Le labyrinthe était sans nul doute l'endroit que préférait Ghika dans tout le nid, parce qu'un labyrinthe c'est mystérieux, c'est énigmatique, c'est dangereux. Bref ça a une certaine aura. Alors il avait attendu avant d'y faire un tour, ne voulant surtout pas se gâcher l'expérience en étant dérangé par quelqu'un de pénible qui se serait paumé ou qui voudrait comploter. Le labyrinthe du nid est encore plus spécial parce qu'il abrite une maison secrète, celle de la copine de Cupidon. Bref, un challenge fait pour lui et son incroyable sens de la désorientation. Tout ce qu'il faut savoir avec un labyrinthe c'est comment en sortir, le reste n'a absolument aucune importance. Alors que ce soit de nuit ou de jour, c'est la même chose, il n'y a aucun risque qu'il se retrouve perdu. Enfin... presque aucun. Ghika marchait donc depuis une bonne dizaine de minutes, appliquant sa stratégie secrète afin de ne pas être perdu, il était seul et ça c'était cool parce qu'au moins il n'aurait pas à partager le succès de sa découverte avec qui que ce soit. Il avait siffloté au début puis avait arrêté, gagné petit à petit par le caractère effrayant du lieu. Son appareil photo numérique lui servait de lampe torche, parce qu'il avait pas réussi à en choper une et qu'il trouvait l'idée de partir à l'aventure plus amusante avec un appareil photo qu'avec un objet prévu pour. Quand il rendit l'âme Ghika se sentit un peu con... mais sa technique ne nécessitait pas qu'il éclaire son chemin, juste qu'il reste concentré. C'était plus facile à dire qu'à faire surtout quand quelqu'un se mettait à parler dans son dos. « Peau d'lapin » ne put-il pas s'empêcher d'ajouter en rigolant, avant de se reprendre et de déclarer à l'intention de la jeune femme derrière lui : « J'veux bien lever la main gauche mais la droite est mon seul moyen de sortir du labyrinthe de façon sûre alors tu peux t'gratter pour que j'la mette en l'air. » dit-il en joignant le geste à la parole. « C'est Ghika ! »ajouta-t-il en se retournant vers la jeune femme qui le tenait en joue avec sa lampe. Il pensait avoir reconnu la voix de la jolie italienne. « Tilda, si c'est toi tu veux bien baisser ta lampe j'ai les yeux sensibles là tout de suite. » se lamenta-t-il d'une voix d'ange. Bah quoi c'était pas de la drague, c'était juste une façon gentille de lui demander de le rejoindre et de lui éclairer la route. Tant pis pour le succès solitaire, il partagerait avec elle.

Il a ruiné sa blague... c'est pas possible ! Pourquoi ça lui arrive ? Il aurait pu s'en douter, Tilda était bien rentré dans son délire dégueux sur les pratiques anales lors des castings... « Oh non ! Oh non ! Pitiéééé ! On fait machine arrière, on fait comme si j'avais pas compris que c'était toi et tu me menaces de me faire une fouille au corps et de m'inspecter en profondeur avec ta matraque ! Allez dit oui ! S'teuplé Tilda ! » piaille-t-il mi-amusé mi-excité à l'idée de faire un jeu du méchant flic et du délinquant avec la jolie italienne. « Enfin, j'dis Tilda, si ça s'trouve c'est pas Tilda, désolé Madame l'Agent. » supplie-t-il la jeune femme de son regard de gosse. Elle le questionne sur son objectif en venant dans le labyrinthe de nuit et il ne voit pas de raison de lui mentir. « Ouais, je me suis dit que j'allais mettre au point une stratégie et faire une excursion dans le labyrinthe, puisque je sais que je ne peux pas me perdre dedans. » Et il dit vrai, il a sa petite technique de reconnaissance des lieux, impossible pour lui de tourner en rond ou de se retrouver piégé dans le labyrinthe. Il sait exactement comment on sort de là, et avec un peu de chance il sera capable de trouver la maison de l'amoureuse de Cupidon. Avec ou sans Tilda, si elle pense qu'elle peut s'en sortir mieux sans lui, grand bien lui fasse, mais il est prêt à partager la rançon de la gloire avec elle si elle veut. Elle menace de le menotter et il doit bien avouer que l'idée a quelque chose de comique. « Si tu veux prêter les menottes à ton partenaire et le laisser me menotter je suis d'accord... je ferais semblant d'être contre s'il le faut. » plaisante-t-il à l'idée que Lou lui passe les menottes. Le dernier qui lui a passé les menottes était un peu plus pervers qu'il n'y paraissait et ça a été une expérience sexuelle très bizarre, alors il n'est pas sûr d'être prêt à retenter l'expérience, mais bon... Lou étant Lou, Lou ayant le physique qu'il a... peut-être que Ghika peut tolérer les penchants les plus bizarres. « Te suivre ? Tu as une idée d'où tu vas à la prochaine intersection ? Parce que moi oui. Alors soit tu continues toute seule et tu prends le risque d'être retrouvée morte de faim dans trois jours, soit on marche ensemble et tu me fais confiance et là on aura une chance de trouver la meuf de Cupcup. » lâche-t-il tout ce qu'il y a de plus sérieux. C'est un test de confiance, il se fiche un peu du résultat, il comprendrait très bien qu'elle ne lui fasse pas confiance et qu'elle préfère tenter sa chance de son côté, mais il est sûr de lui. Sa technique n'est pas la plus rapide mais c'est la plus efficace. Il en est à cent pour cent convaincu. « Si tu restes on pourra toujours utiliser ta lampe torche pour voir où on met les pieds. » minaude-t-il dans l'espoir de l'amadouer un peu plus et de la faire rester avec lui. C'est qu'il finissait presque par s'ennuyer tout seul avant son arrivée, maintenant qu'elle est là il a bien envie qu'elle reste.