Deux bouteilles à la main, Ghika se rend à la plaine boueuse, suivi de près par Andreja, ils se sont lancés un défi la semaine précédente. Lequel d'entre eux tiendra le mieux l'alcool. C'est un défi franchement stupide, un truc typiquement masculin, le genre de défi auxquels les gens se réfèrent comme à mesurer celui qui est équipé du plus gros appareil reproductif. « J'espère que tu n'as pas trop mangé ! Tu sais ce qu'on dit dans mon bar ? Manger c'est tricher ! » Ghika dit vrai, plus on mange plus on tient l'alcool, c'est probablement scientifiquement prouvé par des études, mais Ghika lui il se fie uniquement à son bon sens et à sa très longue expérience de la boisson. Boire en compagnie d'Andreja c'est un peu un défi en soi. Il apprécie le roux, ils font partie du même club tous les deux, mais c'est surtout qu'il a parfois du mal à le comprendre et c'est quelque chose que Ghika déteste. Ne pas comprendre les choses, ignorer des détails d'un problème, pour l'être extrêmement rationnel qu'il est, se retrouver en face d'un garçon - aussi beau soit-il - qui ne parle pas complètement la langue s'avère un peu compliqué à gérer. Arrivés au bord de la piste de karting, Ghika s'arrête. « Bon, si j'ai bien compris, toi c'est Whisky, moi c'est Vodka. Donc on est tous les deux aux alentours de 40% d'alcool. Que la picole commence ! » dit-il en passant la bouteille de boisson mordorée à Andreja.

Andreja était un peu surpris de voir que Ghika l'avait vraiment pris au mot, on ne va pas se mentir. Pas que cela soit un problème pour lui, mais généralement les grandes bouches étaient un peu comme ça, elles parlaient beaucoup mais n'agissaient pas toujours en conséquence ... Mais soit, le rouquin était donc un homme de parole à priori, c'était toujours bon à savoir pour plus tard. Pour l'heure ce qui était bon c'était surtout les deux bouteilles que Ghika tenait dans ses mains ... Certes, il y avait encore quelques jours Andreja assurait que la cuite prise avec Lou lui avait suffit et qu'on ne l'y reprendrait plus avant un petit moment, mais après tout quatre ou cinq jours c'était un petit moment ... Non ? Et de toute façon il suffisait de comparer la carrure de Lou et celle de Ghika pour se rendre compte qu'Andreja risquait de boire moins cette fois-ci. A vrai dire il était presque persuadé de ne faire qu'une bouchée du rouquin, mais ça il se garderait bien de le faire remarquer tout de suite. Il se contentait donc de suivre le jeune homme avec un petit sourire de défi sur le visage, un peu étonné d'arriver aux abords de la plaine de boue et du karting ; C'était un drôle d'endroit pour se saouler, mais pourquoi pas. « J'espère que tu n'as pas trop mangé ! Tu sais ce qu'on dit dans mon bar ? Manger c'est tricher ! » Voyez-vous cela. A vrai dire non il n'avait rien avalé depuis le midi, et c'était bien le seul truc qui le chagrinait un peu à l'idée de boire trop ce soir, le fait d'avoir l'estomac vide ... Cela ne faisait pas très bon ménage, comme il avait déjà pu le constater samedi dernier, mais enfin il n'allait pas faire son timide pour autant. « Et dans ton bar, on dire aussi "conduire ou boire il faut ..." ... ? Enfin, tu voir ce que je veux dire. » Boire ou conduire, il faut choisir? il avait entendu cette expression une fois ou deux, mais de toute évidence il ne l'avait pas retenue aussi bien qu'il le pensait. Disant cela il avait en tout cas désigné du menton les karts à l'arrêt dans un coin. Est-ce qu'on était autant un danger public en roulant bourré sur un kart qu'au volant d'une voiture ? Difficile à dire, mais pour plus de sécurité il valait sans doute mieux que Milou ne se pointe pas dans les parages. « Bon, si j'ai bien compris, toi c'est Whisky, moi c'est Vodka. Donc on est tous les deux aux alentours de 40% d'alcool. Que la picole commence ! » Attrapant la bouteille de whisky que Ghika lui tendait Andreja l'avait fait teinter contre celle de Vodka, pour trinquer. « Vodka aussi. Je juste trop satu- ... comment on dire ? Saturer ? Enfin, je trop bu Vodka avant, je change un peu. » En même temps la vodka dans les pays de l'Est, c'était à la limite de la boisson nationale. Quoi que non, c'était d'abord la Rakia et ensuite la Vodka, mais on trouvait moins facilement la première que la seconde dans le reste du monde. « Mais tu sais ... » S'interrompant un instant il avait bu une gorgée, avant de décider de s'asseoir sur une pierre juste à côté. Il n'allait pas prendre racine et rester debout comme un clampin, et d'ailleurs Ghika devrait en faire autant. « Tu probablement perdre ce défi. » Sourire un brin provocateur sur le visage, il avait continué « Mais avant que tu vraiment saoul, on pouvoir discuter, un peu. Je savoir pas beaucoup sur toi. » A vrai dire il ne connaissait rien en dehors de son prénom, et sa tendance aux tirs approximatif au paintball. Ce qui était assez peu, il faut bien le dire.

Ghika ne peut s'empêcher de sourire en entendant Andreja parler du fameux diction promu par les gouvernements d'Europe sur la sécurité au volant. Il l'a répété des milliers de fois, il a confisqué des clés à des clients trop ivres pour rentrer chez eux, il a contacté des centaines de taxis pour ramener à leur domicile des ivrognes finis. La vie dans un bar c'est surtout la proximité avec la détresse humaine. Les gars en plein divorce, les femmes trompées, les fugueurs et les gens au chômage. Voilà sur quoi repose l'industrie des bars, pas sur les fêtes d'enterrement de vie de garçons et les événements heureux. Tout ça, c'est juste pour plaire à la galerie. « Moi je le dis aux clients, mais je crois que mon patron préférerait que je ferme ma gueule et que je les serve plus vite. » répond-il sans vraiment d'entrain, c'est la vérité et c'est d'autant plus triste. Les gérants de bar peu scrupuleux qui pour quatre livres sont prêts à mettre en danger la vie d'autrui, il en a vu, c'est pathétique. Quand Andreja lui dit qu'il sature de la vodka, Ghika se marre, il a lui aussi une répugnance pour certaines boissons consommées pendant trop longtemps, avec trop d'intensité. Il ne peut que compatir. « T'as ta petite expérience en matière de gueule de bois si je comprends bien. Bienvenue au club ! » dit-il en levant sa bouteille et en buvant une autre lampée de la boisson alcoolisée qu'elle contient. Le goût de la vodka est toujours un peu étrange à ses yeux, ça n'a goût à rien, rien d'autre qu'alcool. C'est pour ça qu'habituellement il y ajoute un peu de pomme, pour tuer la brûlure dans sa gorge, mais ce soir il n'y aura pas de pomme, juste eux et l'alcool. « J'aime ta confiance en toi ! » plaisante-t-il face à la déclaration annoncée de sa défaite par le garçon de l'Est. « Je pensais que ton métier t'aurait au moins appris une chose, ne jamais sous-estimer l'adversaire. On dirait pas comme ça, mais avec mes six années de barman, j'ai plus bu qu'un régiment. Je me laisserais pas battre par le premier serbe venu ! Pas sans livrer dignement bataille d'abord ! » ajoute un Ghika franchement amusé par la situation et par le personnage qu'il avait en face de lui. Trouvant un arbre à deux pas il s'y installa, cul parterre, dos calé contre l'écorce, voilà, là il pouvait picoler. Pour répondre à la déclaration d'Andreja quant aux fait qu'il ne connaissait rien de lui, Ghika lui lança un regard amusé. C'est vrai qu'en dehors de la réunion de roux, ils n'avaient pas eu trop l'occasion de se parler. « Si t'as des questions un peu indiscrètes je te conseille d'attendre que j'ai ingurgité un peu plus de cette bouteille. Une fois alcoolisé convenablement ma langue se délie. » rigole-t-il avant d'ajouter, parce que c'est la pure vérité. « Quoiqu'elle est souvent déliée en fait... » et de rire. Parler avec Andreja est plutôt marrant, pas à cause de son accent ou de sa façon de s'exprimer, mais parce qu'il est rafraîchissant, il donne l'impression d'avoir vécu tout en ayant gardé un âme de joueur. Et Ghika trouve ça tout à fait fascinant.

Sur le coup Andreja n'avait pas vraiment compris le sens de la phrase de Ghika, à savoir que par "son" bar il entendait le bar où il travaillait ... Non, de base il voyait plus le rouquin comme un client régulier que comme un employé dans le bar dont il était question, comme quoi les apparences pouvaient être trompeuses. « Moi je le dis aux clients, mais je crois que mon patron préférerait que je ferme ma gueule et que je les serve plus vite. » Le serbe avait esquissé un mince sourire, s'imaginant sans trop de mal la scène en y mettant un peu d'imagination et de bonne volonté. Travailler dans un bar ou tout autre type d'établissement nocturne n'était pas toujours de tout repos. « Il être stupide. Client à l'hôpital c'est client qui ne pas revenir. » Puisque l'intérêt unique du dit patron semblait être de faire du pognon, autant lui trouver des arguments en conséquence. Et Andreja n'était pas simplement doué pour trouver des arguments, il était aussi doué pour boire ... Probablement que s'il ne s'en était pas vanté ils ne seraient pas là tous les deux, bien qu'il n'ait pas fallu grand-chose pour avoir à convaincre Ghika non plus. « T'as ta petite expérience en matière de gueule de bois si je comprends bien. Bienvenue au club ! » Et là bien sûr on ne parlait pas uniquement de la gueule de bois qu'il s'était payé la semaine précédente à cause de (grâce à ?) Lou. Qui d'ailleurs n'était pas non plus si terrible en comparaison d'autres soirées bien - trop - arrosées. Il s'était assagi depuis ... un peu. Mais ça il n'était pas utile de le préciser, et il s'était contenté de faire teinter sa bouteille contre celle de Ghika avant d'avaler une gorgée, laissant le liquide ambré couler le long de sa gorge. Qu'on se le dise, il pensait avoir toutes ses chances à ce petit jeu face au rouquin, il n'était pas taillé pour ce genre défi ... Non, vraiment il n'avait pas l'air. « J'aime ta confiance en toi ! » Andreja avait esquissé un sourire amusé, sachant que sa phrase n'était pas terminée « Je pensais que ton métier t'aurait au moins appris une chose, ne jamais sous-estimer l'adversaire. On dirait pas comme ça, mais avec mes six années de barman, j'ai plus bu qu'un régiment. Je me laisserais pas battre par le premier serbe venu ! Pas sans livrer dignement bataille d'abord ! » C'était bien, il avait foi en ses chances, c'était toujours mieux que de partir perdant ... Même si Andreja demandait tout de même à voir. Et puis il n'était pas "le premier serbe venu" là c'était lui qui sous-estimait son adversaire. « Mon métier aussi m'apprendre à évaluer chances. Et un des anciens m'apprendre à gérer ivrognes, aussi. Tu quand même pas être beaucoup épais. » lui avait-il gentiment fait remarquer avant de boire une nouvelle lampée. Il n'avait pas eu qu'un seul métier, mais dans un certain sens les précédents lui servaient dans l'actuel, sur certains points. « Mais d'accord, je rester sur mes ... hm, je faire attention. » Rester sur ses gardes c'était trop compliqué en définitive, il avait oublié la fin de l'expression. Puisqu'ils étaient là en tout cas Andreja comptait bien satisfaire un peu de sa curiosité concernant le jeune homme ; Ça avait bien marché avec Lou, lui délier la langue avec un peu d'alcool. Pas que cela ait été son but à la base, mais. « Si t'as des questions un peu indiscrètes je te conseille d'attendre que j'ai ingurgité un peu plus de cette bouteille. Une fois alcoolisé convenablement ma langue se délie. » Il avait arqué un sourcil ; Parce qu'elle ne l'était pas, là ? « Quoiqu'elle est souvent déliée en fait ... » Bien, au moins il était lucide sur son propre cas. « Ça être quoi déjà, la expression ? Tu ne pas avoir la langue dans ... ton sac ? » Disons que c'était presque cela. Il avait encore un peu de mal avec les expressions imagées, dans sa langue il y en avait aussi mais ce n'était pas la même chose, les codes et les images différaient. « Tu travailles dans bar, alors ? C'est un "vrai" travail ou tu faire autre chose en même temps ? » C'était gentil ça comme question, pas trop "indiscret" pour qu'il ne soit forcé d'attendre qu'il ait englouti la moitié de sa bouteille ? « Tu venir d'où ? Angleterre ? » Il ne saurait pas trop dire pourquoi, mais il trouvait à Ghika un physique tout à fait britannique. Mais il se trompait peut-être, après tout l'habit ne faisait pas le moine.

Ghika rigole en entendant Andreja critiquer son ex-patron, oui il a dû quitter son job le temps de l'émission, mais après plus ou moins cinq ans de loyaux services il le retrouvera à la sortie s'il en a besoin. « Il est gérant d'un bar... on a rarement vu des génies faire ce job. » Enfin... il retrouvera son boulot dans le bar à condition que ces images ne soient pas diffusées parce que clairement, Bertram n'avait rien contre le réembaucher après qu'il soit devenu une « star du petit écran » mais après s'être fait critiquer de la sorte... à moins que la petite notoriété de Ghika n'apporte des clients la fierté du gérant de bar ne serait pas ravalée. Il n'y a bien que l'argent qu'il aime plus que son ego. « On voit que tu as jamais rencontré mes parents, t'aurais compris que j'ai peut-être pas la carrure d'un boxer, mais que j'ai le patrimoine génétique d'un patriarche russe. » s'amuse Ghika quand le sujet de son rapport taille/poids et de sa résistance à l'alcool reviennent sur le sujet. Sa mère aime bien la bouteille et son père... boarf il n'en sait rien mais clairement pour supporter sa mère il fallait qu'il picole aussi pas mal. Il aime bien Andreja, il est amusant, et ce petit accent ainsi que ses difficultés d'élocution sont franchement attendrissants. « Dans ma poche, ne pas avoir sa langue dans sa poche. » corrige, ou du moins complète, un Ghika bienveillant, avant d'ajouter, toujours sur le ton de la plaisanterie. « J'suis presque étonné de ne pas encore avoir balancé mon secret sans faire gaffe tellement je parle... qui sait si t'es attentif t'auras peut-être droit à une avant-première. » Oh, il n'est pas sérieux, laisser échapper un petit indice, un sous-entendu, peut-être mais Ghika est trop à fond dans le jeu pour en dire trop. A la question sur son job, il pourrait s'offenser s'il n'était pas aussi peu susceptible. « Je suis étudiant en même temps, j'travaille pour payer les factures en attendant d'avoir un diplôme qui vaille quelque chose. » Parce que bon, il était quand même loin d'être bête et être barman n'était pas un emploi qui avait de grandes débouchées professionnelles. Psychologue maximum, parce que faut le dire c'était presque plus utile que des études de psychologie de servir et d'écouter les problèmes des gens. « Tu faisais quoi avant d'être garde du corps ? » demande-t-il intéressé en avalant une grande gorgée de vodka et en grimaçant un peu quand le feu de l'alcool lui descend dans la gorge. Et puis il allume une cigarette. Boire et fumer, un combo inévitable à ses yeux. « Je suis américain, mais je vis au Royaume-Uni depuis près de dix ans. Je trouve que tu bois pas beaucoup, à ce rythme-là j'aurais fini avant que tu n'aies vraiment commencé. » le taquine-t-il pour l'inciter à se mettre au jeu. C'est bien beau de parler, Ghika y prend un plaisir intense, mais cette soirée est à la fois une soirée boisson et conversation.

Le patron de Ghika avait l'air d'être un bouffon. Andreja ne l'avait jamais rencontré et ne le rencontrerait jamais, mais le portrait qu'en dépeignait le rouquin suffisait à ne pas avoir envie de s'en faire un pote et à se l'imaginer comme étant un sale con ... Définitivement quand il avait rajouté « Il est gérant d'un bar ... on a rarement vu des génies faire ce job. » Moui, c'était un peu réducteur, comme dans chaque profession il y avait les gens consciencieux et les raclures, disons. Pas que dans le milieu professionnel d'ailleurs. « Je espère pour toi tu pas vouloir retourner travailler chez lui après Fake Lover. » Parce que s'il avait vent de la manière dont son employé le dépeignait quand il avait le dos tourné, et à la télévision de surcroit, il y avait fort à parier qu'il ne veuille pas garder auprès de lui l'employé modèle en question. Et même le plus censé des patrons serait probablement d'accord avec ça. Pour en revenir à Ghika en tout cas, parait-il qu'il ne fallait pas se fier à sa carrure de mouche pour ce qui était de sa résistance à l'alcool « On voit que tu as jamais rencontré mes parents, t'aurais compris que j'ai peut-être pas la carrure d'un boxer, mais que j'ai le patrimoine génétique d'un patriarche russe. » Voyez-vous cela. Andreja demandait tout de même à voir malgré tout ... Mais c'est bien, c'était justement le but du défi qu'ils s'étaient lancés tous les deux « Bien, alors si tu estimer que le combat être égal ... Nous peut décider de un gage pour celui qui perdre. » avait-il alors lancé d'un ton narquois. Pas quelque chose de méchant, le but ce n'était pas de détester l'autre après, mais une petit gage de rien du tout histoire de rire un peu en revanche ... Au pire des cas que risquaient-ils, si ce n'était que finir dans le bêtisier de l'émission, hm. Ce serait une maigre prix à payer par rapport à ce qu'ils pourraient apprendre l'un de l'autre une fois que l'alcool leur aurait délié la langue ... Quoi que d'après les dires de Ghika lui-même, il n'avait pas vraiment besoin d'être ivre pour ça. « Dans ma poche, ne pas avoir sa langue dans sa poche. » Le corrigea d'ailleurs le rouquin gentiment lorsqu'il avait tenté de trouver l'expression adéquate. Andreja s'était contenté de hocher la tête en silence, essayant d'imprimer l'expression dans son esprit pour ne pas refaire l'erreur d'une autre fois. « J'suis presque étonné de ne pas encore avoir balancé mon secret sans faire gaffe tellement je parle ... qui sait si t'es attentif t'auras peut-être droit à une avant-première. » Intéressant. Bon, il fallait espérer pour lui qu'il n'en arriverait pas là parce que Andreja avait beau aimer jouer il aimait encore plus jouer fairplay ... Et puis il arriverait sans doute des bricoles à Ghika si tel était le cas, parait-il que le dernier qui avait révélé son secret en cours de jeu avait senti passer la sanction. « Hm, alors tu pas vraiment avoir du sang russe ... Sinon tu ne pas parler, même avec la torture. » avait simplement fait remarquer Andreja d'un ton narquois avant de porter le goulot de la bouteille de Whisky à sa bouche. Lui n'avait pas trop de souci à se faire, il connaissait assez son rapport à l'alcool pour savoir que la plupart du temps il ne le rendait pas plus bavard, mais moins ... Moins conciliant aussi, Andreja avait l'alcool mauvais, mais à priori il n'y avait aucune chance qu'ils en arrivent à ce stade-là ce soir. Avalant une nouvelle gorgée le serbe avait en tout cas profité d'avoir Ghika sous la main pour essayer d'en apprendre un petit peu plus sur lui ; Il était barman et roux, pour l'instant c'était tout ce qu'il savait à son sujet, et cela ne faisait pas lourd. « Je suis étudiant en même temps, j'travaille pour payer les factures en attendant d'avoir un diplôme qui vaille quelque chose. » Soit, il avait donc vu juste, c'était un boulot temporaire. Pas qu'il ne s'imagine qu'on ne puisse pas être barman toute sa vie, mais ... On devait s'en lasser, non ? De fréquenter des ivrognes, des têtes brûlées, et de servir de psy du pauvres aux déprimés qui s'imaginaient devoir raconter leur vie au type qui remplissait leur verre. « Et tu étudier quoi ? » Andreja était un peu admiratif de ceux qui faisaient des études supérieures. Pas que lui n'en ait pas eu les capacités, mais rester enfermé dans une salle de classe n'avait jamais été quelque chose qui le passionnait alors il s'était contenté du strict minimum ; Il avait toujours su qu'il utiliserait sa pratique des arts martiaux pour se trouver un boulot, et il n'avait jamais songé à chercher ailleurs. « Tu faisais quoi avant d'être garde du corps ? » Voilà une question qui tombait à pic, à croire que Ghika lisait dans les pensées du serbe ... Quoi que ce dernier espérait que ce ne soit pas le cas, il ne faisait pas bon se balader dans son esprit à lui, ça il en était certain. « Professeur, de self-defense. Et encore avant ça vigile, dans un ... bar. Enfin, une boite de striptease. » Les deux étant plus ou moins lié parce qu'il avait eu besoin d'amasser un peu d'argent avant de pouvoir se lancer dans ce qu'il avait vraiment envie de faire. Un peu comme Ghika et son job de barman, en somme. « Et je faisais compétition aussi, en même temps, mais plus maintenant. » C'était un peu compliqué en étant sur un autre continent, quoi. Faisant tourner la bouteille entre ses doigts d'un air pensif, Andreja avait remonté les yeux vers le rouquin au moment où celui-ci répondait à son autre question « Je suis américain, mais je vis au Royaume-Uni depuis près de dix ans. Je trouve que tu bois pas beaucoup, à ce rythme-là j'aurais fini avant que tu n'aies vraiment commencé. » Un sourire narquois s'était étiré sur les lèvres d'Andreja. Il parlait beaucoup mais il était aussi observateur, le rouquin, en fin de compte « On pas parler de ce qui être réglo ou pas ... » Mais soit, maintenant que sa tactique de laisser Ghika prendre de l'avance sur la descente de sa bouteille était découverte, autant dire qu'il allait pouvoir l'abandonner. Haussant vaguement les épaules il avait à nouveau porté le Whisky à ses lèvres pour en boire une longue gorgée.