Ce n'était pas une question, je ne voulais pas savoir ce qu'elle avait bien pu y faire avec Austin, même si au fond de moi, qu'elle me l'avoue maintenant m'aurait surement soulagé d'un poids soudain. J'agissais le plus naturellement possible, m'étonnant moi-même de ce calme dont je faisais preuve, même si je ne parvenais plus à tenir la conversation tant j'étais en proie au désarroi.

D'une façon qui m'étonnait quelque peu, sa mine me ravissait. J'étais une véritable garce, mais quelque part le faire souffrir comme il m'avait fait souffrir était tout ce que j'avais trouvé pour apaiser ma colère. C'était bas et vicieux mais j'y prenais un plaisir que je n'aurais pas soupçonné auparavant. Sa question était rhétorique, je le savais, néanmoins, je ne pouvais m'empêcher de surenchérir. « J'ai pris mon pied oui. Bon je t'avoue que le lieu m'a un peu gêné au début, mais ce n'est qu'une chambre et puis avec un autre ça prends immédiatement une autre dimension. » J'avais exagéré, énormément même puisque j'étais loin de la vérité, mais c'était loin d'être le plus important. Il m'avait changé, cet amour que je lui portais me rendait aigrie et j'en étais arrivée au point où rien ne m'importait plus que le voir souffrir. J'allais certainement m'en mordre les doigts sauf que pour le moment c'était le moindre de mes soucis.