Elle ne semblait pas avoir dit son dernier mot. Chaque adjectif, complément, verbe ajouté à sa phrase me fit frémir, m'assommant au passage comme le ferait un coup de massue. Le coeur battant la chamade, le ventre serré à tel point que j'en avais mal, je me fis violence pour ne pas lui jeter le contenu de mon bol au visage. Lui rappeler des souvenirs de sa nuit était la dernière chose que je désirais. Ainsi elle avait couché avec Austin, elle semblait s'être consolée plus rapidement qu'elle ne l'aurait supposé il y a quelques jours, je n'avais strictement rien à ajouter. Dégouté, je pris ma respiration en me levant lentement de ma chaise, soupirant légèrement avant de relever le visage vers elle, une expression neutre peinte sur celui-ci.

J'imagine que les dimensions ne devaient pas être les mêmes c'est certain, j'espère pour toi que tu finiras par te faire à cette différence, même si apparemment tu n'as pas rencontré de problème dans la transition. Je lui fis un sourire hypocrite avant de tourner les talons, sans un signe en arrière. Passes une bonne journée Sydney.

Un sourire satisfait s'installait sur mon visage, mêlant provocation et satisfaction. Puisque sa réaction, bien qu'il tentait de la camoufler, n'arrivait pas à me duper. C'était bien plus facile à dire qu'à mettre en pratique. J'avais été horrible avec lui, et je continuais, je prenais du plaisir à le voir se lever, exaspéré. Son attaque au sujet d'Austin ne fit qu'accentuer mon sourire, à vrai dire je n'en avais aucune idée puisque j'avais inventé la majeur partie. « Non mais merci de t'en inquiéter, il a été incroyablement doux, tu sais c'est bien aussi. » Je faisais bien entendu référence à notre dernier échange plutôt bestiale, simplement pour enfoncer le couteau. Il s'apprêtait à quitter la pièce, je pivotais sur ma chaise sans pour autant bouger d'un poil. Lui courir après ? Hors de question, même si une petite partie de moi, regrettait déjà. Peu importe. « J'imagine que c'est en toute amitié que tu décides de quitter la pièce, pour préserver mon intimité ? Tu sais les vrais amis, ont au moins la décence d'écouter jusqu'au bout. » Je restais calme, après tout je n'avais aucune raison de m'insurger.

Elle me poussait à bout, j'en avais les mains qui tremblaient. Que cherchait-elle, me voir craquer en public? Ce ne serait surement pas le cas, ce pourquoi je posais mon bol sur un meuble avant de l'éclater contre un mur sous le débordement de colère qui m'habitait soudainement. Plus de place à la déception, je comprenais qu'elle m'en veuille, me remplace, me fasse souffrir, mais prendre ainsi un malin plaisir à m'enfoncer, c'était définitivement trop pour moi. Je pris une énième respiration, fermant les yeux avant de me retourner aussitôt, un sourire mesquin sur les lèvres. J'étais tellement énervé, j'aurais pu lui dire n'importe quoi dans l'espoir de lui faire du mal. Sans attendre, je m'approchais de la jeune femme, me penchant face à son visage. La toisant d'un regard qui je le savais, la faisait défaillir de plaisir comme de haine, je me mis à murmurer, soufflant méthodiquement sur ses lèvres.

Les amies de ton acabit, je les baise dans tous les sens, et autant de fois que je le désire. Je lui souris. Et quand j'ai fini de les utiliser à mes fins, je les jettes, aussi simple que cela. Glissant ma langue près de sa joue sans la toucher, son visage surement crispé par cette réponse, je me reculais finalement. La seule personne que tu es apte à faire souffrir dans cette pièce Sydney, c'est toi.

Sans un mot de plus, je fis chemin arrière, pour de bon cette fois.

Plus la discussion avançait et plus j'avais conscience d'être odieuse seulement je ne défaillais pas. Toujours dans l'optique de lui rendre le mal qui m'infligeait depuis quelque temps, je tentais de mettre de côté mes sentiments pour lui pour ne rien lâcher. Je le regardais s'approcher, son sourire je le détestais mais je ne pouvais m'empêcher de lui sourire aussi de façon plus qu'hypocrite. Écoutant chacun de ses mots qui étaient censé me faire souffrir tentant de rester impassible, seulement ces mots étaient si durs, que je bouillais, j'aurais très bien pu le frapper. Seulement je faisais de mon mieux pour me contrôler, je ne devais pas craquer, pas maintenant. Pas après tout ça. « Tu veux que je pleure maintenant, pour flatter ton ego de salopard ? » Lançais-je sur un ton faussement dramatique le regardant ensuite quitter la pièce définitivement. J'étais blessée, en colère, j'avais même eu envie de le frapper c'était incontestable seulement j'étais trop remonté à bloc pour verser ne serait-ce qu'une seule larme.